Fernando de la RĂșa
Fernando de la RĂșa, nĂ© le Ă CĂłrdoba et mort le Ă Buenos Aires[1], est un homme d'Ătat argentin du parti de l'Union civique radicale.
Il fut élu président de l'Argentine, poste qu'il occupa du au . Il a succédé à Carlos Menem.
Biographie
Jeunesse
Fernando de la RĂșa Ă©tudia au lycĂ©e militaire et fut reçu avocat Ă l'universitĂ© nationale de CĂłrdoba. TrĂšs jeune, il commença une carriĂšre politique Ă l'Union civique radicale. Sa premiĂšre apparition sur la scĂšne politique fut en 1973 lorsqu'il se prĂ©senta pour son parti comme candidat sĂ©nateur Ă la capitale fĂ©dĂ©rale Buenos Aires. Il s'y rĂ©vĂ©la l'un des rares qui purent vaincre le justicialisme cette annĂ©e. Ce fait amena Ricardo BalbĂn, patron des radicaux, Ă le choisir comme colistier, candidat Ă la vice-prĂ©sidence pour lâĂ©lection prĂ©sidentielle de septembre 1973.
DĂ©but de carriĂšre politique
En 1983, il est Ă©lu dĂ©putĂ©. Mais il ne rĂ©ussit pas Ă ĂȘtre Ă©lu sĂ©nateur en 1989, devant faire face Ă un front entre les pĂ©ronistes et l'Union du centre dĂ©mocratique (ou UcedĂ©). GrĂące Ă la rĂ©forme constitutionnelle de 1994, Fernando de la RĂșa est le premier chef de gouvernement Ă©lu par le peuple de la ville autonome de Buenos Aires, charge qu'il assume entre et , lorsqu'il prend ses fonctions de prĂ©sident de la Nation.
Les Ă©lections du sont un grand Ă©chec pour le Parti justicialiste. Fernando de la RĂșa, candidat d'un conglomĂ©rat de partis du centre et de la gauche modĂ©rĂ©e dirigĂ© par l'UniĂłn CĂvica Radical dĂ©nommĂ© « Alianza », est Ă©lu et le justicialisme perd la majoritĂ© Ă la chambre des dĂ©putĂ©s.
De la RĂșa arrivait au pouvoir grĂące Ă sa rĂ©ussite dans la gestion de la ville autonome de Buenos Aires, qu'il dirigeait au sein d'une alliance de divers partis politiques du centre et de la gauche modĂ©rĂ©e. Mais sa victoire Ă©tait avant tout due au rejet de la corruption des annĂ©es du mandat de Menem et Ă la forte dĂ©tĂ©rioration de l'Ă©conomie depuis un an.
Cependant, ses promesses électorales de rénovation du pays malmené par le régime ménémiste, promesses qu'il brandissait durant sa campagne, ont rarement été appliquées durant son mandat présidentiel.
Président de la Nation argentine
Menem avait laissĂ© une Argentine malade Ă©conomiquement. De la RĂșa prit d'emblĂ©e des mesures sĂ©vĂšres dans le but d'amĂ©liorer les choses, mais elles furent insuffisantes pour rĂ©soudre la dĂ©tĂ©rioration des finances publiques et la capacitĂ© productive et exportatrice du pays.
Il maintint un type de change liant le peso au dollar amĂ©ricain, ce qui dĂ©boucha sur une situation de grave rĂ©cession en 2000. De la RĂșa demanda une aide complĂ©mentaire au Fonds monĂ©taire international (FMI) et aux banques privĂ©es pour rĂ©duire la pression de la dette extĂ©rieure.
En décembre 2000, on négocia un paquet de sauvetage de 40 000 millions de dollars, et le gouvernement annonça un investissement de 20 milliards de dollars pour des programmes de travaux publics afin de raviver l'économie. Cependant la récession et la fuite des capitaux continuÚrent voire s'approfondirent. Circonstance aggravante, le mécontentement populaire lié aux mesures d'ajustement exigées par le FMI en échange de son aide monta rapidement.
à la fin de 2001, le chÎmage avait atteint le taux de 20 % et la pauvreté le taux de 50 %[2].
Le systĂšme politique apparut totalement mis en Ă©chec Ă partir de la dĂ©mission du vice-prĂ©sident Carlos « Chacho » Ălvarez, le , en plein scandale de pots-de-vin au SĂ©nat pour l'approbation d'une loi du travail qui ĂŽterait aux travailleurs argentins certains droits historiques.
Des saccages, des grĂšves, des manifestations populaires dĂ©ferlĂšrent sur tout le pays Ă la fin de . De la RĂșa dĂ©crĂ©ta l'Ă©tat de siĂšge et ordonna une rĂ©pression fĂ©roce qui provoqua 39 morts les 19 et 20 dĂ©cembre[3]. La rĂ©bellion populaire, loin de cesser, reçut l'appui des classes moyennes (dont les dĂ©pĂŽts bancaires avaient Ă©tĂ© expropriĂ©s), face Ă quoi de la RĂșa dut se dĂ©mettre, ayant Ă peine accompli la moitiĂ© de son mandat. Il quitte alors le palais prĂ©sidentiel Ă bord d'un hĂ©licoptĂšre[4]. Une sĂ©rie de prĂ©sidents intĂ©rimaires lui succĂ©da, incapables de stabiliser la situation. En , le CongrĂšs nomma finalement Eduardo Duhalde pour achever le terme prĂ©sidentiel. Duhalde dĂ©valua la monnaie argentine le peso, consacra l'expropriation des petits dĂ©pĂŽts bancaires du secteur privĂ©, protĂ©geant ainsi les intĂ©rĂȘts des grandes banques et le secteur exportateur. Le mot d'ordre principal de la rĂ©bellion populaire de dĂ©cembre 2001 (connue comme « el Argentinazo ») avait Ă©tĂ© : « ÂĄQue se vayan todos! » - « Qu'ils s'en aillent tous ! ».
De la RĂșa a aussi remerciĂ© en 2000 les 500 derniers civils qui travaillaient encore pour le Bataillon d'Intelligence 601, l'un des fers-de-lance de la « guerre sale » dans les annĂ©es 1970-80 [5].
Vie privée
Il a Ă©pousĂ© InĂ©s PertinĂ© (en). Tous deux ont eu plusieurs enfants, dont Antonio de la RĂșa, leur fils aĂźnĂ©.
Notes et références
- (es) « MuriĂł Fernando de la RĂșa: de la militancia al poder, con una breve y conflictiva gestiĂłn », sur clarin.com, 9 juillet 2019
- « De lâexplosion sociale de 2001 Ă 2021, lâhistoire dâune crise en Argentine », Le Monde.fr,â (lire en ligne)
- « Anniversaire. En Argentine, le traumatisme de la crise de 2001 est toujours présent », sur Courrier international,
- « DĂ©cĂšs de lâex-prĂ©sident argentin De La Rua, qui avait dĂ» dĂ©missionner en 2001 » (consultĂ© le )
- « Argentina reveals secrets of 'dirty war' », Buenos Aires News, 29 janvier 2010.
- « Argentine: jugé pour corruption, l'ex-président de la Rua nie en bloc », sur LExpress.fr (consulté le )
- « Argentine: accusé de corruption, l'ex-président De la Rua acquitté », sur RTBF Info (consulté le )
- Le Point, magazine, « De la Rua, le président argentin qui a fui en hélicoptÚre », sur Le Point (consulté le )
- « L'ancien prĂ©sident argentin De la RĂșa hospitalisĂ© dans un Ă©tat grave », sur Le Figaro (consultĂ© le )