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Frankfurter Wachensturm

Le Frankfurter Wachensturm (« attaque de la garde de Francfort »), du , est la tentative d'une cinquantaine de militants de déclencher une révolution dans les États allemands par un raid sur la garde principale et sur la garde de Konstable de Francfort-sur-le-Main, puis par la prise de contrôle du Parlement confédéral.

La garde est au centre de l'image, des soldats tirent en sa direction. Au premier plan des passants observent la scène. Ceux à gauche agitent des foulards blancs et un porte un drapeau italien (l'auteur de la gravure était à l'évidence mal informé)
Gravure de l'Ă©poque sur le Frankfurter Wachensturm

Avec la fête de la Wartbourg et la fête de Hambach, l'attaque de la garde de Francfort est une des actions révolutionnaires les plus spectaculaires de la période du Vormärz, annonciatrices de la révolution de mars 1848.

Contexte historique : les États allemands du traité de Vienne

À la suite du congrès de Vienne, les États allemands sont dotés d'une nouvelle structure, en remplacement de la Confédération du Rhin (1806-1813), elle-même successeur du Saint-Empire romain germanique aboli par Napoléon en 1806.

Le traité de Vienne crée la Confédération germanique, organisme doté de faibles pouvoirs réunissant les États souverains allemands (Prusse, Autriche, Bavière, etc.). Le seul organisme politique de la confédération est son parlement, le Bundestag, assemblée permanente formée des représentants des différents états membres, dont le siège se trouve à Francfort.

Mais le véritable pouvoir est détenu par les États, en particulier les puissances que sont le royaume de Prusse et l'empire d'Autriche, alliées à la Russie dans le cadre de la Sainte Alliance. Le parlement de Francfort apparaît comme l'instrument de la politique de restauration que mènent les princes allemands et constitue pour les révolutionnaires (libéraux, républicains) un obstacle vers leurs buts politiques : la démocratie et l'unité nationale.

Préliminaires (1830-1832)

L'année 1830 en Europe est marquée par trois événements qui remettent en question l'ordre établi à Vienne en 1815 : la révolution de juillet en France, l'indépendance de la Belgique (par rapport aux Pays-Bas) en septembre, l'insurrection du royaume de Pologne (contre la domination russe). Les aspirations allemandes à la démocratie et à l'unité sont renforcées, malgré la défaite des Polonais (septembre 1831).

La fĂŞte de Hambach du organisĂ©e, entre autres par Johann Georg August Wirth (de), attire 30 000 partisans de la rĂ©publique. Le second jour de la fĂŞte, plusieurs meneurs se retrouvent chez le dĂ©putĂ© Johann Jakob Schoppmann Ă  Neustädter SchieĂźhaus afin de dĂ©cider de la suite Ă  donner aux Ă©vĂ©nements. Des membres de la Burschenschaft envisagent dĂ©jĂ  de prendre le pouvoir par les armes et de former un gouvernement provisoire. Cette solution est rejetĂ©e, car considĂ©rĂ©e comme prĂ©maturĂ©e par les membres de l'association allemande pour la presse et la patrie (de) qui organisent l'Ă©vĂ©nement.

Mais ils se trouvent confrontés aux réactions de la Confédération contre les orateurs de la fête, notamment le décret du 28 juin renforçant la répression à leur égard, et le mouvement, jusqu'alors plutôt modéré, s'en trouve radicalisé, malgré les arrestations et les départs en exil (en particulier le comité central dit « des Deux-Ponts » qui a fui en France).

Le , , un nouveau comité central est formé à Francfort pour diriger la Preß- und Vaterlandsverein. Le groupe est dirigé par un enseignant originaire de Bad Dürkheim Friedrich Wilhelm Knoebel (de). En août, un accord est trouvé entre ce comité et Gottlob Franck, révolutionnaire originaire de Stuttgart, en vue de la préparation d'une révolte.

Début , Knoebel rencontre le groupe de Stuttgart réuni autour de Franck et de son lieutenant Ernst Ludwig Koseritz. Par la suite, il prend contact à Metz avec Friedrich Schüler, qui est prêt à entrer dans un gouvernement provisoire. Début décembre, il se trouve à Paris, afin d'informer des émigrés allemands et d'autres républicains de ses plans.

Le , la décision est prise à Stuttgart de transformer les Burschenschaften en clubs politiques et de les rallier à la Vaterlandsverein.

Le soulèvement armé est prévu pour le début du mois d'.

DĂ©roulement

Le , les participants, parmi lesquels Karl Schapper, entrent en action Ă  Francfort sous le commandement de Gustav Bunsen (de).

Les participants sont surtout des membres de Burschenschaften, principalement celles de Heidelberg et de Wurtzbourg. Il y a également des officiers expérimentés comme le Polonais en exil Jan Pawel Lelewel (de), frère de Joachim Lelewel.

Le plan consiste d'abord à prendre d'assaut les deux postes de garde de Francfort, d'y récupérer les armes et l'argent qui s'y trouvent. Ils doivent ensuite se rendre au Palais Thurn und Taxis, proche de la garde principale, où siège le Bundestag et y prendre en otage les représentants. Cela doit donner le signal à une révolution dans tout le pays pour la mise en place d'une démocratie.

Mais ce plan a été divulgué aux autorités et est donc condamné dès le départ. Les révolutionnaires apprennent la trahison avant l'assaut mais décident de continuer tout de même, espérant le soutien des paysans de Hesse et des habitants de Francfort.

Ce soutien ne vient pas et les militaires qui attendent les Ă©tudiants de pied ferme n'ont aucune difficultĂ© Ă  faire Ă©chouer leur plan. Les Ă©changes de tirs font 9 morts et 24 blessĂ©s.

Conséquences

Le Bundestag dĂ©cide d'employer la Bundesexekution (de), c'est-Ă -dire une rĂ©solution contre un des membres de la confĂ©dĂ©ration, en l'occurrence la Ville libre de Francfort. Celle-ci est dotĂ©e d'une garnison de 2 500 soldats prussiens et autrichiens stationnĂ©e dans la ville mĂŞme afin de la surveiller.

Cette garnison remet en cause la souveraineté de la ville perçue par les représentants au Bundestag comme un « nids de libéraux »[1] - [2].

Le parlement crĂ©e une commission d'enquĂŞte sur la rĂ©volte. Elle fonctionne jusqu'en 1838, examinant le cas des gens liĂ©s aux participants : au total 1 800 personnes sont poursuivies.

La plupart des personnes impliquées fuient donc aux États-Unis. 39 de ceux qui n'ont pu fuir sont condamnés à mort pour haute trahison. Mais certaines de ces condamnations sont ensuite commuées en prison à perpétuité.

Les révolutionnaires emprisonnés bénéficient d'un mouvement de sympathie, même parmi ceux qui considèrent que leur projet était précipité. Quand les surveillants de prison les aident à prendre la fuite, cela leur vaut d'être célébrés dans des tracts et des chansons[3].

Bibliographie

  • (de) Cornelia Foerster, Der PreĂź- und Vaterlandsverein von 1832/33. Sozialstruktur und Organisationsformen der bĂĽrgerlichen Bewegung in der Zeit des Hambacher Festes, Trèves,
  • (de) Harry Gerber et Paul Wentzcke, Quellen und Darstellungen zur Geschichte der Burschenschaft und der deutschen Einheitsbewegung, t. 14, Berlin, , « Der Frankfurter Wachensturm vom 3. April 1833. Neue Beiträge zu seinem Verlauf und seiner behördlichen Untersuchung », p. 171–212
  • (de) Georg Heer, Geschichte der Deutschen Burschenschaft, Die Demagogenzeit 1820–1833, t. 2, Heidelberg,
  • (de) Josef Jakob, Die Studentenverbindungen und ihr Verhältnis zu Staat und Gesellschaft an der Ludwigs-Maximilian-Universität Landshut/MĂĽnchen von 1800 bis 1833, thèse Ă  l'universitĂ© de Hagen, , p. 179–181, 206–209, 211–217
  • (de) Peter Kaupp, Horst Bernhardi et Ernst Wilhelm Wreden, Jahresgabe der Gesellschaft fĂĽr burschenschaftliche Geschichtsforschung 1980/81/82, Bad Nauheim, , « „BezĂĽglich revolutionärer Umtriebe“. Burschenschafter im „Schwarzen Buch“ (1838). Ein Beitrag zur Sozialstruktur und zur Personengeschichte des deutschen FrĂĽhliberalismus. », p. 73–99
  • (de) Sabine Kopf et Helmut Asmus, Studentische Burschenschaften und bĂĽrgerliche Umwälzung. Zum 175. Jahrestag des Wartburgfestes., Berlin, , « Studenten im deutschen Press- und Vaterlandsverein – Zum Verhältnis von Burschenschaften und nichtstudentischer bĂĽrgerlicher Opposition 1832/33. », p. 185–196
  • (de) Franz Leininger et Herman Haupt:, Zur Geschichte des Frankfurter Attentats. In: Herman Haupt (Hg.): Quellen und Darstellungen zur Geschichte der Burschenschaft und der deutschen Einheitsbewegung,, t. 5, Heidelberg, , p. 133–148
  • (de) Harald Lönnecker, Max Matter et Nils Grosch, Lied und populäre Kultur. Song and Popular Culture, MĂĽnster, New York, Munich, Berlin, , « Unzufriedenheit mit den bestehenden Regierungen unter dem Volke zu verbreiten“. Politische Lieder der Burschenschaften aus der Zeit zwischen 1820 und 1850 », p. 85–131
  • (de) Harald Lönnecker, « Der Frankfurter Wachensturm 1833 – 175 Jahre Aufstand fĂĽr nationale Einheit und Freiheit », Burschenschaftliche Blätter, nos 123/3,‎ , p. 111–118
  • (de) Georg Polster, Politische Studentenbewegung und bĂĽrgerliche Gesellschaft. Die WĂĽrzburger Burschenschaft im Kräftefeld von Staat, Universität und Stadt 1814–1850, Heidelberg, , p. 192 et suivante, 198–203, 207–214, 229 et suivante, 247–259
  • (de) Severin Roeseling, Burschenehre und BĂĽrgerrecht. Die Geschichte der Heidelberger Burschenschaft von 1824 bis 1834., Heidelberg, , p. 150–235, 244–289, 296–312, 315–321, 324–329

Liens externes

Notes et références

  1. « liberales Nest »
  2. (de) W. Klötzer, Frankfurt, das Liberalennest,
  3. Par exemple : , « In dem Kerker saßen/ zu Frankfurt an dem Main ... » (consulté le )

Liens externes

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