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Famille Cuper

Aux XVIe et XVIIe siècles, Blois connut un essor important dans les métiers de l'artisanat d'art. La famille Cuper, une famille d'horlogers blésois (1553-1804), connut cette croissance florissante comme d'autres branches de l'artisanat telles que l'orfèvrerie, l'ébénisterie, ainsi que la peinture en émail.

Explications

La famille Cuper s'inscrit intrinsèquement dans la bourgeoisie marchande de Blois, aux côtés d'autres artisans blésois de souche, mais également d'artisans suisses, hollandais et allemands, formant une population marchande influente, et ce dès le règne de Louis XII, à la fin du XVe siècle, car le roi de France influa sur l'installation d'une partie de la cour royale dans la ville de Blois et dans le reste de la province de l'Orléanais.

Cependant, vers la fin du XVIIIe siècle, la cour royale quitte progressivement Blois, influencée par les conflits de religions, notamment avec l'Édit de Fontainebleau d'octobre 1685. Ce départ de population marque la fin de l'apogée et engendre le déclin de l'artisanat à Blois. Dès lors, seuls quelques rares ateliers d'horlogerie subsistent.

Cette période de changement est constitutive de la ville de Blois, car l'artisanat y a connu son essor, son avènement, son apogée et son déclin progressif, pourtant la ville fut considérée par Louis XII comme une ville artisane irradiant le Val de Loire.

Étant ancrée dans la société bourgeoise protestante de Blois, la famille Cuper constitue un échantillon pertinent de l'essor de l'artisanat horloger entre le XVIe et le XVIIe siècle. Par la suite, au XVIIIe siècle, avec la perte d'influence de la ville, la famille Cuper fait partie d'un pan de la société en décalage progressif avec les comportements sociaux véhiculés par la Révolution française, notamment avec les changements majeurs de la région.

Du XVe au XVIIIe siècle, la famille Cuper évoluent donc en parallèle de la ville de Blois. Les membres de la famille tiennent un rôle majeur dans les conflits religieux à la fin du XVIe siècle. Ils subissent d'ailleurs les conséquences de leur implication dans les différentes institutions de la ville, telles que dans les domaines politiques, eux-mêmes liés à la religion, au commerce et à l'économie de Blois.

Généalogie des horlogers de la famille Cuper[1]

Barthélemy Cuper, Sieur de Chastenay, originaire d'Allemagne, naquit vers 1530 et s'installa à Blois à une date indéterminée. Il eut deux fils, Paul et Pierre.

  • Pierre naquit vers 1570 et Ă©pousa Marie Quibut vers 1597. Ils eurent sept enfants, dont
    • Pierre, horloger, nĂ© le 10 dĂ©cembre 1604, Ă©tabli Ă  Constantinople avant le 24 novembre 1637.
    • Abraham, horloger, nĂ© le 13 avril 1611, demeurant Ă  Blois le 24 novembre 1637
    • Josias, horloger, demeurant Ă  Londres en 1637.
    • Marie nĂ©e le 16 mars 1598, mariĂ©e (1617) Ă  l'horloger blĂ©sien Pierre Abillam, originaire de Genève.
  • Paul I naquit vers 1560. Horloger Ă  Blois et « Commissaire de l’artillerie de France ». Il Ă©pousa Madeleine Picaut en janvier 1586 et ils eurent sept enfants, dont :
    • BarthĂ©lemy II, « horlogeur de la royne », mariĂ© Ă  Marie Mareschal vers 1612, de qui il eut de nombreux enfants nĂ©s entre 1615 et 1634 dont Simon Cuper nĂ© le 21 fĂ©vrier 1624 qui Ă©pousa Anne Chartier (peut-ĂŞtre d’une famille d’orfèvres blĂ©sois) le 11 avril 1655, et eut quatre fils et deux filles 1656-1670.
    • Paul II, horloger et « commissaire ordinaire de l'artillerie du roi », mariĂ© Ă  Françoise Leconte vers 1610 (Ils eurent un fils nĂ© le 4 janvier 1612 : Jacques) puis Marie Souefve vers 1613. Ils eurent notamment pour enfants :
      • Madeleine, nĂ©e le 16 04 1614 (qui Ă©pousa Jacques Bordier, de Paris : il pourrait s’agir du collaborateur de Jean Petitot).
      • Judith, mariĂ©e Ă  un horloger d'OrlĂ©ans, Jean Leblanc, en 1642.
    • Sulpice
    • Michel, mariĂ© Ă  Anne Gousset. Horloger Ă  Blois et valet de chambre de Gaston, duc d'OrlĂ©ans. L'une de ses filles, Anne (nĂ©e le 17 01 1616) Ă©pousa, en octobre 1634, Isaac Grisbelin (Gribelin), horloger Ă  Blois. Une autre fille, Marguerite, Ă©pousa en 1617 BarthĂ©lemy MâcĂ©, horloger Ă  Blois.
      • Simon I Cuper, fils de Michel, naquit Ă  Blois le 13 juin 1627 et y dĂ©cĂ©da en 1693. Il Ă©pousa Anne Chartier, fille d'un orfèvre de Blois (Antoine Chartier).
        • Son fils aĂ®nĂ©, Simon II Cuper naquit Ă  Blois, y fut baptisĂ© le 23 avril 1656 et y dĂ©cĂ©da entre 1722 et 1728. Horloger, Simon II eut deux fils, Simon III et Paul III :
          • Simon III, horloger, nĂ© Ă  Blois et baptisĂ© le 9 fĂ©vrier 1696. Il y mourut le 10 mars 1787. Il avait eu un fils, Paul IV (NĂ© Ă  Blois, baptisĂ© le 12 aoĂ»t 1755, il fut orfèvre Ă  Toulouse oĂą il mourut le 5 janvier 1842). Il eut un fils : Paul-Vincent (voir plus bas).
          • Paul III, fils de Simon II, naquit Ă  Blois vers 1704 et devint orfèvre. Il mourut Ă  Blois le 17 mars 1777.
      • Paul-Vincent (fils de Simon III) naquit Ă  Blois et y fut baptisĂ© le 26 octobre 1737. Il devint horloger, et dĂ©cĂ©da Ă  Blois le 4 juillet 1821. Il eut deux fils horlogers : Simon IV (baptisĂ© le 25 juillet 1768, il dĂ©cĂ©da en 1844), et Louis-Augustin (horloger Ă  Blois, baptisĂ© le 26 aoĂ»t 1772, mort le 22 fĂ©vrier 1852. Son fils, Charles-Raoul, fut horloger Ă  Blois de 1826 Ă  1840).

Le XVIe siècle (1553-1611) : l'ascension

En traversant le XVIe siècle, la famille Cuper connaĂ®t trois grands changements : par son implantation solide dans l'urbanisme commerçant blĂ©sois, elle parvient Ă  changer son rang dans la sociĂ©tĂ©, ce qui conduit Ă©galement Ă  accroĂ®tre sa renommĂ©e. Par la suite, cet enrichissement lui permet d'acquĂ©rir et possĂ©der des biens fonciers plus importants, elle constitue donc progressivement un patrimoine qui s'agrandit au fil des siècles suivants. Enfin, pour s'intĂ©grer davantage encore dans la sociĂ©tĂ© commerçante de Blois, les membres de la famille entreprennent de se convertir au Protestantisme.

Le Louvre possède une montre ovale attribuée à Paul Cuper (actif fin du 16e siècle : s’agit-il de Paul Cuper né à Liège en 1520, mort, sans doute à Blois, en 1612 ?) et le Musée Paul-Dupuy, à Toulouse, une horloge de table, aussi de Paul Cuper, vers 1600.

Le XVIIe siècle (1611-1693) : l'apogĂ©e

La famille se démarque au XVIIe siècle par trois de ses membres. Sulpice Cuper, né en 1587 et mort en 1670, tend à améliorer les finances de l'entreprise familiale. Michel Cuper, né vers 1590 et mort vers 1633, s'emploie à parfaire la portée de l'artisanat horloger de la famille, grâce au commerce international, notamment vers Londres et Constantinople. Toutes ces tentatives de commerce extérieur n'aboutissent pas, mais elles sont constitutives de l'ambition commerçante de Michel Cuper. Paul III Cuper, mort en 1622, fut lui condamné à mort, probablement à cause de son engagement protestant.

Simon Cuper (1627-1693) : une de ses montres est conservée au British Museum. Il s’agit d’une montre à foliot dotée d’un boîtier en cuivre doré et émail, 1660-70.

Le Musée d’Ecouen possède de Paul Cuper (II ?) une montre octogonale, vers 1620-30 ; le Louvre présente une horloge de table cylindrique d’attribution incertaine : Cuper Paul II ou Cuper Pierre Ier (actifs début 17e siècle).

Le XVIIIe siècle (1693-1804) : le dĂ©clin

Au XVIIIe siècle, la famille Cuper connaĂ®t un dĂ©clin progressif : l'Ă©chec d'opĂ©rations commerciales et financières seraient la cause du dĂ©clin de son patrimoine. Les saisies des biens et possessions des Protestants, Ă©tablies par la rĂ©vocation de l'Édit de Nantes de 1685, ont probablement entamĂ© ce dĂ©clin. L'Ă©loignement de la cour royale et des faveurs royales constituent une autre cause Ă  la chute de la renommĂ©e de l'artisanat de la famille. Enfin, Simon Cuper restait l'unique membre horloger de la famille, conduisant donc Ă  de nouveaux problèmes financiers.

Les Cuper, une famille commerçante dans l'Ancien Régime

Les Cuper ont suivi l'évolution de la ville de Blois, de 1550 à 1800, de son statut de capitale commerçante à celui de ville quelconque sans réelle portée commerçante. Cette construction parallèle a joué sur leur statut social, leur enrichissement et leur patrimoine. Durant cette période, sept générations de Cuper se sont succédé, elles constituent un exemple de continuité dans le métier d'horlogers, car seize horlogers de métier ont contribué aux productions artisanales, et permettent d'interpréter les phénomènes d'ascension sociale et de déclin sous l'Ancien Régime.

Bibliographie

  • Thibaud Fourrier, La famille Cuper, horlogers blĂ©sois (1553-1804), Tours, sous la direction de Robert Sauzet, professeur d'Histoire moderne Ă  l'universitĂ© François-Rabelais de Tours, juin 1987, 124 p.
  • Marc-E. Chantre, Jean Groffier, « Les belles heures des garde-temps Â» in ABC dĂ©cor, le guides des antiquitĂ©s, no 62-63, dĂ©cembre 1970 – janvier 1971, p. 59-73.
  • Henri Clouzot, Édouard Gelis, « Le dĂ©cor de la montre, du XVIe au XIXe siècle, Ă  l'exposition du musĂ©e GalliĂ©ra Â», in Gazette des Beaux-Arts, Paris, aoĂ»t-septembre 1921.
  • Francis Clunes, « L'horlogerie, des origines au XVIIIe siècle Â», in ABC DĂ©cor, no 40, juin 1976, p. 23-46.
  • M. Daumas (dir.), Histoire gĂ©nĂ©rale des techniques, tome 2 : « Les premières Ă©tapes du machinisme Â», PUF, 1965.
  • Libuse Uresova, Montres et horloges, Paris, GrĂĽnd, 1986.
  • P. Lesueur, Logis d'artistes de la Renaissance Ă  Blois, note dactylographiĂ©e, Bibliothèque municipale Ă  Blois rĂ©f. LB 706, mai 1932.
  • Alexandre PĂ©an, GĂ©nĂ©alogie de la famille Cuper, dressĂ©e sur actes authentiques, Boulogne-sur-Mer, mai 1863, prolĂ©gomènes de Henri-Émile CĂĽper.
  • Alfred Bourgeois, « Les mĂ©tiers de Blois Â», in MĂ©moires de la SociĂ©tĂ© des Sciences et Lettres de Loir-et-Cher, XIIIe volume, Blois, 1892 ; statuts sur le mĂ©tier d'horloger, 1600, tome I, p. 85.

Notes et références

  1. Généalogie de la famille Cuper, dressée sur actes authentiques, par Alexandre Péan, 1863 (Gallica)

Lien externe

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