Giampietro Campana
Giampietro Campana, ou Giovan Pietro Campana, (né en 1809[1] à Rome et mort dans la même ville le ), créé marquis de Cavelli en 1849, est un aristocrate italien connu pour avoir réuni au XIXe siècle la plus importante collection d'objets d'art de toutes époques mais principalement d'objets d'art antique, connue sous le nom de Collection Campana. Elle fut vendue et dispersée dans différents pays d'Europe. La France en acquit une grande partie en 1861 pour le musée Napoléon III.
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Coupe 26126, Skyphos 26095 (d), Coupe 26088 (d), Coupe 26089 (d), Lécythe à fond blanc 26294 (d), Couvercle 26419 (d), Skyphos 26369 (d), Cratère en calice 26517 (d), Lécythe 26532 (d), Alabastre 26087 (d), Aryballe globulaire 26026 (d), Oenochoé 26111 (d), Amphore 26097 (d), Olpé 26080 (d), Lécythe 26082 (d), Alabastre 26009 (d), Aryballe 26022 (d), Alabastre 26003 (d) |
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Vie privée
Campana épousa Emily Rowles en 1851, dont la famille anglaise lui permit de créer des liens avec Louis Napoléon Bonaparte : en effet ce dernier a été aidé par la famille lors de son exil en Angleterre. Il est possible que ces liens aient amené l'empereur à être sensible au sort de Campana et à celui de sa collection[2].
Constitution de la collection
Le marquis Giampietro Campana était directeur du mont-de-piété à Rome, charge qu'occupèrent son père et son grand-père, et se prit de passion pour les nombreuses découvertes archéologiques de son époque faites en Italie. Très rapidement, et profitant d'une manière pas toujours légale de ses fonctions, il constitua une très importante collection d'objets d'art antique, mais particulièrement d'objets provenant de fouilles étrusques, romaines et grecques. Il finança aussi des fouilles, comme à Cerveteri, sur le site de la ville étrusque de Caeré aux alentours de 1844, notamment dans la Nécropole de Banditaccia[3]. Il collectionna également de nombreux tableaux et objets d'orfèvrerie qu'il achetait en puisant dans les fonds du mont-de-piété.
Sa collection, particulièrement célèbre, bénéficiait également des ateliers de restauration du marquis. Les frères Pennelli, en ce qui concerne les terres-cuites, étaient ainsi fameux pour leurs reconstitutions des objets de terres-cuites déjà connues des contemporains de Giampetro Campana. Ainsi Salomon Reinach dit croire « que les procédés de restauration adoptés dans les ateliers de Campana ne s’embarrassaient pas de scrupules exagérés et que les restaurateurs employés par le marquis, Pennelli et d’autres, opéraient quelquefois par ordre, à la façon des faussaires »[4]. Pietro et Enrico Pennelli seront les auteurs du faux sarcophage étrusque acquis par le British Museum en 1871[5].
Fin de vie
Ses malversations financières découvertes, Campana est arrêté en 1857, puis condamné à vingt ans de prison et emprisonné[6]. Sa collection est saisie par l'État pontifical en 1857, mise en vente et dispersée dans plusieurs pays en 1861 (Russie, Grande-Bretagne, Belgique, France).
En 1859, Campana est libéré moyennant l'abandon de tous ses biens au Vatican[7] et sa condamnation est commuée en peine d'exil à vie et de déshonneur. Campana parcourt alors l'Europe en continuant à vivre sa passion pour l'art notamment à Naples, Paris, Genève, Londres, Bruxelles ou Dresde[7].
Après l'unification italienne, Campana peut revenir en 1871 s'installer à Florence, qu'il quitte après la mort de son épouse Emily en 1876[7] : il revient à Rome, où il tente vainement de réclamer au pontificat les bénéfices réalisés sur les ventes de sa collection. Il y meurt en 1880.
La collection Campana en France
La partie la plus importante de la collection Campana fut achetée par la France en 1861 sur l'intervention personnelle de Napoléon III conseillé par Émilien de Nieuwerkerke, surintendant des Beaux-Arts : 11 835 œuvres d’art et 641 tableaux, pour 4 360 400 francs-or, une somme considérable pour l'époque[8], et partagée entre le musée du Louvre et de nombreux musées de province. En 1975 un regroupement partiel est effectué au musée du Petit Palais d’Avignon pour les tableaux des primitifs italiens. La Collection Campana constitue aujourd'hui la majeure partie des céramiques étrusques et grecques du musée du Louvre ainsi que le fond des bijoux d'or étrusques du musée.
Pastiches, imitations et faux
L'engouement au XIXe siècle des riches voyageurs du « Grand Tour », pour les parures étrusques, fit naître des bijoux « à l'étrusque », des pastiches, des imitations avouées ou même des faux destinés à tromper les collectionneurs. L'atelier Castellani a ainsi « restauré à l’étrusque »[9] le collier Campana du Louvre, en 1859, en vue de la vente de la collection Campana à Napoléon III.
La plupart des bijoux articulés, prétendus d'origine étrusque, ne sont en fait que des assemblages par des fils d'or de conception moderne d'éléments antiques prélevés sur des boucles d'oreille[10].
Une exposition au musée du Louvre, en collaboration avec le Musée de l’Ermitage, donne pour la première fois (2018) une vue de l'ensemble de la collection en présentant la personnalité romanesque de Campana, l’histoire de la collection, la reconstitution de salles du musée Campana à Rome, le goût du collectionneur pour les pastiches et les faux[11].
Notes et références
- Spectaculaire collection Campana au musée du Louvre, article dans Connaissance des Arts 7 novembre 2018. Cette modification d'année de naissance est reprise peu a peu par les sites internet officiels.
- La collection privée la plus importante du XIXe siècle, (entretien avec Françoise Gaultier et Laurent Haumesser, propos recueillis par Armelle Fémélat), in Grande Galerie - Le Journal du Louvre, automne 2018, n° 45, pp.36-47
- Grande Galerie - Le Journal du Louvre, déc./jan./fév. 2014, n° 26, page 49.
- Salomon Reinach, Revue archéologique, , p. 179-200
- Néguine Mathieu, « Les fausses terres cuites antiques ou l'attrait de la modernité », Dossiers d'Archéologie,‎
- Encyclopædia Universalis, « COLLECTION CAMPANA », sur Encyclopædia Universalis (consulté le )
- (en) « Giovan Pietro Campana collezionista, archeologo, banchiere e il suo legame con Firenze on JSTOR », sur www.jstor.org (consulté le )
- Notice sur le site Notes de Musées.fr
- Les bijoux de la collection Campana, de l’antique au pastiche (ISBN 978-2-904187-20-9), École du Louvre, Paris, 2007.
- Pastiches aux rayons X, Journal du CNRS
- « Exposition - Un rêve d’Italie - La collection du marquis Campana | Musée du Louvre | Paris », 07/11/2018 - 18/02/2019 (consulté le )
Voir aussi
Bibliographie
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article. °Jean-Luc Dousset. "Giampietro Campana la malédiction de l'anticomane" Éditions !Jeanne d'Arc, .
- Ida Caruso, « Antique et presque antique » in Les bijoux étrusques comme source d’inspiration et de falsification pour les Castellani (traduit par Giovanna Léo), p. 79
- Gertrud Platz-Horster, L’orfèvrerie étrusque et ses imitations au XIXe siècle (traduit par Françoise Gaultier et Catherine Metzger), p. 91.