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Fort de Saint-Père

Le fort de Saint-Père, fort Saint-Père ou fort de Châteauneuf est un fort français situé sur la commune de Saint-Père-Marc-en-Poulet à km au sud de Saint-Malo, en Bretagne. Construit au XVIIIe siècle sous le règne de Louis XVI pour protéger la cité corsaire des attaques anglaises, il est connu aujourd'hui pour abriter les festivals La Route du Rock et No Logo BZH

Fort de Saint-Père
Présentation
Type
Propriétaire
Ville de Saint-Père-Marc-en-Poulet (d)
Coordonnées
48° 34′ 07″ N, 1° 55′ 33″ O
Carte

Historique

Plan d'origine du fort

La ville et le port de Saint-Malo étant régulièrement sous la menace des descentes anglaises, il est décidé d'en renforcer la défense en protégeant son seul accès terrestre praticable en toute saison, l'isthme de Châteauneuf, qui pourrait être facilement coupé par l'ennemi ayant débarqué à Cancale et ainsi faire le siège de Saint-Malo. La construction du fort sur une hauteur dominant l'isthme commence en 1777.

En janvier, le 1er bataillon du régiment d'Agénois stationné habituellement à Vannes et le 1er bataillon du régiment d'Armagnac font mouvement à Saint-Servan[1]. Ils fourniront la main-d'œuvre pour la construction du fort. La première pierre est posée le par la marquise Baude de la Vieuville, femme du marquis de Chateauneuf (leur fils s'illustrera dans la chouannerie), accompagnée par monsieur de Carpilhet et monsieur de Lorandal, colonel du régiment d'Armagnac[1].

Conçus par les ingénieurs militaires Louis Aguillon et Pierre-Jean de Caux[1], suivant les principes des fortifications de Vauban, le fort forme un quadrilatère fermé par un épais rempart avec des bastions en saillie aux quatre angles (bastions du Roy, d'Artois, de la Reine et de Monsieur) le tout enterré et protégé par un large fossé. Pour les matériaux de construction, les pierres de taille viennent des carrières de Saint-Pierre-de-Plesguen et des îles Chausey[1], les vitres des ateliers de Rouen[1], l'ardoise de couverture des carrières de Chateaulin[1] et les ferrures d'Espagne et de Suède[1].

La superficie du fort est Ă©quivalente Ă  celle de la ville intra muros de Saint-Malo avec une trentaine d'hectares[2]. Le fort comprend alors une entrĂ©e fermĂ©e par un pont-levis et encadrĂ©e de 2 corps de garde, 2 cachots, un magasin Ă  poudre de 46 mètres de long et 13 mètres de large destinĂ© Ă  approvisionner le château et les forts de Saint-Malo[1], 26 casemates rĂ©parties en deux groupes permettant de loger 600 soldats et 6 casemates rĂ©servĂ©es aux officiers[1]. Chaque casemate a une superficie de 20 mètres sur 6 mètres et une hauteur de 4,7 mètres. Elle comprend en façade une porte et deux baies et est Ă©quipĂ©e d'une cheminĂ©e et de deux Ă©vents d'aĂ©ration[1]. 6 autres casemates servent de magasin de vivres et leurs portes sont surmontĂ©es d'un oculus. Un puits est creusĂ© dans la cour, un autre dans le glacis sud et une fontaine dans les fossĂ©s du Nord-Est[1].

La construction s'achève 8 ans plus tard en 1785, elle aura provoquĂ© la mort de 50 ouvriers[2] - [1] et coutĂ© 1 484 913 livres[1].

Il est alors connu sous le nom de fort de Châteauneuf[1] (le fort se trouve plus près du bourg de Châteauneuf que du village de Saint-Père).

Il abritera une garnison de 600 hommes et un magasin Ă  poudre considĂ©rĂ© alors comme l'un des plus grands d'Europe[2] mais il semble que son armement n'ait jamais dĂ©passĂ© 18 canons[1]. Le fort ne connaitra jamais de combats[2].

En 1880, un arsenal est rajoutĂ©[1]. En 1885, le fort est reliĂ© au rĂ©seau de chemin de fer[1]. Pendant la Première Guerre mondiale, il sert de camp de prisonniers[2]. Sous l'Occupation, les troupes allemandes s'en servent comme dĂ©pĂ´t pour des obus pour canons de 194 mm et 75 mm et pour des torpilles de la Kriegsmarine. Lors de l'abandon du fort face Ă  l'avancĂ©e des troupes amĂ©ricaines vers Saint-Malo, le fort est en partie pĂ©tardĂ©[1]. Brièvement occupĂ© par l'armĂ©e amĂ©ricaine, il sera dĂ©blayĂ© entre 1944 et 1950, puis utilisĂ© par l'armĂ©e française[2] comme dĂ©pĂ´t d'explosifs. Une partie du dĂ©minage des plages y est alors stockĂ©e[1]. L'armĂ©e l'abandonne Ă  la fin des annĂ©es 1970[2] et le dĂ©classe en 1985[1], il est alors reversĂ© au domaine. Le fort est rachetĂ© par la commune de Saint-Père en 1989[1]. Elle y entame alors de longs travaux de restauration qui seront accĂ©lĂ©rĂ©s avec l'installation de la Route du Rock. Un chantier d'insertion s'installe en 1995. Une trentaine de chèvres participent aussi Ă  l'entretien du site, largement herbeux[2].

La Route du Rock & No Logo BZH

Ce lieu a été proposé aux organisateurs du festival La Route du Rock par un de leurs amis, disquaire dinardais[2], le festival se tenant auparavant à Saint-Malo, à l'espace Allende et dans des bars de la ville. Un concert test du groupe Noir Désir en convainc la commune[2] et le festival s'y installe en 1994[2].

Les contreforts de la poudrière servent de loges aux artistes, l'arsenal de cantine, le bastion du Roi de locaux administratifs et de direction et le bastion de la Reine, d'espace-presse[2]. Jusqu'en 2005 et l'effondrement partiel d'un rempart, les festivaliers installaient leur tente dans le fossé du fort[2].

En 1998, d'importants travaux de déminage et de dépollution du site ont obligé le festival à se tenir en plein champ à quelques centaines de mètres hors du fort[2]. Des travaux de drainage et d'aménagement, financés par la commune et par la ville de Saint-Malo débuteront courant 2011[2] après la 20e édition du festival.

Le festival Reggae & musiques du monde No Logo BZH existe depuis 2017 sur le Fort de Saint-Père accueillant jusqu'à 25000 festivaliers en août 2019.

La commune organise dans le fort d'autres manifestations culturelles le reste de l'année.

Bibliographie

  • Le Fort de Saint-Père-Marc-en-Poulet de Louis Pottier, Ă©ditĂ© par l'Association ThĂ©odore Chalmel, 1992,(ISBN 2-950166-72-9) Ă©ditĂ© erronĂ© (BNF 35544447).

Notes et références

  1. Fort de Châteauneuf, sur Gertrude, base du service de l’Inventaire du patrimoine de la région Bretagne.
  2. « À quelques encablures de Saint-Malo, le fort de Saint-Père, bastion du rock » de Stéphane Davet, Le Monde, 13 août 2011.
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