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Giacomo l'idealista

Giacomo l'idealista (en français : Jacques l'idéaliste) est un film italien réalisé par Alberto Lattuada et sorti en 1943.

Synopsis

1885 : professeur de philosophie, Giacomo Lanzavecchia, revient dans son village après la campagne de Garibaldi. Mais c’est une situation familiale désastreuse qu’il trouve : son vieux père est devenu alcoolique et l’entreprise familiale a fait faillite. Malgré lui il doit donc renoncer à ses rêves et à son mariage avec Celestina qu’il aime tant. Il trouve du travail dans la famille des comtes Magnenzio, et le vieux comte, érudit passionné, lui offre de plus l’hospitalité dans son château en même temps qu'à Celestina, si bien que les deux tourtereaux attendent avec confiance des temps meilleurs. Malheureusement, lorsque le petit-fils du comte Giacinto rentre chez lui pour quelques jours, il tombe immédiatement amoureux de Celestina et finit par la violer. Pour étouffer l’affaire, la comtesse éloigne la jeune femme...

Fiche technique

Distribution

Commentaires

  • RemarquĂ© comme assistant de Mario Soldati (Le Mariage de minuit) et de Ferdinando Maria Poggioli (Sissignora) en 1941, Alberto Lattuada commence sa carrière de rĂ©alisateur avec l'adaptation d'une Ĺ“uvre homonyme d'Emilio de Marchi (1851-1901), Giacomo l'idealista.
  • Le film sorti en 1943 le classera, d'emblĂ©e, parmi les meilleurs reprĂ©sentants du mouvement calligraphique.
  • Or, le choix de porter Ă  l'Ă©cran le roman d'Emilio De Marchi « dĂ©coule, chez le rĂ©alisateur, d'une vocation et presque, pourrait-on dire, de son sang mĂŞme. De Marchi est un romancier dont le style a une plĂ©nitude charnelle toute lombarde et toute milanaise, et cette rencontre est certainement la rĂ©ponse Ă  un appel auquel n'ont pas Ă©tĂ© Ă©trangères les intentions lyriques et pathĂ©tiques de Lattuada », affirme Antonio Pietrangeli[1].
  • « [...] Je l'ai justement choisi parce qu'il Ă©tait lombard. Le milieu m'intĂ©ressait et me donnait la possibilitĂ© de parler de quelque chose de personnel, ayant vĂ©cu Ă  la campagne chez mon oncle, l'hiver, dans une ferme, avec certains types, certains personnages. J'ai rĂ©ussi Ă  trouver la saveur juste », dit effectivement Alberto Lattuada[2].
  • Le rĂ©alisateur estime, quant Ă  lui, le film comme globalement rĂ©ussi : « d'abord parce que je me suis raccrochĂ© Ă  des sensations enfantines de la campagne lombarde. Je crois que chaque fois [...] que je reviens dans mon aire, lĂ  oĂą j'ai grandi, [...] je trouve des accents plus authentiques. [...] Ainsi, j'ai pu dire des choses qui m'appartenaient et ne pas cheminer seulement sur les fausses traces d'un roman. »[3]
  • Filippo Maria De Sanctis peut, donc, Ă©crire : « [...] Avec Ă©vidence, la prĂ©sence d'un monde s'y manifeste, un monde qui se retrouvera, sous des aspects variables, dans presque toute l'Ĺ“uvre de Lattuada. [...] Les mĂ©rites de Jacques l'idĂ©aliste, en revanche, sont tous dans les dĂ©tails. La vĂ©ritĂ© des milieux italiens (l'auberge avec ses chants en dialecte, les intĂ©rieurs de toutes les maisons, les personnages de second plan) saisit autant que celle de l'atmosphère, toujours recrĂ©Ă©e avec un sens subtil du lieu. »[4]
  • Face Ă  ces caractĂ©ristiques, ajoutĂ©es Ă  d'autres « marques d'un ardent moralisme, empreint d'intĂ©rĂŞt psychologique », qui contrastent avec « la banalitĂ© d'une iconographie dans le style XVIIIe siècle [...] force est bien de prendre le contre-pied du poncif critique qui prĂ©tend juger Giacomo l'idealista Ă  l'aune du dĂ©tail scĂ©nographique et photographique. [...] A qui s'en tient Ă  ce calligraphisme, il est Ă©videmment facile de s'appesantir sur le rĂ´le des candĂ©labres dans la composition de tels plans du film, ou de se perdre Ă  suivre sur la neige le minuscule point noir de CĂ©lestine fuyant sa honte, dans une sĂ©quence cĂ©lèbre. Et il aussi facile, ce faisant, d'oublier que ce film contient, en outre, le principal des prototypes de Lattuada : ce personnage humiliĂ© et offensĂ© dont Sans pitiĂ©, Le Moulin du PĂ´, Le Manteau continueront de nous proposer les tourments »[5].
  • Au sujet d'un prĂ©tendu formalisme entachant le film, Lattuada dĂ©clare, pour sa part : « C'Ă©tait une espèce de justification de la part des courants disons rĂ©alistes mais cependant, ce qui compte davantage, c'est le contenu non fasciste du film. [...] Pour nous, c'Ă©tait une façon de s'Ă©chapper dans les marges et de ne pas accepter la rĂ©alitĂ© de la vie politique du moment. [...] L'histoire de Giacomo l'idealista Ă©tait dĂ©sagrĂ©able pour le rĂ©gime puisqu'il y Ă©tait question de la religion catholique avec toute l'hypocrisie contenue dans cette situation. Le milieu Ă©tait celui de la classe bourgeoise et de la petite noblesse de campagne qui sĂ©questraient une jeune fille sĂ©duite dans leur maison ; ils l'envoyaient se cacher chez deux bigottes, deux vieilles tantes qui vivaient de mensonges et de compromis avec leur conscience. »[6]

Notes et références

  1. Verso un cinema italiano, Bianco e Nero, 8/08/1942.
  2. Jean A. Gili : Le cinéma italien à l'ombre des faisceaux (1922-1945), Institut Jean-Vigo, Perpignan, 1990.
  3. Jean A. Gili : op. cit..
  4. in : Premier Plan, Alberto Lattuada, Lyon, mai 1965.
  5. F. Maria De Sanctis in : op. cit.
  6. in : Le cinéma italien à l'ombre des faisceaux, op. cit., p. 119.

Liens externes

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