Géoingénierie solaire
La géoingénierie solaire ou gestion du rayonnement solaire, est un type de géoingénierie, très hypothétique et contestée, dans lequel le rayonnement solaire est réfléchi dans l'espace pour limiter le réchauffement climatique.
La méthode la plus discutée est la diffusions dans la stratosphère d'aérosols qui refléterait les rayons du soleil directement vers l’espace[1] et l'éclaircissement des nuages marins[2]. Il s'agit de complémenter les approches qui visent à limiter les dégâts du réchauffement climatique (réduction des émissions, capture et stockage du carbone atmosphérique, et adaptation).
Il reste d'énormes incertitudes sur les impacts des diverses techniques de géoingénierie solaire[3].
Les modèles climatiques
Les modèles climatiques montrent que la géoingénierie solaire peut réduire les températures moyennes mondiales à des niveaux préindustriels[4]. Cependant, la géoingénierie solaire aurait de nombreux autres effets sur le climat : compenser toute l'augmentation de température réduirait la quantité de pluie[5]. Mais compenser la moitié du réchauffement dû aux gaz à effet de serre réduirait les impacts (y compris la précipitation) partout sur Terre[6].
Limites et risques
La gestion du rayonnement solaire pourrait servir de réponse temporaire tandis que les niveaux de gaz à effet de serre dans l'atmosphère sont réduits grâce à la réduction des émissions de gaz à effet de serre et l'élimination du dioxyde de carbone. La géoingénierie solaire ne réduirait pas directement les concentrations de gaz à effet de serre dans l'atmosphère terrestre, et ne résoudrait donc pas les problèmes tels que l'acidification des océans causé par un excès de dioxyde de carbone (CO2).
En cas d'arrêt de diffusion des aérosols la terre serait exposée à un risque de choc thermique terminal[7] - [8] qui correspond à une augmentation rapide de la température.
Par ailleurs les effets de bord de cette méthode sur le climat manquent d'études[8].
Essais
En décembre 2022, le magazine MIT Technology Review révèle qu'en avril, l’Américain Luke Iseman, fondateur et PDG de l’entreprise Make Sunsets, a envoyé vers le ciel du Mexique des ballons contenant du dioxyde de soufre, dans ce qui serait la première expérience grandeur nature, dans la stratosphère, de géo-ingénierie solaire[9]. L'essai, réalisé sans supervision scientifique ni autorisation, suscite indignation et inquiétudes dans la communauté scientifique[3].
Opposition
L'académie des sciences américaine a recommandé en 2021 aux États-Unis de poursuivre un programme de recherche solide sur la géo-ingénierie solaire[10]. Mais en janvier 2022, 390 personnalités (dont le climatologues français Jean Jouzel) demandent dans une lettre ouverte qu'un accord international interdisent la géo-ingénierie solaire, y compris de la recherche, rappelant que la priorité est de faire respecter l’accord de Paris sur le climat[3] - [11].
Notes et références
- Margaux Lacroux, « Géo-ingénierie solaire pour refroidir le climat: «Plus ça va mal et plus on va chercher ce type de solution» », sur Libération (consulté le )
- (en) Jeff Tollefson, « Can artificially altered clouds save the Great Barrier Reef? », Nature, vol. 596, no 7873, , p. 476–478 (DOI 10.1038/d41586-021-02290-3, lire en ligne, consulté le )
- « La géo-ingénierie solaire : folie d’apprenti sorcier ou solution de dernier recours contre la crise climatique ? », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
- (en) David P. Keller (trad. Efficacité potentielle de l'ingénierie climatique et effets secondaires lors d'un scénario d'émissions élevées de dioxyde de carbone), « Potential climate engineering effectiveness and side effects during a high carbon dioxide-emission scenario », Nature Communications, vol. 5, no 1, , p. 3304 (PMID 24569320, PMCID 3948393, DOI 10.1038/ncomms4304).« SRM est la seule méthode de nos simulations qui est potentiellement capable de restaurer la température à une valeur presque préindustrielle au XXIe siècle. »
- (en) Ben Kravitz, Ken Caldeira, Olivier Boucher et Alan Robock, « Climate model response from the Geoengineering Model Intercomparison Project (GeoMIP) », Journal of Geophysical Research: Atmospheres, vol. 118, no 15, , p. 8320–8332 (ISSN 2169-8996, DOI 10.1002/jgrd.50646, lire en ligne, consulté le )
- Peter J Irvine et David W Keith, « Halving warming with stratospheric aerosol geoengineering moderates policy-relevant climate hazards », Environmental Research Letters, vol. 15, no 4, , p. 044011 (ISSN 1748-9326, DOI 10.1088/1748-9326/ab76de, lire en ligne, consulté le )
- (en) Andy Jones, Jim M. Haywood, Kari Alterskjaer et Olivier Boucher, « The impact of abrupt suspension of solar radiation management (termination effect) in experiment G2 of the Geoengineering Model Intercomparison Project (GeoMIP): THE TERMINATION EFFECT IN GEOMIP G2 », Journal of Geophysical Research: Atmospheres, vol. 118, no 17, , p. 9743–9752 (DOI 10.1002/jgrd.50762, lire en ligne, consulté le )
- (en) Andy Parker et Peter J. Irvine, « The Risk of Termination Shock From Solar Geoengineering », Earth's Future, vol. 6, no 3, , p. 456–467 (DOI 10.1002/2017EF000735, lire en ligne, consulté le )
- (en) « A startup says it’s begun releasing particles into the atmosphere, in an effort to tweak the climate », sur MIT Technology Review (consulté le )
- (en) « U.S. needs solar geoengineering research program, National Academies says », sur www.science.org, (consulté le )
- (en-US) « Solar Geoengineering Non-Use Agreement », sur Solar Geoengineering Non-Use Agreement (consulté le )