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Gayo (cheval)

Le Gayo ou Gaju (indonĂ©sien : kuda Gayo) est une race de poneys originaire de la province d'Aceh, dans le nord de Sumatra, en IndonĂ©sie. NommĂ© d'après l'ethnie des Gayo qui l'Ă©lève dans les hautes terres de la province, il est parfois nommĂ© Ă  tort « Deli Â», en raison des ports du sultanat de Deli, d'oĂą il Ă©tait exportĂ©. Cet Ă©quidĂ© indonĂ©sien de petite taille appartient au groupe des poneys du Sud-Est asiatique. Son statut fait dĂ©bat, car il est parfois considĂ©rĂ© comme une variĂ©tĂ© du Batak, caractĂ©risĂ© par sa taille plus rĂ©duite, son modèle plus lourd et sa moindre vivacitĂ© par comparaison Ă  ce dernier. Le Gayo est employĂ© bâtĂ©, attelĂ©, et montĂ© par les enfants. Il est aussi croisĂ© pour donner des chevaux de course. Avec 1 656 individus recensĂ©s en 2014, la race est menacĂ©e d'extinction.

Gayo
Jument de race Gayo, accompagnée de son poulain.
Jument de race Gayo, accompagnée de son poulain.
Région d’origine
Région Drapeau de l'Indonésie Indonésie
Caractéristiques
Morphologie Poney
Taille 1,14 m Ă  1,27 m
Robe Généralement bai foncé
TĂŞte Courte, oreilles longues
Caractère Calme et stable
Statut FAO (conservation) En danger
Autre
Utilisation Transport

Histoire

Poney Gayo monté à Aceh, en 1927.

Selon la base de donnĂ©es DAD-IS gĂ©rĂ©e par l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), « Gayo Â» (en indonĂ©sien) est le nom international le plus commun, avec la prĂ©cision kuda Gayo, soit « cheval de Gayo Â». « Gayoe Â» est le nom anglais, et « Gaju Â»[1] (ou Kaju[2]) le nom flamand[3]. La race a reçu son nom de la population Gayo qui vit dans le nord de Sumatra, dans les hautes terres de l'intĂ©rieur de la province d'Aceh[4].

Le Gayo ne dispose pas de stud-book[3]. Son origine remonte au XVIIIe siècle[5]. Il est surtout influencé par des chevaux mongols[5], et dans une moindre mesure, perses, et arabes[6].

Ce poney a longtemps Ă©tĂ© confondu avec les races du Batak et du Minang, Ă  tort, sous le nom de « Deli Â». Cette confusion provient du système d'importation des poneys par des navires battant pavillon hollandais : les animaux en provenance de l'Est Ă©taient dĂ©barquĂ©s dans le port du sultanat de Deli[7]. John Anderson visite plusieurs ports du nord de Sumatra entre 1823 et 1825. Il signale la prĂ©sence de chevaux dans la rĂ©gion d'Aceh. Les ports servent de point d'exportation, les animaux gagnent d'autres rĂ©gions d'IndonĂ©sie en nombre considĂ©rable, d'après lui[8]. Le centre d'Ă©levage de l'Ă®le de Sumatra semble s'ĂŞtre dĂ©placĂ© au cours du temps, la rĂ©gion d'Aceh cĂ©dant sa place Ă  la rĂ©gion de peuplement Batak en tant que zone d'exportation principale[9].

Au dĂ©but du XXe siècle, les poneys de bât Gayo sont rĂ©putĂ©s « petits, mais très forts Â»[10]. En 1997, un comptage assez prĂ©cis transmis Ă  la FAO fait Ă©tat de 7 500 poneys recensĂ©s, avec une tendance Ă  la stabilitĂ©[3]. Un dĂ©cret du ministre de l'agriculture de la rĂ©publique d'IndonĂ©sie (numĂ©ro 1054 / Kpts / SR.120) datĂ© d', crĂ©Ă© un noyau d'Ă©levage de chevaux Gayo pour prĂ©venir l'extinction de la race[5].

Description

Le Gayo appartient au groupe des poneys du Sud-Est asiatique[3] - [1], et parmi celui-ci, au sous-groupe des poneys d'IndonĂ©sie[11]. D'après les mesures de rĂ©fĂ©rence effectuĂ©es par la FAO, la taille moyenne des femelles est de 1,14 m, celle des mâles de 1,18 m[3]. L'ouvrage de CAB International (Ă©dition 2016) annonce une taille moyenne de 1,27 m[1].

Ce poney n'est pas aussi vif que le Batak, et présente un modèle plus lourd[12] - [1], avec une faible taille causée par le manque de qualités nutritives de la végétation locale[13].

La tête, courte et robuste[5], présente de longues oreilles[3]. Le corps est étroit, compact et court, avec une encolure courte, un ventre en forme de demi-cercle, et une longue queue fournie[3].

  • Gayos dans les prĂ©s sur la berge sud du lac Laut Tawar.
    Gayos dans les prés sur la berge sud du lac Laut Tawar.
  • Chevaux de race Gayo dans un prĂ© Ă  Takengon.
    Chevaux de race Gayo dans un pré à Takengon.
  • Poulain de race Gayo.
    Poulain de race Gayo.

Robe et tempérament

La robe est unie et de couleur variable, mais généralement bai foncé ou bai-brun[3] ; d'après CAB International, le pie est possible[1], que ce soit dans la variante pie noir ou pie bai[5]. Le gris existe aussi[5]. Le Gayo possède de bonnes caractéristiques de reproduction[3]. Son tempérament est calme et stable[5].

Variété du Batak ou race distincte ?

Le Gayo n'est pas toujours distingué du poney Batak en tant que race séparée. Certains auteurs estiment qu'il constitue une variété du Batak[4], notamment dans le guide Delachaux[14]. W. Groeneveld (1916) considère que le Batak et le Gayo sont deux variétés distinctes parmi les quatre qu'il recense sur Sumatra[15]. John Crawfurd (1956) distingue deux races sur Sumatra, celle d'Aceh (le Gayo) et celle de Batu Bara (en)[16]. L'encyclopédie de Charles Evelyn Graham Hope et Noel Jackson traite le Gayo et le Batak en un seul article, sans distinguo[17]. D'autres ouvrages de vulgarisation le citent comme race séparée[18]. La FAO[3], CAB International[1] et l'étude de l'Université de l'Oklahoma le traitent également comme une race séparée, cette dernière source précisant que très peu d'informations sont disponibles concernant le Gayo[12]. La position officielle du gouvernement indonésien (2014) est de considérer le Gayo comme une race séparée, en raison de l'uniformité de sa forme physique[5].

Utilisations

Le Gayo sert surtout au transport[3], que ce soit monté, bâté ou attelé[1]. Il peut être monté en équitation de travail, ou comme cheval de course[3]. Il est plus récemment devenu une attraction touristique[3]. Enfin, ce poney est désormais populaire comme monture pour les enfants[3].

Des courses de chevaux sont organisées régulièrement dans la région, depuis 1930 environ[19]. Leur popularité a augmenté après l'indépendance de l'Indonésie[20]. Les courses les plus célèbres sont organisées en août en commémoration de l'indépendance. Les montures ne sont pas des Gayo de pure race, mais des chevaux de croisement issus de métissages avec des animaux australiens[21]. Ces courses ont principalement lieu de fin août à mi-septembre et sont l'objet de paris, pourtant interdit dans le pays[22].

Sa viande est consommée depuis longtemps, le nord de Sumatra étant une région hippophage[23]. La viande de poney Gayo est réputée pour être particulièrement tendre et juteuse[3].

  • Attelage hippomobile Ă  Aceh.
    Attelage hippomobile Ă  Aceh.
  • Hippodrome de Takengon, oĂą se tiennent des courses de Gayos.
    Hippodrome de Takengon, oĂą se tiennent des courses de Gayos.

Diffusion de l'Ă©levage

Le Gayo est classĂ© comme race de chevaux locale de l'IndonĂ©sie, localement adaptĂ©e Ă  son biotope[3]. Il provient d'Aceh, dans le nord de Sumatra, ainsi que de l'Ouest de cette Ă®le[1]. Le « Gayo Â» est rĂ©pertoriĂ© dans l'Ă©tude de l'universitĂ© d'Uppsala (2010) pour la FAO comme race locale asiatique, qui n'est pas menacĂ©e d'extinction[24]. D'après l'Ă©valuation de la FAO rĂ©alisĂ©e en 2007, la race « kuda-Gayo Â» Ă©tait alors « non menacĂ©e Â»[25]. Un comptage officiel datĂ© de 2014 dĂ©nombre seulement 1 656 poneys, ce qui place le Gayo parmi les races menacĂ©es d'extinction [3].

Il n'existe pas de programme de conservation particulier[3].

Les chevaux de course de Gayo sont célébrés dans un timbre émis par le gouvernement indonésien en célébration de l'année chinoise du cheval en 2014[26]. La race est reconnue nationalement pour sa valeur économique et culturelle[5].

Notes et références

  1. Porter et al. 2016, p. 468.
  2. Porter 2002, p. 185.
  3. DAD-IS.
  4. Bankoff et Swart 2007, p. 172.
  5. (id) « Kuda Gayo » [PDF], MENTERI PERTANIAN REPUBLIK INDONESIA.
  6. (en) Changho Park, Ahmad Junaedi, Mira Lee et Yeonhee Lee, « Biological Resources Potential and the Recent State of International Cooperation in Indonesia : Article : IBC », sur www.ibc7.org (consulté le ).
  7. (en) William Gervase Clarence-Smith, « Southeast Asia and Southern Africa in the Maritime Horse Trade of the Indian Ocean, c. 1800–1914  Â» dans Bankoff et Swart 2007, p. 29.
  8. (en) William Gervase Clarence-Smith, « Southeast Asia and Southern Africa in the Maritime Horse Trade of the Indian Ocean, c. 1800–1914  Â» dans Bankoff et Swart 2007, p. 36.
  9. (en) William Gervase Clarence-Smith, « Southeast Asia and Southern Africa in the Maritime Horse Trade of the Indian Ocean, c. 1800–1914  Â» dans Bankoff et Swart 2007, p. 48.
  10. (id) Simon Lambertus Wal, Kenang-kenangan Pangrehpraja Belanda 1920-1942, Djambatan, , 380 p. (ISBN 979-428-418-1 et 9789794284186), p. 322.
  11. Porter 2002, p. 180.
  12. (en) Bonnie Lou Hendricks (préf. Anthony A. Dent), International Encyclopedia of Horse Breeds, Norman, University of Oklahoma Press, , 486 p. (ISBN 978-0-8061-3884-8 et 0-8061-3884-X, OCLC 154690199, lire en ligne), p. 71.
  13. (en) William G. Clarence-Smith, « Elephants, horses, and the coming of Islam to Northern Sumatra », Indonesia and the Malay World, vol. 32,‎ , p. 271-284 (ISSN 1363-9811, DOI 10.1080/1363981042000320161, lire en ligne, consulté le ).
  14. Rousseau 2014, p. 386.
  15. (nl) W. Groeneveldt, « Het Paard in Nederlandsch-Indië; Hoe het is Ontstaan, Hoe het is en hoe het kan Worden’ [Le cheval dans les Indes néerlandaises: d'où il vient, à quoi il ressemble, comment il pourrait être] », Veeartsenijkundige Bladen voor Nederlandsch-Indië,‎ , p. 218.
  16. (en) John Crawfurd, A Descriptive Dictionary of the Indian Islands & Adjacent Countries, Londres, Bradbury & Evans, , p. 153–155.
  17. (en) Charles Evelyn Graham Hope et Noel Jackson, The encyclopedia of the horse, Viking Press, , 336 p. (ISBN 0-7207-0599-1, OCLC 299740836), p. 162.
  18. (en) Caroline Ball, Horse and Pony Breeds, Edison, Chartwell, , p. 78.
  19. (en) Hotli Simanjuntak, « Horse racing in Aceh’s Gayo », sur The Jakarta Post, .
  20. (id) lintasgayo.co, « [Foto] Pacuan Kuda Gayo di Babak Semifinal », sur Media Online Dataran Tinggi GAYO | lintasgayo.co (consulté le ).
  21. (id) Djarum Apresiasi Budaya - 2011, « Pacuan Kuda Tradisional Gayo - IndonesiaKaya.com », sur www.indonesiakaya.com (consulté le ).
  22. (en) Hendri Abik, « Betting Big at Aceh's Semi-Legal Horse Races », sur vice.com, Vice, (consulté le )
  23. (en) William Gervase Clarence-Smith « Horse Breeding in Mainland Southeast Asia and Its Borderlands Â» dans Peter Boomgaard et David Henley (dir.), Smallholders and Stockbreeders : Histories of Foodcrop and Livestock Farming in Southeast Asia, Leiden, KITLV Press, , p. 189–210.
  24. (en) Rupak Khadka, « Global Horse Population with respect to Breeds and Risk Status », Uppsala, Faculty of Veterinary Medicine and Animal Science - Department of Animal Breeding and Genetics, , p. 57 ; 67.
  25. (en) « Breeds Currently Recorded In The Global Databank For Animal Genetic Resources » [PDF], Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture, , p. 163.
  26. (en) « Stamps Issue Series : Year of The Horse 2014 », sur www.indonesiastamps.com/, (consulté le ).

Annexes

Articles connexes

Lien externe

Bibliographie

  • [Bankoff et Swart 2007] (en) Greg Bankoff et Sandra Swart, Breed of empire : The "Invention" of the Horse in Southeast Asia and Southern Africa 1500-1950, Copenhague, National Institute of Agrobiological Sciences, (ISBN 87-7694-014-4, OCLC 753966176, lire en ligne). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • [Porter 2002] (en) Valerie Porter, Mason's World Dictionary of Livestock Breeds, Types and Varieties, CAB International, , 5e Ă©d., 400 p. (ISBN 0-85199-430-X, OCLC 828044517), « Gayoe », p. 180. Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • [Porter et al. 2016] (en) Valerie Porter, Lawrence Alderson, Stephen J. G. Hall et Dan Phillip Sponenberg, Mason's World Encyclopedia of Livestock Breeds and Breeding, CAB International, , 6e Ă©d., 1 107 p. (ISBN 1-84593-466-0, OCLC 948839453, lire en ligne), « Lombok », p. 468. Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • [Rousseau 2014] Élise Rousseau (ill. Yann Le Bris), Tous les chevaux du monde, Delachaux et NiestlĂ©, , 544 p. (ISBN 2-603-01865-5), « Batak », p. 386
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