FĂ«anor
FĂ«anor est un personnage de J. R. R. Tolkien apparaissant notamment dans Le Silmarillion.
C'est un elfe de la maison princière des Ă‘oldor : il est le seul fils du roi FinwĂ« et de sa première Ă©pouse MĂriel, qui meurt peu après l'avoir mis au monde. DouĂ© d'innombrables talents, il est le concepteur du système d'Ă©criture des tengwar, et l'auteur de nombreux objets prĂ©cieux, au premier rang desquels les Silmarils, trois joyaux renfermant la lumière des Arbres du Valinor.
Lorsque Melkor dérobe les Silmarils, Fëanor et ses sept fils prêtent serment de les lui reprendre à n'importe quel prix, au mépris des conseils des Valar. Il conduit les Noldor à la poursuite de Melkor, qui s'est enfui en Terre du Milieu, mais il est tué sans avoir pu recouvrer les joyaux.
Fëanor est l'un des personnages les plus importants du légendaire de Tolkien, et l'un des plus ambivalents : son génie créatif est contrebalancé par son tempérament ardent, orgueilleux et colérique, ce qui causera en définitive sa chute.
Histoire
FinwĂ« II, puis CurufinwĂ« (FĂ«anor) est le fils unique de FinwĂ« et de MĂriel. Sa mère, Ă©puisĂ©e par sa conception, car elle avait donnĂ© plus d'Ă©nergie Ă ce fils qu'elle en aurait mit dans plusieurs vies, se retire dans les jardins de LĂłrien et finit par abandonner son corps pour s'en aller en Mandos, devenant ainsi la première des Elfes Ă mourir. FinwĂ« Ă©met le souhait de se remarier, ce qui entraĂ®ne de longs dĂ©bats parmi les Valar : est-il correct de laisser FinwĂ« se remarier alors que MĂriel peut se rĂ©incarner ? Celle-ci ayant refusĂ© de retrouver un corps, arguant de sa lassitude, les Valar autorisent FinwĂ« Ă contracter un nouveau mariage. Celui-ci choisit Indis, une parente du roi des Vanyar IngwĂ«. Peu aimĂ©e de FĂ«anor, elle donne deux fils Ă FinwĂ« : Fingolfin et Finarfin.
FĂ«anor possède nombre de talents. Linguiste douĂ© (il est le crĂ©ateur des tengwar et le fondateur de l'Ă©cole des Lambengolmor), il est Ă©galement un artisan talentueux : il conçut les palantĂri (les pierres de vision), mais surtout les Silmarils, trois prĂ©cieux joyaux qui renferment en eux la lumière des deux Arbres du Valinor. Lorsque ceux-ci sont volĂ©s par Melkor (qu'il nomma alors Morgoth, le Noir Ennemi), il prĂŞte un serment avec ses fils selon lequel ils poursuivraient de leur haine toute personne autre qu'eux en possession d'un Silmaril, et prend la tĂŞte des Ă‘oldor qui partent dĂ©fier Morgoth en Terre du Milieu, les ExilĂ©s (maudits par Mandos). Ceux-ci ne forment cependant pas un front uni derrière FĂ«anor : beaucoup d'entre eux se sont rangĂ©s sous les bannières de son demi-frère Fingolfin, qui suit FĂ«anor par loyautĂ© plutĂ´t que par amour. Lorsque les Ă‘oldor arrivent devant l'HelcaraxĂ«, obstacle apparemment infranchissable, FĂ«anor trahit son demi-frère et fait voile vers la Terre du Milieu avec ses partisans seuls Ă bord des navires qu'ils avaient obtenus par la force, puisque les Teleri refusaient de leur prĂŞter ou de s'en dĂ©partir, qu'il incendie ensuite.
S'ensuit une bataille entre les forces de Fëanor et les Orques de Morgoth, facilement mis en déroute par les nouveaux arrivants. La rage de Fëanor est telle qu'il pourchasse les fuyards à travers toute la plaine d'Ard-galen, bien décidé à pénétrer dans Angband et à reprendre les Silmarils. Mais il s'éloigne trop de ses troupes, ce qui cause sa perte : encerclé par les Orques et les Balrogs, mortellement blessé de la main de leur seigneur Gothmog, il parvint à s'enfuir aidé de ses fils avant de succomber à ses blessures. À sa mort, le feu qui brûlait en lui le consuma et son corps partit en cendres[1].
Fëanor eu sept fils avec Nerdanel, la fille du forgeron Mahtan : Nelyafinwë (Maedhros) l'aîné, Canafinwë (Maglor) le poète, Turcafinwë (Celegorm) le chasseur, Morifinwë (Caranthir le sombre), Curufinwë (Curufin) le rusé et les jumeaux Pityafinwë (Amrod) et Telufinwë (Amras). (Amras).
Généalogie
Création et évolution
Le personnage de Fëanor apparaît dès les Contes perdus avec son nom définitif. Il y occupe déjà le rôle de créateur des Silmarils et de meneur de l'exil des Gnomes (Noldor), mais il n'est pas encore le fils de Finwë[2]. Sa mort peu après le retour dans les Grandes Terres (Terre du Milieu) est déjà présente dans les notes de Tolkien, qui envisage qu'il disparaisse en naviguant sur les Eaux d'Asgon (lac Mithrim), ou qu'il s'y noie[3].
Noms
Durant toute la période de rédaction du Silmarillion, le nom Fëanor reste inchangé, mais Tolkien lui attribue différentes étymologies.
- À l'époque des Contes perdus (années 1910-1920), le Gnomish Lexicon indique « Fionaur (Fionor) = Q. Fëanor (fabricant de gobelets) ». Christopher Tolkien remarque qu'il n'existe « aucune indication que ceci se réfère à Fëanor le Gnome[4] ».
- Dans Les Étymologies (années 1930), le nom apparaît sous la racine PHAY- « rayonner, répandre des rayons de lumière », sous les formes Feanáro (quenya) et Feanoúr, Féanor (noldorin). Il signifie « soleil radieux »[5].
- L'essai tardif The Shibboleth of Fëanor (années 1960) offre des analyses détaillées des noms des descendants de Finwë. Tolkien explique que Fëanor a d'abord été appelé Finwë (minya) (premier fils de Finwë), puis Curufinwë « Finwë talentueux » après le développement de ses talents. Le nom Fëanáro « esprit de feu » lui a été donné par sa mère. La forme Fëanor est issue d'une confusion entre cette forme quenyarine pure et son équivalent sindarin Faenor, confusion que Tolkien attribue à un copiste habitué au quenya, où la diphtongue <ea> est courante, mais <ae> théoriquement impossible[6].
Notes et références
- (en) John Ronald Ruel Tolkien, Quenta silmarilion
- Le Livre des contes perdus, p. 156.
- Le Livre des contes perdus, p. 238-239.
- Le Livre des contes perdus, p. 253
- La Route perdue et autres textes, p. 381.
- The Peoples of Middle-earth, p. 343.
Bibliographie
- J. R. R. Tolkien (trad. Pierre Alien), Le Silmarillion [« The Silmarillion »] [détail des éditions]
- J. R. R. Tolkien et Christopher Tolkien (trad. Adam Tolkien), Le Livre des contes perdus [« The Book of Lost Tales »] [détail des éditions]
- J. R. R. Tolkien et Christopher Tolkien (trad. Daniel Lauzon), La Route perdue et autres textes [« The Lost Road and Other Writings »] [détail des éditions]
- (en) J. R. R. Tolkien et Christopher Tolkien, The Peoples of Middle-earth, HarperCollins, , 482 p. (ISBN 0-261-10348-2)