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Es ist ein trotzig und verzagt Ding

Es ist ein trotzig und verzagt Ding (C’est une chose obstinée et pusillanime), (BWV 176), est une cantate religieuse de Johann Sebastian Bach composée à Leipzig en 1725 pour la fête de la Sainte Trinité.

Cantate BWV 176
Es ist ein trotzig und verzagt Ding
Titre français C’est une chose obstinée et pusillanime
Liturgie Trinité
Date de composition 1725
Texte original
Traduction de J-P. Grivois, note Ă  note

Traduction française interlinéaire

Traduction française de M. Seiler
Effectif instrumental
Soli : S T B
Coro : chœur SATB
Hautbois I/II, hautbois d'amour, violon I/II, alto, basse continue
Partition complète [PDF]

Partition Piano/Voix [PDF]
Informations et discographie (en)
Informations en français (fr)

Commentaires (en)

Histoire et livret

Bach compose la cantate au cours de sa deuxième annĂ©e Ă  Leipzig Ă  l'occasion de la TrinitĂ©[1]. Pour cette destination liturgique, deux autres cantates ont franchi le seuil de la postĂ©ritĂ© : les BWV 129 et 165. Les lectures prescrites pour le dimanche sont tirĂ©es de l'ÉpĂ®tre aux Romains, reflĂ©tant la « profondeur de la sagesse Â» (11, 33–36) et de l'Ă©vangile selon Jean, la rencontre de JĂ©sus et de Nicodème (3, 1–15)[1].

Le texte est tiré de Jérémie 17: 9 (1er mouvement), Paul Gerhardt (6e mouvement) et Christiana Mariana von Ziegler (2e et 5e mouvements) (modifié par JS Bach)

Le thème du chœur est tiré du psaume « Christ unser Herr zum Jordan kam » dont le compositeur est inconnu, mais il est possible que Johann Walter puisse avoir participé à la composition ou à l'adaptation.

Au cours de sa deuxième année à Leipzig, Bach compose des cantates chorales entre le premier dimanche après la Trinité et le dimanche des Rameaux mais pour Pâques retourne à des cantates sur des textes plus variés, peut-être parce qu'il a perdu son librettiste. Neuf de ses cantates pour la période située entre Pâques et la Pentecôte sont basées sur des textes de Christiana Mariana von Ziegler, dont cette cantate précisément[2] qui est la dernière, connue, à laquelle ait contribué la poétesse leipzicoise. Il intègre ensuite la plupart d'entre elles, y compris celle-ci, dans son troisième cycle annuel de cantates[1].

Ziegler reprend l'idĂ©e de l'Évangile que Nicodème est venu parler avec JĂ©sus la nuit de peur d'ĂŞtre vu avec lui et en dĂ©duit des rĂ©flexions sur la timiditĂ© des chrĂ©tiens en gĂ©nĂ©ral[1]. Elle ouvre son texte par une paraphrase de JĂ©rĂ©mie, dĂ©crivant le cĹ“ur de l'homme comme trotzig und verzagt, attributs contradictoires rendus par exemple comme « audacieux et timide »[3] ou « contraire et dĂ©sespĂ©rĂ© » (17, 9). LittĂ©ralement trotzig signifie « rebelle », verzagt signifie « dĂ©couragĂ© »[2]. La poĂ©tesse continue avec une paraphrase des paroles de Nicodème disant que personne ne peut agir comme JĂ©sus si Dieu n'est pas avec lui. Elle utilise la huitième strophe du psaume Was alle Weisheit in der Welt (1653) de Paul Gerhardt pour le choral de fin[4], chantĂ© sur la mĂ©lodie de Christ, unser Herr, zum Jordan kam[2].

Bach dirige la cantate pour la première fois le . Il s'agit de la dernière des compositions de cantates de Bach de la deuxième année passée à Leipzig[2].

Structure et instrumentation

La cantate est écrite pour deux hautbois, hautbois d'amour, deux violons, alto, basse continue, trois solistes (soprano, alto, basse) et chœur à quatre voix.

Il y a six mouvements :

  1. chœur : Es ist trotzig und verzagt Ding
  2. récitatif (alto) : Ich meine, recht verzagt
  3. aria (soprano) : Dein sonst hell beliebter Schein
  4. récitatif (basse) : So wundre dich, o Meister, nicht
  5. aria (alto) : Ermuntert euch, furchtsam und schĂĽchterne Sinne
  6. chœur : Auf daß wir also allzugleich

Musique

Le chĹ“ur d'ouverture en do mineur se rĂ©sume, sans introduction instrumentale, Ă  une fugue chorale. Un thème complexe illustre deux aspects contrastĂ©s du cĹ“ur humain que JĂ©rĂ©mie mentionne, qui rend trotzig (rebelle) Ă  deux reprises, une fois dans une note Ă©levĂ©e rĂ©pĂ©tĂ©e atteinte par une fanfare en triade, puis dans une course vers le haut avec une modulation surprenante, alors que verzagt (timide) apparaĂ®t comme un motif soupirant en chromatisme. Les cordes accompagnent trotzig marquĂ© forte et verzagt marquĂ© piano, tandis que les hautbois doublent les voix[1]. Klaus Hofmann note que « Bach a pris un plus grand plaisir Ă  dĂ©peindre le dĂ©fi qu'Ă  reprĂ©senter la timiditĂ© (et s'est donc dĂ©marquĂ© dans une certaine mesure de l'intention de son librettiste) Â»[3]. John Eliot Gardiner traduit le texte par « Il y a quelque chose de tĂŞtu (ou rebelle ou volontaire) et un manque de courage (ou dĂ©couragement ou dĂ©sespoir) dans le cĹ“ur de l'homme Â», dĂ©crit le mouvement comme une « antithèse dramatique entre l'agression entĂŞtĂ© et la fragile couardise Â» et se demande « si ce commentaire arrĂŞtĂ© sur la condition humaine reflète les propres vues de Bach Â»[5].

L'aria de la soprano Dein sonst so hell beliebter Schein (« Ta chère brillante lumière Â») contraste avec la gavotte au « pied lĂ©ger », parfois sans continuo[3].

Jésus et Nicodème, par Crijn Hendricksz Volmarijn, 1616–1645

Dans le rĂ©citatif suivant, Nicodemus parle pour le ChrĂ©tien[3]. Bach ajoute une citation de l'Évangile au texte imprimĂ© de Ziegler, « car quiconque croit en toi ne pĂ©rira pas Â», et il la souligne en la dĂ©finissant en arioso[5].

Dans l'aria de l'alto, un inhabituel obbligato de trois hautbois à l'unisson, dont un hautbois da caccia, fait allusion à la Trinité qui est célébrée[3].

Le choral final est une disposition en quatre parties de l'archaïque mélodie modale[6] de Christ unser Herr zum Jordan kam[7]. Tout à la fin, Bach ajoute deux mesures à un degré plus élevé sur les mots ein Wesen, drei Personen (« un seul être, trois personnes »), reflétant la Trinité et un « éloignement de Dieu de sa relation à l'humanité ». Gardiner conclut que Bach « achève son deuxième cycle de Leipzig avec cette cantate remplie de pensées provocatrices et d'exégèse musicale »[5].

Enregistrements notables

Notes et références

  1. (de) Alfred Dürr, Die Kantaten von Johann Sebastian Bach, vol. 1, Bärenreiter-Verlag, (OCLC 523584)
  2. Christoph Wolff, The transition between the second and the third yearly cycle of Bach’s Leipzig cantatas (1725), , 2, 5, PDF (lire en ligne)
  3. Klaus Hofmann, « Es ist ein trotzig und verzagt Ding, BWV 176 / (There is a daring and a shy thing) » [PDF], bach-cantatas.com, (consulté le ), p. 7
  4. « Was alle Weisheit in der Welt / Text and Translation of Chorale », bach-cantatas.com, (consulté le )
  5. John Eliot Gardiner, « Cantatas for Trinity Sunday / St Magnus Cathedral, Kirkwall » [PDF], bach-cantatas.com, (consulté le ), p. 8–10
  6. Julian Mincham, « Chapter 50 BWV 176 Es ist ein trotzig und verzagt Ding / The human spirit may be both defiant and disheartened », jsbachcantatas.com, (consulté le )
  7. « Chorale Melodies used in Bach's Vocal Works / Christ unser Herr zum Jordan kam », bach-cantatas.com (consulté le )

Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes

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