Groupe restreint
Un groupe restreint, groupe primaire ou petit groupe est un rassemblement d'environ trois à vingt individus. Dans la langue française, les termes « restreint » et « petit » sont utilisés souvent comme des synonymes, mais dans ce cas l'expression groupe restreint est plus répandue[1].
Un groupe restreint a une visée commune, un but commun et il y a valorisation des interactions[2], un nombre restreint, une énergie disponible pour la production de la tâche, des normes qui se construiront au fur et à mesure de l'interaction, des frontières internes et externes, des aspects relationnels et affectifs et des axes de participations (centre, émetteur, récepteur, satellite, absent).
Le groupe restreint s'inscrit dans les cinq catégories d'Anzieu et Martin [3] : la foule, la bande, le groupement, le groupe secondaire (d'organisation) et le groupe primaire (restreint).
Les groupes restreints (primaires) renferment une communication aisée et assez importante. Ils sont désignés sous des appellations très diverses : antenne, mafia, bande, brigade, cartel, commando, équipage, équipe, etc. Le groupe restreint est soumis au principe de la « dynamique de groupe ».
Le groupe restreint possède des frontières internes et externes. Ces frontières sont symboliques ou physiques. Les frontières internes sont entre le noyau et les membres tandis que les frontières externes sont entre les membres et les non-membres[2].
Caractéristiques
De Vissher donne sept caractéristiques du groupe restreint[4] :
un « ici et maintenant », c’est-à -dire une présence « côte à côte » ce qui implique une distance interindividuelle minimale ;
un cadre de signification : il s’agit dans la représentation que s’en fait De Visscher d’une raison d’être et de rester ensemble » qui peuvent fort bien pour cet auteur découler d’un cadre contraignant ;
une communauté de sort : ce qui arrive aux uns ou certains aspects de ce qui arrive aux uns n’est pas sans lien avec ce qui arrive aux autres, ce qui crée une communauté expérientielle ;
la possibilité d’une perception ou de la construction d’une représentation de l’autre. D’autres auteurs parlent ici de « face-à -face » ;
une raisonnable entiativité[5] , vue du point de vue interne au groupe ou externe ;
la possibilité d’entrer en communication entre eux, que ce soit verbalement ou non ; une durabilité du groupe, celle-ci étant nécessaire pour que commence à s’instaurer un processus d’institutionnalisation (établissement d’une structure, i.e. d’un pattern relativement stable de relations, un jeu de normes implicites ou de modes de régulation
Historique
Dans la mythologie grecque, les anciens Grecs avaient déjà bien saisi la distinction entre le groupe restreint et le groupe élargi[6].
Certaines expériences sur les groupes restreints commencent dès la fin du XIXe siècle, notamment avec Maximilien Ringelmann et Norman Triplett.
En tant que domaine d'étude, la dynamique de groupe a des racines à la fois dans la psychologie et la sociologie. Wilhelm Wundt (1832-1920), un des fondateurs de la psychologie expérimentale, s'intéressait à la psychologie des communautés qui, selon lui, possédaient des phénomènes (langage humain, coutumes et religion) qui ne pouvaient être décrits par l'étude de l'individu[7]. Kurt Lewin a utilisé ce terme pour la première fois dans un article en 1939[8]. Le mot «dynamique» est emprunté aux sciences physiques, par opposition à une étude de caractéristiques statiques (par exemple des réseaux affinitaires). Dès lors, étudier la dynamique d’un système, ici un groupe, implique de s’intéresser aux forces qui entrent en jeu, à la façon dont elles s’opposent, se combinent et interagissent entre elles pour aboutir au fonctionnement le système. En 1944, Lewin crée au MIT le premier laboratoire de recherche consacré à la dynamique de groupe, intitulé Research Center for Groups Dynamics[4].
L'étude des groupes restreints systématisée apparaît après la Seconde Guerre mondiale aux États-Unis d’Amérique, notamment avec des auteurs comme Kurt Lewin et Alexander Bavelas.
Taille optimale
La taille optimal[9] d'un groupe restreint selon Landy sera plus efficace avec un effectif entre 5 et 20 personnes selon les raisons qui l’animent.
- Moins de 5 personnes: groupe pauvre en relations sociales
- 5-10: Équilibre, nombre optimal d'échange
- Plus de 10: formation de sous-groupes (cliques), individus moins impliqués
- Optimal: permet les échanges (nombreux), un sentiment d’unité, de cohésion ( moins de risque que des sous-groupes se forment)
Pourquoi? Permet les échanges (nombreux), un sentiment d’unité, de cohésion, dans le cas contraire on observera une apparition de sous-groupe qui empêchera la bonne cohésion d'équipe et créera un malaise au sein du groupe.
Exemples:
- Pour soulever une table? - de 5
- Pour effectuer un travail de recherche? 4-5
- Pour réaliser une campagne publicitaire? 5-10
Type d'interactions
Ces groupes ont des règles et/ou signes de reconnaissances qui reflètent souvent les valeurs de la communauté[10].
Il existe deux types :
- Formelle : règlements, statuts, uniformes, insignes, etc.
- Informelle : codes vestimentaires, lieux de rencontre, etc.
Bibliographie
Années 1960
- Didier Anzieu et Jacques-Yves Martin (1968) La Dynamique des groupes restreints., Presses universitaires de France.
- Harold Leavitt, Psychologie des fonctions de direction dans l'entreprise, 3e Ă©d., 1969.
Années 1980
- Didier Anzieu (1981) Le Groupe et l'inconscient. Paris. Éditions Dunod.
- Wilfred Bion (1961) Recherches sur les petits groupes. Tavistock, PUF, 1965
Années 2000
- Jean Maisonneuve, La Dynamique de groupe, PUF, Quatorzième édition mis à jour.
Références
- Pierre De Visscher, « Petit groupe ou groupe restreint ? Réduire ou décanter ? Un construct lewinien de la dynamique des groupes », Les cahiers internationaux de psychologie sociale, vol. Numéro 97, no 1,‎ , p. 95 (ISSN 0777-0707, DOI 10.3917/cips.097.0095, lire en ligne, consulté le )
- Simone Landry, Travail, affection et pouvoir dans les groupes restreints, Québec, PRESSES DE L'UNIVERSITE DU QUEBEC (PUQ), , 518 p.
- La dynamique des groupes restreints., p. 43
- De Visscher, Pierre., La dynamique des groupes d'hier Ă aujourd'hui, Presses universitaires de France, (ISBN 2-13-052010-3 et 978-2-13-052010-8, OCLC 300709312, lire en ligne)
- Campell (1958) a créé ce terme d’Entiativity ou entitativity pour désigner le fait qu’un groupe commence à être reconnu comme tel soit par les membres, soit par des entités extérieures. Dans la tradition maçonnique, la question répétée rituellement « êtes-vous franc-maçons » entraîne tout aussi rituellement la réponse « mes frères me reconnaissent comme tel », signant par là l’entiativité interne du collectif. L’entiativité externe peut tenir par exemple au regard collectif et à la dénomination par autrui « les français issus de l’immigration» .
- Nathalie Jean Augustin, « La dynamique de groupe restreint », 12e édition,‎
- ROUCHY Jean-Claude, « Au commencement était le groupe », dans : , Le groupe, espace analytique. Clinique et théorie, sous la direction de ROUCHY Jean-Claude. Toulouse, Érès, « Transition », 2008, p. 35-47. URL : https://www.cairn.info/le-groupe-espace-analytique--9782749208336-page-35.htm
- Oberlé, Dominique, « Introduction », dans : , La dynamique des groupes. sous la direction de OBERLé Dominique. FONTAINE, Presses universitaires de Grenoble, « Psycho en + », 2016, p. 5-10. URL : https://www.cairn.info/la-dynamique-des-groupes--9782706124143-page-5.htm
- Simone Landry, Qu'est-ce qu'un groupe restreint,
- http://www.cterrier.com/cours/communication/80_groupe.pdf