Accueil🇫🇷Chercher

Four dragon

Le four dragon ou four longyao (chinois simplifiĂ© : 龙窑 ; chinois traditionnel : 龍窯 ; pinyin : lĂłngyáo ; litt. « dragon - four » ; appelĂ© aussi four grimpant et parfois four tunnel) est une forme traditionnelle de four Ă  bois utilisĂ©e en particulier dans le sud de la Chine pour produire la cĂ©ramique chinoise. C'est un four long et Ă©troit construit Ă  flanc de colline. Il nĂ©cessite une pente assez raide pour fonctionner. Il permet de cuire de grandes quantitĂ©s de poterie Ă  haute tempĂ©rature.

Four dragon multi-chambres type Noborigama (Japon).

Le four dragon permet d'atteindre les hautes tempĂ©ratures, au-dessus de 1 200 °C, nĂ©cessaires pour cuire les cĂ©ramiques non poreuses comme le grès et la porcelaine, tempĂ©ratures qui sont longtemps restĂ©es inatteignables pour les potiers europĂ©ens.

Histoire

Fouille du sol d'un four dragon long de 40 mètres, Ă©poque Song du sud, Ă  Jiaotanxia, Hangzhou.

D'après des fouilles rĂ©centes effectuĂ©es notamment dans le district de Shangyu au nord est du Zhejiang, l'origine du four dragon remonte Ă  la dynastie Shang (entre 1600 et 1046 av. J.-C.) et elle est liĂ©e Ă  la cuisson du grès Ă  1 200 °C ou plus. Les fours de cette Ă©poque sont relativement petits, de 5 Ă  12 mètres de long, et moins inclinĂ©s que ceux des Ă©poques suivantes[1].

La technique du four dragon se développe certainement avant la période des Royaumes combattants[2].

Il y a déjà plus de 60 fours à Shangyu dans le royaume de Wu (229-280) pendant la période des Trois Royaumes.

Le four dragon reste ensuite le principal type de four utilisé dans le sud de la Chine jusqu'à la dynastie Ming. Les plaines de la Chine du nord ne fournissant pas les pentes nécessaires au four dragon, c'est le four mantouyao qui y prédomine[3] - [note 1].

Le four dragon chinois a Ă©tĂ© repris en CorĂ©e, Ă  partir de 100 ou 300 apr. J.-C., puis plus tard au Japon, donnant divers types de fours grimpants anagama et noborigama, et dans tout l'Est de l'Asie[4].

Vieux de plus de 4 siècles, encore en fonctionnement, le four de Nanfeng situĂ© Ă  Shiwan dans le Guangdong a Ă©tĂ© construit sous les Ming, il fonctionne aujourd'hui en tant qu'attraction touristique[5].

Caractéristiques

Maquette d'un four dragon au musée de Xiaoshan
Four dragon multi-chambres type Noborigama (Japon).
Ancien atelier de porcelaine de Sanqingkou à Jiangshan - Vue latérale du four.
Ancien atelier de porcelaine de Sanqingkou à Jiangshan - Intérieur du four

Fours grimpants Ă  une ou plusieurs chambres

Les fours dragons sont normalement construits en briques et ont un tirage horizontal ou oblique (les flammes circulent plus ou moins Ă  l'horizontale, plutĂ´t qu'Ă  partir du sol ou vers le sol)[6]. La pente des fours est gĂ©nĂ©ralement comprise entre 10° et 16°[7]. La chauffe commence en bas du four et monte vers le haut de la pente[8]. La tempĂ©rature atteint parfois jusqu'Ă  1 400 °C[9]. Le temps de cuisson peut ĂŞtre relativement court, environ 24 heures pour un petit four[10] mais en gĂ©nĂ©ral la cuisson et le refroidissement durent plusieurs jours.

Les premiers fours sont des tunnels grimpants, non divisés en chambres, mais avec des marches séparant des sols presque plats où sont posées des piles verticales de céramiques calées à l'aide de sable, de graviers ou de matériaux similaires.

Ă€ partir des Song du Sud (1127-1279), certains fours comportent une sĂ©rie de chambres Ă©tagĂ©es sur la pente[2]. Ces chambres sont reliĂ©es par des portes qui permettent aux cĂ©ramistes de circuler pendant les phases de chargement et de dĂ©chargement du four et qui permettent Ă  la chaleur de circuler lors de la cuisson. Un four peut avoir jusqu'Ă  12 chambres[11].

Le cĂ©ladon de Longquan se fabriquait gĂ©nĂ©ralement dans de tels fours multi-chambres[7].

La taille et la forme des fours peuvent varier considĂ©rablement. La chambre de combustion, le foyer principal, est toujours en bas du four. Il peut y avoir des portes supplĂ©mentaires le long du four permettant d'ajouter du bois, ainsi que des regards pour surveiller le fonctionnement sur toute la longueur. La cheminĂ©e se trouve tout en haut de la pente mais, compte tenu du tirage dĂ» Ă  la pente, la cheminĂ©e n'a pas besoin d'ĂŞtre haute et peut ĂŞtre omise[2] - [note 2].

Conditions de cuisson

Le combustible, généralement du bois ou plus rarement du charbon, affecte l'atmosphère de la cuisson, le bois donne une atmosphère réductrice et le charbon donne une atmosphère oxydante[12].

La charge de bois nécessaire pour une cuisson équivaut à peu près au poids de la céramique produite[13].

Des casiers ou gazettes[14] ont Ă©tĂ© utilisĂ©s pour protĂ©ger les pièces au moins dans les pĂ©riodes rĂ©centes. C'est une innovation venue de la cĂ©ramique Ding dans le nord de la Chine sous les Song[15].

La cuisson n'est gĂ©nĂ©ralement pas la mĂŞme sur toute la longueur du four, ce qui produit des effets diffĂ©rents sur les pièces placĂ©es Ă  diffĂ©rents niveaux. Le haut du four produit souvent les meilleures pièces car il chauffe plus lentement[16]. Par exemple, la large gamme de couleurs du cĂ©ladon, de la cĂ©ramique de Yue au cĂ©ladon de Longquan, s'explique en grande partie par des variations dans les conditions de cuisson[17]. Les teintes variables des porcelaines blanches, entre la cĂ©ramique Ding au nord et la porcelaine Qingbai au sud, rĂ©sultent aussi du combustible utilisĂ©[18].

Les fours multi-chambres les plus dĂ©veloppĂ©s ont Ă©tĂ© construits pour cuire la porcelaine de Dehua oĂą un contrĂ´le prĂ©cis des hautes tempĂ©ratures est essentiel[2].

Longueur des fours et taille des fournées

Les grands fours dragons, jusqu'Ă  60 mètres de long[7] , permettent de charger jusqu'Ă  25 000 pièces Ă  la fois[9].  Au dĂ©but du XIIe siècle, les fours peuvent mĂŞme dĂ©passer les 135 mètres de long et permettent de charger plus de 100 000 pièces Ă  la fois selon une estimation[10].

Les estimations varient selon les sources, allant jusqu'à des centaines de milliers de pièces pour le céladon de Longquan[13].

Les cuissons en grandes quantitĂ©s ne sont pas spĂ©cifiques Ă  la cĂ©ramique asiatique puisque les potiers de l'antiquitĂ© romaine, qui utilisaient des fours d'une toute autre forme, pouvaient cuire jusqu'Ă  40 000 pièces de cĂ©ramique sigillĂ©e en une seule fois[19].

Notes et références

Notes

  1. Les fours mantouyao (chinois simplifiĂ© : 馒头窑 ; chinois traditionnel : 饅頭窯 ; pinyin : mántouyáo ; litt. « pain Ă  la vapeur - four » ou « four miche Â») sont une autre forme traditionnelle de four utilisĂ©s dès l'Ă©poque Shang dans la plaine centrale puis utilisĂ©s dans le nord de la Chine. Les fours mantouyao pouvaient atteindre 1 300 °C mais, Ă  la diffĂ©rence des fours longyao, leur capacitĂ© Ă©tait limitĂ©e et ils Ă©taient plus souvent alimentĂ©s au charbon.
  2. La chambre de combustion en bas du four forme la tête du dragon, le four contenant la céramique forme le corps du dragon, il se termine par une cheminée ou par une dernière chambre faisant office de cheminée en haut du four.

Références

  1. Kerr, p. 348-350
  2. Wood
  3. Vainker, p. 50–51, Rawson, p. 364–365
  4. Kerr, p. 350-351, Wood
  5. (en) « Ancient Nanfeng Kiln », sur chinatouradvisors.com (consulté le )
  6. Rawson, p. 364, Wood
  7. Vainker, p. 222
  8. Medley, p. 147-148, Vainker, p. 222
  9. Medley, p. 14
  10. Kerr, p. 348
  11. Medley, p. 14, Wood
  12. Vainker, p. 124
  13. Eng, p. 18
  14. Medley, p. 148
  15. Vainker, p. 95
  16. Medley, p. 147-148
  17. Vainker, p. 72
  18. Vainker, p. 95, 124
  19. (en) JP Hayes article from the Grove Dictionary of Art, « Roman pottery », sur novaesium.de (consulté le )

Bibliographie

  • (en) Eng, Clarence, Colours and Contrast : Ceramic Traditions in Chinese Architecture, BRILL, , 374 p. (ISBN 978-90-04-28528-6, lire en ligne).
  • (en) Kerr, Rose, Needham, Joseph et Wood, Nigel, Science and Civilisation in China : Volume 5, Chemistry and Chemical Technology, Part 12, Ceramic Technology, Cambridge University Press, , 918 p. (ISBN 978-0-521-83833-7, lire en ligne).
  • (en) Medley, Margaret, The Chinese Potter : A Practical History of Chinese Ceramics, 3rd edition, Phaidon, (ISBN 0-7148-2593-X).
  • (en) Rawson, Jessica (ed.), The British Museum Book of Chinese Art, Londres, British Museum Press, 2007 (2nd edn), 395 p. (ISBN 978-0-7141-2446-9).
  • (en) Vainker, S. J., Chinese Pottery and Porcelain, British Museum Press, (ISBN 978-0-7141-1470-5).
  • (en) Wood, Nigel, Oxford Art Online, section "Dragon (long) kilns" in "China, §VIII, 2.2: Ceramics: Materials and techniques, Materials and techniques".


Voir aussi


Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.