AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

Extrasystole ventriculaire

Une extrasystole ventriculaire (« ESV ») est une contraction prématurée (extrasystole) du ventricule cardiaque et issue de ce dernier. Elle s'oppose ainsi aux extrasystoles atriales.

Extrasystole ventriculaire
Classification et ressources externes
CIM-10 I49.3
MeSH D018879
Wikipédia ne donne pas de conseils médicaux Mise en garde médicale

En terme diagnostique ce qui importe est de savoir si l'extrasystolie ventriculaire présente ou non des signes de gravité pouvant conduire à une tachycardie ventriculaire, avec alors la nécessité d'introduire un traitement antiarythmique. Dans le cas contraire, le plus souvent, elle nécessite une simple surveillance.

ÉpidĂ©miologie

Elles sont trĂšs frĂ©quentes, mĂȘme en l'absence de toute maladie. Pendant le jour, elle est retrouvĂ©e dans de 40-100% des patients sains, jusqu'Ă  40 ans leur nombre dĂ©passe rarement 200/24 h[1].

Clinique

Elle peut ĂȘtre totalement asymptomatique et ĂȘtre dĂ©couverte lors d'un examen systĂ©matique ou peut causer des palpitations. Rarement, si le nombre d'extrasystoles ventriculaires est trĂšs important, elle peut ĂȘtre responsable d'un tableau d'insuffisance cardiaque.

Tant Ă  l'interrogatoire qu'Ă  l'examen clinique, rien ne peut distinguer une extrasystole atriale d'une extrasystole ventriculaire.

Diagnostic

L'électrocardiogramme permet d'en faire le diagnostic si elles sont suffisamment fréquentes pour apparaßtre dans un enregistrement d'une dizaine de secondes. Si elles sont plus rares, un holter cardiaque (enregistrement de 24 h ou plus) est utile. Il existe cependant une variabilité interjournaliÚre importante du nombre d'extrasystoles ventriculaires [2] pouvant nécessiter des enregistrements plus prolongés ou répétés.

ECG

On retrouve un complexe QRS non précédé par (ou sans relation chronologique fixe avec) une onde P. Le complexe QRS est typiquement large (supérieur à 0,12 s.) et déformé par rapport aux complexes QRS de base avec aspect soit de bloc de branche droit s'il s'agit d'une extrasystole ventriculaire naissant du ventricule gauche, soit de bloc de branche gauche s'il s'agit d'une ESV naissant du ventricule droit. La repolarisation est inversée avec une onde T négative.

Autres examens

Une Ă©chocardiographie doit ĂȘtre pratiquĂ©e pour rechercher une cause Ă  l'extrasystolie[3]. Un test d'effort permet de voir si cette derniĂšre est augmentĂ©e ou au contraire diminue ou disparaĂźt Ă  l'effort. Suivant l'orientation diagnostique, les investigations peuvent ĂȘtre complĂ©tĂ©es par une IRM cardiaque, une coronarographie.

ÉlĂ©ments pronostiques

Le principal risque des ESV est d'induire une arythmie ventriculaire plus sévÚre qu'il s'agisse d'une tachycardie ventriculaire ou d'une fibrillation ventriculaire avec risque de mort subite. L'extrasystole ventriculaire sera l'élément déclencheur d'une arythmie soutenue.

Il existe plusieurs caractéristiques permettant d'estimer ce risque de complications :

  • La morphologie (forme) des ESV : lorsque toutes les extrasystoles ont le mĂȘme aspect, elles sont dites monomorphes. Lorsqu'elles ont des formes diffĂ©rentes, elles sont dites polymorphes (existence de plusieurs foyers ectopiques) : elles sont alors potentiellement plus graves. De mĂȘme, un allongement plus important du QRS augmente le risque de survenue d'une cardiomyopathie[4].
  • L'intervalle de couplage : le couplage d'une extrasystole par rapport au complexe QRS prĂ©cĂ©dent est dit court lorsque l'ESV survient au sommet de l'onde T prĂ©cĂ©dente (extrasystole prĂ©coce ou phĂ©nomĂšne R/T). Le risque est alors plus important de survenue d'une tachycardie ventriculaire.
  • Le nombre d'ESV par 24 heures ne peut ĂȘtre dĂ©terminĂ© que par un holter et n'est pas un critĂšre pĂ©joratif. Une extrasystolie quantitativement trĂšs importante peut provoquer, rarement, une insuffisance cardiaque[5]. Toutefois, le nombre d'extrasystoles semble ĂȘtre corrĂ©lĂ© avec une augmentation du risque de maladie cardiovasculaire[6].
  • Leur rythme :
    • on parle de doublet (deux ESV de suite), de triplet (trois ESV de suite) ; au-delĂ , on parle de salve d'ESV ou de tachycardie ventriculaire non soutenue. Ces phĂ©nomĂšnes sont plus pĂ©joratifs que des extrasystoles isolĂ©s.
    • elles peuvent ĂȘtre bigĂ©minĂ©es (une ESV aprĂšs chaque complexe normal), ou trigĂ©minĂ©es (une ESV tous les deux complexes normaux).
  • La circonstance de survenue : une apparition prĂ©fĂ©rentielle Ă  l'effort peut ĂȘtre rĂ©vĂ©latrice d'une maladie coronarienne et est un critĂšre de gravitĂ©. Une Ă©preuve d'effort peut ĂȘtre rĂ©alisĂ©e pour mieux les Ă©valuer.
  • Le caractĂšre interpolĂ© : habituellement, une extrasystole est suivie par une brĂšve pause, appelĂ©e « repos compensateur » et dĂ©calant ainsi lĂ©gĂšrement le rythme cardiaque. Dans certains cas, ce repos compensateur n'existe pas et le complexe suivant arrive comme si l'extrasystole n'a pas eu lieu. On parle alors d'« extrasystole interpolĂ©e », avec un risque augmentĂ© de rĂ©vĂ©ler ou de se compliquer d'une cardiomyopathie[7].

Électrophysiologistes, mĂ©decins et sociĂ©tĂ©s savantes proposent des scores, par exemple depuis 1971 une classification pronostique par le cardiologue amĂ©ricain Bernard Lown[8].

La gravité de l'extrasystolie dépend aussi de l'existence d'une cardiopathie sous-jacente et surtout par l'altération de la fonction systolique quantifiée par la fraction d'éjection. Une échocardiographie fait donc partie du bilan de toute extrasystolie ventriculaire.

Peuvent donc ĂȘtre considĂ©rĂ©es comme bĂ©nignes les ESV sur cƓur sain, monomorphes, de grande amplitude, sans forme rĂ©pĂ©titive, diminuant ou disparaissant Ă  l'effort.

Doivent ĂȘtre considĂ©rĂ©es comme potentiellement graves, et justifiant alors un traitement antiarythmique, ainsi que celui de la cause, les ESV trĂšs prĂ©maturĂ©es (ou prĂ©coces), rĂ©pĂ©titives (survenant en doublets, triplets voire salves de tachycardie ventriculaire), polymorphes, avec des QRS trĂšs Ă©largis et de faible amplitude, s'aggravant Ă  l'effort, surtout si elles surviennent sur un cƓur pathologique.

Traitement

La prise en charge des extrasystoles ventriculaires a fait l'objet de la publication de recommandations. Celles de l'« European Society of Cardiology » datent de 2015[9].

Il a pour objectifs d'Ă©viter la mort subite, et accessoirement, d'amĂ©liorer la qualitĂ© de vie en diminuant la gĂȘne fonctionnelle. Ainsi les ESV bĂ©nignes et asymptomatiques ne nĂ©cessitent aucun traitement.

Si elles sont considĂ©rĂ©es comme bĂ©nignes mais sont gĂȘnantes pour le patient, on peut proposer des rĂšgles hygiĂ©no-diĂ©tĂ©tiques (diminution ou suppression des excitants), plus ou moins associĂ©es Ă  un traitement sĂ©datif de type anxiolytique. En cas de gĂȘne fonctionnelle importante, on peut proposer l'utilisation de certains antiarythmiques comme les bĂȘta-bloquants mais leur efficacitĂ© reste discutĂ©e dans cette indication[10]. Dans de rares cas, une ablation par radiofrĂ©quence du site d'Ă©mergence de l'extrasystole peut ĂȘtre proposĂ©e[11].

Le traitement d'une extrasystolie avec critĂšres de gravitĂ©s doit permettre de minimiser le risque de survenue de complications (tachycardie ou fibrillation ventriculaire). Il repose sur le traitement de la cause lorsque celle-ci est identifiĂ©e : cardiopathie sous-jacente. On peut Ă©galement traiter un facteur dĂ©clenchant ou favorisant (hypokaliĂ©mie, arrĂȘt d'un traitement dont on suspecte l'effet arythmogĂšne...). Un traitement mĂ©dicamenteux de type antiarythmique peut ĂȘtre proposĂ© : bĂȘta-bloquants, amiodarone, inhibiteurs calciques.

Notes et références

  1. Hingorani P, Karnad DR, Rohekar P, Kerkar V, Lokhandwala YY, Kothari S, Arrhythmias seen in baseline 24-hour Holter ECG recordings in healthy normal volunteers during phase 1 clinical trials, J Clin Pharmacol, 2016;56:885–893
  2. Loring Z, Hanna P, Pellegrini CN, Longer ambulatory ECG monitoring increases identification of clinically significant ectopy, Pacing Clin Electrophysiol, 2016;39:592–597
  3. Marcus GM, Evaluation and management of premature ventricular complexes, Circulation, 2020;141:1404–1418
  4. Yokokawa M, Kim HM, Good E et al. Impact of QRS duration of frequent premature ventricular complexes on the development of cardiomyopathy, Heart Rhythm, 2012;9:1460–1464
  5. Baman TS, Lange DC, Ilg KJ et al. Relationship between burden of premature ventricular complexes and left ventricular function, Heart Rhythm, 2010;7:865-869
  6. Dukes JW, Dewland TA, Vittinghoff E et al. Ventricular ectopy as a predictor of heart failure and death, J Am Coll Cardiol, 2015;66:101–109
  7. Olgun H, Yokokawa M, Baman T et al. The role of interpolation in PVC-induced cardiomyopathy, Heart Rhythm, 2011;8:1046–1049
  8. (en) Lown B, Wolf M, « Approaches to sudden death from coronary heart disease », Circulation, vol. 44, no 1,‎ , p. 130-42. (PMID 4104697, DOI 10.1161/01.CIR.44.1.130, lire en ligne [PDF])
  9. Priori SG, Blomstrom-Lundqvist C, Mazzanti A et al. 2015 ESC guidelines for the management of patients with ventricular arrhythmias and the prevention of sudden cardiac death: the Task Force for the Management of Patients with Ventricular Arrhythmias and the Prevention of Sudden Cardiac Death of the European Society of Cardiology (ESC), Eur Heart J, 2015;36:2793–2867
  10. Krittayaphong R, Bhuripanyo K, Punlee K, Kangkagate C, Chaithiraphan S, Effect of atenolol on symptomatic ventricular arrhythmia without structural heart disease: a randomized placebo-controlled study, Am Heart J, 2002;144:e10
  11. Dukkipati SR, Choudry S, Koruth JS et al. Catheter ablation of ventricular tachycardia in structurally normal hearts: Indications, strategies, and outcomes—Part I, JACC, 2017;70:2909–2923
Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.