Gallia (Strasbourg)
La Gallia (Germania à sa construction) est le nom d'un bâtiment historique à Strasbourg, situé sur les rives de l'Ill et construit en 1885 dans le quartier de la Neustadt.
Destination initiale |
Agence des assurances Germania (1885-1918) |
---|---|
Destination actuelle |
Siège de l'association fédérative générale des étudiants de Strasbourg Restaurant universitaire Gallia Siège du CROUS de strasbourg |
Style | |
Architecte |
Kayser et von Grossheim[1] |
Construction |
Pays | |
---|---|
Région | |
Collectivité territoriale | |
Commune |
Coordonnées |
48° 35′ 04″ N, 7° 45′ 34″ E |
---|
Il abrite le plus ancien restaurant universitaire laïque de France ainsi que le centre régional des œuvres universitaires et scolaires (CROUS) de Strasbourg et le siège de l’Association fédérative générale des étudiants de Strasbourg (AFGES). L'édifice a donné son nom à l'arrêt de tramway situé à proximité[1].
Historique
Construction
Le bâtiment fait partie de ceux construits par l'Empire allemand après l'annexion de l'Alsace-Lorraine à l'issue de la guerre franco-allemande de 1870. Son style architectural de type germanique a été spécifiquement utilisé à Strasbourg à cette époque et évoque la Renaissance allemande. Construit en 1885, le lieu a été baptisé Germania pour une compagnie d'assurances du même nom située à Hambourg, et en référence au nom latin de « Germanie » désignant l'Allemagne durant l'Antiquité.
Retour à la France
En 1918, lors du rattachement de l'Alsace-Lorraine à la France, l'immeuble a été renommé Gallia, nom latin de la « Gaule ». Créée en 1923, l'association fédérative générale des étudiants de Strasbourg (AFGES) rachète en 1927, avec l’appui du gouvernement Poincaré, le fonds de la Taverne de l'Université, un ancien restaurant traditionnel. Celui-ci devient ainsi le premier et le plus ancien restaurant universitaire laïque de France[2]. Il continue d'être géré par l'AFGES jusqu'à la rentrée universitaire de 2015. À cette date le CROUS en récupère la gestion. Les causes de ce changement ne sont pas clairement définies, bien qu'elle pourrait être liée à une mauvaise gestion financière[3] - [4].
Durant la Seconde Guerre mondiale
Au début de la Seconde Guerre mondiale, l'université de Strasbourg est repliée dans le Puy-de-Dôme face à la menace d'invasion de la France par l'Allemagne nazie. Les activités de la Gallia sont ainsi transférées à Clermont-Ferrand, dans un immeuble situé 14 rue de Rabanesse et loué par le comité des œuvres de guerre de l'université. Le lieu est placé sous la direction de l'ancien directeur de la Gallia de Strasbourg, Monsieur Durepaire. Une soixantaine d'étudiants y logent. Le foyer universitaire devient un point de ralliement pour les étudiants strasbourgeois en exil[5].
Après l'armistice du 22 juin 1940, la zone nord de la France est occupée par l'armée allemande. L'occupation s'étend à la zone libre à partir de . À Clermont-Ferrand, trois attentats sont perpétrés contre les occupants, notamment l'assassinat de deux membres de la Gestapo dans la maison d'un résistant, le professeur Jean-Michel Flandin, le . Ces actions de la Résistance servent de prétexte aux forces d'occupation pour organiser une première rafle contre les étudiants strasbourgeois à la Gallia[6].
Dans la nuit du au , vers 1 h 45 du matin, soixante soldats de la Wehrmacht, accompagnés de policiers allemands en civil, investissent la Gallia et réunissent les 37 étudiants présents[7]. Ces derniers sont transférés au 92e régiment d'infanterie où se situe la prison de la Gestapo locale. Deux autres étudiants, dont le mathématicien Jacques Feldbau, les y rejoindront le lendemain matin à 8 h, arrêtés alors qu'ils se rendaient à la Gallia. Au total, sont arrêtés 8 étudiants en droit, 7 étudiants en lettres, 8 étudiants en médecine, 5 étudiants en pharmacie et 10 étudiants en sciences.
L'après-midi du , les Juifs e lest non-Juifs sont séparés. Tout le monde est ensuite envoyé à la prison de Moulins. Les Juifs sont ensuite envoyés au camp de Drancy, et les autres au camp de Compiègne[8]. Enfin, ils sont envoyés dans les camps de concentration de Buchenwald et Auschwitz, dans lesquels dix d'entre eux mourront, dont Jacques Feldbau et trois autres étudiants de la faculté des Sciences[9].
Articles connexes
Notes et références
- Architecture et histoire des lieux de Strasbourg 1 boulevard de la Victoire, La Gallia consulté sur le site Archi-Strasbourg : www.archi-strasbourg.org, le 13 février 2013.
- Catherine Rollot, « Créé en 1927, le plus vieux "resto U" de France, La Gallia, est toujours géré par une association d'étudiants », Le Monde, (lire en ligne , consulté le ).
- « L'Afges lâche la gestion du restaurant universitaire La Gallia », sur Rue89 Strasbourg, (consulté le ).
- Afges : La plus ancienne association étudiante de France menacée de disparition, le 10 février 2013, sur le site du quotidien L'Alsace-Le Pays : www.lalsace.fr. Consulté le 13 février 2013.
- Georges Bischoff, L'Université de Strasbourg : cinq siècles d'enseignement et de recherche, Strasbourg, La Nuée bleue, (ISBN 978-2-7165-0768-4), p. 107
- Bischoff 2010, p. 109.
- Bernard Reumaux et Alfred Wahl (préf. André Bord), Alsace 1939-1945 : la grande encyclopédie des années de guerre, Strasbourg, la Nuée bleue, (ISBN 978-2-7165-0647-2), p. 1157
- Paul Hagenmuller, « La rafle du 25 juin 1943 », dans De l'université aux camps de concentration, Strasbourg, Presses universitaires de Strasbourg, , 3e éd. (ISBN 2-86820-714-6), p. 1-4
- Elisabeth T. Crawford et Josiane Olff-Nathan, La science sous influence : l'université de Strasbourg enjeu des conflits franco-allemands, 1872-1945, Strasbourg, la Nuée bleue, (ISBN 2-7165-0644-2), p. 180