Ernst Burger
Ernst Burger, né le à Vienne et mort pendu le au camp de concentration d’Auschwitz, est un communiste autrichien, activement engagé dans la résistance contre le nazisme et membre dirigeant du mouvement de résistance dans le camp d’Auschwitz.
Ernst Burger | |
Naissance | Vienne, Autriche-Hongrie |
---|---|
Décès | Auschwitz, Troisième Reich |
Première incarcération | Camp de Wöllersdorf (1937-1938) Prison de Stein (1940-1941) Auschwitz (1941-1944) |
Origine | Autriche |
Allégeance | KJÖ |
Type de militance | Rote Falken Jeunesse communiste d'Autriche Groupe de combat d'Auschwitz |
Cause défendue | Résistance contre le nazisme |
Hommages |
|
Biographie
Origines et formation
Ernst Burger grandit dans une famille ouvrière du quartier de Hietzing à Vienne. Il apprend le métier d'employé de bureau dans le secteur commercial, profession qu'il exerce de 1929 à 1934[1].
Engagement politique
En 1926, il adhère aux Rote Falken, organisation socialiste de loisirs pour la jeunesse, dont il devient chef de groupe de 1931 à 1933, puis chef d'arrondissement de 1933 à , date d'interdiction de l'organisation. Après la guerre civile autrichienne de 1934, il rejoint la Jeunesse communiste d'Autriche illégale et est élu à sa direction en 1935. Pendant la période de l'austrofascisme, en , et , il est arrêté et emprisonné par la police pendant plusieurs semaines, parfois plusieurs mois et, en , il est condamné à deux mois de cachot par décision du tribunal de Korneubourg. D' à , il est envoyé au camp d'internement de Wöllersdorf[2] - [3].
De à , il séjourne à Moscou pour suivre des cours à l’École internationale Lénine.
Après l'Anschluss, Ernst Burger se réfugie en Suisse en puis à Paris. Afin d’organiser le travail du KPÖ illégal, il revient clandestinement en Autriche en , mais il est arrêté deux jours plus tard par la Gestapo. En , il est condamné par le tribunal de Vienne à deux ans et neuf mois de prison pour « préparation d'une entreprise de haute trahison » et incarcéré à la prison de Stein.
Résistance au camp d’Auschwitz
Une fois sa peine de prison purgée, Ernst Burger n'est pas libéré mais transféré par la Gestapo au camp principal d'Auschwitz où il entre le et reçoit le matricule 23850. Il exerce la fonction de secrétaire du Block 4[4]. Un déporté juif de Belgique, Jozef Blitz (matricule 66200), a témoigné après la guerre que dans sa fonction au Block 4, Burger lui avait sauvé la vie[5].
Un groupe de résistance autrichien se constitue en 1942, dont il est la figure centrale[6] - [7]. À ce groupe se joignent Hermann Langbein, Rudolf Friemel, Ludwig Vesely, Alfred Klahr, puis également Heinrich Dürmayer et Ludwig Soswinski. Début , le groupe de résistance autrichien et le groupe de résistants polonais de gauche fusionnent pour former le Kampfgruppe Auschwitz (Groupe de combat d'Auschwitz)[7]. Ernst Burger en assume la direction politique et se charge de former des groupes politiques dans les kommandos de travail les plus importants[8].
L'objectif final de la résistance est d’organiser un soulèvement armé dans le camp. Cependant, il apparaît plus efficace d’agir en coordination avec les partisans polonais basés à proximité du camp. Pour les rejoindre, Ernst Burger et quatre autres de ses camarades du Groupe de combat d’Auschwitz tentent une évasion le . Mais c'est l'échec, suivi d'une mise au cachot au Block 11, de semaines de tortures sans qu'aucun d’entre eux ne livre la moindre information.
Le , les cinq détenus sont conduits sur la place d’appel pour y être pendus devant les 15 000 déportés rassemblés. Juste avant l'exécution, ils crient des mots d’ordre antifascistes malgré les coups qui s’abattent sur eux pour tenter de les faire taire[9] - [10]. Les dernières paroles d'Ernst Burger sont : « Nieder mit dem Faschismus, es lebe die Sowietunion » (À bas le fascisme, vive l'Union soviétique) et « Es lebe ein freies, unabhängiges Österreich » (Vive l'Autriche libre et indépendante)[11].
Hommages
Le , une plaque commémorative est apposée sur l'immeuble du 18 Matznergasse à Vienne (14e arrondissement) où a vécu Ernst Burger[12].
La ville de Vienne donne en le nom d'Ernst Burger Ă une rue du 14e arrondissement[13].
Sources et références
- (de) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en allemand intitulé « Ernst Burger (Widerstandskämpfer) » (voir la liste des auteurs).
- Mugrauer Ernst Burger, p. 192.
- Camp de Wöllersdorf-Steinabrückl : à l'époque de l’austrofascisme (1933-1938), un camp d’internement pour prisonniers politiques est installé sur le terrain d'une usine de fabrication de munitions.
- (de) Alfred Klahr Gesellschaft, « Ernst Burger (1915–1944)] », sur klahrgesellschaft.at (consulté le ).
- Henryk Świebocki : « Die "Kampfgruppe Auschwitz" », dans : Wacław Długoborski, Franciszek Piper (Hrsg.): Auschwitz 1940–1945. Studien zur Geschichte des Konzentrations- und Vernichtungslagers Auschwitz, Oswiecim, 1999, t. III, Widerstand, p. 154.
- Jozef Blitz, dossier no 9126323 aux Archives de Yad Vashem. Témoignage video par « Les Compagnons de la Mémoire » de Bruxelles, fait le 5 janvier 2007.
- Henryk Świebocki : « Die "Kampfgruppe Auschwitz" », dans : Wacław Długoborski, Franciszek Piper (Hrsg.): Auschwitz 1940–1945. Studien zur Geschichte des Konzentrations- und Vernichtungslagers Auschwitz, Oswiecim, 1999, t. III, Widerstand, p. 155.
- Langbein Menschen in Auschwitz, p. 290 et s..
- Mugrauer Ernst Burger, p. 217.
- Langbein Menschen in Auschwitz, p. 304 et s..
- Un témoin rapporte au procès de Francfort qu'Ernst Burger cracha au visage d'Oswald Kaduk qui le frappait pour l'empêcher de parler (cf. Mugrauer, Ernst Burger, p. 224)
- Mugrauer Ernst Burger, p. 223.
- (de) Friedl Garscha, Burger Ernst, site kz-verband-wien.at, 7 avril 2015.
- (de) « Zum Andenken an einen österreichischen Freiheitskämpfer: "Ernst Burger-Gasse" in Wien-Weidlingau », dans Rathauskorrespondenz du 30 novembre 1963 (consulté le 18 juillet 2012).
Voir aussi
Bibliographie
- (de) Hermann Langbein, Menschen in Auschwitz, Frankfurt am Main, Berlin, Wien, Ullstein-Verlag, (ISBN 3-548-33014-2)
- (fr) Hermann Langbein (trad. de l'anglais par Denise Meunier), Hommes et femmes à Auschwitz, Paris, Tallandier, coll. « Texto », , 532 p. (ISBN 978-2-84734-815-6)
- (de) Manfred Mugrauer, Ernst Burger (1915–1944) : Funktionär des Kommunistischen Jugendverbandes und führendes Mitglied der „Kampfgruppe Auschwitz“, Vienne, Dokumentationsarchiv des österreichischen Widerstandes : Feindbilder, (ISBN 978-3-901142-65-9, lire en ligne)
Articles connexes
Liens externes
- Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :
- (de) Notice Ernst Burger dans le Weblexikon der Wiener Sozialdemokratie
- (fr) L’exécution de dirigeants de la Résistance intérieure du camp d’Auschwitz (décembre 1944), « Témoignage d’André Montagne, 45912 », sur le site de Claudine Cardon-Hamet.