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Facteur de fertilité

Le facteur de fertilité (nommé facteur F par sa découvreuse Esther Lederberg au milieu du XXe siÚcle ; aussi nommé plasmide F, ou encore sex factor chez E. coli ou F sex factor ; ou encore plasmide-F)[1] - [2] - [3] permet le transfert de gÚnes d'une bactérie portant ce facteur à une autre bactérie dépourvue du facteur par conjugaison.

Ce facteur F est portĂ© sur l'Ă©pisome F, le premier Ă©pisome dĂ©couvert. Contrairement aux autres plasmides, le facteur F est constitutif des protĂ©ines de transfert en raison d'une mutation du gĂšne finO[4]. Le plasmide F appartient Ă  une classe de plasmides dits « conjugatifs Â» qui contrĂŽlent les fonctions sexuelles de bactĂ©ries dotĂ©es d'un systĂšme d'inhibition de la fertilitĂ©.

DĂ©couverte

Esther M. Lederberg et Luigi L. Cavalli-Sforza ont dĂ©couvert F[5], travail ensuite publiĂ© avec Joshua Lederberg en 1952[6]. Une fois ces rĂ©sultats annoncĂ©s, deux autres laboratoires ont rejoint les Ă©tudes. « Ce ne fut pas une dĂ©couverte indĂ©pendante simultanĂ©e de F (je nomme comme facteur de fertilitĂ© jusqu'Ă  ce qu'il soit compris). Nous avons Ă©crit Ă  Hayes, Jacob et Wollman qui ont ensuite poursuivi leurs travaux[7]. » La dĂ©couverte de F a parfois Ă©tĂ© confondue avec la dĂ©couverte par le gĂ©nĂ©ticien William Hayes d'un « facteur sexuel Â», bien qu'il n'ait jamais revendiquĂ© la primautĂ©. En effet, « il [Hayes] pensait que F Ă©tait vraiment lambda, et lorsque nous l'avons convaincu [qu'il n'en Ă©tait rien], il a alors commencĂ© son travail »[8].

Structure

Les segments fonctionnels les plus courants constituant les facteurs F sont[9] :

  • OriT (origin fo transfert) : sĂ©quence marquant le point de dĂ©part du transfert conjugatif ;
  • OriC (Origine of replication) : sĂ©quence marquant le point de dĂ©part, Ă  partir duquel l'ADN plasmidique sera rĂ©pliquĂ© dans la cellule rĂ©ceptrice ;
  • tra-region (gĂšnes de transfert) : gĂšnes codant le processus de transfert du F-Pilus et de l'ADN ;
  • IS (Insertion sĂ©quence) : Ă©lĂ©ments d'insertion composĂ©s d'une copie d'IS2, de deux copies d'IS3 et d'une copie d'IS1000 : gĂšnes dits « Ă©goĂŻstes Â» (fragments de sĂ©quence pouvant intĂ©grer des copies d'eux-mĂȘmes Ă  des emplacements diffĂ©rents)[10].

Certains gĂšnes plasmidiques F et leur fonction :

Relation avec le génome

L'épisome qui héberge le facteur F peut exister sous forme de plasmide indépendant, ou s'intÚgre dans le génome de la cellule bactérienne. Il existe plusieurs noms pour différents états possibles :

  • cellule Hfr (pour high-frequency recombination cell), qui possĂšdent la totalitĂ©de l'Ă©pisome F intĂ©grĂ©e dans le gĂ©nome bactĂ©rien ;
  • bactĂ©rie F+ qui possĂšde le facteur F comme plasmide indĂ©pendant du gĂ©nome bactĂ©rien. Le plasmide F ne contient que l'ADN du facteur F, et aucun ADN du gĂ©nome bactĂ©rien ;
  • bactĂ©rie F' (F-prime), formĂ©e par une excision incorrecte du chromosome, ce qui entraĂźne la prĂ©sence dans le plasmide F de sĂ©quences bactĂ©riennes situĂ©es Ă  proximitĂ© de l'endroit oĂč l'Ă©pisome F a Ă©tĂ© insĂ©rĂ© ;
  • bactĂ©rie F−, qui ne contient pas de facteur F et agit comme rĂ©ceptrice.

Fonction

Lorsqu'une cellule F+ se conjugue / s'accouple avec une cellule F−, il en rĂ©sulte deux cellules F+, toutes deux capables de transmettre le plasmide Ă  d'autres cellules F− par conjugaison. Le plasmide F appartient Ă  une classe de plasmides conjugatifs qui contrĂŽlent les fonctions sexuelles de bactĂ©ries avec un systĂšme d'inhibition de la fertilitĂ©. Dans ce systĂšme, un facteur agissant en trans-, FinO, et des ARN antisens, FinP, se combinent pour rĂ©primer l'expression du gĂšne activateur TraJ. TraJ est un facteur de transcription qui rĂ©gule Ă  la hausse l'opĂ©ron tra. L'opĂ©ron tra comprend les gĂšnes nĂ©cessaires Ă  la conjugaison et au transfert de plasmide. Ceci signifie qu'une bactĂ©rie F+ peut toujours agir en tant que cellule donneuse. Le gĂšne finO du plasmide F d'origine (dans Escherichia coli K12) est interrompu par une insertion de IS3, entraĂźnant une expression constitutive du tra-opĂ©ron[11] - [12]. Les cellules F+ ont Ă©galement Ă  leur surface des « protĂ©ines d'exclusion Â» TraS et TraT. Ces protĂ©ines empĂȘchent les Ă©vĂ©nements de couplage secondaires impliquant des plasmides appartenant au mĂȘme groupe d'incompatibilitĂ© (Inc). Ainsi, chaque bactĂ©rie F+ ne peut hĂ©berger qu'un seul type de plasmide d'un groupe d'incompatibilitĂ© donnĂ©.

Dans le cas du transfert de Hfr, les transconjuguĂ©s rĂ©sultants sont rarement Hfr. Le rĂ©sultat de la conjugaison Hfr/F− est une souche F− avec un nouveau gĂ©notype. Lorsque les plasmides F-prime sont transfĂ©rĂ©s dans une cellule bactĂ©rienne receveuse, ils portent des fragments de l'ADN du donneur qui peuvent devenir importants pour la recombinaison.

Dans le domaine du gĂ©nie gĂ©nĂ©tique, les bioingĂ©nieurs ont ainsi pu crĂ©er des plasmides F pouvant contenir de l’ADN Ă©tranger insĂ©rĂ© ; c'est ce qu'on appelle un « chromosome artificiel bactĂ©rien Â».

Voir aussi

Articles connexes

Références

  1. Gordon Dugger, A dictionary of life sciences., Londres, Macmillan), , 232 p. (ISBN 978-0-333-19436-2), p. 130
  2. Robert Hine, A dictionary of biology, Oxford, Oxford University Press, , 6e Ă©d., 736 p. (ISBN 978-0-19-920462-5), p. 592
  3. TD Lawley, WA Klimke, MJ Gubbins et LS Frost, « F factor conjugation is a true type IV secretion system. », FEMS Microbiology Letters, vol. 224, no 1,‎ , p. 1–15 (PMID 12855161, DOI 10.1016/S0378-1097(03)00430-0)
  4. Y Yoshioka, H Ohtsubo et E Ohtsubo, « Repressor gene finO in plasmids R100 and F: constitutive transfer of plasmid F is caused by insertion of IS3 into F finO. », Journal of Bacteriology, vol. 169, no 2,‎ , p. 619–623 (ISSN 0021-9193, PMID 3027040, PMCID 211823, DOI 10.1128/jb.169.2.619-623.1987)
  5. Esther Lederberg : « At this same time, L. Cavalli in Milan Italy, discovered the phenomenon of sterility from a different angle. Exchange of data showed that if I had done an experiment, he had planned to do it, but had completed another that we had planned. So we decided to pool forces and collaborate. » http://www.estherMlederberg.com/Clark_MemorialVita/HISTORY52.html
  6. Lederberg, J., Cavalli, L. L. et Lederberg, E. M., Nov. 1952, Sex compatibility in Escherichia coli, Genetics, 37(6):720-730
  7. « Historical Notes About Fertility Factor F (version B) », sur esthermlederberg.com (consulté le ).
  8. « Historical Notes About Fertility Factor F (version A) », sur esthermlederberg.com (consulté le ).
  9. (en) Denis Arutyunov et Laura S. Frost, « F conjugation: Back to the beginning », Plasmid, vol. 70, no 1,‎ , p. 18–32 (ISSN 0147-619X, PMID 23632276, DOI 10.1016/j.plasmid.2013.03.010, lire en ligne)
  10. Leland Hartwell, Leroy Hood, Michael L. Goldberg, Ann E. Reynolds et Lee M. Silver, Genetics : From Genes to Genomes, New York, NY, McGraw-Hill, , 4e Ă©d., 816 p. (ISBN 978-0-07-352526-6)
  11. LJ Jerome, van Biesen T et Frost LS, « Degradation of FinP antisense RNA from F-like plasmids: the RNA-binding protein, FinO, protects FinP from ribonuclease E », J. Mol. Biol., vol. 285, no 4,‎ , p. 1457–1473 (PMID 9917389, DOI 10.1006/jmbi.1998.2404)
  12. Arthur DC, Ghetu AF, Gubbins MJ, Edwards RA, Frost LS et Glover JN, « FinO is an RNA chaperone that facilitates sense-antisense RNA interactions », EMBO J., vol. 22, no 23,‎ , p. 6346–55 (PMID 14633993, PMCID 291848, DOI 10.1093/emboj/cdg607)
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