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Fontaine Mouassine

La fontaine Mouassine fait partie du complexe religieux de Mouassine à Marrakech; là où la tradition de construire des fontaines publiques est ancienne mais a pris un caractère très monumental à l'époque saadienne.

Fontaine Mouassine
سقاية المواسين
La fontaine Mouassine à côté de la mosquée Mouassine à Marrakech.
Présentation
Type
Fontaine publique, complexe religieux
Style
َArchitecture saadienne
Construction
1562-1563
Commanditaire
Patrimonialité
Patrimoine culturel du Maroc (d)
Localisation
Pays
Région
Marrakech-Safi
Province
Préfecture de Marrakech
Arrondissement
Marrakech-Médina
Commune
Marrakech
Quartier
Mouassine
Coordonnées
31° 37′ 48″ N, 7° 59′ 22″ O
Géolocalisation sur la carte : Maroc
(Voir situation sur carte : Maroc)
Géolocalisation sur la carte : Marrakech
(Voir situation sur carte : Marrakech)
Géolocalisation sur la carte : Marrakech-Centre
(Voir situation sur carte : Marrakech-Centre)

Histoire

Le complexe Mouassine comprend une mosquée, une bibliothèque, un hammam et une fontaine. Il comprenait également une école coranique (Msid) qui ne garde plus sa fonction aujourd'hui. La fontaine Mouassine a été construite sous les ordres du sultan saadien Abdellah Al-Ghalib. C’est l’une des plus grandes fontaines de la médina de Marrakech. Elle est située au nord de la salle des ablutions de la mosquée Mouassine et insérée à côté de trois grandes arches qui donnaient accès à des abreuvoirs. La grande fontaine était réservée aux humains tandis que les deux abreuvoirs à côté, couverts de voûtes et ouvrant sur la rue par trois arcades, servaient à abreuver les animaux. La fontaine et les abreuvoirs occupent ensemble une espace rectangulaire mesurant 18,1 mètres de long et 4,7 mètres de large[1].

Rôle de la fontaine

La présence du système d’adduction d’eau nécessaire à la mîdhâ et au hammâm conduisait les architectes Saadiens à élever aux abords des mosquées des fontaines abreuvoirs ouvertes. Il s'agissait alors d'assurer le ravitaillement du quartier en eau potable, tout en inscrivant cet acte dans sa dimension religieuse puisque donner à boire constitue dans le monde musulman une des aumônes les plus honorables[2] - [3].

Architecture et ornementations

La médina de Marrakech comporte 45 fontaines abreuvoirs. Selon son emplacement, chaque fontaine a une apparence monumentale ou modeste. Les grandes fontaines, comme celle de Mouassine, abondamment décorées, sont situées à côté des mosquées et / ou des mausolées. Ces derniers nécessitent l'attribution d'un aspect architectural et décoratif à leurs annexes telles que les fontaines. En revanche, les petits quartiers doivent aussi avoir une autonomie et un accès à l'eau, leur taille dépend donc de la taille du quartier, certains d'entre elles sont décorées tandis que d'autres sont beaucoup plus simples.

La fontaine Mouassine comporte des piédroits qui soutiennent deux consoles en plâtre sur lesquelles reposent des corbeaux et trois linteaux protégés par un auvent. Le tout est en bois de cèdre décoré de motifs floraux peints et ciselés[1].

Console en plâtre ciselée et polychrome - Fontaine Mouassine à Marrakech.

À l’intérieur en haut sur une poutre horizontale, une large frise en plâtre sculpté comporte un motif géométrique d’étoile à huit branches nommé « Mtemmen maa’kous ». Ce motif géométrique est inséré entre deux petites frises, moins larges et aussi en plâtre sculpté, répètent l’eulogie  « العز لله » signifiant « La gloire est à Dieu »[4].

  • Auvent de la fontaine Mouassine à Marrakech.
    Auvent de la fontaine Mouassine à Marrakech.
  • Corbeaux et linteaux - Fontaine Mouassine à Marrakech.
    Corbeaux et linteaux - Fontaine Mouassine à Marrakech.

Au-dessus, sur la poutre en bois, une inscription était peinte en noir sur une frise de plâtre qui n’existe plus aujourd’hui. Elle est visible dans une photographie ancienne dans le livre « Things seen in Morocco » de Alec John Dawson (P. 207)[5] et sa restitution a été possible grâce à la reproduction de A. Bernard figurée dans le livre « Géographie pittoresque et monumentale » (P. 206). L’inscription dit :

بُشْرَى فَقَدْ أَنْجَزَ اُلإِقْبَالُ ما وَعَدَا ***** وَكَوْكَبُ اُلمَجْدِ في أُفْقِ العُلا صَعِدَا

« Bonne nouvelle ! Par un sort favorable les promesses sont accomplies ; et l’astre de la gloire monte à l’horizon de la noblesse. »[4]

Les corbeaux sont ornés de motif sculpté et peint, néanmoins la polychromie n’est pas très visible.

Au-dessus des corbeaux, sur le premier linteau, une inscription est ciselée sur deux cartouches dit :

أَحْسَنُ ما صُرِفَ فيه المَقال ***** الحَمْدُ للَّهِ على كُلِّ حــال

« Les plus belles paroles qui ont été prononcées (sont) : Louanges à Dieu en toutes circonstances ! »[4]

Fontaine Mouassine et les trois grandes arcades à côté.

Khettara: d’où vient l’eau de la fontaine

Pour alimenter en eau potable les fontaines de la médina  ainsi que les salles d’ablutions des mosquées, les hammams et parfois les grandes maisons, les almoravides ont construit un système hydraulique original appelé Khettara[6]. C'est un tunnel de drainage souterrain qui amène l'eau de la nappe phréatique à la surface du sol, puis la distribue dans toute la ville et irrigue les cultures[6]. Il se compose d'un ensemble de puits verticaux reliés à un tunnel de drainage légèrement en pente qui achemine l'eau vers des citernes ou des réservoirs. Les puits servent à creuser le tunnel souterrain. Et lorsque la construction est terminée, ils jouent un rôle d'aération et facilitent l'accès au tunnel pour l'entretenir[7].

Le changement climatique a provoqué une baisse du niveau des nappes phréatiques et l'augmentation de la population s'est traduite par une croissance de l'urbanisme. Ce système n'est donc plus suffisant et a par conséquent été abandonné. Cependant, les Khettara sont considérés comme un patrimoine marocain et doivent être préservés[8].

Notes et références

  1. Xavier Salmon, Marrakech : Splendeurs saadiennes, Lienart, , 304 p. (ISBN 2359061828)
  2. (en) « "Fountain". The Grove Encyclopedia of Islamic Art and Architecture », Oxford: Oxford University Press,
  3. Saleh Lamei Mostafa, « The Cairene Sabil: Form and Meaning », Muqarnas, vol. 6, , p. 33 (ISSN 0732-2992, DOI 10.2307/1602278, lire en ligne, consulté le )
  4. Gaston Deverdun, Inscriptions arabes de Marrakech, Rabat, Rabat : Université Mohammed V. Faculté des Lettres et des Sciences Humaines,
  5. (en) Alec John Dawson, Things Seen in Morocco: Being a Bundle of Jottings, Notes, Impressions, Tales, and Tributes, Methuen & Company, , 354 p.
  6. Nestorine P. Compaore, « Le défi du développement humain durable par les femmes et les hommes », dans Les grands enjeux des femmes pour un développement durable, Presses de l'Université du Québec, (lire en ligne), p. 81–102
  7. Intizar Hussain, Omar Siraj Abu-Rizaiza, Mohammad A.A. Habib et Muhammad Ashfaq, « Revitalizing a traditional dryland water supply system: the karezes in Afghanistan, Iran, Pakistan and the Kingdom of Saudi Arabia », Water International, vol. 33, no 3, , p. 333–349 (ISSN 0250-8060 et 1941-1707, DOI 10.1080/02508060802255890, lire en ligne, consulté le )
  8. (ar) Cawalisse | كواليس اليوم, « "الخطارات ": كنز الماضي والحاضر في منطقة الحوز », sur cawalisse.com, (consulté le )
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