FortĂșn (roi de Pampelune)
FortunĂ© de Pampelune ou FortĂșn GarcĂ©s, dit el Tuerto (le Borgne) ou el Monje (le Moine), nĂ© vers 826 et mort en 922, est le troisiĂšme roi de Pampelune et le dernier de la dynastie des Ăñiguez (aussi appelĂ©e Arista). Son rĂšgne dĂ©bute en 882 et prend fin Ă son abdication en 905.
Roi de Pampelune | |
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Roi de Sobrarbe (d) | |
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Biographie
Jeunesse
FortunĂ© est le fils de Garcia Ier, roi de Pampelune, et d'Urraque, peut-ĂȘtre une fille du roi des Asturies, Ramire Ier[1]. Il est donc le petit-fils d'Eneko Arista, premier roi de Pampelune, et le petit-neveu de Musa ibn Musa dit « le Grand » ou « le troisiĂšme roi d'Espagne », wali de Saragosse de la famille des Banu Qasi et demi-frĂšre du prĂ©cĂ©dent.
En 845, FortunĂ© Ă©pouse Aurea (Oria)[2], dont les origines sont discutĂ©es, peut-ĂȘtre une princesse musulmane de la famille des Banu Qasi. Christian Settipani suggĂšre trois origines possibles pour Aurea :
- une fille d'Oria bint Musa, fille de Musa ibn Musa, et de son Ă©poux GarcĂa tuĂ© en 859. Ce dernier serait lui-mĂȘme un fils de GarcĂa GalĂndez le Mauvais et de sa premiĂšre Ă©pouse Matrona, fille dâAznar Ier GalĂndez, comte d'Aragon[3] ;
- une fille de GarcĂa GalĂndez le Mauvais et d'une deuxiĂšme Aurea, sa seconde Ă©pouse, fille d'Eneko Arista et sĆur de GarcĂa Ier de Navarre[3] ;
- une fille du comte d'Aragon Galindo Ier AznĂĄrez et petite-fille dâAznar Ier GalĂndez et dâune troisiĂšme Aurea, qui pourrait ĂȘtre la fille du duc Loup II de Vasconie et la sĆur de la dame Oneca ou Iñiga, mĂšre dâEneko Arista et de Musa ibn Musa[4].
En 860, FortunĂ© est fait prisonnier, avec sa fille Oneca, Ă Milagro lors d'une invasion menĂ©e par l'Ă©mir de Cordoue Muhammad Ier. Il reste prisonnier pendant vingt ans Ă Cordoue, oĂč sa fille Oneca Ă©pouse l'Ă©mir Abd Allah ben Muhammad.
RĂšgne
FortunĂ© retourne Ă Pampelune vers 882, peu aprĂšs la mort de son pĂšre[5], tuĂ© lors de la dĂ©fense du chĂąteau d'Aibar, attaquĂ© par les forces du wali de Saragosse, Muhammad ibn Lubb, lui aussi membre de la puissante famille des Banu Qasi. Muhammad ibn Lubb poursuit ses conquĂȘtes dans la haute vallĂ©e de l'Ăbre, s'assurant le contrĂŽle de la sierra de Santo Domingo, de Tarazona, Tudela, Calahorra, Viguera et NĂĄjera[6].
Fortuné a déjà presque 56 ans et il mÚne une politique de pacification, particuliÚrement vis-à -vis des Banu Qasi. Mais son action provoque le mécontentement d'une partie de la noblesse, qui soutient un renversement du pouvoir.
Fin de rĂšgne et mort
En 905, FortunĂ©, qui a dĂ©jĂ presque 80 ans, est dĂ©trĂŽnĂ© par son parent Sanche. Celui-ci, fils du comte GarcĂa JimĂ©nez, a de plus le soutien des princes voisins, parmi lesquels son oncle Raimond Ier, comte de Pallars et de Ribagorce, Galindo II, comte d'Aragon et Alphonse III, roi des Asturies.
Fortuné se retire au monastÚre de Leyre : il y gagne le surnom de « Moine ». Il meurt en 922[7] - [8].
Mariage et descendance
De l'union de FortĂșn et d'Aurea naĂźtront cinq enfants :
- Eneco (Iñigo) FortĂșnez de Navarre (â aprĂšs 905), il Ă©pousa Sancha de Navarre, fille de GarcĂa JimĂ©nez de Navarre (postĂ©ritĂ©) ;
- Aznar FortĂșnez de Navarre (postĂ©ritĂ©) ;
- Velasco FortĂșnez de Navarre dont Jimena VelĂĄzquez Ă©pouse de Ăñigo GarcĂ©s de Navarre ;
- Loup (Lope) FortĂșnez de Navarre ;
- Oneca FortĂșnez de Navarre (847) :
- en 863, elle Ă©pousa l'Ă©mir de Cordoue Abd Allah ben Muhammad et fut la grand-mĂšre du calife Abd al-Rahman III,
- en 880, elle Ă©pousa son cousin Aznar SĂĄnchez et fut la mĂšre des reines Sancha et Toda de Navarre.
Transmission du prĂ©nom FortĂșn
Le prĂ©nom FortĂșn Ă©tant trĂšs frĂ©quent chez les Banu Qasi et les alliances nombreuses entre ceux-ci et la famille de FortĂșn GarcĂ©s (dynastie Arista), on pourrait penser que sa mĂšre Urraca Ă©tait une Banu Qasi. Cependant, Christian Settipani la rattache au royaume des Asturies[9] et mentionne quâEneko Arista avait un frĂšre nommĂ© FortĂșn, grand-oncle de FortĂșn GarcĂ©s[10].
Cette situation suggĂšre que les Arista et les Banu Qasi Ă©taient dĂ©jĂ Ă©troitement apparentĂ©s avant la conversion de ces derniers Ă lâislam. De ce fait, les deux maris de la dame Oneca ou Iñiga, mĂšre dâEneko Arista et de Musa ibn Musa, pouvaient ĂȘtre cousins ou proches parents.
Sa descendance se poursuit Ă©galement en Al-Andalus oĂč le fils de Muzna deviendra le calife de Cordoue Abd al-Rahman III.
Notes et références
- Salazar y Acha 2006, p. 33-34.
- Ce prénom peut venir du latin aurea : dorée ou de l'arabe Hûriyya : houri ou Hurriyya : liberté. Cependant, la transcription arabe Awriya fait pencher en faveur de la premiÚre solution.
- Settipani 2004, p. 114.
- Settipani 2004, p. 115.
- Menéndez Pidal 1999, p. 104.
- Menéndez Pidal 1999, p. 105.
- BĂ©atrice Leroy, Histoire du Pays Basque, Ă©ditions Jean-Paul Gisserot, 2005, p. 19.
- Salazar y Acha 2006, p. 33.
- Settipani 2004, p. 112.
- Settipani 2004, p. 99.
Voir aussi
Bibliographie
- Ăvariste LĂ©vi-Provençal. « Du nouveau sur le royaume de Pampelune au IXe siĂšcle », Bulletin hispanique, tome 55, no 1, 1953, p. 5-22.
- Christian Settipani, La Noblesse du Midi Carolingien, Oxford, Linacre College, Unit for Prosopographical Research, coll. « Occasional Publications / 5 », , 388 p. (ISBN 1-900934-04-3).
- (es) RamĂłn MenĂ©ndez Pidal, Historia de España, tome VII, vol. 2, La España Cristiana de los Siglos VIII al IX (718 - 1035). Los NĂșcleos Pireneicos, Navarra, AragĂłn, Cataluña, Espasa-Calpe, Madrid, 1999 (ISBN 84-239-8913-5).
- (es) Jaime de Salazar y Acha, « Urraca. Un nombre egregio en la onomåstica altomedieval », España medieval, no 1, 2006, p. 29-48.