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Ghazel (artiste)

Ghazel, nĂ©e en 1966 Ă  TĂ©hĂ©ran, est une artiste visuelle connue principalement pour ses vidĂ©os et ses performances. Elle pratique Ă©galement la photographie, le dessin et rĂ©alise des films (courts et moyens mĂ©trages). Artiste hybride, elle Ă©labore une Ĺ“uvre multiple, qui traite de « l'autre Â», des migrations contemporaines et des effets de la guerre.

Ghazel
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Elle est nommée Chevalier de l'ordre des Arts et des Lettres en 2018.

Biographie

Ghazel est née en 1966 à Téhéran dans une famille assez aisée qui lui permet d'étudier dans une école internationale où elle étudie en anglais. Elle quitte l'Iran en 1986, alors qu'elle a 19 ans, pour continuer ses études en France, à l'Université Paul-Valéry de Montpellier. Elle y obtient un DEUG en cinéma, puis entre en 2e année à l'École supérieure des beaux-arts de Nîmes où elle reste jusqu'à la cinquième année et où elle obtient son Diplôme national supérieur d'expression plastique en 1992[1]. Elle finit ensuite sa licence de cinéma à l'Université de Montpellier deux ans plus tard.

Après ses études en France, elle commence à travailler entre Montpellier et Berlin, faisant des allers-retours entre les deux pays. Elle retourne souvent en Iran également. Elle obtient plusieurs bourses qui lui permettent de séjourner à Berlin et à Leipzig[2]. À partir de 1995, elle commence à faire des ateliers d'arts dans les ZEP et associations. En 1997, elle retourne en Iran pour travailler avec de jeunes délinquants. La même année, Ghazel reçoit une lettre d'expulsion en France qui lui demande de quitter le pays sous 15 jours. Cette situation l'amène à créer le projet Urgent dans lequel elle propose des mariages blancs pour régulariser sa situation. Cette lettre et la rencontre avec les jeunes délinquants à Téhéran sont un tournant dans sa carrière puisqu'elle démarre les séries Me et Urgent en même temps. Entre 1997 et 2000, elle vit plus à Téhéran qu'à Montpellier, pour travailler avec de enfants délinquants et aussi pendant ces années elle réalise beaucoup des scènes de la série Me, inspirée des paradoxes de sa vie quotidienne en Iran. Plus tard l'autobiographie devient juste une excuse pour exprimer ses observations sur les sociétés occidentales et orientales à travers cette série.

Parcours artistique

Ghazel obtient une certaine renommĂ©e avec son projet vidĂ©o Me initiĂ© en 1997. C'est un travail de très grande ampleur et qui dure dans le temps : depuis 1997 Ghazel a produit plus de 700 courtes sĂ©quences vidĂ©os[3]. Ces vidĂ©os qu'elle commence Ă  crĂ©er dès 1997, d'abord en Iran puis dans le monde entier, Ghazel les construit toujours de la mĂŞme manière : elle se filme elle-mĂŞme, grâce Ă  un trĂ©pied, et vĂŞtue d'un tchador iranien, elle effectue des activitĂ©s très variĂ©es : ski nautique, elle plonge dans une piscine, elle lit, fait du repassage[4]... Elles sont prĂ©sentĂ©es sous la forme d'un triptyque de trois Ă©crans qui, cĂ´te Ă  cĂ´te, diffusent des sĂ©ries de 10 saynètes en mĂŞme temps. Ces courtes sĂ©quences vidĂ©os sont des formes d'autoportraits de l'artiste qui traite au travers de ces images de son rapport Ă  sa culture iranienne et Ă  ses diffĂ©rentes identitĂ©. Elle se dĂ©fend cependant d'utiliser le tchador pour une critique du voile ou de la condition fĂ©minine en Iran, prĂ©fĂ©rant l'utiliser comme une « couleur locale Â» un outil d'identification Ă  son pays d'origine, l'Iran.

Le deuxième projet initiĂ© en 1997 est le projet Urgent qui est une sĂ©rie d'affiches qu'elle crĂ©Ă© Ă  la suite de la rĂ©ception d'une lettre d'expulsion en 1997. Ghazel commence alors Ă  crĂ©er des affiches annonçant qu’elle recherche un mariage blanc pour obtenir un titre de sĂ©jour. En crĂ©ant cette sĂ©rie d'affiches dans lesquelles elle dĂ©tourne la gravitĂ© de sa situation Ă  l'aide de l'humour, Ghazel rend sa condition accessible et marque les esprits. Dans ses affiches elle se moque mĂŞme des acronymes utilisĂ©s par l'administration française tels que SDF qu'elle remplace par « SPF » (sans papier fixe) tandis que l’acronyme RDD signifie « rĂ©sidente Ă  durĂ©e dĂ©terminĂ©e Â» et fait Ă©cho au CDD (contrat Ă  durĂ©e dĂ©terminĂ©e)[5]. Ce projet Ă©volue dans plusieurs sĂ©ries d’affiches jusqu’en 2002, date Ă  laquelle elle reçoit une carte de rĂ©sidence de 10 ans. Elle poursuit alors son projet en proposant elle-mĂŞme un mariage blanc pour un clandestin. Ce travail est toujours en cours puisqu’elle crĂ©a en 2017 une nouvelle sĂ©rie d’affiches oĂą elle cède son passeport en rĂ©action au dĂ©bat sur la dĂ©chĂ©ance de nationalitĂ© en France[6].

La carte géographique est l'un des objets qui revient le plus dans l’Œuvre de Ghazel ; dès 1990 elle juxtapose en photocopiant sur papier Canson une carte d'Iran et un télex reçu pendant les attaques de missiles sur Téhéran en 1987[6]. C’est le début d’un travail long et multiple autour de la thématique de la carte à laquelle elle ajoute des symboles universels en lien avec la thématique du déplacement, du nomadisme et de l’exil. Ainsi, dans la série The Life Span of a Ball Point Pen, Ghazel dessine des symboles tels que l’arbre, la maison ou la valise à l’aide de stylo bille sur des cartes imprimées iraniennes[7]. Elle utilise dans ces travaux l’entièreté de l’encre de son stylo bille, comme dans un seul et grand voyage. Dans les séries Marée Noire, Marée Rouge et Dyslexia, Ghazel continue d’utiliser des cartes iraniennes comme support, mais choisit de les recouvrir en partie à l’aide d’encre de chine ou de peinture rouge. Ces « marées » sont tout autant des symboles de violence, du pétrole, de la guerre, de la pollution ou de la corruption[3].Dans la série Marée Rouge, le rouge symbolise le sang: autant pour la vie que la mort.

Ĺ’uvres

  • Urgent, 1997-2007, sĂ©rie de 6 affiches, collection CitĂ© nationale de l'histoire de l'immigration, Paris, France[8]
  • ME 1997-2000, 3 bandes vidĂ©o, couleur, 40 min, collection Centre Pompidou, Paris, France[9]
  • ME 2003-2008, collection MusĂ©e d'immigration, Paris
  • ME 2000-2003, collection FRAC Languedoc-Roussillion, Montpellier
  • Home (Stories),2008, film, 43 min
  • Untitled 1, (From Me series), 2009, 45 min
  • Dyslexia, 2015-2017, dessins
  • The Life Span of a Ball Point Pen I, dessin, Collection BIC
  • MarĂ©e Rouge, 2014, dessins, Collection MusĂ©e d'Immigration, Paris

Expositions

  • 1993 : Red Home 1, Mardabad, Iran
  • 1994 : B(l)ack Home is a B(l)ack home, Kunsthaus Tacheles, Berlin, Allemagne
  • 1996 : Red Home II, Mardabad, Iran
  • 1998 : 1997 – 2003 Wanted performances in Berlin, Montpellier, Stockholm, Paris, Sète…
  • 1999 : Wedding I, Kunsthaus Tacheles, Berlin, Allemagne
  • 2001 : Me 1997 – 2000, Galerija Miroslav Kraljevic, Zagreb, Croatie
  • 2002 : IdentitĂ©, mĂ©tissage et autres arrangements series, Salon by Meshec Gaba, Palais de Tokyo, Paris, France
  • 2003 : Clandestini, Biennale de Venise, Venise
  • 2003 : Biennale de La Havane, La Havane
  • 2005 : Belonging, Sharjah Biennial (en), Charjah, Émirats arabes unis
  • 2005 : HOME, performance during the 37th Theatre Venice Festival, Venice Biennial, Venise, Italie
  • 2006 : Biennale de Sydney, Sydney
  • 2007 : Me and the others, musĂ©e d'Art contemporain de Santiago (es) (MAC), Santiago de Chile, Chili
  • 2008 : Exposition permanente de la CitĂ© de l'immigration, Paris, France
  • 2009 : Me 2003-2008, Vestibule de la Maison Rouge, Paris, France
  • 2009 : Elles@centrepompidou, Centre Pompidou, Paris, France
  • 2009 : Raad O Bargh, 17 artists from Iran, galerie Thaddaeus Ropac, Paris, France
  • 2010 : Memoirs: Contemporary Art from Iran, XIV Biennale Donna (Woman Biennial), Gallerie d'Arte Moderna e Contemporanea (GAMC), Ferrare, Italie
  • 2011 : J'ai deux amours, MusĂ©e de l'Histoire de l'immigration, Paris, France
  • 2011 : Pulso Iraniano, Espaço Oi Futuro, Rio de Janeiro
  • 2013 : Le Pont, MusĂ©e d'Art contemporain de Marseille (MAC), Marseille
  • 2014 : Deprivation/Pozbawienie, Galerie Arsenal, Bialystok, Pologne
  • 2015 : Une histoire- art,architecture et design des annĂ©es 1980 Ă  aujourd'hui, Centre Pompidou, Paris
  • 2016 : Deportation Regime: Artistic responses to state practices and lived experience of forced removal, Center for Art on Migration Politics (CAMP), Copenhague
  • 2017 : Mismappings, International Studio & Curatorial Program (en) (ISCP), New York
  • 2018 : La collection BIC, Centquatre-Paris, Paris
  • 2018 : Dyslexia, Hinterland galerie, Vienne
  • 2018 : Persona Grata, MusĂ©e d'art contemporain du Val-de-Marne
  • 2019 : The Construction of the Possible, Biennale de la Havane, La Havane

Notes et références

  1. Entretien avec Ghazel animé par Michel Poivert, séance du 12 janvier 2009, p1.
  2. « Ghazel », sur www.newmedia-art.org (consulté le )
  3. (en-US) « Ghazel: Mismappings », sur iscp-nyc.org (consulté le )
  4. Entretien avec Ghazel animé par Michel Poivert, séance de janvier 2009, p. 2-4.
  5. « Urgent de Ghazel | Musée national de l'histoire de l'immigration », sur www.histoire-immigration.fr (consulté le )
  6. (en-US) « Works », sur ghazel (consulté le )
  7. (en-US) « My bla bla bla », sur ghazel (consulté le )
  8. (fr) Isabelle Renard, « Zoom sur : Urgent de Ghazel », sur histoire-immigration.fr (consulté le )
  9. (fr) Marianne Lanavère, « ME, 1997-2000 », sur newmedia-art.org (consulté le )

Bibliographie

  • (en) Katy Deepwell, « Ecbatana? Artists from the Middle East: Ghazel, Zineb Sedira, Mona Hatoum, Jananne Al-Ani », n.paradoxa, vol. 7, , p. 64-70.
  • Amor Marse, « Entre fiction et rĂ©alitĂ©. SubtilitĂ© de l’humour dans l’art iranien : Ghazel », Interactive, , [lire en ligne]
  • Amin Moghadam, « Ghazel : l’artiste mobile, l’art de la mobilitĂ© », In Hommes & Migrations, no 1312, 2016, p. 91-97, [lire en ligne].

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