Famille Tesson
La famille Tesson ou Taisson (latinisé en Taxo/Taxoni, de l'ancien français taisson « blaireau »[1]) est une famille de la noblesse normande, probablement originaire d'Anjou[2], que l'on trouve du XIe au milieu du XIIIe siècle dans le duché de Normandie.
Armes de Guillaume Tesson dans l'Armorial de L'Europe et de la Toison d'Or.
Fascé d’hermine et de sinople, le sinople paillé d'or.
Fascé d’hermine et de sinople, le sinople paillé d'or.
Son premier membre connu est Raoul Tesson, dit l'Angevin (en latin Radulfus Taxo Andegavensis), également nommé Tesson l'Ancien (Taxo senex) pour le différencier de son fils, membre du baronnage normand du duc Richard II de Normandie[3] au XIe siècle.
Elle s'est éteinte au milieu du XIIIe siècle avec Robert Tesson VI, ne laissant qu'une fille, Jeanne, épouse de Jean du Bec-Crespin, à qui elle apporta la baronnie de Crespin et les autres biens de sa maison[4].
Membres notables
- Raoul l'Angevin ou d'Anjou (Andegavensis) est le premier personnage connu de cette famille normande. Peut-être de la famille des comtes d'Anjou, il est sans doute installé en Normandie par Richard II de Normandie (grand-père du futur duc Guillaume) vers 1020, pour constituer, avec d'autres familles étrangères, les cadres d'une nouvelle noblesse en Normandie moyenne, autrement dit ses barons[5]. Il épouse une certaine Alpaïde, dont il a deux fils : Raoul Ier Tesson et Erneis[6]. Leur descendance forme dès lors deux branches : les Tesson ou Taisson proprement dits, d'une part, et les Fitz-Erneis, d'autre part.
- Raoul Ier Tesson[7], seigneur de Boulon, Cingal, Esson, Thury, Fontenay et Clécy[8]. Il est connu pour faire partie, dès 1046, de la conjuration de seigneurs normands qui veut destituer le jeune duc Guillaume. Au matin de la bataille de Val-ès-Dunes, le , comme le raconte le poète jersiais Wace dans le Roman de Rou, Raoul Tesson change de camp. Voyant la force armée du jeune duc, soutenu par le roi des Francs, il exécute la promesse faite à ses conjurés de frapper Guillaume le premier : arrivé près de lui à cheval, il s'acquitte de son serment en donnant un coup de gant… puis se met avec ses hommes du côté des vainqueurs. Il échappe ainsi au bannissement qu'ont connu les conjurés défaits[9]. Il épouse une certaine Aubrée (Albereda)[10] - [11] et eut d'elle Raoul II Tesson. Sans doute peu après la bataille de Val-ès-Dunes, Raoul Ier fonde l'importante abbaye Saint-Étienne de Fontenay[12], en bord d'Orne, à deux lieues au sud de Caen, où il sera enterré, ainsi que plus tard son frère Erneis, puis son neveu Robert Fitz-Erneis, tué à la bataille d'Hastings[13] en 1066 et dont le corps est rapatrié en Normandie par le duc Guillaume[14] pour être inhumé à l'abbaye jussu Willelmi regis par les soins de son frère Raoul Fitz-Erneis[15].
- Raoul II Tesson : à la mort de Raoul Ier Tesson, son fils Raoul II est encore mineur et le duc Guillaume (qui n'est pas encore roi d'Angleterre) prend en main tous les patrimoines du défunt jusqu'à la majorité de l'héritier[16]. Raoul épouse Mathilde, cousine germaine du duc (fille de son oncle maternel Gaultier de Falaise[17]), et il se distingue, comme son cousin Robert Fitz-Erneis — mais sans y laisser la vie —, à la bataille d'Hastings[18]. Le duc (désormais roi) Guillaume lui concède en récompense de vastes domaines en Angleterre[19] (qui seront confisqués à ses descendants, 140 ans plus tard, par le roi d'Angleterre Jean sans Terre[20], quand les Tesson prendront parti pour le roi de France Philippe Auguste).
- Jean de la Roche Tesson (†)[note 1] l'un des trois partisans, avec Guillaume Bacon et Richard de Percy, de Geoffroy d'Harcourt, qui furent décapités sur ordre du roi Philippe de Valois[note 2], accusés notamment d'avoir participé à un complot visant à placer Geoffroy d'Harcourt à la tête du duché de Normandie par une alliance secrète avec Édouard III d'Angleterre[22].
Généalogie
- Raoul d'Anjou (Andegavensis)
Ă— AlpaĂŻde (Alpadis)- Raoul Ier Tesson
× Aubrée (Albereda), fille de Guimond de Moulins- Raoul II Tesson
× Mathilde (fille de Gaultier de Falaise, frère d'Arlette, la mère du duc Guillaume)- Raoul III Tesson
Ă— Aeliz
- Raoul III Tesson
- Raoul II Tesson
- Erneis Tesson
× Hacinsa d'Aunou (sœur de Foulques d'Aunou, compagnon de Guillaume)- Robert Ier Fitz-Erneis
× Hadvise (qui épousera en secondes noces Osbern, fils de Gautier Giffard[23], après la mort de Robert Fitz-Erneis à Hastings)- Robert II Fitz-Erneis
Ă— Gersende Marmion
- Robert II Fitz-Erneis
- Raoul Fitz-Erneis (Ă©migre en Calabre Normande, Italie du sud, vers 1080)
- Pons Fitz-Erneis, moine Ă l'abbaye Saint-Wandrille de Fontenelle
- Robert Ier Fitz-Erneis
- Raoul Ier Tesson
Possessions
- Château de la Roche-Tesson à La Colombe.
Notes et références
Notes
- Sceau (rond, diamètre 50 mm) : Équestre aux armes, écu fascé d'hermines et de sinople de six pièces, appendu à un engagement des seigneurs normands de servir le roi de France au sujet d'un projet de descente en Angleterre, .
- Après avoir été décapités, ils furent pendus au gibet de Paris, « la corde sous les bras », et par ordre du roi, leurs têtes furent aussitôt portées à Saint-Lô, lieu de leur conjuration, « pour espoventement des aultres ». À la suite de la prise de la ville lors de la chevauchée d'Édouard III, le roi d'Angleterre, fit décrocher les trois crânes, des chevaliers décapités vingt-sept mois plutôt, qui avaient été fichés sur les murailles de la ville (probablement la porte Dollée), et après avoir été mis dans une châsse de luxe, furent enterrés solennellement dans l'église des chanoines réguliers de Saint-Lô, où ils furent retrouvés quatre siècle plus tard, en 1746, à l'occasion de fouilles faites sous le pavé de l'église abbatiale[21].
Références
- Philippe Contamine, La Noblesse au Moyen Ă‚ge, Paris : P.u.F., 1976, p. 81.
- Joseph Decaëns, « Les origines du village et du château de Saint-Vaast-sur-Seulles (Calvados) », Anglo-Norman Studies, X, Procedings of the Battle Conference 1987, 1988 [p. 83-100, fig.], p. 90.
- Marie Fauroux, Recueil des actes des ducs de Normandie (911-1066), Caen, Société des antiquaires de Normandie (M.S.A.N., t. XXXVI), p. 124 (acte 33, v. 1025).
- [//books.google.com/books?id=ItAaAQAAMAAJ&dq=Jeanne&pg=PARA1-PA120 Revue anglo-française, Volumes 1 à 2, 1834, page 120].
- Vicomte du Motey, Origines de la Normandie et du duché d'Alençon, Paris, 1920. Cité par Lucien Musset, op. cit. p.22.
- Michel Fixot, Les fortifications de terres et les origines féodales dans le Cinglais, Caen : Centre de recherches archéologiques médiévales, 1968, p. 51.
- L'historien Lucien Musset conserve aux Tesson leur numérotation traditionnelle, qui commence avec la fondation de l'abbaye de Fontenay : le père de Raoul Ier, qui s'appelle pourtant également Radulfus Taxo, n'a pas eu droit à un numéro et est désigné par l'adjectif senis (l'Ancien) ou l'épithète Adegavensis (l'Angevin).
- Lucien Musset op. cit. p. 20-21.
- Joseph Decaens, « Les origines du village et du château de Saint-Vaast-sur-Seulles (Calvados) », Anglo-Norman Studies, X, Procedings of the Battle Conference 1987, p. 91.
- Léopold Delisle (éd.), Rouleaux des morts du IXe au XVe siècle, Paris : Société de l'histoire de France, 1866, p. 186 : « Radulfus Taxo, Albereda ejus uxor » (abbaye de Fontenay).
- David Bates, Regesta regum Anglo-Normannorum : the Acta of William I, 1066-1087, 1998, p. 488.
- David C. Douglas, William the Conqueror, University of California Press, réédition 1992, p. 112, 115 (ISBN 9780520003507).
- Le fait est connu par Wace, Roman de Rou.
- Pierre Carel, Étude sur l'ancienne abbaye de Fontenay près Caen. Le Blanc-Hardel, Caen, 1884.
- Lucien Musset op. cit. page 19.
- Lucien Musset op. cit. page 16.
- Mathilde est désignée dans un cartulaire de l'abbaye filia Gauteri avunculi Willelmi regis Lucien Musset op.cit., p.23.
- Pierre Carel, op. cit. page 36.
- De La Rue, Essais, t. II, p. 393 cité par Pierre Carel.
- Pierre Carel, op. cit. page 37.
- André Plaisse, La grande chevauchée guerrière d'Édouard III en 1346, Cherbourg, Éditions Isoète, , 111 p. (ISBN 2-905385-58-8), p. 2 et 58-59.
- Léopold Delisle, Histoire du château et des sires de Saint-Sauveur-le-Vicomte, p. 53.
- Mentionné par Lucien Musset op.cit., p.18 (est-ce le Gautier Giffard compagnon de Guillaume ?)
Voir aussi
Bibliographie
- Joseph Decaens, « Les origines du village et du château de Saint-Vaast-sur-Seulles (Calvados) », Anglo-Norman Studies X: Procedings of the Battle Conference 1987, 1988, p. 83-100.
- Lucien Musset, Autour des origines de Saint-Étienne de Fontenay, Bulletin de la Société des antiquaires de Normandie, tome LVI, 1961-1962, p. 11-41.
- Pierre Carel, avocat à la Cour d'Appel de Caen, membre de la Société des antiquaires de Normandie. Étude sur l'ancienne Abbaye de Fontenay près Caen. F.Le Blanc-Hardel, Caen, 1884
- Dr Louis Gosselin, « L'abbaye de Saint-Étienne de Fontenay au début de sa fondation », dans La Normandie bénédictine au temps de Guillaume le Conquérant (XIe siècle), Lille : Facultés catholiques de Lille, 1967, p. 277-285.
Articles connexes
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