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Famille Baglioni (PĂ©rouse)

La famille Baglioni est une maison noble pérugine d’origine féodale datant de la fin du XIIe siècle.

Le blason des Baglioni

Histoire

Les origines

Les premiers témoignages de la dynastie remontent au XIIe siècle et se trouvent dans des documents officiels de la commune médiévale de Pérouse.

L’origine de la famille demeure incertaine mais comme le rapporte l’historien Francesco Maturanzio la thèse la plus plausible est que ses premiers membres soient venus s'établir en Italie centrale et à Pérouse avec l'empereur Frédéric Barberousse à la fin du XIIe siècle.

Selon cette source historique, le chef de file de la dynastie serait Ludovico Oddo Baglioni (que la tradition disait duc de Souabe et parent de Barberousse[1]), qui fut nommé par l’empereur à la tête du vicariat de Pérouse à Cagli, dans le Duché d'Urbino, le .

La lutte pour la suprématie

Entre le XIVe et le XVe siècle les Baglioni furent en lutte avec les Oddi pour le contrôle de Pérouse et de sa contrée.

Il conquirent les domaines féodaux de Bettona, Bastia, Collemancio, Torgiano.

En 1416, Braccio da Montone facilite la domination exercée au nom du pape sur les familles pérugines par son gendre Malatesta Baglioni (1390-1437)[2] et leur attribue Cannara. En remerciement de l'aide apportée par les condotte des Batiglioni qu'ils utilsent à l'occasion[2], le pape Martin Ve les nomma seigneurs de Spello et le pape Léon Xe comtes de Bettona, qui devint de fait le chef-lieu du Stato Nuovo (« nouvel État »). Cet État englobait les communes de Bettona, Cannara, Collazzone, ainsi que les communes disparues Collemancio, Rosciano, Canalicchio, Tor Segnarelli, Sorgnano, Castelbuono, Torre del Colle. Pendant son absence le comte y laissait un lieutenant général, des juges et le Bargello.

En 1584 furent réimprimés les anciens statuts communaux de Bettona, qui à l’époque accordaient déjà à la femme le droit à la propriété, de faire un testament, d'avoir de l’argent en nom propre sans aucune tutelle et limitation.

La seigneurie de PĂ©rouse

Pour l’exercice du pouvoir, la lutte fut constante envers les autres familles pérugines, la papauté ainsi qu’à l’intérieur de la famille même.

Au cours de la période 1438 - 1479, Braccio Baglioni, profitant de sa position de capitaine des milices du Saint-Siège exerça sur Pérouse une seigneurie occulte, caractérisée par un total contrôle des pouvoirs civiques.

Pendant ces années Pérouse connut une période florissante, fruit de l’expansion et de l’embellissement de la ville. De nouvelles routes et de nombreux palais furent construits.

Entre 1429 et 1433 le Palazzo dei Priori fut agrandi, des nouvelles églises et chapelles privées construites. Le mécénat des Baglioni fit affluer des artistes comme Piero della Francesca, Pinturicchio et Raphaël, venus notamment à la demande de Braccio et payés pour glorifier son action. Ainsi, le Pérugin peignit un tableau intitulé L'Adoration des Mages qui représente le seigneur entouré de sa famille[2]. Après 1429, le palais des prieurs, devenu en fait le palais de la seigneurie, résidence privée de la famille est construit[3] - [4]. Décoré par Piero della Francesca, c'est une véritable forteresse, sûre et pourvue d'un dispositif défensif puissant, élevée plus tard par le pape Paul III[2].

Les noces de sang

Panneau central du Retable Baglioni, Raphaël, huile sur bois (1507).

« ... Grifonetto Baglioni avec son juste-au-corps perforé et les boucles de cheveux en forme d’acanthe, qui tua Astorre avec son épouse et Simonetto avec son page, était d’une telle beauté que mourant sur la place jaune de Pérouse, ceux qui l’avaient haï ne purent retenir les larmes et Atalanta, qui l’avait maudit, le bénit »

— Oscar Wilde, Le Portrait de Dorian Gray.

À la mort de Braccio s’ensuivit une période de luttes intestines pour la suprématie qui atteignit son apogée par la vengeance des nozze rosse (« noces rouges »), du . Astorre Baglioni, juste après un mariage public avec Lavinia Colonna, afin de célébrer son ascension au pouvoir, fut tué par Grifonetto Baglioni, fils d’Atalanta. Rencontrant par hasard Gian Paolo, le jeune Grifonetto fut épargné par la vengeance et invité à partir mais son cousin Gentile le suivit et le tua à son tour. Atalanta Baglioni courut sur la place et trouva son fils Grifonetto encore en vie. Celui-ci avant de mourir demanda pardon pour lui-même ainsi que pour ses assassins[5]. La famille se déchire dans une vaine lutte de succession qui se termine dans le sang, cet épisode est connu sous le nom des Noces de sang[2]

La fin de l’État

Gentile Baglioni évêque de Pérouse exerça le pouvoir de 1501 à 1506.

En 1520 Gian Paolo en conflit permanent avec la papauté fut attiré à Rome à la suite d'un stratagème ourdi par le pape Léon X qui dès son arrivée le fit décapiter. Onze ans plus tard, Rodolfo Baglioni affronta de nouveau le pouvoir papal en chassant le légat pontifical et fut défait par les milices papales conduites par Pier Luigi Farnese. Privé de ses privilèges et de ses soldats, Rodolfo dut abandonner la ville mettant fin à la seigneurie pérugine.

La résidence de Braccio fut abattue en 1540 pour faire place à la forteresse Rocca Paolina construite par Antonio da Sangallo le Jeune sur demande du pape Paul III.

Le fils du gentile Astorre Baglioni défendit la chrétienté lors de la guerre de Chypre et mourut avec Marco Antonio Bragadin à Famagouste. À son tour le fils d’Astorre, Guido, qui se distingua au service de l’empereur, vécut à Vérone et Brescia.

La branche principale s’éteignit avec la mort de Malatesta V Baglioni en 1648, qui signait avec la maxime « ultimus ex suis ».

Les Baglioni actuels

Le Baglioni contemporains sont issus de Percivalle di Guido, demeurent à Florence et Pérouse[6]. Il se dédient aux arts et aux sciences.

Quelques membres connus sont : Pietro alias Melindo Turrenio (littérature), Benedetto (philosophe), Astorre (historien), Lorenzo Grifone (sociologue).

Le mariage de 1782 entre Alessandro avec Caterina (dernière d'une branche de la famille degli Oddi) est à l’origine de la récente division de la famille avec la naissance de la branche Oddi-Baglioni[7] - [8].

Selon un ouvrage de la famille française de Baglion de la Dufferie, les Baglion marquis de la Dufferie, sont issus de Michele di Colaccio[9]. Toutefois cette origine n'est pas consensuelle, Régis Valette indique que les Baglion de la Dufferie sont de la province du Maine, de noblesse d'ancienne extraction sur preuves de 1499, sans titre de noblesse régulier et avec des armoiries différentes de la famille Baglioni italienne[10].

Personnages et condottieres de la famille Baglioni

Arbre généalogique relatif à la branche principale.

Notes et références

  1. Bulletin de la Société héraldique et genéalogique de France, Société héraldique et généalogique de France, (lire en ligne), p. 541
  2. Sophie Cassagnes-Brouquet, Bernard Doumerc, Les Condottières, Capitaines, princes et mécènes en Italie, XIIIe-XVIe siècle, Paris, Ellipses, , 551 p. (ISBN 978-2-7298-6345-6)
  3. Aujourd’hui il ne reste plus que la partie englobée dans la Rocca Paolina
  4. Le palais fut décoré par Domenico Veneziano avec un cycle de peintures sur les familles nobles pérugines et sur les grands condottieres du passé
  5. Pour le commémorer Atalanta Baglioni commissionna à Raphaël une peinture pour l’église San Francesco al Prato, connue sous le nom de Pala Baglioni
  6. La famille est inscrite sur l'Elenco Ufficiale della NobiltĂ  Italiana de 1922(p. 62) ainsi que dans le Libro d'Oro della Nobilta Italiana de 1910(p. 73) avec le titre de Comte (m.) et de Patrizio perugino (m.f.)
  7. « Alessandro, second enfant de Franceso Baglioni, représentant une des branches survivantes de la famille, en épousant en 1782 Caterina di Lodovico di Marcantonio III Oddi, réunira les deux illustres familles qui conjointement associèrent les noms et les blasons [...] Du frère majeur du sous nommé Alessandro di Francesco Baglioni, seigneur de Rosciano, dérive la branche des comptes Baglioni, qui en a gardé le nom sans aucun ajout ».(V. Spreti 1931, vol. IV, p. 880)
  8. « Pietro, son frère majeur a l’honneur de perpétuer la maison Baglioni. Son fils Benedetto, en qualité de gonfalonier de la ville à l’époque de son indépendance a été le témoin de la destruction de la Rocca Paolina et de la liberté retrouvée de Pérouse ».(A. Baglioni 1964,p. 453-458)
  9. L. de Baglion de la Dufferie 1909,p. 239-245
  10. Régis Valette, Catalogue de la noblesse française subsistante, 2002, page 35.

Bibliographie

  • Louis de Baglion de la Dufferie, Perouse et les Baglioni, Paris, Emile-Paul, 1909.
  • Astorre Baglioni, I Baglioni, Olschki, Florence, 1964 (publiĂ© sous le pseudonyme de Astur Baleoneus).
  • Giovanni Battista di Crollalanza, Dizionario storico-blasonico delle famiglie nobili e notabili italiane estinte e fiorenti compilato dal commendatore G. B. Di Crollalanza, Forni, Bologne, 1986 (rĂ©impression de l’original du journal araldique 1886-1890).
  • Maurizio Gattoni, Pandolfo Petrucci e la politica estera della Repubblica di Siena, Sienne, Cantagalli, 1997.
  • Maurizio Gattoni, L'alleanza naturale tra due medie potenze del Rinascimento: Siena e Perugia nelle fonti senesi, perugine, fiorentine e veneziane, in Bollettino della Deputazione di Storia Patria per l'Umbria, XCIV, 1997,p. 103-138.
  • Maurizio Gattoni, Leone X e la geo-politica dello Stato Pontificio (1513-1521), CittĂ  del Vaticano, Collectanea Archivi Vaticani (47), 2000.
  • Maurizio Gattoni, La politica estera e il primato dei Petrucci a Siena (1498-1524), in Siena e il suo territorio nel Rinascimento, a cura di M. Ascheri, vol.III, Sienne, Il Leccio 2000,p. 215-222.
  • Maurizio Gattoni, Clemente VII e la geo-politica dello Stato Pontificio (1523-1534), CittĂ  del Vaticano, Collectanea Archivi Vaticani (49), 2002.
  • Mario Giubboni, Gian Paolo Baglioni, condottiero perugino del 1500 e il suo tempo, CittĂ  di Castello, Edimond, 2007.
  • Ottorino Gurrieri, I Baglioni, Florence, Nemi, 1938.
  • Silvio Mannucci, Nobiliario e blasonario del Regno d'Italia, Rome, Collegio Araldico, 1929.
  • Raffaele Rossi, Storia illustrata delle cittĂ  dell'Umbria, Perugia, Milan, Elio Sellino, 1993.
  • Vittorio Spreti, Enciclopedia storico-nobiliare italiana, Milan, Edizioni dell'Enciclopedia storico-nobiliare, 1931.
  • Monique Lancel, Le Retable de RaphaĂ«l, L'Harmattan (Coll. Théâtre des cinq continents), 2015 (ISBN 978-2343-06530-4)

Sources

Voir aussi

Article connexe

Liens externes

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