Accueil🇫🇷Chercher

General Electric T58

Le General Electric T58 est un turbomoteur amĂ©ricain conçu pour Ă©quiper les hĂ©licoptères. DĂ©marrĂ© pour la première fois en 1955, il est restĂ© en production jusqu'en 1984, date Ă  laquelle quelque 6 300 exemplaires avaient Ă©tĂ© produits. Le , il devient le premier turbomoteur Ă  obtenir la certification de la FAA pour pouvoir ĂŞtre utilisĂ© dans des hĂ©licoptères civils. Il a aussi Ă©tĂ© construit sous licence et dĂ©veloppĂ© par la sociĂ©tĂ© britannique De Havilland sous la dĂ©signation de Gnome, et aussi fabriquĂ© par Alfa Romeo et la IHI Corporation.

General Electric T58
(caract. T58-GE-8)
Vue du moteur
Un turbomoteur T58 au Midway Museum, Ă  San Diego, Californie (2007).

Constructeur GE Aviation
Premier vol
Utilisation • CH-46 Sea Knight
• SH-2 Seasprite
• SH-3 Sea King
Caractéristiques
Type Turbomoteur Ă  turbine libre[1] - [2]
Longueur 1 397 mm
Diamètre 406 mm
Masse sans rĂ©ducteurs : 129 kg
avec réducteurs : 177 kg
Composants
Compresseur Axial, à 10 étages (3 premiers étages à géométrie variable)
Chambre de combustion Annulaire, avec 16 brûleurs répartis sur 2 collecteurs séparés
Turbine • Régénération : 2 étages
• Puissance : libre, 1 étage
Performances
Puissance maximale 1 250 ch, soit 932,12 kW
Taux de compression 8,3 : 1
DĂ©bit d'air Ă  26 300 tr/min : 5,62 kg/s
Consommation spécifique à sec 0,389 kg/(kN⋅h)
Inspection d'un T58 avant son installation dans un hélicoptère SH-3G Sea King.

Conception et développement

Contexte

Pendant les vingt premières années de leur existence, la majorité des efforts consacrés au développement de turbomoteurs fut consacrée à la production de gros moteurs. Les États-Unis ne dérogeaient pas à la règle, et s'étaient essentiellement focalisés sur les gros turboréacteurs plutôt que sur les turbines à gaz de faible puissance. Afin de combler ce déficit de dotation en « petits » moteurs, les trois armées américaines s'investirent à fond pour encourager leur développement, duquel seront issus deux petits moteurs en particulier, le T53, de Lycoming, et le T58, de General Electric[3].

En fait, General Electric avait déjà tenté très tôt de produire un turbopropulseur, en l'espèce du TG-100 (XT-31), qui fut construit dès 1945, mais il semble que ce moteur ait surtout réussi à faire chûter de manière importante l'enthousiasme des Américains pour ce type de moteur. En comparaison, le T58 était un moteur bien plus compétitif, et il remporta une compétition organisée par l'US Navy en 1954. Pendant sa conception, les dirigeants et ingénieurs de la compagnie s'étaient fixés eux-mêmes des objectifs à la fois simples et ambitieux : « Pour un succès commercial, nous devons produire un moteur avancé et sophistiqué, avec une performance sur papier qui soit supérieure. Il s'agira d'une unité intelligente, posant sûrement de gros problèmes à ses débuts, mais nous sommes une riche et grande compagnie, et nous y arriverons ! »[3].

Conception

Le dĂ©veloppement du T58 commença en 1953 avec une demande de l’US Navy, qui dĂ©sirait obtenir un turbomoteur d'hĂ©licoptère devant peser moins de 180 kg tout en dĂ©veloppant une puissance d'au-moins 800 ch (600 kW) et allant jusqu'Ă  1 500 ch.

DĂ©veloppĂ© en coopĂ©ration avec le bureau de l'aĂ©ronautique de l’US Navy, il rĂ©pondait idĂ©alement Ă  toute une sĂ©rie de caractĂ©ristiques considĂ©rĂ©es comme idĂ©ales pour pouvoir Ă©quiper un hĂ©licoptère : En effet, de nombreuses expĂ©rimentations effectuĂ©es par les hĂ©licoptĂ©ristes du moment avaient dĂ©terminĂ© qu'un moteur de ce type se devait d'ĂŞtre Ă  la fois lĂ©ger, avoir une consommation spĂ©cifique faible, disposer d'un fort rapport poids/puissance, ĂŞtre fiable dans le temps, et disposer d'un contrĂ´le de vitesse de fonctionnement le plus stable et rĂ©actif possible. Ce ne fut toutefois pas avant les dernières Ă©tapes de sa conception que les caractĂ©ristiques du T58 purent ĂŞtre fixĂ©es dĂ©finitivement. En consĂ©quence, des marges assez importantes furent appliquĂ©es aux caractĂ©ristiques de performance du moteur, avec des chiffres de puissance, de consommation et de masse volontairement pessimistes, mais il restât toutefois indĂ©niable qu'il faisait dĂ©jĂ  preuve d'une excellent rĂ©activitĂ© aux commandes, qu'il Ă©tait simple d'entretien et qu'il faisait preuve d'une très bonne fiabilitĂ©. Conçu dans les bureaux de la section turbines Ă  gaz de la compagnie, situĂ©s Ă  Lynn, près de Boston (Massachusetts), le premier exemplaire du moteur que proposa General Electric ne pesait que 110 kg (156 kg avec sa boĂ®te Ă  engrenages) et produisait une puissance au dĂ©collage de 1 024 ch (753,05 kW), ce qui correspondait plus que largement aux besoins initiaux formulĂ©s par la Navy en 1953. Sa puissance en rĂ©gime continu Ă©tait de 875 ch et sa consommation spĂ©cifique oscillait entre 0,66 lb/(lbf·h) et 0,69 lb/(lbf·h)[3].

Premières série de tests

Au mois de , le T58 avait accumulĂ© 6 000 heures de fonctionnement pour dĂ©veloppement et tests opĂ©rationnels, dont 5 000 pour le dĂ©veloppement en usine, 700 Ă  l'intĂ©rieur d'un hĂ©licoptère et 300 pour d'autres tests divers supplĂ©mentaires. Deux constructeurs d'hĂ©licoptères, Sikorsky et Vertol, utilisèrent leurs hĂ©licoptères pour mener les tests en vol, chacun employant deux moteurs T58. Le moteur effectua son premier vol sur celui de Sikorsky, un HSS-1 modifiĂ©, en 1957. Ces moteurs de tests avaient Ă©tĂ© construits selon la configuration qui avait accompli avec succès un test de fonctionnement de 50 heures en . le premier de ces moteurs fut renvoyĂ© Ă  l'usine pour rĂ©vision gĂ©nĂ©rale après avoir accumulĂ© 135 heures de fonctionnement, ce qui constitua presque un exploit dans le milieu aĂ©ronautique, les moteurs Ă  rĂ©action de cette Ă©poque revenant habituellement Ă  l'usine avec seulement quelques heures de fonctionnement au compteur. Comme ce moteur de 50 heures avait dĂ©jĂ  fait ses preuves et remplissait largement ses objectifs de production en matière de puissance, consommation et poids, il restait Ă  travailler sur la durabilitĂ© des Ă©lĂ©ments internes du moteur pour pouvoir atteindre l'objectif (presque fou pour l'Ă©poque) de 150 heures de fonctionnement sans intervention majeure[3]. Des travaux restaient Ă©galement Ă  accomplir pour amĂ©liorer encore un peu la marge de puissance admissible par le système de rĂ©gulation du moteur.

Après avoir accumulĂ© 2 500 heures de tests, utilisant 12 assemblages de compresseurs diffĂ©rents, dont certains avaient tenu plus de 300 heures sans casser, un problème important fit son apparition au niveau des aubes des derniers Ă©tages de compresseurs, situĂ©s près de la chambre de combustion. En effet, après ces tests intensifs, les derniers Ă©tages de compresseurs de plusieurs moteurs avaient mis Ă  jour une fatigue des queues d'arondes liant les aubes Ă  leur disque de rotor. Sur les trois occasions oĂą des aubes avaient commencer Ă  craquer, une seule avait rĂ©ellement donnĂ© lieu Ă  une sĂ©paration complète entre l'aube et son attache. Les rĂ©sultats du test avaient toutefois montrĂ© que le moteur avait tout de mĂŞme continuĂ© Ă  tourner huit heures Ă  pleine puissance après cette dĂ©faillance avant que le problème ne soit rĂ©ellement dĂ©tectĂ©, et ce ne fut en fait que les analystes qui en constatèrent les effets sur les courbes de puissance affichĂ©es, car les mĂ©caniciens prĂ©sents sur les lieux n'avaient toujours rien remarquĂ©. L'Ă©tage en question fut retirĂ© du moteur, sans que ce dernier ne soit lui-mĂŞme retirĂ© du banc d'essais, puis un nouveau prit sa place et les tests furent relancĂ©s dans les 24 heures, donnant lieu Ă  un autre test de 130 heures sans anomalie supplĂ©mentaire[3]. La cause des problèmes de fatigue fut attribuĂ©e Ă  une lĂ©gère faiblesse des ailettes, qui encaissaient mal les contraintes de torsion exercĂ©es aux vitesses de compresseur correspondant au rĂ©gime de fonctionnement continu du moteur.

Compresseur

Pour chaque programme de développement nouveau, le personnel impliqué dans la conception des différents éléments doit faire face à de nouveaux défis, car les nouvelles pièces sont généralement radicalement différentes de celles qui équipaient les concepts précédents. Il se peut également que les dimensions et caractéristiques des pièces initialement dessinées par les ingénieurs soient modifiées plus tard dans l'avancement du programme. Ce fut précisément ce qui arriva dans le cas du T58, lorsqu'on se rendit compte que le moteur produisait entre 50 et 100 ch de plus avec les dernières ailettes fabriquées qu'avec celles du début du programme. Ces améliorations de conception de ces ailettes avaient considérablement changé leurs propriétés de masse et de résonance vibratoire, et lorsqu'elles étaient exposées à des charges oscillatoires leur appliquant des contraintes de torsion importantes, la queue d'aronde pouvait facilement céder car l'ailette atteignait sa fréquence de résonance[3].

Aux dĂ©buts du programme T58, un autre problème fut dĂ©tectĂ©, concernant la mesure des contraintes subies par les Ă©lĂ©ments mobiles du moteur. Afin de concevoir un système de mesure adĂ©quat, un premier système utilisant l'adaptation d'un assemblage Ă  base de bagues collectrices circulaires venant d'Allemagne fut testĂ©, mais cet assemblage n'Ă©tait pas conçu pour supporter la vitesse de rotation du T58, s'Ă©tablissant Ă  27 000 tr/min, et les contraintes de vibrations et de lubrification imposĂ©es par ce dernier empĂŞchaient Ă  ce système collecter les signaux Ă©lectriques en micro-volts depuis les capteurs pour les afficher sur les oscilloscopes. Comme aucune ailette n'avait toutefois montrĂ© de faiblesse, les tests furent maintenus, pendant que les chercheurs s'attelèrent Ă  concevoir un nouveau système de bagues spĂ©cifique pour ce moteur. Par chance, ce système fut rendu disponible au moment prĂ©cis oĂą les phĂ©nomènes de fatigue commencèrent Ă  apparaĂ®tre.

Une caractéristique intéressante du compresseur fut notée pendant son utilisation sur le terrain. Il était généralement courant de revoir rééquilibrer à haute vitesse un disque de compresseur lorsque plusieurs ailettes de ce dernier avaient été remplacées, ce qui posait des problèmes aux équipes d'entretien militaires, car elles désiraient absolument pouvoir effectuer ce genre de réparations sur le terrain, donc avec un matériel et un temps disponible relativement réduits. Au cours des expérimentations, il fut découvert qu'il était possible de changer jusqu'à trois disques de compresseurs sans toutefois affecter les performances ou modifier les phénomènes vibratoires du moteur[3]. Les ailettes du premier et du dernier étages avaient pu être remplacées directement sur l'hélicoptère, sans avoir à retirer le moteur de son emplacement, ce qui constituait un gain de temps évident pour une utilisation intensive au combat, chose qui n'était pas toujours réalisable avec d'autres moteurs.

Chambre de combustion

Entre les tests Ă  50 et les tests Ă  150 heures, la chambre de combustion reçut de nombreuses amĂ©liorations, visant en particulier Ă  amĂ©liorer sa durĂ©e de vie. En effet, les premiers revĂŞtements l'ayant Ă©quipĂ©e avaient dĂ©montrĂ© une inĂ©galitĂ© dans la distribution des flux et tempĂ©ratures Ă  l'intĂ©rieur de cette dernière, qui avaient menĂ© progressivement Ă  sa dĂ©gradation, les revĂŞtements ayant tendance Ă  se dĂ©tacher, crĂ©ant des points chauds ou des cloques Ă  l'intĂ©rieur de la chambre. Ă€ la suite de dĂ©veloppements ultĂ©rieurs et de l'expĂ©rience gagnĂ©e en dĂ©veloppant d'autres moteurs, et grâce aux tempĂ©ratures de combustion très conservatrices prĂ©sentes dans le T58, de nouveaux revĂŞtements furent conçus, avec pour simple objectif de tenir aussi longtemps dans le temps que le temps de fonctionnement programmĂ© du moteur entre deux rĂ©visions (en anglais MTBO : Mean Time Between Overhauls)[3].

Le diffuseur du compresseur et le revĂŞtement de la chambre de combustion furent considĂ©rĂ©s et rĂ©solus comme un seul et mĂŞme problème. Bien qu'il semblait en apparence identique au revĂŞtement prĂ©cĂ©dent, le nouveau Ă©tait en fait totalement diffĂ©rent, disposant de sept amĂ©liorations visant Ă  allonger sa durĂ©e de vie. La distribution de l'air sous pression Ă  la sortie du compresseur, divisĂ©e en flux primaire et secondaire, fut intĂ©gralement revue afin d'en amĂ©liorer l'homogĂ©nĂ©itĂ©. Le capot fut redessinĂ©. Le positionnement du revĂŞtement isolant de l'intĂ©rieur de la chambre, par-rapport aux diffuseurs et Ă  la chambre, fut effectuĂ© de manière plus prĂ©cise, tandis que la position et le nombre de fentes (louvres) et de trous dans la cloison sĂ©parant le flux primaire du secondaire furent lourdement modifiĂ©s. La longueur globale et la zone d'expansion de la chambre furent Ă©galement modifiĂ©es. Le rĂ©sultat de ces amĂ©liorations fut un revĂŞtement capable de rĂ©sister Ă  presque tout ce qui pouvait arriver au moteur, Ă  l'exception peut-ĂŞtre de situations extrĂŞmes, comme la casse d'une conduite sur l'une des torches allumant le carburant dans la chambre. Pendant les tests consĂ©cutifs Ă  ces modifications, un revĂŞtement fut en mesure de tenir 330 heures de fonctionnement sans prĂ©senter de signes de dĂ©tĂ©rioration[3], soit plus du double de l'intervalle prĂ©vu entre deux entretiens majeurs.

Carburant

Les systèmes de gestion d'alimentation en carburant, ainsi que les systèmes de contrôle moteur qui y sont associés, ont été un problème majeur pendant la conception de celui-ci. En effet, le maintien à vitesse de rotation constante de l'ensemble boîte à engrenages + rotor principal d'un hélicoptère pose un problème bien plus complexe que celui d'une simple hélice, comme sur un turbopropulseur. La flexibilité des pales du rotor, associée à la flexibilité des charnières les reliant au mat de rotor, crée un ensemble très élastique, un effet encore aggravé par les secousses induites par les nombreux engrenages et la flexibilité en torsion des arbres reliant le moteur aux pales. Les constantes de temps des éléments élastiques du système rendent difficiles la détection des vitesses et charges réelles du rotor pour le système de régulation. Ce problème fut toutefois minimisé en effectuant de nombreuses heures de test sur les rotors[3], et en effectuant de nombreux calculs par ordinateur.

Le principal problème des premiers systèmes employĂ©s Ă©tait leur stabilitĂ© insuffisante, et les moteurs dĂ©jĂ  produits durent ĂŞtre modifiĂ©s lors de leur retour en usine, afin de recevoir un système plus performant. La nouvelle version du rĂ©gulateur effectua 1 250 heures de tests cycliques accĂ©lĂ©rĂ©s avant d'ĂŞtre intĂ©grĂ© Ă  un moteur de tests final (Model Test). Un total de 15 000 heures de tests sur banc furent effectuĂ©es pendant le programme de dĂ©veloppement, et 15 unitĂ©s de contrĂ´le furent utilisĂ©es avant d'ĂŞtre installĂ©es sur le moteur final. Plus de 4 000 heures de fonctionnement moteur furent Ă©galement accumulĂ©es, dont 635 heures en employant un carburant JP-4 hautement contaminĂ© par de la rouille, de la poussière et des peluches de tissus, un mĂ©lange qui est frĂ©quemment rencontrĂ© pendant des missions opĂ©rationnelles[3]. Ce carburant Ă©tait bien plus sale que celui employĂ© dans tous les programmes de dĂ©veloppement prĂ©cĂ©dents concernant des turbomoteurs, et il peut rapidement colmater les filtres et boucher les injecteurs de la chambre de combustion du moteur. La poussière contenue peut Ă©galement dĂ©tĂ©riorer et affaiblir les roulements ainsi que crĂ©er des ratĂ©s et des coupures dans le fonctionnement de l'unitĂ© de rĂ©gulation. NĂ©anmoins, le carburant prĂ©sent Ă -bord des navires, des ravitailleurs ou des porte-avions peut rapidement accumuler cette quantitĂ© de saletĂ©s au cours du temps, et comme la majoritĂ© du transport du carburant mondial se fait par bateau, les moteurs d'aĂ©ronefs doivent ĂŞtre en mesure d'utiliser ce carburant sans forcĂ©ment nĂ©cessiter de filtres spĂ©ciaux[3].

Derniers tests avant mise en service

Un total de 17 moteurs furent utilisĂ©s, depuis le premier modèle de test, en avril 1955, jusqu'au model final d'Ă©valuation (Test Model). Le temps total consacrĂ© au dĂ©veloppement, jusqu'Ă  la mise en route de ce moteur final, dĂ©passait les 5 200 heures. Le test fut effectuĂ© en utilisant du carburant JP-4, et ce moteur effectua d'une traite une session de fonctionnement de 181 heures, demeurant en parfaite condition Ă  la fin de celui-ci. La perte de performances Ă  l'issue Ă©tait de 1,4 % en puissance et 2,1 lb/(lbf·h) de consommation spĂ©cifique Ă  rĂ©gime maximal, et de 0,24 % de puissance et 0,4 lb/(lbf·h) de consommation spĂ©cifique en rĂ©gime de croisière[3]. Les temps de rĂ©action Ă  la manette des gaz, la consommation d'huile et autres facteurs demeurèrent inchangĂ©s. La très lĂ©gère perte de performances est due aux impuretĂ©s du carburant est reste assez indĂ©pendante de la taille du moteur concernĂ©.

Lors des tests, les donnĂ©es rĂ©coltĂ©es permirent de noter que les performances atteintes pendant les tests de rotors au sol et Ă  l'intĂ©rieur des hĂ©licoptères de test H-21 et S-58 Ă©taient très proches. Le moteur se prouva apte Ă  changer très rapidement de configuration pour rĂ©pondre aux demandes du pilote en matière de puissance sur l'arbre. Un total de 700 heures de fonctionnement fut effectuĂ© au sol avec le moteur reliĂ© au rotor d'un hĂ©licoptère et le compresseur fut Ă©galement testĂ© Ă  des altitudes allant jusqu'Ă  35 000 pieds. Le moteur fut Ă©galement testĂ© en vol Ă  une altitude de 5 000 pieds et Ă  des vitesses supĂ©rieures Ă  260 km/h, l'hĂ©licoptère effectuant aussi des figures acrobatiques violentes, des autorotations, des atterrissages sur un ou deux moteurs, et des phases de montĂ©es Ă  un taux de 2 000 pieds/min[3].

Mise en service

Sa version à vocation civile CT58-100 reçut sa certification civile deux ans plus tard[4].

Caractéristiques

La première sĂ©rie de moteurs de tests, 22 exemplaires produits pour le dĂ©veloppement d'hĂ©licoptères, dĂ©veloppait une puissance moyenne de 1 060 ch et disposait d'une consommation spĂ©cifique de carburant de 0,65 lb/(lbf·h) Ă  la puissance de dĂ©collage. Certains de ces moteurs atteignaient mĂŞme plus de 1 100 ch pour une consommation spĂ©cifique de 0,63 lb/(lbf·h), et leur masse moyenne Ă©tait de 147 kg.

Le T58 est un turbomoteur à turbine libre, avec un compresseur axial à 10 étages, une chambre de combustion et deux étages de turbine constituant sa partie « régénération » (celle qui entretient le fonctionnement du moteur). Il peut être utilisé comme moteur séparé, mais si un cône est installé à la place de sa turbine de puissance, il peut tout aussi bien devenir un petit turboréacteur. Les tests au sol furent d'ailleurs effectués sur cette deuxième configuration, en particulier les tests de résistance au gel sur le Mont Washington, ce qui permit de tester la partie régénération à pleine puissance sans devoir subir les pertes de charge occasionnées par les habituels rotors et engrenages normalement installés à l'arrière du moteur. Il fut d'ailleurs envisagé que les équipes militaires d'entretien de ces futurs moteurs décident d'employer cette méthode pour exécuter les tests de vérification après les entretiens et révisions majeures[3]. La turbine libre (celle qui crée le mouvement de rotation et la puissance sur l'arbre) utilise un unique étage pour entraîner l'arbre de sortie. En raison de ses températures de fonctionnement pouvant varier fortement, cette turbine de puissance ne devait pas être retirée de l'hélicoptère entre deux changements de moteur, car sa durée de vie était normalement bien plus importante que celle de la partie régénération du moteur[3].

La section des accessoires du moteur, comprenant les systèmes de contrôle et les pompes à carburant et de lubrification, est entraînée par le générateur de gaz (l'autre désignation de la partie « régénération » du moteur). Le contrôle de vitesse constante est réglé par un contacteur dans le cockpit de l'aéronef, qui permet au pilote de sélectionner initialement une vitesse rotor précise, par exemple un « ralenti sol » ou un « ralenti vol ». Ensuite, l'unité de contrôle va automatiquement ajuster en permanence la puissance du générateur de gaz pour maintenir la vitesse de rotation du rotor la plus constante possible. Les tests pendant le développement prouvèrent également que lorsque le moteur subissait un dommage interne, l'unité de contrôle était encore capable de maintenir la consigne de vitesse assez précisément, en augmentant la puissance produite par le générateur de gaz[3].

De nombreuses caractéristiques inhabituelles sont présentes dans le T58A[3] :

  • Le compresseur est intĂ©gralement de type axial, alors que les autres moteurs officiant dans cette catĂ©gorie de puissance ont pour la plupart un Ă©tage final centrifuge. De fait, les aubes du dernier Ă©tage de ce compresseur sont très petites (moins de 1,20 cm de hauteur) et extrĂŞmement fines ;
  • La prise en main du compresseur aux vitesses intermĂ©diaires Ă©tait facilitĂ©e par la prĂ©sence de plusieurs rangĂ©es de stators Ă  gĂ©omĂ©trie variable, installĂ©s sur la partie avant du moteur. Ă€ la date de prĂ©sentation du moteur au public, il s'agissait d'une caractĂ©ristique très novatrice ;
  • Une turbine de puissance (celle qui entraĂ®ne le rotor de l'hĂ©licoptère) Ă  un seul Ă©tage, qui dĂ©livre la puissance vers l'arrière du moteur. Le flux des gaz chauds est dĂ©viĂ© de l'arbre de transmission vers le cĂ´tĂ© par une tuyère courbĂ©e ;
  • La chambre de combustion est Ă  flux direct, alors que celle des autres moteurs est souvent de type « reverse flow » (flux inversĂ© : le flux retourne vers l'avant du moteur avant de traverser ses Ă©tages de turbine).

La version la plus produite du moteur est la T58-GE-10, dĂ©veloppant 1 400 ch (1 044 kW). La plus puissante est la T58-GE-16, avec une puissance de 1 870 ch (1 390 kW).

Versions

Source : (en) Nathan Meier, « Military Turboshaft/Turboprop Specifications (sorted by engine model) », sur http://www.jet-engine.net/, (consulté le ).

  • T58-GE-1 : 1 290 ch (960 kW) ;
  • T58-GE-2 : 1 325 ch (988 kW) ;
  • T58-GE-1 : 1 290 ch (960 kW) ;
  • T58-GE-4
  • T58-GE-5 : 1 500 ch (1 100 kW) ;
  • T58-GE-6 : 1 250 ch (930 kW) ;
  • T58-GE-8B : 1 250 ch (930 kW) ;
  • T58-GE-8E : 1 350 ch (1 010 kW) ;
  • T58-GE-8F : 1 350 ch (1 010 kW) ;
  • T58-GE-10 : 1 400 ch (1 000 kW) ;
  • T58-GE-16 : 1 870 ch (1 390 kW) ;
  • T58-GE-100 : 1 500 ch (1 100 kW) ;
  • T58-GE-402 : 1 500 ch (1 100 kW) ;
  • CT58-IHI-110-1 : 1 400 ch (1 000 kW) ;
  • CT58-IHI-140-1 : 1 400 ch (1 000 kW) ;
  • Rolls-Royce Gnome : DĂ©veloppement et production sous licence du T58 au Royaume-Uni.

Applications

Autres applications

Deux T58, convertis en turborĂ©acteurs par la suppression des turbines de puissance, furent utilisĂ©s comme moteurs pour le Maverick TwinJet 1200[5], dĂ©veloppant alors un peu plus de 400 kg de poussĂ©e. De nombreux autres avions très lĂ©gers en ont aussi Ă©tĂ© Ă©quipĂ©s[5].

Les voitures à turbine à gaz de Carroll Shelby engagées à la course Indianapolis 500 de 1968 étaient équipées de turbines T58[6]. Afin de contourner les réglementations de l'USAC concernant le diamètre maximal des entrées d'air, ces voitures furent équipées d'entrées d'air à géométrie variable, mais la supercherie fut découverte et elles furent disqualifiées.

Des turbomoteurs comme les GE T58, ou les T53 et T55 de Lycoming, sont aussi utilisés pour équiper des navires de course à très hautes performances, courant sur des fleuves, des lacs, ou près du littoral. Certains peuvent atteindre des vitesses bien supérieures à 300 km/h, même s'ils sont pourtant dotés de cabines ouvertes et considérés comme des navires de plaisance.

Exemplaire préservé

Un YT58-GE-2A en coupe est visible au New England Air Museum, aéroport international Bradley, Windsor Locks, Connecticut[7]

Notes et références

  1. (en) « About the General Electric T58 (series) Turbine Engine », sur http://www.turbinefun.com/, Turbine Fun (consulté le ).
  2. (en) Taylor 1962.
  3. (en) « Two small American turboshaft engines : T53 & T58 », Flight International magazine, Flight Global/Archives, vol. 73, no 2556,‎ , p. 79 à 83 (lire en ligne [PDF]).
  4. (en) Norman Jacobshagen, « News Reel », Flying Magazine, vol. 66, no 3,‎ , p. 52 (ISSN 0015-4806, lire en ligne).
  5. (en) « General Electric T-58 », sur http://www.minijets.org/, Minijets website (consulté le ).
  6. (en) Rodger Ward, « Rodger Ward's Indy 500 preview : Will the turbines takeover ? », Popular Mechanics,‎ , p. 98 (lire en ligne).
  7. (en) « Engine Collection : General Electric YT58-GE-2A Cutaway », New England Air Museum (NEAM) (consulté le ).

Voir aussi

Bibliographie

  • (en) John W.R. Taylor, Jane's All the World's Aircraft 1962-63, London (UK), Sampson, Low, Marston & Co Ltd, , 575 p. (ASIN B002Y1SLMM).
  • (en) Bill Gunston, World Encyclopedia of Aero Engines, Wellingborough (UK), Patrick Stephens ltd., , 184 p. (ISBN 085059717X et 9780850597172), p. 65.

Articles connexes

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.