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Francesco Conconi

Francesco Conconi, né le , est un médecin et scientifique italien du sport, préparateur de nombreux sportifs de renom et impliqué dans des affaires de dopage. Il compte parmi ses disciples les très controversés Michele Ferrari et Luigi Cecchini.

Francesco Conconi
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Conconi est professeur à l'Université de Ferrare en Italie, où il dirige le Centro Studi Biomedici Applicati allo Sport, c'est-à-dire l'Institut de recherche biomédicale. Ses recherches se sont concentrées sur les techniques de dépistage des substances dopantes, mais il est mieux connu pour ses activités de dopage et aurait introduit l'érythropoïétine (EPO) dans le sport cycliste[1]. Le professeur Conconi est célèbre pour avoir préparé Francesco Moser pour sa tentative réussie de battre le record du monde de l'heure au Mexique en 1984.

Repères biographiques

C'est le 14 aoĂ»t 1980 que le professeur Conconi soumet au ComitĂ© national olympique italien (CONI) une proposition proposant que les athlètes italiens sĂ©lectionnĂ©s soient assistĂ©s par le personnel de l'universitĂ© pour amĂ©liorer leurs performances. Conconi propose d'aider les athlètes dans les sports suivants : le cyclisme, le canoĂ«, l'aviron, le ski de fond, le patinage de vitesse, la natation et la lutte. Le comitĂ© olympique (CONI) accepte l'offre. Selon Sandro Donati, entraĂ®neur en athlĂ©tisme de l'Ă©quipe de demi-fond italienne Ă  partir de 1981, cette mĂ©thode de prĂ©paration n'est autre que le dopage sanguin[2]. Le professeur Conconi a approchĂ© Donati pour amĂ©liorer les performances de ses athlètes avec des estimations d'amĂ©lioration allant de 3 Ă  5 secondes pour les courses de 1500 mètres, de 15 Ă  20 secondes pour les courses de 5 000 mètres et de 30 Ă  40 secondes pour les courses de 10 000 mètres[3]. Il y avait un partenariat entre le ComitĂ© Olympique et le centre de recherche biomĂ©dicale du professeur Conconi Ă  l'UniversitĂ© de Ferrare et le ComitĂ© Olympique a financĂ© ses recherches[4]. Selon Donati, le professeur Conconi, en collaboration avec la FĂ©dĂ©ration italienne d'athlĂ©tisme et un important institut de recherche italien, a administrĂ© de la testostĂ©rone et des stĂ©roĂŻdes anabolisants aux athlètes pour les grands Ă©vĂ©nements des annĂ©es 1980[3]. Pendant plusieurs annĂ©es, le CONI finance la recherche du professeur Conconi avec plus de deux millions d'euros. Le travail de Conconi et de ses nombreux assistants Ă  l'universitĂ© de Ferrare produit de grands rĂ©sultats dans le sport. Aux Jeux olympiques d'hiver de 1992 et 1994, l'Italie remporte 34 mĂ©dailles. Beaucoup de ces athlètes avaient des niveaux d'hĂ©matocrite de plus de 50 %[2].

Test de Conconi et Francesco Moser

Le professeur Conconi et ses assistants, dont Michele Ferrari, préparent Francesco Moser dans sa tentative de battre le record de l'heure en janvier 1984. Conconi pense que la fréquence cardiaque pourrait être corrélée avec la perception de l'effort afin de permettre à Moser de fonctionner au maximum de ses capacités. Il trouve un point où l'efficacité aérobie est vaincue par l'accumulation d'acide lactique. À ce niveau ou «seuil», la capacité de l'athlète à maintenir un effort maximal serait compromise. Il entreprend ensuite de développer une méthode pour étendre le « seuil anaérobie »[5]. Il développe le test de Conconi, également connu sous le nom de ramp test, qui mesure la fréquence cardiaque à différents niveaux d'intensité prédéfinis[6]. Le point Conconi est le point de l'état d'équilibre maximal ou la fréquence cardiaque maximale qu'un sujet peut avoir[7] - [8]. Le professeur Conconi se positionne comme un innovateur dans la science du sport et dans sa préparation de Moser. Cette préparation comprend un dopage sanguin, comme Moser l'admettra plus tard[9]. Conconi a écrit un livre sur la préparation de Moser appelé « Moser's Hour Records: A Human and Scientific Adventure » en 1991. Dix ans après avoir battu le record d'heure, Conconi a entraîné Moser pour tenter de battre le record une deuxième fois[10]. Cette idée est venue d'un pari de gentleman entre les deux pour voir si Moser sous la direction de Conconi serait en mesure de battre son record de 1984, dix ans plus tard. Moser a 43 ans lorsqu'il parcourt 51,840 kilomètres en 60 minutes, dépassant ainsi de 689 mètres son record de 1984[11].

Introduction de l'EPO dans le cyclisme

Aux Jeux olympiques d'hiver de 1994 à Lillehammer, Conconi donne une conférence aux membres du Comité international olympique et les informe de son travail sur un test de dépistage de l'EPO. Il décrit comment il avait mené des expériences contrôlées avec 23 triathlètes amateurs et d'autres athlètes avec des traitements à base d'EPO, mais qu'il n'avait pas mis au point un test pour détecter son utilisation. Les noms des sujets de Conconi sont découverts plus tard par la police après un raid à l'Université de Ferrare et ont révélé qu'il ne s'agissait pas en fait de sportifs amateurs, mais bien des professionnels, dont six étaient de l'équipe cycliste Carrera Jeans-Tassoni[12].

Dans ses dossiers, Conconi a listé les noms des sujets, le sexe, le sport, la date de l'analyse ainsi que si oui ou non ils ont été traités avec de l'EPO. Malgré le financement par le CONI et le CIO pour mettre au point un test de détection de l'EPO, Conconi utilisait l'argent pour acheter le médicament et l'administrer ensuite aux athlètes qui payaient également Conconi de leur côté[12]. Conconi a mis au point une technique pour équilibrer EPO, anticoagulant et hormone de croissance dans un mélange que les athlètes peuvent prendre sans risque et passer des tests de dopage sans être positif. Avec cette capacité à prendre de l'EPO en toute sécurité, Donati estime que 60 à 70 % du peloton utilise l'EPO au milieu des années 1990[13].

Le docteur Giovanni Grazzi, mĂ©decin de l'Ă©quipe Carrera, travaille avec le professeur Conconi Ă  l'universitĂ© en 1993[9], tandis que l'annĂ©e suivante, en 1994, une autre Ă©quipe professionnelle de cyclisme, Gewiss-Ballan, est connectĂ©e Ă  Conconi par les docteurs Michele Ferrari et Ilario Casoni. En outre, un certain nombre de stars du cyclisme bien connues sont des clients de l'Institut[2]. L'Ă©quipe de Gewiss attire beaucoup d'attention nĂ©gative après la Flèche wallonne 1994, oĂą trois de ses coureurs terminent aux trois premières places après une Ă©chappĂ©e de 70 kilomètres. Cette performance est par la suite considĂ©rĂ©e comme le sommet du dopage lors des annĂ©es EPO. Ferrari dans une entrevue avec le quotidien sportif français L'Équipe Ă©tait acritique envers le dopage. Il affirme que l'EPO n'a aucun effet « fondamental Â» sur la performance et que si un coureur l'utilise, il ne s'en « indignerait Â» pas lui-mĂŞme. Il affirme Ă©galement que « l'EPO n'est pas dangereux, seul son abus est dangereux », en ajoutant « Il est Ă©galement dangereux de boire 10 litres de jus d'orange ». Le commentaire et la comparaison avec le « jus d'orange » a Ă©tĂ© largement repris dans la presse[14] - [15] - [16]. Bjarne Riis, le vainqueur du Tour de France 1996 et coureur de l'Ă©quipe de Gewiss a bĂ©nĂ©ficiĂ© d'un traitement Ă  l'EPO en 1994 et 1995 dans l'Institut de Conconi Ă  Ferrare. Au cours de la saison 1996, Riis est entraĂ®nĂ© par l'un des assistants de Conconi, Luigi Cecchini, annĂ©e oĂą il remporte le Tour de France[17].

Le journal basé à Rome, La Repubblica, rapporte en janvier 2000 que Conconi est impliqué dans l'administration de l'EPO aux coureurs de la Carrera[18]. En mars 2000, la juge italienne Franca Oliva publie un rapport détaillant les conclusions d'une enquête sur un certain nombre de médecins du sport, y compris le professeur Conconi[19]. Cette enquête judiciaire officielle conclut que les coureurs de l'équipe Carrera ont pris de l'EPO en 1993[12]. Parmi les coureurs de l'équipe de cette année là, on retrouve Stephen Roche, Claudio Chiappucci, Guido Bontempi, Rolf Sørensen, Mario Chiesa, Massimo Ghirotto et Fabio Roscioli[9]. Les dossiers saisis dans le cadre de l'enquête judiciaire détaillent un certain nombre d'alias pour l'ancien vainqueur du Tour de France, du Tour d'Italie et du championnat du monde Stephen Roche, dont Rocchi, Rossi, Rocca, Roncati, Righi et Rossini[20].

En 1997, Claudio Chiappucci déclare au procureur Vincenzo Scolastico qu'il utilisait l'EPO depuis 1993, avant de revenir sur cette déclaration[21]. Marco Pantani faisait partie de l'équipe Carrera Jeans-Tassoni et son niveau d'hématocrite affichait des montées et des descentes qui semblaient très suspectes. Le 18 octobre 1995, Pantani est transporté à l'hôpital après un accident survenu sur Milan-Turin, où son taux d'hématocrite était de 60,1 % alors qu'il était de 45 % au mois de juin précédent[22] - [23]. À ce moment il n'y avait aucune limite au niveau d'hématocrite mais la grande fluctuation était suspecte.

Nomination à la commission médicale du CONI

Alexandre de Merode, un ancien président du Comité médical du CIO, a nommé M. Conconi membre du comité médical et a financé les recherches présumées de Conconi sur un test visant à détecter l'utilisation de l'EPO. Pendant ce temps, le président du CONI de 1993 à 1998, le Dr Mario Pescante, a supprimé un rapport de Donati qui indiquait l'implication de Conconi dans le dopage[2].

EnquĂŞtes

En 1999, les enquĂŞtes sur les activitĂ©s de dopage de Conconi ont commencĂ©. Une vingtaine de mĂ©decins et chercheurs du centre de recherche biomĂ©dicale du professeur Conconi font l'objet d'une enquĂŞte[4]. Lors d'une enquĂŞte devant le juge Piero Messini D'Agostini, deux hĂ©matologues ont soumis un rapport dans lequel ils concluent que les valeurs sanguines des athlètes traitĂ©s par Conconi indiquent un dopage[24]. En 2000, le procureur italien Pierguido Soprani a allĂ©guĂ© que Conconi s'Ă©tait lui-mĂŞme dopĂ©. En effet, Ă  l'âge de 59 ans, Conconi a enregistrĂ© une valeur d'hĂ©matocrite de 57 % alors qu'il participait Ă  une course de VTT le [10]. Les dossiers informatiques de Conconi saisis dans l'enquĂŞte sont publiĂ©s dans la presse. Ces fichiers indiquent les noms des patients de Conconi et incluent Ivan Gotti, Pavel Tonkov, Abraham Olano, Marco Pantani, Tony Rominger, Gianluca Bortolami et Giorgio Furlan. Ces fichiers ont montrĂ© des variations d'hĂ©matocrite chez les individus pendant les traitements. L'hĂ©matocrite de Tonkov est passĂ© de 51,5 % en juin 1996 Ă  40,9 % en septembre. L'hĂ©matocrite d'Ivan Gotti est passĂ© de 35,2 % en janvier 1997 Ă  50,7 % en . Le niveau de Marco Pantani est passĂ© de 40,7 en Ă  58 % en juin et . Lors du Tour de France 1995, Pantani atteint 56 % et après son accident Ă  Milan-Turin, il est de 60 %. Claudio Chiappucci a un taux d'hĂ©matocrite de 35 % en , qui passe Ă  60 % en après avoir terminĂ© cinquième du Tour d'Italie[25].

En 2004, le juge Oliva a allégué que les athlètes traités à l'Institut avaient bel et bien pris de l'EPO au cours de la saison 1993, mais en raison du délai de prescription, aucun ne serait poursuivi[26]. Le juge déclare Conconi « moralement coupable »[27]. Le juge a examiné les rapports médicaux de 33 cyclistes au cours de la période 1993-1995, y compris ceux de Chiappucci, et tous les tests sanguins montraient des valeurs d'hématocrite en grande partie fluctuantes, révélatrices de l'utilisation de l'EPO[28].

Assistants au centre de recherche biomédicale de l'université de Ferrare

Conconi a eu de nombreux assistants (médecins et chercheurs) avec qui il a effectué ses tests. Plusieurs d'entre eux seront accusés d'activités liées au dopage ou continueront à travailler comme scientifiques du sport après avoir quitté l'Institut. Le plus connu est Michele Ferrari qui a travaillé avec Conconi dans les années 1980 jusqu'au milieu des années 1990.

Liste des coureurs suivis

Il s'est occupé de quelques cyclistes professionnels bien connus, bien que peu d'entre eux aient été reconnus coupables d'infractions de dopage. Une cause possible est le fossé entre le développement du dopage et les moyens de retracer son utilisation chez les sportifs. Cependant, à la lumière des révélations récentes, cette liste pourrait bien pointer vers certains réseaux médicinaux, notamment en Italie, mais pas de réseaux de dopage avérés[19].

Publication

  • (en) Moser's Hour Records: A Human and Scientific Adventure, Ă©diteur Vitesse Pr, 1991. (ISBN 9780941950268)

Notes et références

  1. « More Drug revelations », Cyclingnews.com (consulté le )
  2. « The sport of the Doctors », Daily Peloton (consulté le )
  3. « Sandro Donati:Anti-doping:the fraud behind the stage », Ergogenics.org (consulté le )
  4. « Form boosting drugs claim rocks sport research centre », Times higher education (consulté le )
  5. Putting [heart] into your workout
  6. The Conconi Test
  7. U.S. Cross Country Ski Team Field Method « https://web.archive.org/web/20080820211223/http://btc.montana.edu/olympics/physiology/pb02.html »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?),
  8. What is the Conconi Test? « https://web.archive.org/web/20110710191602/http://www.en-track.com/index.php?option=com_easyfaq&task=cat&catid=6&Itemid=2 »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?),
  9. « I was not involved in doping scandal:Roche », Irish Examiner (version du 1 juillet 2009 sur Internet Archive)
  10. « Conconi tried EPO? », Cyclingnews.com (consulté le )
  11. « The Conconi Test » [archive du ] (consulté le )
  12. David Walsh, « Sad end to Roche's road », Timesonline, London,‎ (lire en ligne, consulté le )
  13. « Playing Dirty » (version du 26 septembre 2010 sur Internet Archive)
  14. Interview with Michele Ferrari, by Jean-Michel Rouet, from l'Equipe, 1994, reprinted excerpt quoted in Cycling News, An Interview With Dr. Michele Ferrari, part two « https://web.archive.org/web/20090728021254/http://autobus.cyclingnews.com/riders/2003/interviews/?id=ferrari03b »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), , 2003, Tim Maloney / Cyclingnews European Editor
  15. 10 liters of orange juice: see the article on Water intoxication, for example.
  16. « The Eye Of The Storm », Cyclingnews.com (version du 28 juillet 2009 sur Internet Archive)
  17. Matt Rendell et Susanne Horsdal, « Life after Lance », Guardian, London,‎ (lire en ligne, consulté le )
  18. « Sport: Roche denies use of E.P.O. », RTE.ie (consulté le )
  19. « Tribunale di Ferrara », Sportpro.it (version du 31 décembre 2010 sur Internet Archive)
  20. « Roche's name again to forefront in doping investigation », rte.ie (consulté le )
  21. Vrijgesproken Conconi moreel veroordeeld door Italiaanse gerecht (nl) « https://web.archive.org/web/20070927010021/http://limburg.hbvl.be/nieuws-sport-wielrennen/2004/03/11/vrijgesproken-conconi-moreel-veroordeeld-door-italiaanse-gerecht.html »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?),
  22. « Cyclists in court », Cyclingnews.com (consulté le )
  23. « Pantani found dead in Italian hotel », Velonews.com (consulté le )
  24. « Conconi in court », Cyclingnews.com (consulté le ).
  25. (en) « Italian doping;hidden files », Cyclingnews.com (consulté le ).
  26. (en) « No.12 - Tour de France winner Stephen Roche denies allegations by an Italian judge of taking performance enhancing drugs », RTE.ie (version du 31 mars 2008 sur Internet Archive).
  27. (en) Chris Henry, « Bettini begins World Cup defense : Judge calls Italian professor "morally guilty » [archive], .
  28. Conconi vrijgesproken na proces van vijf jaar(nl)
  29. « CYCLING:After a rider's sudden death, more questions on doping » (version du 24 novembre 2006 sur Internet Archive)

Liens externes

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