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Fenestrulina rugula

Fenestrulina rugula est une espèce d'ectoproctes (bryozoaires formant des colonies encroutantes)[2], de la famille des Microporellidae (ordre des Cheilostomatida)[3]. Là où cette espèce est présente, elle peut - sous forme coloniale - devenir dominante, chaque individu se soudant aux autres[4]. Cet organisme benthique et sessile partage souvent son biotope avec deux autres bryozoaires, Inversiula nutrix et Celleporella bougainvillei[5].

Cette espèce a été décrite en 1990 par les zoologistes britanniques Peter Joseph Hayward (d) et John Stanley Ryland (d).

Les organismes de cette famille contribuent modestement à la filtration de l'eau dans le milieu où ils vivent. Ils se rencontrent dans des eaux froides à très froides (2°C en Antarctique par exemple[6] - [7]).

Cette espèce a fait l'objet d'études de capacité à coloniser un substrat artificiel vierge[8].

Menaces, pressions, Ă©tat des populations

C'est une espèce des eaux glacées de l'Antarctique, mais qui semble pouvoir coloniser beaucoup plus rapidement des milieux vierges quand la température de l'eau augmente (même de 1 °C seulement)[7].
Cependant elle peut aussi régresser à cause d'un vêlage accru d'icebergs qui labourent ou raclent le fond marin en détruisant sur leur passage une partie de la faune benthique fixée[9] - [10].

Le changement climatique depuis quarante ans est responsable d’une augmentation de 0,4 °C en moyenne de la surface océanique, mais localement la croissance de la température a pu être bien plus élevée. Et si les émissions de gaz à effet de serre continuent au même rythme, les modèles prévoient 2 °C de réchauffement en moyenne en surface avant 2100[7]. La croissance de Fenestrulina rugula semble pouvoir être dopée par un réchauffement, même modeste, au détriment des autres espèces.

En effet, en Antarctique Gail Ashton (expert en Ă©cologie marine au Smithsonian Environmental Research de Tiburon (Californie) et son Ă©quipe ont eu l’idĂ©e de tester les effets du rĂ©chauffement climatique sur la faune benthique antarctique en rĂ©chauffant artificiellement des panneaux posĂ©s sur le fond de manière que la tempĂ©rature y soit en permanence plus Ă©levĂ©e de 1 °C ou de 2 °C. L’expĂ©rience a dĂ©marrĂ© en 2014 avec douze panneaux chauffĂ©s par de l’électricitĂ©. Ces panneaux ont Ă©tĂ© disposĂ©s Ă  une profondeur de 15 m sur un fond plat, près de la station de recherche de Rothera (petite Ă®le au large de la cĂ´te ouest de La pĂ©ninsule antarctique). Quatre de ces panneaux Ă©taient des « tĂ©moins » (non-chauffĂ©s), dĂ©posĂ©s Ă  proximitĂ©. Au moyen de camĂ©ras, les auteurs ont pu suivre la colonisation de chaque panneau par des Ă©ponges et des bryozoaires[7]. Un iceberg a dĂ©truit l’alimentation Ă©lectrique après 9 mois, mais les chercheurs ont eu le temps de constater que la colonisation Ă©tait bien plus rapide sur les panneaux rĂ©chauffĂ©s (la thĂ©orie mĂ©tabolique prĂ©voit que le taux de croissance biologique augmente d'environ 10% par degrĂ© Celsius supplĂ©mentaire (jusqu’à un stade d’inconfort), mais ici certaines communautĂ©s d’espèces ont doublĂ© leur vitesse de colonisation du milieu sur les panneaux chauffants (par rapport aux panneaux tĂ©moins)[7]. C’est Fenestrulina rugula qui a Ă©tĂ© l’espèce dominante en colonisant si rapidement le milieu, qu’elle a rĂ©duit la diversitĂ© biologique de tous les panneaux chauffĂ©s[7].

Ce travail laisse penser qu’un réchauffement, même modeste pourrait avoir d’importants effets, dès les cinquante prochaines années en Antarctique « en modifiant considérablement la diversité unique des écosystèmes antarctiques » commente Craig Smith (écologue et biologiste marin de l’université de Hawaii)[7] ; il pourrait donc ne pas y avoir de transition douce, mais des changements rapides dans ces écosystèmes[7].

Notes et références

  1. World Register of Marine Species, consulté le 3 août 2021
  2. Barnes, D. K. A., & Clarke, A. (1998). The ecology of an assemblage dominant: the encrusting bryozoan Fenestrulina rugula. Invertebr. Biol, 117, 331-340.
  3. Bock P (2012) Fenestrulina rugula Hayward & Ryland, 1990. In: Bock, Phil; Gordon, D. (2012) World list of Bryozoa. Geraadpleegd via: World Register of Marine Species op |URL:http://www.marinespecies.org/aphia.php?p=taxdetails&id=174289
  4. Barnes D.K & Clarke A (1998). The ecology of an assemblage dominant: the encrusting bryozoan Fenestrulina rugula. Invertebrate Biology, 331-340.
  5. Barnes D.K & Arnold R (2001) A growth cline in encrusting benthos along a latitudinal gradient within Antarctic waters. Marine Ecology Progress Series, 210, 85-91.
  6. Barnes D.K. (2008). A benthic richness hotspot in the Southern Ocean : slope and shelf cryptic benthos of Shag Rocks. Antarctic Science, 20(3), 263-270.
  7. Quirin Schiermeier (2017) | http://www.nature.com/news/artificial-warming-trial-reveals-striking-sea-floor-changes-1.22543 Artificial warming trial reveals striking sea-floor changes Researchers deliberately heated up a slice of the Antarctic sea bed to see how ecosystems responded] | Nature, 31 aout 2017 | URL : http://www.nature.com/news/artificial-warming-trial-reveals-striking-sea-floor-changes-1.22543
  8. Bowden, D. A., Clarke, A., Peck, L. S., & Barnes, D. K. (2006). Antarctic sessile marine benthos : colonisation and growth on artificial substrata over three years. Marine Ecology Progress Series, 316, 1-16.
  9. D.K. Barnes & T. Souster, (2011). Reduced survival of Antarctic benthos linked to climate-induced iceberg scouring. Nature Climate Change, 1(7), 365-368 |résumé.
  10. Brown, K. M., Fraser, K. P., Barnes, D. K., & Peck, L. S. (2004). Links between the structure of an Antarctic shallow-water community and ice-scour frequency. Oecologia, 141(1), 121-129.

Voir aussi

Articles connexes

Références taxinomiques

Bibliographie

  • Barnes D.K & Arnold R (2001) Competition, sub-lethal mortality and diversity on Southern Ocean coastal rock communities. Polar Biology, 24(6), 447-454 | [Barnes, D. K., & Arnold, R. (2001). Competition, sub-lethal mortality and diversity on Southern Ocean coastal rock communities. Polar Biology, 24(6), 447-454. rĂ©sumĂ©].
  • Barnes D.K & Clarke A (1998) The ecology of an assemblage dominant: the encrusting bryozoan Fenestrulina rugula. Invertebrate Biology, 331-340.
  • Bowden D.A (2005) Seasonality of recruitment in Antarctic sessile marine benthos. Marine Ecology Progress Series, 297, 101-118.
  • Craig S.F (1994) Intraspecific fusion in the encrusting bryozoan Fenestrulina sp. In Biology and Paleobiology of Bryozoans. Proceedings of the 9th International Bryozoology Conference. Olsen and Olsen, Fredensborg (p. 51-54).
  • Loxton, J., Kuklinski, P., Barnes, D. K., Najorka, J., Jones, M. S., & Porter, J. S. (2014). Variability of Mg-calcite in Antarctic bryozoan skeletons across spatial scales. Marine Ecology Progress Series, 507, 169-180.
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