Etrog
Etrog (hĂ©breu : ŚŚȘŚšŚŚ) est le nom hĂ©breu[1] du cĂ©drat, fruit utilisĂ© par les Juifs lors de la fĂȘte de Soukkot. Il constitue, avec le loulav, lâhadass et la aravah, le bouquet des « quatre espĂšces ».
Lâetrog dans les sources juives
Lâetrog est identifiĂ© par la tradition rabbinique au fruit que la Bible appelle pri etz hadar (hĂ©breu : Ś€ŚšŚ ŚąŚ„ ŚŚŚš « fruit du bel arbre » ou « de lâarbre hadar »). Le nom etrog proviendrait du persan torong ou du sanskrit suranga ; dâaucuns en concluent que ce fruit aurait Ă©tĂ© importĂ© depuis le nord de lâInde lors des conquĂȘtes dâAlexandre de MacĂ©doine mais dâautres affirment quâil Ă©tait dĂ©jĂ cultivĂ© en Ăgypte. Il est, quoi quâil en soit, largement connu Ă lâĂ©poque du Second Temple oĂč un prĂȘtre (que JosĂšphe identifie Ă Alexandre JannĂ©e et le Talmud Ă un SaducĂ©en) est lapidĂ© Ă coup dâetrogs par une foule en colĂšre lors de la fĂȘte de Soukkot.
L'etrog est un fruit Ă croissance lente. L'arbre donne ses fruits vers trois ans[2]. Ceux-ci sont oblongs, et peuvent atteindre 15 cm de long. La pelure est Ă©paisse, rĂ©nitente[3], odorifĂ©rante et couverte de protubĂ©rances ; la pulpe est blanche et subacide. Lorsqu'on l'achĂšte avant Soukkot, il est typiquement vert, et vire au jaune profond au cours de la semaine de la fĂȘte. En France il est principalement cultivĂ© en Corse[4].
Sans défaut
D'aprĂšs la Halakha, l'etrog utilisĂ© pour la mitzvah des « Quatre espĂšces » doit ĂȘtre sans dĂ©faut, de forme et Ă©tat parfait. Un etrog qui possĂšde encore un pitom Ă son bout (le pitom est une petite excroissance tombant gĂ©nĂ©ralement au cours du processus de croissance) est considĂ©rĂ© comme particuliĂšrement prĂ©cieux. Les dĂ©tails exacts quant au « meilleur » etrog possible sont consignĂ©s dans les grands ouvrages de Halakha. Du fait de la raretĂ© des etroguim « parfaits », leur prix peut monter jusqu'Ă 1 000 âŹ. De nombreuses histoires rapportent l'histoire d'humbles gens dans les shtetls d'Europe de l'Est dĂ©pensant des sommes princiĂšres pour avoir le privilĂšge de possĂ©der un etrog casher pour Soukkot. La forme du fruit, Ă©galement appelĂ©e Guidoul, est particuliĂšrement importante, ainsi que la propretĂ© de la partie supĂ©rieure du fruit. DiffĂ©rentes autoritĂ©s de la loi juive se disputent quant Ă la dĂ©finition exacte de la « partie supĂ©rieure de l'etrog ». On admet gĂ©nĂ©ralement qu'il s'agit du tiers supĂ©rieur du fruit.
Usage
La mitzvah premiĂšre de l'usage d'un etrog est le balancement des « Quatre espĂšces » juste avant la cĂ©rĂ©monie du Hallel. AprĂšs la fĂȘte, certains bouillent la pelure du fruit pour en faire de la confiture, des fruits confits ou des cakes aux fruits.
Origines
Les naturalistes modernes considĂšrent que l'etrog proviendrait du Nord de l'Inde, et serait arrivĂ© dans les pays du bassin mĂ©diterranĂ©en via les MĂšdes ou les Perses; d'oĂč l'origine du nom scientifique de l'espĂšce, Citrus medica (et des noms latins, non scientifiques, du fruit, Malum medica et Malum persica).
Il serait possible que les Juifs aient pris l'arbre avec eux de Babylone en Eretz Israël, lors du retour de l'exil à Babylone. Cependant, cette théorie a été rejetée par d'autres spécialistes (Isaac, Science 129:179-85, 1959). Andrews (Agr. Hist. 35(1):35-46, 1961) a pour sa part associé le mot biblique hadar à l'assyrien adaru (citron), ce qui indiquerait fermement que l'etrog se trouvait en mains juives aux temps bibliques.
Articles connexes
Notes et références
- Nahon, Peter (2015). Les Agrumes d'IntĂ©rieur : des variĂ©tĂ©s historiques aux essais actuels. Fruits oubliĂ©s 63, 16-18, dĂ©montre que cette appellation recouvre plusieurs variĂ©tĂ©s diffĂ©rentes de cĂ©drat et non une seule sĂ©lection variĂ©tale, malgrĂ© une erreur frĂ©quemment reproduite dans la littĂ©rature de vulgarisation. La page sur l'etrog de l'UniversitĂ© de Californie procĂšde Ă la mĂȘme clarification.
- C'est-à -dire résiste à la pression du doigt (définition CNRTL, Centre national de ressources textuelles et lexicales) :
- Carte de répartition (chorologie) sur l'encyclopédie botanique Tela Botanica