Eugène-Claude Préaudeau de Chemilly
Eugène-Claude Préaudeau dit Préaudeau de Chemilly ou Préaudeau-Chemilly est un trésorier des maréchaussées de France, agriculteur, investisseur industriel et artiste français de la deuxième partie du XVIIIe siècle né en 1738 et mort en 1797.
Fils de Claude Préaudeau, originaire d’Auxerre et fixé à Paris, et de Jeanne-Marie sœur du financier Étienne-Michel Bouret, issue de la dynastie des fermiers généraux du même nom, Eugène-Claude Préaudeau naît à Paris en 1738 dans une famille de la haute finance. Il s'intéresse assez tôt à l’art et collectionne les tableaux ; il développera plus tard des talents de dessinateur[1] et de graveur. Il est reçu amateur honoraire à l' académie de Marseille en 1764[2]. L’année suivante il achète un hôtel particulier à Paris ayant appartenu à la famille de Chemilly éteinte. Ce sera probablement l’origine de l’adjonction de « de Chemilly » à son patronyme.
Carrière financière
Préaudeau de Chemilly reçoit en 1765 la charge de « Conseiller Trésorier général payeur ancien des Maréchaussées des vingt Généralités des pays d’élection, de la Généralité de Metz et de la province d’Alsace », charge qu’il exerce, à la suite de son beau-frère Gaillard de Beaumanoir, jusqu’à l’extinction du poste en 1778. En 1774, il reçoit du pouvoir royal la mission d’aller en Angleterre récupérer -sans succès- des libelles hostiles à Madame du Barry, maîtresse du roi Louis XV[3]. En 1778 et 1779, Eugène-Claude Préaudeau de Chemilly fait les frais des mauvaises affaires de son frère qui avait pris la fuite à l’étranger, et passe quatre mois à la Bastille avant d’être finalement blanchi de tout soupçon.
Un investisseur et agriculteur éclairé
En 1781, il achète le château de Bourneville (près de Marolles (Oise)) et s’y lance dans l’élevage (amélioration de la race ovine et bovine par l'importation de sujets étrangers) et l’agriculture raisonnée. En 1786, il est partie prenante dans les mines de Mouterhouse (ou Moderhausen) en Lorraine et cherche à en améliorer la rentabilité (il y aura même en 1793 un projet de « glacerie » qui n’aboutira pas[4])[5] - [6]. La même année, il investit dans une société d’exploitation de la tourbe destinée à chauffer les foyers parisiens. Il connaît d'autant mieux son sujet qu'il possède près de l'Ourcq des terrains tourbeux qu'il réussit à mettre en valeur[7].
Un réformateur acquis aux idées des Lumières
Lors de la convocation des États-généraux, Eugène Claude figure parmi les comparants de la noblesse du bailliage de Villers-Cotterêts en 1789, portant le titre d’écuyer, en raison de ses propriétés. Il traverse la Révolution sans encombre, acquis aux idées nouvelles, laissant tomber sa particule nobiliaire et troquant sa qualité de propriétaire pour celle de cultivateur/éleveur[8] - [9]. Il est même un temps membre de l’assemblée générale puis administrateur du département de l’Oise. Il publie plusieurs mémoires d’agriculture appliquée.
En 1796, il est membre associé non résident de l’Institut/ section économie rurale et art vétérinaire[10].
Eugène-Claude Préaudeau épouse en 1797 Alexandrine Louise Pierrette Mullon de Saint-Preux (1775-1864) qui deviendra la baronne François-Auguste Fauveau de Frénilly après la mort accidentelle de son premier époux, noyé dans la rivière le Grand Morin, juste après leur mariage. Eugène-Claude Préaudeau ne laisse pas de postérité. Frénilly reprend Bourneville et continuera l'œuvre de son prédécesseur.
Les œuvres
Eugène Claude Préaudeau de Chemilly a écrit :
- Examen des causes de la disette des bestiaux et des moyens de nous en rédimer, Paris, Debray, 1794, An II de la République.
- Un ‘Mémoire d’Eugène Préaudeau-Chemilly, administrateur du département de l’Oise, sur la culture des terres, considérée dans ses rapports avec la rareté des laines' (Senlis, An II de la République)[5],
- Un article intitulé : ‘Des haies, considérées comme clôture ; de leurs avantages et des moyens de les obtenir’ dans le Journal d'Agriculture et de Prospérité publique publié par les membres du comité central du ministère de l'intérieur ; Imprimerie nationale, Paris, n°2 (mai 1793)[11].
- Un mémoire manuscrit conservé aux archives nationales intitulé : ‘Mémoire sur un terrain tourbeux et mobile devenu compacte et solide par l’effet d’alluvions qui lui étoient étrangères et que l’art y a amenées[12].
Eugène Claude Préaudeau de Chemilly a illustré
- L’Iliade d’Homère, traduite en vers avec des remarques et un discours sur Homère. Nouvelle édition augmentée d’un Examen de la Philosophie d’Homère. Par M. de Rochefort, de l’académie des Inscriptions et Belles Lettres ; 3 tomes en 2 volumes illustrés d’un frontispice de Préaudeau de Chemilly gravé par A. de St. Aubin. Paris Chez Saillant de Nyon, libraires, rue St Jean de Beauvais. 1766-70 puis 1772 et visible au musée Charles VII de Mehun sur Yèvre [13] - [14].
Amitiés connues
Eugène Claude Préaudeau de Chemilly fut ami de Philippe-Frédéric de Dietrich et de Claude-Nicolas Ledoux (qui construisit la laiterie du château de Bourneville dans le style maçonnique), des graveurs Augustin de Saint Aubin et Pierre-Jean Mariette[15] - [16].
Bibliographie
Octave Festy, "L’agriculture pendant la Révolution française : les journaux d'agriculture et le progrès agricole (1789 - an VIII)", Revue d'histoire économique et sociale Vol. 28, No. 1 (1950), pp. 35-53 (19 pages), Armand Colin.
Florian Reynaud, "l'Élevage bovin : de l'agronome au paysan (1700-1850)", Presses universitaires de Rennes, coll. Histoire, 2010 ( (ISBN 978-2-7535-1228-3))
Ouvrage collectif : "L'Oise a 200 ans : La naissance et les premiers pas des départements [Texte imprimé] / actes du colloque organisé par le Conseil Général de l'Oise dans le cadre de l'opération "L'Oise a 200 ans" à l'Hôtel de ville de Compiègne, les 27 et 28 octobre 1990", Archives départementales de l'Oise, Beauvais 1991 Impr. Centrale administrative.
Note
Son nom a été repris comme pseudonyme par un lointain neveu Louis de Préaudeau, fils d'Albert de Préaudeau, qui fut l'auteur sous l’appellation "L. de Chemilly" ou de "Chemilly", de plusieurs ouvrages pour enfants.
Références
- « Gazette de l\'Hôtel Drouot. 42 : 1924 », sur bibliotheque-numerique.inha.fr (consulté le )
- Aix, Musée Arbaud, 288-C-55, “Lettre de Préaudeau de Chemilly à l'Académie de peinture de Marseille, Paris, 28 janvier 1771,” collationné et mis en ligne dans Les ressources d'ACA-RES, fonds d'archives, consulté le 9 janvier 2023, https://acares-archives.nakalona.fr/items/show/2872.
- Mathieu François Pidanzat ¬de Mairobert, « Anecdotes sur M. la Comtesse du Barri »
- « Gallica - », sur visualiseur.bnf.fr (consulté le ), p. 263, 284 ; voir aussi toutes les pages où Préaudeau paraît sous le nom de Chemilly
- Philippe-Frédéric de Dietrich, Description des gîtes de minerai et des bouches à feu de la France, , 468 p. (lire en ligne), p. 405.
- page 9 http://www.archives57.com/phocadownload/5._ARCHIVES_ANCIENNES/cours-juridictions-V2/frad57%20inventaire1890%20b153-333.pdf
- « Observations sur le dessèchement d'un marais », Bulletin des sciences par la société philomathique de Paris, de juillet 1791 à ventôse an vii, page 114 ou 98 dans l'édition originale (lire en ligne [PDF])
- www.persee.fr/doc/arcpa_0000-0000_1879_num_6_1_2544
- [Anonymus AC09659116], Annales de l'agriculture française, , 452 p. (lire en ligne), p. 32.
- « academie-sciences.fr/membres/i… »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?).
- « Des Haies considérées comme clôtures, de leurs avantages et des moyens de les obtenir », Journal d'agriculture et de prospérité publique, mai 1793, an ii de la république, p. 3 (lire en ligne)
- Robarts - University of Toronto et L.-F.-Alfred (Louis-Ferdinand-Alfred) Maury, Catalogue des manuscrits conservés aux Archives nationales, Paris, E. Plon, Nourrit et cie., (lire en ligne)
- L'iliade d'Homere, traduite en vers, avec des remarques et un discours sur Homere (lire en ligne)
- « Oeuvre : Précisions - Homère (912.8.61) | Collections des musées », sur webmuseo.com (consulté le )
- Katherine Crawford, « Meredith Martin . Dairy Queens: The Politics of Pastoral Architecture from Catherine De' Medici to Marie‐Antoinette . (Harvard Historical Studies, number 176.) Cambridge, Mass.: Harvard University Press. 2011. Pp. 328. $45.00. », The American Historical Review, vol. 117, no 2, , p. 614–615 (ISSN 0002-8762 et 1937-5239, DOI 10.1086/ahr.117.2.614, lire en ligne, consulté le )
- « Les murmures de la zinzel », sur murmuresdelazinzel.com (consulté le ).