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Grand appartement de la reine

Le grand appartement de la Reine est un ensemble de cinq salons situés au premier étage du corps principal du château de Versailles. Ces pièces furent les espaces de réceptions destinés aux souveraines de France Marie-Thérèse, Marie Leszczynska et Marie-Antoinette. Ces espaces sont aujourd'hui présentés tels qu'ils étaient sous Marie-Antoinette.

Grand Appartement de la Reine
Présentation
Type
Partie de
Localisation
Localisation
Coordonnées
48° 48′ 16″ N, 2° 07′ 13″ E
Carte
La salle des Gardes

Salle des Gardes

Histoire

La salle des Gardes de la reine a remplacé, en 1676, l'une des chapelles successives du château aménagée en 1672. La construction de la Grande Galerie a en effet entraîné une modification de la distribution de l'appartement : la chapelle laisse la place à un salon, d'abord nommé salon de la Reine, puis salle des Gardes. La précédente salle des gardes devient quant à elle la première antichambre de l'appartement ou antichambre du Grand Couvert.

La pièce marque l'entrée de l'Appartement de la Reine qui se prolonge jusqu'au salon de la Paix. Elle servait aux gardes chargés de la protection de la souveraine et elle était toujours très animée. Au matin du , lorsque les émeutiers commencent à envahir le château, les gardes du corps retranchés dans cette pièce parviennent à résister et protéger Marie-Antoinette qui se réfugie chez le roi.

DĂ©cor

Contrairement aux autres pièces de l'appartement de la reine, la salle des Gardes est la seule à avoir conservé dans son intégralité sa décoration murale du temps de Louis XIV, formée de lambris de marbre : Blanc de Carrare, Campan Vert, Languedoc Rouge, Noir Antique.

Le plafond a reçu un décor peint par Noël Coypel, provenant de l'ancien Cabinet d'angle (ou de Jupiter) de l'appartement du roi, situé à l'emplacement de l'actuel salon de la Guerre. La composition centrale, octogonale, représente Jupiter parcourant les airs, accompagné de la Justice, l'Abondance et la Piété. Les tableaux des voussures illustrent, selon Félibien, « deux des actions les plus mémorables de la Justice, et deux des actions les plus mémorables de la Piété dont l'Histoire a conservé la mémoire », allusion aux qualités royales :

  • Voussure sud (cĂ´tĂ© fenĂŞtres) : Solon expliquant ses lois aux AthĂ©niens.
  • Voussure nord : Alexandre SĂ©vère faisant distribuer du blĂ© au peuple de Rome dans un temps de disette.
  • Voussure ouest (au-dessus de la cheminĂ©e) : PtolĂ©mĂ©e Philadelphe rend la libertĂ© aux Juifs.
  • Voussure est : Trajan rendant la justice.

Les écoinçons représentent : La Justice punissante, des Esclaves libérés, le Soulagement de la famine, et La Justice récompensante. Dans les angles des écoinçons, des personnages semblent se pencher ironiquement sur le visiteur.

Deux tableaux de Coypel complètent la décoration et s'inscrivent dans le thème jupitérien du plafond : au-dessus de la cheminée, un Sacrifice fait à Jupiter sur le mont Lycée ; sur le mur en face : Jupiter enfant élevé par des nymphes chez les Corybantes. Les bas-reliefs dorés sont l'œuvre des sculpteurs Le Gros et Massou.

Antichambre du Grand Couvert

Histoire

Initialement salle des Gardes de la reine Marie-Thérèse, elle devint la première antichambre de l'appartement de la reine, dite antichambre du Grand Couvert car elle était utilisée par le roi et la reine pour leur souper en public[1]. Louis XIV y soupe tous les soirs avec la reine et la famille royale. Après la mort de la reine Marie-Thérèse en 1683, l'appartement de la souveraine est attribué à la dauphine, Marie Anne Victoire de Bavière et le roi continue de venir souper chez sa belle-fille. Après la mort de celle-ci en 1690, Louis XIV préfère désormais souper dans son propre appartement, dans sa première antichambre. Du temps de Louis XV, la cérémonie du Grand Couvert prend de nouveau place dans l'appartement de la reine.

Ă€ la fin de l'Ancien RĂ©gime, Louis XVI et Marie-Antoinette ne soupent plus au Grand Couvert que les dimanches jours de fĂŞtes.

DĂ©cor

Le plafond est entièrement décoré avec des peintures compartimentées par des éléments de stuc doré. À l'origine salle des gardes, la pièce est d'abord dotée d'un plafond central dédié à Mars :

  • Voussure sud (au-dessus des fenĂŞtres) : ClĂ©lie fuyant avec ses compagnes, par Paillet ; Harpalice dĂ©livrant son père, par Vignon.
  • Voussure nord : ArtĂ©mise combattant les Grecs Ă  la bataille de Salamine, par Paillet ; ZĂ©nobie combattant contre l'empereur AurĂ©lien, par Paillet.
  • Voussure ouest (au-dessus de la cheminĂ©e) : Rodogune jure de venger la mort de son Ă©poux, par Vignon.
  • Voussure est : Hypsicrate suivant son Ă©poux Mithridate Ă  la guerre, par Paillet.

Deux camaïeux d'or encadrent le compartiment central et représentent des esclaves enchaînés, allégories de l'Empire et de la Turquie (à l'est) et de l'Espagne et de la Hollande (à l'ouest). Deux tondi sont également placés au centre des voussures nord et sud :

  • Au nord : La Fureur et la Guerre devant le temple de Janus, par Paillet.
  • Au sud : Bellone, dĂ©esse des combats, brĂ»le avec un flambeau le visage de Cybèle et fait fuir l'Amour dans les cieux, par Vignon.

Le panneau du plafond central, de Claude-François Vignon, très endommagé, fut détruit en 1814. Il fut alors remplacé par un tableau de Véronèse (Saint Marc couronnant les Vertus théologales), prise de guerre effectuée au palais des Doges de Venise lors de la conquête française de 1797 (aujourd'hui au Louvre). En 1861, on remplace le Véronèse par un carton de tapisserie peint par Henri Testelin d'après un tableau peint par Le Brun en 1661 et représentant La Famille de Darius aux pieds d'Alexandre. Quatre dessus de porte complètent la décoration dus à Madeleine Boullogne et réalisés en 1673, ils représentent des trophées guerriers.

Les peintures, dorures et stuc du plafond ont été restaurés entre 2008 et 2010. La pièce a été remeublée avec l'aide du décorateur Jacques Garcia dans le souci d'évoquer un grand couvert royal de la fin de l'Ancien Régime. Les murs sont tendus de damas de soie cramoisi encadré par un double galon d'or de style rocaille.

Salon des Nobles

Histoire

Lorsque l'antichambre du Grand Couvert était encore salle des gardes, le salon des Nobles tenait lieu d'unique antichambre pour la reine. Il devient ensuite seconde antichambre de l'appartement, précédant la chambre de la souveraine. On l'appelle également le Salon de la reine ou le Grand Cabinet de la reine. C'est là où la reine de France ou les dauphines qui occupèrent l'appartement donnent leurs audiences et tiennent leur cercle. Le fauteuil de la reine est placé au fond de la pièce, face aux fenêtres, entouré des ployants réservés au cercle des dames de la cour. Il était d'usage, lorsqu'une reine ou une dauphine mourait au château, d'y exposer le cercueil quelques jours, comme en février 1712, après la mort de la duchesse de Bourgogne. Le cercueil de son mari, mort six jours plus tard, y fut exposé avec celui de son épouse. La pièce subit des transformations en 1785, sous la conduite de Richard Mique. Les murs reçoivent un bas lambris blanc et or et sont tendus de soieries vertes galonnées d'or. Marie-Antoinette fait également poser une cheminée en marbre bleu turquin et installer un nouveau mobilier dû à Riesener (commodes et encoignures). Cheminée et meubles (à l'exception d'une commode non retrouvée) ont été remis en place dans les années 1960.

DĂ©cor

Le plafond reste celui qu'a connu la reine Marie-Thérèse et est dû à Michel II Corneille. Comme celui du salon du Grand Appartement du roi, exactement symétrique au nord, il est consacré au dieu Mercure. La composition centrale représente Mercure répandant son influence sur les arts et sur les sciences. Les voussures sont ornées chacune d'une composition illustrant de grandes figures féminines de l'Antiquité qui s'illustrèrent dans ces domaines :

  • Voussure sud (au-dessus des fenĂŞtres) : CĂ©sicène cultivant la peinture.
  • Voussure nord : PĂ©nĂ©lope travaillant Ă  sa tapisserie.
  • Voussure ouest (au-dessus de la cheminĂ©e) : Sapho chantant en s'accompagnant de la lyre.
  • Voussure est : Aspasie d'entrenenant avec des philosophes.

Le sujet des peintures des écoinçons du plafond rappelle les attributions traditionnelles de Mercure :

  • Angle sud-est : La Diligence.
  • Angle sud-ouest : La Vigilance.
  • Angle nord-ouest : L'AcadĂ©mie.
  • Angle nord-est : Le Commerce

Deux dessus de porte complètent la décoration. Dus à Jean-Baptiste Regnault, ils sont exposés au Salon de 1785 puis mis en place dans le salon pour la reine :

  • L'origine de la peinture : la jeune corinthienne Dibutade dessinant le profil du berger son amant
  • L'origine de la sculpture : Pygmalion amoureux de sa statue, priant VĂ©nus de l'animer

Chambre de la Reine

Histoire

Bien que chambre à coucher, cette pièce du château est comme la Grande Chambre du Roi un « lieu de mises en scènes théâtrales » : le coucher de la reine, le lever de la reine, mais aussi le lieu de l'adoption publique des « Enfants de France ». C'est également ici que la souveraine se fait habiller chaque matin par quelques privilégiées. De chaque côté du lit royal, des portes donnent accès à de petits espaces, comme le cabinet de la Méridienne, faisant partie du Petit Appartement de la Reine. Il s'y trouvent aussi de petites portes dérobées permettant à la reine de se rendre discrètement dans divers espaces du château.

La chambre était la pièce principale de l'appartement, celle où la reine était le plus souvent. Elle y dormait, souvent rejointe par le roi. Le matin elle recevait durant et après sa toilette, ce qui constituait un moment de cour aussi réglementé par l'étiquette que le lever du roi. C'est là encore qu'avaient lieu les accouchements publics : 19 « Enfant de France » y sont nés.

DĂ©cor

Le décor conserve le souvenir des trois reines qui ont occupé la pièce : la division du plafond fut conçue pour Marie-Thérèse, épouse de Louis XIV et les peintures et boiseries furent réalisées pour Marie Leszczynska, épouse de Louis XV. Quant au mobilier et la cheminée, ils sont du temps de Marie-Antoinette, épouse de Louis XVI. Ce furent les seuls éléments de la chambre livrés neufs pour la souveraine.

Comme pour le reste du château, la Révolution française a conduit à ce que la chambre soit vidée de ses meubles et de son décor. Les pliants furent livrés pour la comtesse d'Artois, belle-soeur de Marie-Antoinette et le textile qui orne les mûrs fut retissé à l'identique du meuble d'été en place le 6 octobre 1789. Le lit et le balustre ont été reconstitués à l'identique selon le journal du Garde-Meuble de la Couronne en 1975. Seul la courtepointe du lit, le serre-bijoux, l'écran de cheminée et les portraits en dessus de cheminée sont d'origine.

Salon de la Paix

DĂ©cor

Les murs sont lambrissés de marbre : des panneaux de marbre de Campan grand mélange se détachent sur fond d'arabescato, la cymaise et la plinthe sont en marbre de Sarrancolin.

Le plafond est composé de cinq peintures :

  • La France donne la paix Ă  l'Europe, au centre,
  • L'Espagne accepte la paix
  • L'Europe chrĂ©tienne en paix
  • L'Allemagne accepte la paix
  • La Hollande accepte la paix

Au-dessus de la cheminée en marbre de Campan vert se trouve Louis XV offrant ses deux filles en témoignage de paix à l'Europe, de François Lemoyne, tableau daté de 1729. Le jeune souverain, âgé de dix-neuf ans, tend un rameau d'olivier et reçoit ses deux filles jumelles, Louise-Elizabeth et Anne-Henriette, des mains de la Fécondité et de la Piété. Dans le fond, la Discorde s'efforce vainement de rouvrir les portes du temple de Janus. Du temps de Marie Antoinette, bien que faisant suite au Salon de la Guerre et à la Galerie des Glaces, le salon de la Paix faisait partie intégrante de l'appartement de la souveraine. C'était un peu son salon des jeux. Celle-ci y perdait des sommes folles, qui étaient immédiatement couvertes par le roi.

Références

  1. Pierre-Xavier Hans et Nicolas Milovanovic, « L'antichambre du Grand Couvert », Château de Versailles, de l'ancien régime à nos jours,‎ , p. 27 à 30

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