Francisco Antonio Zea
Francisco Antonio Zea est un homme scientifique et politique colombien, nĂ© le Ă MedellĂn en Colombie et mort le Ă Bath en Angleterre[1]. Il fut baptisĂ© le 23 novembre 1766 sous le nom de Juan Francisco Antonio HilariĂłn. Ses parents, don Pedro Zea et doña RosalĂa DĂaz, appartenaient Ă un groupe de Basques qui colonisèrent Antioquia. Zea eut deux sĹ“urs : MarĂa Francisca et MarĂa de JesĂşs. Don Pedro occupa quelques fonctions importantes Ă Villa de la Candelaria de MedellĂn, alors rĂ©cemment fondĂ©e, et Ă Santa Rosa de Osos. Lorsque Zea naĂ®t, Pedro MessĂa de la Cerda est vice-roi de Nouvelle-Grenade et JosĂ© BarĂłn de Chaves rĂ©git le dĂ©partement d'Antioquia ; c'Ă©tait une pĂ©riode marquĂ©e par le chĂ´mage, par beaucoup de restrictions au travail et des impĂ´ts Ă©levĂ©s.
Juan Francisco Antonio HilariĂłn Zea y DĂaz | |
Portrait de Francisco Antonio Zea par Pedro Lovera, 1874. | |
Fonctions | |
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Président du Congrès d'Angostura | |
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Ambassadeur de Colombie au Royaume-Uni | |
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1er Vice-président de la Grande Colombie | |
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Prédécesseur | Aucun |
Successeur | Francisco de Paula Santander |
Biographie | |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Villa de Nuestra Señora de la Candelaria de MedellĂn, Vice-royautĂ© de Nouvelle-Grenade, actuelle
Colombie, Empire espagnol |
Date de décès | |
Lieu de décès | Bath, Angleterre |
Conjoint | Felipa Meilhon Montemayor |
Enfants | Felipa Zea Meilhon, vicomtesse de Rigny |
Profession | Homme politique, botaniste, journaliste, éminent personnage de la Guerre d'indépendance de la Colombie |
Éducation
Ă€ la fin du XVIIIe siècle, il règne une ambiance de misère et de dĂ©saccord dans toute la Nouvelle-Grenade. L'administration publique de la colonie se fait de plus en plus pesante, les châtiments sont très cruels envers les opposants au rĂ©gime. Zea entreprend initialement ses Ă©tudes Ă MedellĂn, il les poursuit ensuite au Real Colegio et au sĂ©minaire de Popayán, oĂą enseigne un de ses parents et compatriotes JosĂ© FĂ©lix de Restrepo. LĂ -bas, les mĂ©thodes d'enseignement sont rĂ©volutionnĂ©es : d'abord par le biais du recteur-prĂŞtre JosĂ© MatĂas de la Plaza, puis, au temps de Zea, du recteur-prĂŞtre Ă©quatorien, le docteur Grijalba. Les changements sont en accord avec la rĂ©forme de l'Ă©ducation proposĂ©e par Antonio Moreno y EscandĂłn, approuvĂ©e non seulement par le vice-roi, mais aussi par JosĂ© Celestino Mutis et JosĂ© FĂ©lix de Restrepo. Au sĂ©minaire de Popayán, Zea se lie d'amitiĂ© avec Francisco JosĂ© de Caldas, Camilo Torres Tenorio, JoaquĂn de Caycedo y Cuero, Francisco Ulloa et JosĂ© MarĂa Cabal, entre autres.
Il achève ses études en 1785, quatre ans après la cruelle répression par laquelle l'archevêque et vice-roi Antonio Caballero y Góngora avait réprimé la révolte des Comuneros, et qui, vers 1789, croyait au besoin de reformer les systèmes éducatifs obsolètes de la vice-royauté. Malgré la volonté de son père désirant pour Zea un cursus ecclésiastique, il part en 1786 pour Bogota avec pour objectif de continuer ses études à la faculté de jurisprudence du Colegio de San Bartolomé. Là -bas, il fait une demande de bourses qu'il obtient ; au cours des premiers mois de son internat, il vit dans la plus grande pauvreté et tombe gravement malade. Zea est renvoyé de San Bartolomé par le recteur, car il n'a pas de quoi payer la modeste pension. Grâce à l'aide du Medellinois Gabriel Muñoz, il peut continuer ses études.
En 1788 lui est attribuée la chaire de grammaire, ce qui lui permet d'améliorer sa situation économique et de poursuivre ses études, jusqu'à ce qu'il décide de reporter son doctorat et de se consacrer à l'enseignement. Il se fait alors tant connaître que le vice-roi Ezpeleta le charge de l'éducation de ses enfants et le 11 novembre 1791, à l'âge de 24 ans, il le nomme second auxiliaire de l'Expédition Botanique, sur recommandation de José Celestino Mutis et en remplacement du docteur Eloy Valenzuela. Zea trouva ses racines dans le siècle des Lumières et, sans délaisser ses études scientifiques, il s'intéressa avec les intellectuels de Santa Fe de Bogotá à la situation politique critique de la colonie, qui atteindra son apogée avec l'indépendance de la Nouvelle-Grenade.
Scientifique et patriote
La rĂ©forme de l'Ă©ducation est renforcĂ© par la publication, dans la presse locale de Santa Fe de Bogotá, de toutes sortes d'Ă©tudes scientifiques et politiques ; dans El Correo, Jorge Tadeo Lozano et Luis de Azuola insistaient sur la nĂ©cessitĂ© de chaires d'Ă©conomie politique et de statistique sociale. Zea, sous le pseudonyme de HebĂ©filo, publie en 1792, entre autres, "Los avisos de HebĂ©filo", avec un grand contenu patriotique, dans El Papel PeriĂłdico. Il y critique et rĂ©clame un changement radical dans les mĂ©thodes d'enseignement et de sĂ©lection des maĂ®tres principalement pratiquĂ©es dans les Colegios San BartolomĂ© et San Tomás ; il proposait l'enseignement des sciences, des arts, de la littĂ©rature et du commerce. Il y avait Ă Santa Fe de Bogotá une grande agitation intellectuelle Ă la fin du XVIIIe siècle. Le 9 fĂ©vrier 1791 voit l'apparition du premier journal grenadin. L'ExpĂ©dition Botanique Ă©tait en plein dĂ©veloppement et affleuraient les rĂ©unions informelles comme celles de doña Manuela SantamarĂa de Manrique, de Antonio Nariño, de la Bibliothèque Publique et de la maison seigneuriale de la rue Carrera, oĂą Mutis parlait de politique et de botanique. Le journaliste Manuel de Socorro RodrĂguez exerçait une grande influence, ainsi que Jorge Tadeo Lozano, Pedro FermĂn de Vargas, Antonio Nariño, Camilo Torres et Francisco JosĂ© de Caldas, entre autres.
Zea fut membre de El Casino Literario, centre patriotique organisé par Antonio Nariño à Bogotá, rejoignant les associations politico-littéraires qu'il y avait dans certains cercles de Venecia où y discutaient les hommes de science et d'étude, les professeurs, les journalistes et voyageurs illustres, porteurs de la nouvelle idéologie sociale des Lumières. El Casino Literario disposait d'une très bonne bibliothèque et d'une imprimerie, où furent éditées de nombreuses œuvres d'auteurs anciens et modernes, dont un bon nombre fut traduit de l'anglais et du français par Zea. Avec la publication de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, traduite du français par Nariño, débute une étude immédiate.
Zea est à Fusagasugá, en tant que second directeur de l'Expédition Botanique, lorsqu'il fait l'objet d'une procédure judiciaire pour incitation à l'insurrection, bien qu'il ne soit pas un rebelle radical dans le sens strict du terme, il est toutefois considéré comme dangereux pour le régime colonial. El Casino Literario est fermé, et à la suite de quelques jours de prison, Zea et d'autres conspirateurs sont exilés à Cadix en Espagne, destination pour laquelle ils partent le 3 novembre 1795. Arrivés le 18 mars 1796, Zea passe trois ans à la prison de Cadix. Il est ensuite interdit de quitter la ville avant d'être finalement libéré. Le retour au pays lui est refusé, mais il se voit confier une mission scientifique à Paris accompagnée d'un bon salaire.
Zea atteint de hautes fonctions, comme lorsqu'il succède au savant Cavanillas à la direction du Jardin Botanique de Madrid. Il prend ses fonctions le 17 septembre 1805, avec le célèbre discours "Acerca del mérito y de la utilidad de la Botánica" ("Sur le mérite et l'utilité de la Botanique"), dans lequel il demande le renouvellement des méthodes d'enseignement. Il est également professeur de botanique et membre de la Junte de Bayonne. En 1802, il rédige le "Proyecto de reorganización de la Expedición Botánica" ("Projet de réorganisation de l'Expédition Botanique"), opposé à la conception de Mutis. Zea se questionnait sur le rôle social du savoir acquis par la Botanique, son utilité pour l'agriculture, l'économie et les arts. Les découvertes devaient servir pour créer des fermes expérimentales et consolider une agriculture scientifique. Son projet incluait plusieurs disciplines en plus de la botanique. Il projette à Paris la construction d'un Musée de Sciences Naturelles et d'une École Minière. À Madrid, en tant que directeur du Jardin Botanique, il mène à bien certains de ses projets.
À la Junte de Bayonne se forme la nouvelle Constitution de la monarchie d'Espagne, lorsque la domination de Bonaparte, après le massacre de Madrid le 2 mai 1808, et le mouvement d'Aranjuez qui renversa Manuel Godoy, qui régissait la péninsule espagnole, motivent l'abdication du roi Charles IV d'Espagne en faveur de son héritier Ferdinand. Le 7 juin, Zea prononce un discours à Bayonne et est nommé ministre de l'Intérieur puis préfet de la ville de Málaga. Cependant son emploi est de courte durée, les Français étant expulsés en 1813.
Zea transmettra ensuite Ă SimĂłn BolĂvar ses expĂ©riences de cette lute entre l'Espagne et la France. Pendant ce temps, en AmĂ©rique, il est vu comme ayant trahi Ferdinand VII et sont saisis ses biens ainsi que ceux de ses parents. Zea fuit Ă Paris et Ă Londres. Ă€ Paris il est ami de Cuvier, d’Alexandre de Humboldt, de Aime Bonpland qui l heberge a Paris en 1804, de Pierre Audoin, de Pierre-Simon de Laplace et du NĂ©o-grenadin Francisco de Miranda. Il se marie Ă Cadix avec la Française Felipa Meilhon, ils vivent Ă Madrid, oĂą Zea collabore Ă El Mercurio, le journal le plus lu de la pĂ©ninsule, très critique, et Ă La Gaceta, ce qui lui confère du succès dans la presse politique.
En 1815 il met le cap sur Haiti a l'expĂ©dition naval commandĂ©e par Simon BolĂvar quitte le port de Los Cayos de San Luis. Le 3 mai 1816, la flotte touche le sol vĂ©nĂ©zuĂ©lien sur l'Ă®le de Margarita, oĂą le 7 du mĂŞme mois une rĂ©union est dirigĂ©e par le gĂ©nĂ©ral Juan Bautista Arismendi confirmant les pouvoirs spĂ©ciaux confĂ©rĂ©s Ă Bolivar Ă Los Cayos. Ă€ la suite de cette approbation, les forces expĂ©ditionnaires rejoignent CarĂşpano, oĂą elles dĂ©barquent et proclament l'abolition de l'esclavage. La flotte repart et suit la cĂ´te jusqu'Ă Ocumare de la Costa, oĂą les forces dĂ©barquent et vont jusqu'Ă Maracay mais, harcelĂ©es par Francisco Tomás Morales (es), Bolivar doivent se retirer a Haiti laissant une partie du matĂ©riel sur la plage et la moitiĂ© des soldats qui, sous les ordres de Gregor MacGregor, entreprennent une retraite par la terre Ă travers les vallĂ©es du rĂo Aragua jusqu'Ă l'est, mouvement connu sous le nom de Retirada de los Seiscientos (es). En octobre 1816, après la victoire Ă la bataille d'El Juncal, les chefs patriotiques acceptèrent de demander Ă Bolivar de revenir et ils chargèrent Zea de s'installer en HaĂŻti pour annoncer la bonne nouvelle au LibĂ©rateur.
La mise sur pied d'une nouvelle expĂ©dition militaire, BolĂvar rembarque Ă Jacmel et arrivĂ© Ă Juan Griego le 28 dĂ©cembre 1816 et Ă Barcelona le 31 du mĂŞme mois, oĂą il Ă©tablit son quartier gĂ©nĂ©ral et planifie la campagne de Caracas avec la concentration des forces opĂ©rant en Apure, en Guyane et dans l'Est, mais après une sĂ©rie de dĂ©convenues (es) le plan est abandonnĂ© et l'armĂ©e patriote dĂ©mĂ©nage en Guyane, prenant le commandement des opĂ©rations contre les royalistes dans la rĂ©gion.
Le 8 mai 1817 il est nommé suppléant de Bolivar au Congrès du Venezuela. Le 19 juillet 1817, ensemble ils conquièrent Angostura. Zea participe activement à l'administration. Le 22 novembre, alors que Bolivar part combattre le pacificateur Pablo Morillo, Zea le remplace au poste d'exécuteur de projets civils. Là -bas, par ses actions, il est considéré comme quelqu'un de bon et de prodigue, particulièrement en ce qui concerne le paiement des salaires. Il dirige le journal El Correo del Orinoco, d'où il prépare psychologiquement le terrain pour le Congrès d'Angostura (15 février 1819)[2], lors duquel se formera la Grande Colombie. À Angostura, il est élu vice-président chargé du pouvoir exécutif et président du Congrès, où il éprouve de sérieuses difficultés à cause du refus des militaires vénézuéliens à être commandés par un civil et encore moins par un Grenadin.
Zea renonce le 7 septembre, malgré la récente victoire de la bataille de Boyacá, puis la fondation de la Grande Colombie en décembre 1819, il est élu vice-président. La nouvelle république avait besoin d'obtenir la reconnaissance des gouvernements étrangers et un emprunt de 2 à 5 millions de livres ; des livres sterling pour couvrir les dettes, ainsi que stimuler l'agriculture et le développement du pays. Parce qu'il est l'un des Grenadins les plus connus en Europe, Zea est choisi pour une mission qui consiste à représenter la Colombie face aux gouvernements des États-Unis, de l'Angleterre, de la France, de la Hollande, de la Russie, de l'Allemagne, de la Suisse et du Vatican, entre autres. Cependant, selon Marco Fidel Suárez, il manquait d'habileté diplomatique et montrait des lacunes dans la connaissance des dossiers des finances et du commerce. Sa mission fut très critiquée, particulièrement par Jerónimo Torres. En 1821 il est démis de ses fonctions[1].
En 1822 il publie, à Londres, Colombia being a Geographical, Statiscal, Agricultural, and Political Account of the Country with Map and Portraits of Bolivar and F. A. Zea, etc., œuvre avec laquelle il prétend réduire le discrédit jeté sur la Campagne Libératrice en Europe. Le livre, composé de deux volumes, traite de la géographie, la faune, la flore, les richesses, les guerres et l'histoire de Colombie. Il est édité en anglais et en espagnol afin de servir de préambule à une mission si compliquée.
Zea meurt à Bath, en Angleterre, le 28 novembre 1822 à l'âge de 56 ans. Il est enterré le 4 décembre à l'Abbaye de Saint Pierre et Saint Paul de Bath. Selon Germán Arciniegas, c'est seulement en 1969, lors du cent-quarante-septième anniversaire de la mort de Zea, que le directeur de la Casa de Moneda de Bogotá, Barriga Villalba, fait connaître les détails du fameux emprunt, où l'on met en relation jusqu'au dernier penny avec les problèmes que dut résoudre Zea pour faire rayonner le nom de la Grande Colombie dans la superbe européenne.
Abréviation
Zea est l’abréviation botanique standard de Francisco Antonio Zea.
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Voir aussi
Article connexe
Bibliographie
- (es) Marco Fidel Suárez, Escritos - Semblanzas de Francisco Antonio Zea, Arboleda y Valencia, editores, Bogota.
- (es) Simon BolĂvar, Camilo Torres Tenorio y Francisco Antonio Zea, BolĂvar, Camilo Torres y Francisco Antonio Zea, Editorial Minerva, 1936, 282 p.
- (es) Tomás Cadavid Restrepo, Francisco Antonio Zea (biographie), Ediciones Rojo y Negro de la Universidad Pontificia Bolivariana, MedellĂn, 1966, 64 p.
- (es) Alberto Botero Saldarriaga, Francisco Antonio Zea, Banco Popular, 1969, volumes 1 et 2.
- (en) John Anthony Chaldecott, Justus Erich Bollmann and Francisco Antonio Zea (Efforts to meet the demand for Colombian platinum in England over the years 1816 to 1822), 1983, 9 p.
- (es) Lautaro Ovalles, Francisco Antonio Zea y su proyecto de integraciĂłn Ibero-Americana, Academia Nacional de la Historia, 1994, 279 p.
- (es) Diana Soto Arango, Francisco Antonio Zea (un criollo llustrado), Ediciones Doce Calles, 2000, 325 p.
Notes et références
- (es) « Francisco Antonio Zea », sur biografiasyvidas.com, BiografĂas y Vidas (consultĂ© le ).
- (es) Simon BolĂvar, Camilo Torres Restrepo et Francisco Antonio Zea, BolĂvar, Camilo Torres y Francisco Antonio Zea, Editorial Minerva, , 282 p. (lire en ligne), Discours prononcĂ© Ă Angostura en 1819.
- (es) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en espagnol intitulé « Francisco Antonio Zea » (voir la liste des auteurs).