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Gua sha

Gua sha (chinois : 戼痧 ; pinyin : guā shā ; litt. « gratter le cholĂ©ra », plus gĂ©nĂ©ralement, « gratter la maladie pour lui permettre de s’échapper Ă  travers la peau »), est une mĂ©thode de soin utilisĂ©e en mĂ©decine traditionnelle chinoise. Ses praticiens utilisent un outil pour racler la peau des patients afin de causer des lĂ©sions tissulaires dans le but d'induire une rĂ©action physiologique thĂ©rapeutique[1] - [2].

Gua sha
Description de cette image, également commentée ci-aprÚs
SĂ©quelles d'un massage gua sha.
Synonymes  Tribo-effleurage, scraping, spooning, skin coining 
Organe Peau
Voie d'abord Cutanée
Indications Infections
PremiĂšre mondiale MĂ©decine traditionnelle chinoise

Le gua sha est décrié par certains adeptes de la médecine occidentale qui jugent cette technique nocive et ne présentant aucun avantage médical[1] - [2], ses avantages apparents étant dus d'aprÚs eux à l'effet placébo[3]. Aucune étude poussée n'a toutefois été conduite.

Efficacité

Parfois appelĂ© scraping, spooning ou skin coining[4] par les anglophones, on lui donne Ă©galement le nom français « tribo-effleurage[5] ». Le gua sha est une technique populaire chinoise qui n’est pas utilisĂ©e au sein des hĂŽpitaux ou des cliniques chinoises.

Une Ă©quipe de recherche a publiĂ© deux courtes Ă©tudes, rapportant une rĂ©duction de la douleur Ă  court terme. Cependant, un expert en mĂ©decine alternative, Edzard Ernst a soulignĂ© les failles de ces Ă©tudes, affirmant que cette modalitĂ© de traitement est nocive, ne prĂ©sente aucun avantage mĂ©dical[1] - [2] et que tout bĂ©nĂ©fice apparent de gua sha est dĂ» Ă  l’effet placĂ©bo[3].

D'aprÚs ses adeptes, le gua sha favoriserait l'excrétion par la peau de toxines tissulaires présentes dans les zones musculaires douloureuses, enraidies ou blessées en stimulant la circulation sanguine locale, favorisant ainsi les mécanismes de réparation et de renouvellement cellulaire.

Une Ă©quipe de recherche allemande a publiĂ© deux Ă©tudes sur un petit groupe de volontaires pour Ă©tudier l’efficacitĂ© du gua sha[6] :

  • Dans une Ă©tude, onze patients ont Ă©tĂ© traitĂ©s pour « étudier les effets microcirculatoires de gua sha sur la peau et les tissus sous-cutanĂ©s chez l’homme afin d’élucider les mĂ©canismes physiologiques responsables de l’effet antidouleur soulagĂ© cliniquement par ce traitement ». L’étude conclut que « le gua sha augmente la microcirculation locale dans une zone traitĂ©e, et que l’augmentation de la circulation peut jouer un rĂŽle dans la diminution locale et distale de la myalgie. La diminution de la myalgie des sites distaux d’une zone traitĂ©e n’est pas due Ă  une augmentation distale de la myalgie. Il existe un mĂ©canisme biologique non identifiĂ© soulageant la douleur associĂ©e Ă  gua sha[7] ».
  • Dans une seconde Ă©tude, 48 patients souffrant de douleurs au dos ou au cou ont soit reçu une seule sĂ©ance de gua sha, soit ont Ă©tĂ© traitĂ©s par application de chaleur. L’étude a conclu qu’une semaine plus tard les patients traitĂ©s avaient moins de douleur que ceux non traitĂ©s[8].

Le traitement symptomatique et par une mĂ©thode unique d'une cohorte de patients regroupĂ©s en raison d'un symptĂŽme commun (mal de cou) va Ă  l'encontre de l'esprit mĂȘme de la mĂ©decine chinoise, qui prend en compte l'Ă©tat de santĂ© entier du patient — dans toutes ses composantes physique, psychique et Ă©nergĂ©tique — avant de proposer un ensemble de soins. On remarquera que les principaux rĂ©dacteurs de cette Ă©tude rĂ©alisĂ©e en Allemagne n'ont aucune qualification en mĂ©decine traditionnelle chinoise.

Le site web sur la médecine à vocation scientifique (en) indique à propos du gua sha : « Ce ne sont que des ecchymoses causées par un traumatisme[2]. »

Comme indiquĂ© par le Journal of the American Academy of Dermatology (en), les effets secondaires du gua sha vont de mineurs — comprenant dermatites, brĂ»lures et hĂ©maturie — aux effets majeurs rares, y compris l’hĂ©matome cĂ©rĂ©belleux et des lĂ©sions graves nĂ©cessitant une greffe cutanĂ©e. Des familles ont Ă©tĂ© poursuivies Ă  la suite de tels traitements de gua sha, les lĂ©sions provoquĂ©es ayant Ă©tĂ© confondues avec de la maltraitance infantiles[1].

En ce qui concerne les raisons pour lesquelles les Ă©tudes allemandes ont conclu que le gua sha Ă©tait efficace, Edzard Ernst, expert en mĂ©decine alternative, a Ă©crit que ces deux essais cliniques ne fournissent en rĂ©alitĂ© aucune preuve valable de l’efficacitĂ© du traitement. Ernst affirme :

« [
] les deux Ă©tudes montrent Ă  quel point des effets placĂ©bo peuvent ĂȘtre remarquables, en particulier si le traitement est exotique et impressionnant, implique de toucher physiquement, est lĂ©gĂšrement douloureux et suscite de grandes attentes[3] - [ndt 1]. »

MĂ©ta-analyse sur gua sha

Une mĂ©ta-analyse publiĂ©e dans Pub-Med conclut que le traitement par gua sha amĂ©liorait l’efficacitĂ© du traitement chez les patientes atteints de syndrome pĂ©rimĂ©nopausal. Cependant, selon les auteurs, l’étude repose sur six Ă©tudes cliniques jugĂ©es comme Ă©tant de basse qualitĂ© mĂ©thodologique[9].

Cette Ă©tude suscite la critique parce que la mĂ©ta-analyse a Ă©tĂ© publiĂ©e dans Complementary Therapies in Clinical Practice, une revue Ă  faible rĂ©putation pour sa rigueur scientifique et son manque d’objectivitĂ© Ă  l’égard de la mĂ©decine traditionnelle chinoise. De plus, les auteurs sont tous originaires de Chine et pourraient ne pas vouloir, pouvoir ou ĂȘtre autorisĂ©s Ă  publier un article critique sur ce sujet[10].

De maniĂšre gĂ©nĂ©rale, Edzard Ernst reste prudent Ă  cause du manque de plausibilitĂ© biologique de gua sha et parce que les Ă©tudes chinoises en mĂ©decine traditionnelle font Ă©tat de rĂ©sultats positifs dans presque 100 % des cas. Cela semble trop beau pour ĂȘtre vrai[10].

Utilisation dans d'autres régions

Le terme vietnamien pour cette pratique est cáșĄo giĂł (prononcĂ© [kaːw˧ˀ˩ zɔ˧˄] en vietnamien du Nord, [kaːw˚˧ jɔ˧˄] en vietnamien du Sud), qui signifie grossiĂšrement « gratter le vent », tout comme dans la culture vietnamienne « attraper froid » se dit trĂșng giĂł, « attraper le vent ». L’origine de ce terme vient de Shanghan Lun, un texte mĂ©dical chinois sur les maladies. Comme dans la plupart des pays asiatiques, la mĂ©decine chinoise s’est profondĂ©ment ancrĂ©e au Vietnam, surtout entre le Ve et le VIIe siĂšcle[11]. CáșĄo giĂł est un traitement trĂšs commun au Vietnam.

Cette technique est Ă©galement utilisĂ©e en IndonĂ©sie. C'est une technique javanaise, connue sous le nom de kerikan[12] (litt. « technique du grattage ») ou kerokan, elle est souvent utilisĂ©e comme une forme de mĂ©decine folklorique Ă  travers les membres d'un mĂȘme foyer. En cas d'Ă©chec thĂ©rapeutique avec l'une ou l'autre des techniques populaires, les patients vont alors consulter des mĂ©decins.

Dans la culture populaire

Le film de 2001 The Gua Sha Treatment (en) (chinois, pinyin : guā shā) a Ă©tĂ© tournĂ© Ă  Hong Kong[13]. C’est l’histoire de conflits culturels vĂ©cus par une famille chinoise vivant aux États-Unis quand le traitement de gua sha administrĂ© Ă  un enfant est interprĂ©tĂ© comme de la maltraitance[14].

Voir aussi

  • Graston technique (en)

Notes et références

Références

  1. (en) N. A. Vashi, N. Patzelt, S. Wirya, M. B. C. Maymone, P. Zancanaro et R. V. Kundu, « Dermatoses caused by cultural practices: Therapeutic cultural practices. », J Am Acad Dermatol, vol. 79, no 1,‎ , p. 1-16 (PMID 29908818, DOI 10.1016/j.jaad.2017.06.159, lire en ligne)
  2. (en) C. Crislip, « Traditional Chinese Pseudo-Medicine Hodgepodge », Science-Based Medicine, (consulté le ).
  3. (en) Edzard Ernst, « Gua Sha: torture or treatment? » [archive du ], sur Edzardernst.com, Edzard Ernst, (consulté le ).
  4. (en) « What is skin coining (Gua sha)? », sur Stanford Medicine 25 (consulté le ).
  5. Huard & Wong, 1977, p. 126. Ils citent Ă©galement une romanisation française pour ces mĂȘmes caractĂšres chinois : koua sha.
  6. (en) Justin Moyer, « Gua sha: Scraping of back is said to relieve pain and ease other medical problems » [archive du ], sur washingtonpost.com, The Washington Post, (consulté le ).
  7. (en) A. Nielsen, « The effect of Gua Sha treatment on the microcirculation of surface tissue: a pilot study in healthy subjects » [archive du ], sur Ncbi.nlm.nih.gov, Pub Med, (consulté le ).
  8. (en) M. Braun, « Effectiveness of traditional Chinese “gua sha” therapy in patients with chronic neck pain: a randomized controlled trial. » [archive du ], sur ncbi.nlm.nih.gov, Pub Med, (consultĂ© le ).
  9. (en) Qing Ren, Xinyu Yu, Fujiu Liao et Xiaofan Chen, « Effects of Gua Sha therapy on perimenopausal syndrome: A systematic review and meta-analysis of randomized controlled trials », Complementary Therapies in Clinical Practice, vol. 31,‎ , p. 268-277 (ISSN 1873-6947, PMID 29705467, DOI 10.1016/j.ctcp.2018.03.012, lire en ligne, consultĂ© le ).
  10. (en-GB) Edzard Ernst, « Gua sha, a reasonable therapy? » [archive du ], sur Edzard Ernst, (consulté le ).
  11. (en) J. Needham, Celestial Lancets, Cambridge, Royaume-Uni, Cambridge University.
  12. (en) « Got a cold? In coin rubbing Indonesians trust », sur theconversation.com, (consulté le ).
  13. (en) « EFL Movie Study Guide for: The Gua Sha Treatment » [archive du ], sur krigline.com, Krigline (consulté le ).
  14. (en) « The Treatment: User Reviews » [archive du ], sur IMDB.com, IMDB (consulté le ).

Versions originales des textes

  1. « [
] the two trials just show how remarkable placebo-effects can be, particularly if the treatment is exotic, impressive, involves physical touch, is slightly painful and raises high expectations. »
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