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GĂ©nia Oboeuf

Génia Oboeuf-Goldgicht (née le à Varsovie, décédée le à Nevers[1]) est une déportée française d'origine polonaise, qui témoigne sur son expérience durant la Seconde Guerre mondiale[2]. Elle vit sa jeunesse à Bruxelles en Belgique. Elle a été déportée à Auschwitz en 1943 et a fait partie du Block 10, le bloc des expériences. Après la Libération, elle s’installe avec sa famille dans la Nièvre et partage son expérience avec les jeunes de son département.

GĂ©nia Oboeuf
Biographie
Naissance
Décès
(Ă  97 ans)
Nevers
Nom de naissance
Golda Goldgicht
Nationalité
Autres informations
Conflit
Lieu de détention

Biographie

Génia Oboeuf est déportée depuis Malines par le 20e convoi belge du avec sa mère[2]. Arrivée à Auschwitz, elles sont choisies par Josef Mengele pour entrer au Block 10, le bloc des expériences médicales[3]. Deux semaines plus tard, les deux femmes sont mises dans la file des femmes renvoyées à Birkenau mais Génia Oboeuf est sauvée par Alina Brewda, une assistante de Horst Schumann, qui l'autorise à rester au Block 10[4]. Sa mère, elle, est renvoyée à Birkenau et gazée[5]. Elles sont déshabillées, désinfectées, rasées de la tête aux pieds et tatouées[3]. Elle reçoit le numéro 42576[6]. Les femmes du Block 10 sont destinées à des expériences de stérilisation menées par Horst Schumann[2] et Carl Clauberg dont certaines sont effectuées par rayons X[3]. Étant une des premières, Génia Oboeuf est soumise à une faible dose de rayons entraînant des brûlures mais non la stérilité[3]. Elle restera près de deux ans dans le Block 10[6].

Souffrant sans cesse de la faim, les jeunes déportées du Block 10 essayaient d'échapper à leur désespérante condition en échangeant entre elles des recettes de cuisine qu'elles inventaient durant les interminables appels[7]. Plus tard, elle racontera que la seule expression qui lui vient pour décrire le Block 10 est « nef des fous » car les femmes vivent dans la terreur constante d'être emmenées pour être les victimes des expériences[4].

Génia Oboeuf raconte : « Le Dr. Adélaïde Hautval nous a moralement beaucoup aidées et physiquement aussi, par ses explications, alors qu’on fantasmait à propos des expériences du Dr. Clauberg, elle nous a surtout délivré des conseils, manger des pissenlits pour les vitamines, elle a essayé de nous donner du courage »[8].

Pendant ces mois dans le Block 10, elle rencontre son futur époux, le Français Aimée Oboeuf déporté dans le convoi des 45 000, détenu dans le Block 11 de quarantaine[2]. Pendant leur internement, il lui fait passer des petits papiers, lui promettant de se retrouver à Paris ou à Bruxelles après la fin de la guerre[5].

Le , Génia Oboeuf est emmenée dans une marche de la mort direction Ravensbrück[2]. La marche durera 3 jours et sera longue de 100 km avant que les déportés survivants soient mis dans un train de wagons à bestiaux[6]. Pendant les trois derniers mois de la guerre, elle travaille dans un kommando de terrassement et est finalement libérée par l'Armée rouge en mai 1945[6]. Elle est finalement rapatriée en [6].

Son frère — qu'elle a revu quelques instants à Auschwitz — meurt à Buchenwald le [9] tandis que son père meurt lors du déblaiement des ruines du ghetto de Varsovie[5].

Après la guerre

En 1947, elle revient à Paris où elle retrouve Aimé Oboeuf qu'elle épouse l'année suivante[5]. Installée à Paris, elle se lance dans le travail d'archives des témoignages des témoins et travaille avec des associations de réinsertion professionnelle pour les jeunes déportés[10]. Lorsque son époux tombe malade, leur médecin leur conseille de « se mettre au vert » et le couple part s'installer à Brinon-sur-Beuvron puis sur l'île d'Oléron avant de s'installer définitivement à Nevers[10].

En 2018, Thierry Martinet réalise un documentaire sur l'histoire de sa vie[11] intitulé Génia la Rouge[12]. Membre de longue date du Parti communiste français[13], elle est présente sur la liste Nevers écologique et solidaire de Nathalie Charvy lors des élections municipales de 2020[14].

Pendant toute sa vie, elle prend le temps de témoigner auprès des plus jeunes[15] - [10] de sa déportation ou lors d'événements officiels[16].

Ouvrage

  • Aimer Ă  Auschwitz, Alisio, (ISBN 978-2379351150).

Liens externes

Notes et références

  1. Centre France, « Disparition - Génia Obœuf, survivante d'Auschwitz et passeuse de mémoire, est décédée », sur www.lejdc.fr, (consulté le )
  2. « Génia Oboeuf, survivante du Block 10 », sur Cercle d'étude de la déportation et de la Shoah.
  3. « Paroles de... Génia Oboeuf, 42576 déportée dans un convoi de juifs en 1943 », Mémoire Vive,‎ , p. 16-17 (lire en ligne).
  4. (en) Michael A. Grodin M.D, Jewish Medical Resistance in the Holocaust, Berghahn Books, (ISBN 978-1-78238-418-2, lire en ligne), p. 191.
  5. « Mémoire Vive – Aimé OBOEUF – 45934 », sur www.memoirevive.org (consulté le ).
  6. « Il y a 70 ans, la libération d'Auschwitz... La Nivernaise Génia Oboeuf témoigne », sur www.lejdc.fr, (consulté le ).
  7. « Génia Oboeuf, déportée à Auschwitz: "J'ai vu les crématoires, mais je n'ai pas les mots" », Le Journal du Centre, .
  8. TĂ©moignage de GĂ©nia ObĹ“uf, PC 25, Maryvonne Braunschweig, Georges Hauptmann, Docteur AdĂ©laĂŻde Hautval, dite « HaĂŻdi Â», Ă©d. Cercle d’étude, Paris, 2017, 240 p.
  9. Die Toten 1937-1945. Konzentrationslager Buchenwald. Michel Goldgicht. totenbuch. buchenwald.de..
  10. « Génia Oboeuf, la lumière de la mémoire | nevers.fr », sur www.nevers.fr (consulté le ).
  11. « Documentaire : Génia Oboeuf, une nivernaise déportée à Auschwitz. », sur Académie de Dijon (consulté le ).
  12. About The Author Julie Millet, « Thierry Martinet Génia LA ROUGE, un documentaire sur Génia Oboeuf », sur Koikispass, (consulté le ).
  13. « Disparition - Les hommages à Génia Obœuf se multiplient dans la Nièvre : "Elle était la mémoire de la déportation" », sur lejdc.fr, (consulté le ).
  14. « Politique - Nathalie Charvy, issue de l'opposition, présente sa liste Nevers écologique et solidaire », sur www.lejdc.fr, (consulté le ).
  15. « Génia Oboeuf témoigne pour l'histoire », sur Lycee de Varzy, (consulté le ).
  16. « Auschwitz 70 après, témoignage d'une survivante », sur rcf.fr (consulté le ).
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