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Grotte de la Mouthe

La grotte de la Mouthe est une grotte ornée du Paléolithique supérieur située sur la commune des Eyzies-de-Tayac.

Grotte de la Mouthe
Lampe en grès gravée d'un bouquetin
Localisation
Coordonnées
44° 55′ 29″ N, 1° 01′ 14″ E
Pays
RĂ©gion
DĂ©partement
Commune
Adresse
La Mouthe
Vallée
Vallée de la Vézère
Localité voisine
la Mouthe
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Grotte de la Mouthe *
CoordonnĂ©es 44° 55′ 29″ nord, 1° 01′ 14″ est
Critères (i) (iii)
Superficie 4,316 ha[1]
Numéro
d’identification
085-005
Zone géographique Europe et Amérique du Nord **
Année d’inscription 1979 (3e session)
* Descriptif officiel UNESCO
** Classification UNESCO

Elle abrite plus de 200 gravures et peintures de bisons, chevaux, rennes, mammouths... et des signes, dont un grand tectiforme[2].

Le site fait partie de l'ensemble des quinze sites classés en 1979 au patrimoine mondial par l'Unesco sous l'intitulé « sites préhistoriques et grottes ornées de la vallée de la Vézère »[3].

Situation

Le hameau de la Mouthe est Ă  environ 1,1 km au sud du bourg des Eyzies. La grotte se trouve au pied de la falaise du Cingle Ă  l'ouest de la Mouthe. Elle s'ouvre vers le nord ou le nord-ouest[4].

Ne pas confondre ce hameau avec le hameau de la Mouthe sur Manaurie, Ă  environ 2,6 km au nord-ouest des Eyzies.

Historique

Lorsque Émile Rivière tourne son attention sur les gisements préhistoriques de la Dordogne, il effectue des fouilles dans la grotte des Combarelles, puis dans la grotte de la Mouthe où, après une première visite en , il y débute en des fouilles qui durent huit ans. Il y découvre dès 1895 des gravures pariétales du Paléolithique supérieur[5] - [6].

Au cours de ses fouilles, Émile Rivière dĂ©gage un tunnel de 100 mètres reliant l'entrĂ©e Ă  la partie ornĂ©e.

Quelques pièces de mobilier

Lampe paléolithique

Une lampe Ă  graisse prĂ©historique palĂ©olithique a Ă©tĂ© dĂ©couverte dans un foyer magdalĂ©nien, près de l'entrĂ©e de la cavitĂ©. Elle porte sur sa face infĂ©rieure une gravure de bouquetin[7]. Elle mesure 17 Ă— 20 cm, ce qui lui donne le troisième rang en taille après les lampes du Coual (Lot) et des Scilles (grottes de la Save, Lespugue, Haute-Garonne)[8].

Sur les quelque 300 lampes paléolithiques connues (en 2010), seulement une trentaine sont munies d'un manche façonné bien individualisé. La typologie définie par Bastin et Chassaing (1940) donne deux types différents de lampes avec manche : celles à manche triangulaire (type la Mouthe)[9] et celles à manche « en raquette » (type Lascaux). La moitié d'entre elles sont en grès et dix sont en calcaire[10].

Une fausse vénus paléolithique ?

En 1972 Alan Brandt Inc., marchand d'art Ă  New York[11], vend pour 48 000 dollars[12] au Institute of Arts de Minneapolis une "vĂ©nus" qui ressemble fortement Ă  celle de l'abri Pataud. L'objet est dit avoir Ă©tĂ© trouvĂ© en 1964 Ă  la Mouthe. Il est examinĂ© vers 1968 par le British museum ; Ă  cette Ă©poque il fait partie de la collection d'un certain K.J. Hewett de Londres[13]. Randall White, enquĂŞtant sur cette pièce, rencontre Jean Gaussen[n 1] qui lui dit que Hallam Movius lui avait mentionnĂ© une vĂ©nus achetĂ©e par un italien Ă  un habitant local[14], ce dernier Ă©tant supposĂ© avoir trouvĂ© la vĂ©nus « dans un petit gisement situĂ© au-dessus et non loin de la Mouthe » - un gisement inconnu des prĂ©historiens[15].

R. White, qui a examiné l'objet fort attentivement, rapporte que le polissage lui semble trop parfait, le calcaire dans lequel est sculpté cette vénus comprend des inclusions qui sont absentes du calcaire de la Mouthe, il n'y a pas de trait d'outillage sauf sur la tête de la vénus[15] et à cet endroit ils semblent légèrement polis[16], toutes les incisions sont arrondies au fond (au lieu d'être en "V")[15], ce bloc de calcaire ne comprend aucun sédiment, toute la surface est chargée d'une patine qui ressemble fort à celle rendue par le frottement en eau sale (ce qui cache la fraîcheur des incisions dans le calcaire). White donne 90% de chances pour que cette pièce soit un faux[16].

L'importance de la Mouthe pour l'histoire de l'art préhistorique

La découverte de la grotte de la Mouthe a contribué à la reconnaissance de l'art du Paléolithique supérieur : c'est la quatrième grotte ornée paléolithique découverte et son art pariétal est le troisième publié, après celui de la grotte Chabot dans le Gard (Chiron, 1878 mais publié en 1889) et d'Altamira en Espagne (Sautuola, 1879). L'art pariétal de Pair-non-Pair en Gironde est soupçonné dès 1883 mais publié seulement en 1896 (Daleau) ; l'art de la grotte des Combarelles est publié en 1901 (Capitan & Breuil)[17].

Protection

En 1990 la grotte est encore une propriété privée[18]. Elle est classée comme Monument historique et protégée depuis le [19]. Elle a été inscrite en 1979 au Patrimoine mondial de l'Humanité par l'Unesco parmi les sites préhistoriques et grottes ornées de la vallée de la Vézère[1].

Aujourd'hui, la grotte est fermée pour des raisons de protection et de conservation.

Notes et références

Notes

  1. Sur Jean Gaussen, voir [Texier 2000] Jean-Pierre Texier, « Jean Gaussen (1919-2000) », Paléo, no 12,‎ , p. 9-14 (lire en ligne [sur persee]).

Références

  1. Cartographie.
  2. La grotte de La Mouthe, sur hominides.com.
  3. « Sites préhistoriques et grottes ornées de la vallée de la Vézère », sur whc.unesco.org, Unesco (consulté le ).
  4. « La Mouthe et les Eyzies, carte interactive » sur Géoportail. Couches « Cartes IGN classiques », « Limites administratives » et « Hydrographie » activées. Les distances à vol d'oiseau se mesurent avec l'outil « Mesurer une distance » dans l'onglet « Outils cartographiques » à droite (symbole de petite clé plate).
  5. Rivière 1897.
  6. Cleyet-Merle 1990.
  7. [Bastin 1945] A.-H. Bastin, « Les lampes paléolithiques de St-Germain-la-Rivière (Gironde) », Bulletin de la Société préhistorique française, vol. 42, nos 1-3,‎ , p. 34-38 (lire en ligne [sur persee]), p. 36.
  8. Bastin 1945, p. 37.
  9. [Langlais et al. 2010] Mathieu Langlais, Jean-Marc Pétillon, Sophie A. de Beaune, Pierre Cattelain, François-Xavier Chauvière, Claire Letourneux, Carolyn Szmidt, Claire Bellier, Roelf Beukens et Francine David, « Une occupation de la fin du dernier maximum glaciaire dans les Pyrénées : le Magdalénien inférieur de la grotte des Scilles (Lespugue, Haute-Garonne) », Bulletin de la Société Préhistorique Française, vol. 107, no 1,‎ , p. 5-51 (lire en ligne [PDF] sur halshs.archives-ouvertes.fr, consulté le ), p. 37.
  10. Langlais et al. 2010, p. 39.
  11. White 1992, p. 282.
  12. White 1992, p. 284.
  13. White 1992, p. 283.
  14. White 1992, p. 286.
  15. White 1992, p. 287.
  16. White 1992, p. 288.
  17. Rivière 1909, p. 277.
  18. [Roussot 1990] Alain Roussot, « L'exemple des sites classés restés propriété privée », Paléo, no hors-série « Une histoire de la préhistoire en Aquitaine »,‎ , p. 58-60 (lire en ligne [sur persee]), p. 59.
  19. « Grotte de la Mouthe contenant des peintures préhistoriques », notice no PA00082551, base Mérimée, ministère français de la Culture.

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • [Beaune 1983] Sophie A. de Beaune, « Rapport de fouille (sondage) de La Mouthe (Les Eyzies-de-Tayac, Dordogne) », Rapport de recherche, UniversitĂ© Paris I PanthĂ©on-Sorbonne,‎ (lire en ligne [sur halshs.archives-ouvertes.fr], consultĂ© le ).
  • [Cleyet-Merle 1990] Jean-Jacques Cleyet-Merle, « Naissance d'une polĂ©mique en PĂ©rigord : la grotte de La Mouthe », PalĂ©o, hors-sĂ©rie,‎ , p. 36-39 (DOI 10.3406/pal.1990.1416, lire en ligne [sur persee]). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article.
  • [Daniel 1960] Raoul Daniel, « Grotte de la Mouthe (Dordogne). Contribution Ă  l'Ă©tude de son outillage », Bulletin de la SociĂ©tĂ© prĂ©historique française, vol. 57, nos 9-10,‎ , p. 627-631 (lire en ligne [sur persee]).
  • [Delluc & Delluc 1973] Brigitte Delluc et Gilles Delluc, « Quelques figurations palĂ©olithiques inĂ©diles des environs des Eyzies (Dordogne) : Grottes Archambeau, du Roc et de La Mouthe », Gallia PrĂ©histoire, vol. 16, no 1,‎ , p. 201-209 (lire en ligne [sur persee]).
  • [Rivière 1897] Émile Rivière, « La grotte de la Mouthe (Dordogne) », Bulletins et MĂ©moires de la SociĂ©tĂ© d'Anthropologie de Paris, no 8,‎ , p. 302-329 (lire en ligne [sur persee]). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article.
  • [Rivière 1899] Émile Rivière, « La lampe en grès de la grotte de La Mouthe (Dordogne) », Bulletins et MĂ©moires de la SociĂ©tĂ© d'Anthropologie de Paris, no 10,‎ , p. 554-563 (lire en ligne [sur persee]).
  • [Rivière 1901] Émile Rivière, « Deuxième note sur la lampe en grès de la grotte de la Mouthe (Dordogne) », Bulletins et MĂ©moires de la SociĂ©tĂ© d'Anthropologie de Paris, no 2,‎ , p. 624-626 (lire en ligne [sur persee]).
  • [Rivière 1903] Émile Rivière, « Les parois gravĂ©es et peintes de la grotte de la Mouthe (Dordogne) », Bulletins et MĂ©moires de la SociĂ©tĂ© d'Anthropologie de Paris, no 4,‎ , p. 191-196 (lire en ligne [sur persee]).
  • [Rivière 1909] Émile Rivière, « Note sur l'ordre chronologique vĂ©ritable des six premières dĂ©couvertes de grottes Ă  gravures et Ă  peintures », Bulletin de la SociĂ©tĂ© prĂ©historique française, t. 6, no 7,‎ , p. 376-380. Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article.
  • [White 1992] Randall White, « Une VĂ©nus problĂ©matique trouvĂ©e au Minneapolis Institute of Arts, Minneapolis, Minnesota, USA », Bulletin de la SociĂ©tĂ© prĂ©historique française, vol. 89, no 9,‎ , p. 282-288 (lire en ligne [sur persee]). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article.

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