Accueil🇫🇷Chercher

Four solaire d'Odeillo

Le four solaire d’Odeillo, de 50 mètres de haut, 60 de large et 30 de profondeur, comprenant 63 hĂ©liostats, est un four fonctionnant Ă  l’énergie solaire, mis en service en 1969[2] - [3]. Sa puissance thermique est d'un mĂ©gawatt, et il concentre près de 10 000 fois la puissance du soleil[4] pour atteindre jusqu'Ă  3 300 °C[5]. Avec le four solaire de Parkent en OuzbĂ©kistan, il est l'un des deux plus grands fours solaires du monde.

Four solaire d'Odeillo
Le four solaire l'été
Présentation
Destination initiale
Four solaire
Construction
1962
Patrimonialité
Localisation
Pays
RĂ©gion
DĂ©partement
Commune
Adresse
7 rue du Four-Solaire
Altitude
1 535 m
Coordonnées
42° 29′ 38″ N, 2° 01′ 45″ E
GĂ©olocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
GĂ©olocalisation sur la carte : Occitanie
(Voir situation sur carte : Occitanie)
Géolocalisation sur la carte : Pyrénées-Orientales
(Voir situation sur carte : Pyrénées-Orientales)

Ce laboratoire doit sa renommée mondiale à son acquis scientifique unique dans le domaine des études par voie solaire des phénomènes à haute température et du comportement des matériaux soumis à des conditions extrêmes.

Les fours solaires de Mont-Louis et d'Odeillo ont servi de modèles dans le monde entier, démontrant le potentiel de l'énergie solaire et ses multiples applications. Sur place, il est également possible de découvrir la cuisson au four solaire[6].

GĂ©ographie

Symbole mondial de l'énergie solaire en France, le grand four solaire d'Odeillo est situé dans la commune de Font-Romeu-Odeillo-Via en Cerdagne, dans le département des Pyrénées-Orientales, région du Languedoc-Roussillon, dans le sud de la France.

Le site d'Odeillo a été choisi pour :

  • la durĂ©e et la qualitĂ© de son ensoleillement en lumière directe (plus de 2 400 h/an)
  • la puretĂ© de son atmosphère (altitude assez Ă©levĂ©e de 1 535 mètres et faible humiditĂ© moyenne)[7].

On trouve à proximité le four solaire de Mont-Louis, la centrale solaire à tour THEMIS, à Targasonne et la première centrale solaire thermodynamique commerciale de France, la centrale linéaire Fresnel eLlo à Llo.

Principe de fonctionnement

Principe de fonctionnement
Vue vers l'est, depuis le centre de la parabole
Un des 63 héliostats

Le principe utilisé est celui de la concentration des rayons par des miroirs réfléchissants. Un four solaire utilise 2 jeux de miroirs différents pour faire les 2 fonctions optiques nécessaires, la collecte, ou captation, puis la concentration de l'énergie solaire.

Les rayons solaires sont d'abord réfléchis par une première série de miroirs orientables situés sur la pente (les « héliostats »), puis envoyés vers une deuxième série de miroirs (le « concentrateur »), disposés sur parabole qui les converge vers une cible quasi circulaire au sommet d'une tour centrale.

La tache solaire concentrĂ©e sur cette cible fait environ m de diamètre et jusqu'Ă  « 10 000 soleils », soit 10 000 kW/m2 ou 1 Ă— 107 W/m2, au centre de cette tâche solaire[8]. Cette densitĂ© surfacique de puissance (ce taux de concentration solaire) et donc la tempĂ©rature pouvant ĂŞtre atteinte, est modulable de 4 façons[8] :

  • Choix du nombre d'hĂ©liostats utilisĂ©s : de 1 Ă  63.
  • Choix de quels hĂ©liostats sont utilisĂ©s, car bien qu'identiques leur contribution est diffĂ©rente :
    • D'une part, les hĂ©liostats dit « centraux », près de l'axe optique de la parabole, ont un taux de concentration plus Ă©levĂ© que ceux les plus Ă©loignĂ©s, car leur faisceau est renvoyĂ© de façon quasi normale sur la cible ;
    • D'autre part, les hĂ©liostats Ă©tant disposĂ©s Ă  flanc de montagne, ceux du bas sont plus proches de la parabole (Ă  partir de 104 mètres) et donc leur faisceau est moins Ă©talĂ© sur la parabole que ceux les plus Ă©loignĂ©s (jusqu'Ă  314 m), car le soleil n'est pas une source lumineuse ponctuelle et le faisceau rĂ©flĂ©chi diverge.
  • Choix de l'amplitude d'ouverture des portes de protection situĂ© sur la tour-foyer : plus elles sont ouvertes, plus elles laissent passer une grande part du faisceau concentrĂ© par la parabole.
  • MĂ©tĂ©o : selon les conditions atmosphĂ©riques, subies, l'intensitĂ© de l'Ă©nergie solaire est variable, entre 0 et 1 100 W/m2 au sol environ Ă  Odeillo (DNI).

Avantages

  • On peut obtenir en quelques secondes des tempĂ©ratures supĂ©rieures Ă  3 300 °C[5], selon le procĂ©dĂ© mis en Ĺ“uvre au foyer de l'installation ;
  • L'Ă©nergie est « gratuite », et non polluante ;
  • Le coĂ»t de fonctionnement est faible : quelques kilowatts Ă©lectriques sont nĂ©cessaires pour mouvoir les hĂ©liostats et obtenir jusqu'Ă  1000 kW thermiques au foyer de l'installation[8] ;
  • Ce four permet d'obtenir de brusques changements de tempĂ©rature, et donc d'Ă©tudier l'effet des chocs thermiques[9] ;
  • Il n'y a aucun Ă©lĂ©ment contaminant (gaz de combustion, pollution, rĂ©sidus, etc.), puisque seul l'objet Ă  Ă©tudier est chauffĂ© uniquement par un rayonnement ;
  • Ce chauffage peut ĂŞtre rĂ©alisĂ© en atmosphère contrĂ´lĂ©e permettant de reproduire le vide spatial, des rentrĂ©es atmosphĂ©riques sur Terre[10] ou sur Mars[11], etc.

Utilisation

Le four solaire d'Odeillo accueille une partie des équipes du laboratoire de recherche PROMES du CNRS (UPR8521) conventionné avec l’Université de Perpignan sur les études thermiques à haute température, les systèmes caloporteurs, la conversion de l'énergie, le craquage de l'eau[12] pour produire du dihydrogène et d'autres carburants de synthèse, étudier le comportement des matériaux à haute température dans des environnements extrêmes...

Les domaines de recherches sont aussi étendus aux industries aéronautiques, aérospatiales...

On peut y faire des expériences dans des conditions de grande pureté chimique.

Histoire

Le chimiste français Félix Trombe et son équipe ont réalisé à Meudon en 1946 une première expérience à l'aide d'un miroir de DCA pour montrer la possibilité d'atteindre de hautes températures très rapidement et dans un environnement très pur, grâce à la lumière du soleil fortement concentrée. L'objectif était de faire fondre du minerai et d'en extraire des matériaux très purs pour confectionner de nouveaux matériaux réfractaires plus performants.

Pour concrétiser cette filière et en tester les diverses possibilités, un premier four solaire fut construit à Mont-Louis en 1949. Quelques années après, sur le modèle du four de Mont-Louis et au vu des résultats obtenus, un four solaire de taille quasi industrielle fut construit à Odeillo. Les travaux de la construction du Grand Four Solaire d’Odeillo durèrent de 1962 à 1968 pour une mise en service en 1969.

Début des années 70.

Fervents partisans de l’énergie solaire et à la suite du premier choc pétrolier de 1973, durant la deuxième moitié des années 1970, les chercheurs du four solaire d’Odeillo orientèrent davantage leurs travaux vers la conversion de l’énergie solaire en électricité, et pour l'hybridation solaires de procédés industriels à haute température comme les cimenteries.

Ces travaux participèrent à l’étude d’une Centrale solaire thermodynamique qui sera réalisée par EDF en 1983. C’est la centrale THEMIS dont l'expérimentation dura de 1983 à 1986.

La fermeture aux expérimentations solaires de la Centrale solaire Thémis entre 1987 et 2004 signifiait la mise en sommeil des recherches sur la conversion de l’énergie solaire en électricité. Le laboratoire du Grand Four Solaire d’Odeillo recentre son activité sur l’étude des matériaux et la mise au point de procédés industriels avec l’appui de Claude Dupuy de Crescenzo[13], devenant le laboratoire de l'IMP (Institut de science et de génie des Matériaux et Procédés).

Avec le retour des préoccupations énergétiques et environnementales, le laboratoire s'implique à nouveau dans la recherche de solutions concernant l’énergie et l’environnement, sans renier ses compétences uniques dans le domaine des matériaux et des procédés.

PROMES (Procédés Matériaux et Énergie Solaire) — c’est le nom actuel du laboratoire— travaille aujourd’hui, en plus des recherches sur les matériaux comme les boucliers thermiques pour le spatial, sur différents systèmes de production d’électricité avec stockage, de synthèse de carburants type hydrocarbures à partir de biomasse, d’extraction de dihydrogène par voie solaire et divers procédés de retraitements de déchets (y compris radioactifs).

Le four est inscrit au titre des monuments historiques depuis et est également labellisé « Patrimoine du XXe siècle »[1].

Le four solaire en 2007.

Centre d'information pour le public Héliodyssée

Depuis 1990, un centre d'information est également présent sur le site (indépendant du laboratoire CNRS). D'abord intitulé « Exposition du Grand Four Solaire d'Odeillo », ce site devient fin 2006 « Héliodyssée ». Il était ouvert jusqu'au 31 octobre 2017, un changement de gestionnaire étant la cause de sa fermeture. Sa réouverture pourrait avoir lieu à l'été 2022 selon l'information affichée à l'entrée. À l'extérieur, quelques panneaux explicatifs sont néanmoins consultables en accès libre.

Destiné aux petits comme aux grands, Héliodyssée[14] permet de découvrir en s'amusant l'énergie solaire et ses dérivés (les autres formes d'énergies renouvelables, les utilisations dans l'habitat) et les travaux des chercheurs du CNRS sur l'énergie, l'environnement, les matériaux pour l'espace, les matériaux du futur.

Héliodyssée comporte aussi un service éducatif plus particulièrement destiné aux classes du primaire et aux collèges. Les ateliers proposés permettent aux élèves d'aborder de manière simple et concrète les premières notions sur l'énergie renouvelable, les caractéristiques de la lumière, l'effet de serre, etc.

Notes et références

  1. « Four solaire d'Odeillo », base Mérimée
  2. André Joffre et Jean-Louis Busquet, « Le jubilé du grand four solaire d’Odeillo dans les Pyrénées-Orientales », (consulté le )
  3. (en) Final Volume I Environmental Impact Statement: OCS Sale No. 73, United States Department of the Interior - Minerals Management Service (lire en ligne), chap. II.C (« Alternative Energy »), p. II-66
  4. « Héliodyssée », sur Pyrénées-Cerdagne-Tourisme.com, (consulté le )
  5. (en) G. Flamant, D. Luxembourg, J. F. Robert et D. Laplaze, « Optimizing fullerene synthesis in a 50 kW solar reactor », Solar Energy, vol. 77, no 1,‎ , p. 73–80 (ISSN 0038-092X, DOI 10.1016/j.solener.2004.03.001, lire en ligne, consulté le )
  6. « Cuisson au four solaire », sur l'Atlas de la Cuisine Solaire.
  7. « Localisation », sur www.foursolaire-fontromeu.fr (consulté le )
  8. Emmanuel Guillot, Régis Rodriguez, Nicolas Boullet et Jean-Louis Sans, « Some details about the third rejuvenation of the 1000 kWth solar furnace in Odeillo: Extreme performance heliostats », AIP Conference Proceedings, vol. 2033, no 1,‎ , p. 040016 (ISSN 0094-243X, DOI 10.1063/1.5067052, lire en ligne, consulté le )
  9. E Ungureanu (Arva), D-C Anghel, D Negrea et A G Plaiașu, « Influence of thermal shocks at high temperatures on microstructure and hardness of RENE 41 alloy », IOP Conference Series: Materials Science and Engineering, vol. 564,‎ , p. 012046 (ISSN 1757-899X, DOI 10.1088/1757-899X/564/1/012046, lire en ligne, consulté le )
  10. (en) M. Balat-Pichelin, J. Annaloro, L. Barka et J. L. Sans, « Behavior of TA6V Alloy at High Temperature in Air Plasma Conditions: Part 2—Thermal Diffusivity and Emissivity », Journal of Materials Engineering and Performance, vol. 29, no 7,‎ , p. 4606–4616 (ISSN 1544-1024, DOI 10.1007/s11665-020-04985-6, lire en ligne, consulté le )
  11. (en) J L. Vérant, N. Perron, M. Balat Pichelin et O. Chazot, « Microscopic and macroscopic analysis for TPS SiC material under Earth and Mars re-entry conditions », International Journal of Aerodynamics, vol. 2, nos 2/3/4,‎ , p. 152 (ISSN 1743-5447 et 1743-5455, DOI 10.1504/IJAD.2012.049146, lire en ligne, consulté le )
  12. Sur la piste de l'hydrogène, dans le Journal du CNRS, no 160; Avril-mai 2003
  13. « Historique », sur promes.cnrs.fr (consulté le )
  14. Bienvenue au Grand Four Solaire d'Odeillo, sur foursolaire-fontromeu.fr, consulté le 13 juillet 2018

Voir aussi

Bibliographie

  • G. Olalde et J.L. Peube, « Étude expĂ©rimentale d'un rĂ©cepteur solaire en nid d'abeilles pour le chauffage solaire des gaz Ă  haute tempĂ©rature », Revue de Physique AppliquĂ©e, no 17,‎ , p. 563-568
  • Bernard Spinner, « La construction d’un pĂ´le de recherche et d’expĂ©rimentation solaire », La revue pour l’histoire du CNRS, no 5,‎ (lire en ligne)
  • « Four solaire d'Odeillo », notice no PA66000023, base MĂ©rimĂ©e, ministère français de la Culture

Articles connexes

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.