Ernest Hoschedé
Ernest Hoschedé (né le à Paris et mort le dans la même ville) est un négociant en tissus, critique d'art, créateur de revue, mécène et collectionneur d'art ; il fut l'ami de Claude Monet.
par Édouard Manet (tableau daté de 1875)
Naissance | |
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Décès |
(Ă 53 ans) 9e arrondissement de Paris |
SĂ©pulture | |
Nom de naissance |
Louis Ernest Jean Hoschedé |
Nationalité | |
Activités | |
Conjoint |
Alice Hoschedé (de à ) |
Enfants |
Marthe Hoschedé (d) Blanche Hoschedé Suzanne Hoschedé Jacques Hoschedé (d) Germaine Hoschedé (d) Jean-Pierre Hoschedé (d) |
Biographie
Louis Ernest Jean Hoschedé est né en 1837 à Paris ; ses origines restent imprécises. Ernest Hoschédé était le fils d'un industriel du textile et des dentelles et probablement pas le fils d'un colonel de l'armée française[1].
Devenu un important négociant en textile et en lingerie de luxe, il épouse à Paris le Alice Raingo, union dont six enfants naitront. Alice, dont la famille, originaire de Tournai, avait fondé une société en nom collectif de production de bronze en horlogerie, hérite, au moment de la mort de son père Alphonse, en , d'une vaste propriété à Montgeron, le château de Rottembourg. En 1871, après les événements de la Commune, Félix Bracquemond exécute une eau-forte figurant Hoschedé en uniforme[2].
Le nom d'Ernest Hoschedé est directement associé au courant impressionniste ; en effet, dès 1873, il fut le commanditaire de nombreux artistes impressionnistes dont Claude Monet et Manet. Il fut aussi le premier propriétaire du célèbre tableau Impression, soleil levant de Monet. Cependant, le collectionneur soutint aussi de jeunes artistes comme le peintre Victor Leclaire[3]. En 1872, il était entré au comité de direction de la Gazette des beaux-arts, où il possédait des parts[1].
Il fait en partie faillite pour dettes en 1877 et doit se résoudre, les 5 et à la vente aux enchères pour motifs judiciaires de sa propre collection, soit 138 œuvres, dont des Sisley, Renoir, Manet, Morisot, Pissarro et Monet, qui partent sous le marteau du marchand d'art Georges Petit[4]. Ce n'est pas là sa première vente : Hoschedé, procéda, sous le couvert de l'anonymat, à plusieurs ventes préalables, dont une en janvier 1874 puis une autre en , avec pour expert Paul Durand-Ruel[1]. Ces deux ventes, qui voient partir des Sisley et des Degas, sont destinées à tester le marché, et sont plutôt décevantes[5].
En , il lance avec Henri de Montaut, la revue L'Art de la mode, revue mensuelle de l'élégance (devenue L'Art et la mode en 1883)[6] à laquelle livre des poèmes Stéphane Mallarmé (1887)[7]. Il produit la même année le catalogue Les Femmes artistes. Exposition de l'Union des femmes (peintres et sculpteurs), présentes au Salons de 1880 et 1881, dans le cadre du Cercle des arts libéraux[8]. En 1882, il publie Impressions de mon voyage au salon de 1882[9].
En , quelques mois avant sa mort, sort Brelan de salons chez Bernard Tignol, essai dans lequel il revient sur la bataille qui opposa les modernes aux peintres académiques[10].
Relation avec Claude Monet
En 1876, Ernest Hoschedé charge Monet de peindre des panneaux pour son salon au château de Rottembourg, à Montgeron. Seront peintes à cette occasion plusieurs toiles dont Les Dindons, Étang à Montgeron, Coin de jardin à Montgeron, etc.
Au cours de l'été 1878, son épouse Alice et ses enfants déménagent pour aller habiter une maison à Vétheuil, avec Claude Monet et la première femme du peintre, Camille Doncieux, et les deux fils qu'ils ont eus, Jean et Michel. Même si on a dit qu'Ernest Hoschedé vient également habiter avec eux, il passe en réalité la plus grande partie de son temps à Paris.
La liaison entre Claude Monet et Alice Hoschedé commence soit dès 1875, ou selon d'autres sources, lors de l'été 1876. Après la mort de Camille Doncieux en 1879 (qu'Alice soigne pendant sa maladie, après la naissance de son second fils), Monet et Alice (avec l'ensemble de leurs huit enfants), continuent à vivre ensemble à Poissy tout d'abord (où ils vont habiter à partir de 1881), puis à Giverny, à partir de 1883.
Ernest Hoschedé meurt le en son domicile au no 45 rue Laffitte dans le 9e arrondissement[11], et Alice épouse Monet le .
Vie privée
Ernest Hoschedé épouse le Alice Raingo (1844-†1911), avec qui il a quatre filles et deux fils :
- Marthe Hoschedé (1864-†1925), épouse en 1900 Theodore Earl Butler (1861-†1936), sans postérité.
- Blanche Hoschedé (1865-†1947), épouse en 1897 Jean Monet (1867-†1914), fils du peintre Claude Monet, sans postérité.
- Suzanne Hoschedé (1868–†1899), épouse en 1892 Theodore Earl Butler (1861-†1936), deux enfants.
- Jacques Hoschedé (1869-†1941), épouse en 1896 une Norvégienne.
- Germaine Hoschedé (1873-†1968), épouse en 1902 Albert Salerou, postérité, dont le critique d'art Philippe Piguet né en 1946.
- Jean-Pierre Hoschedé (1877-†1961), épouse en 1903 Geneviève Costaddau, grand-père de Frédérique Hoschedé, dite Dorothée, animatrice de télévision.
Notes et références
- Frits Lugt, notice (1921-2010), in: Les marques de collections de dessins et d'estampes, Fondation Custodia.
- Citée par la Gazette Drouot du 22 mai 2020, cette eau-forte est répertoriée par Henri Beraldi — lot en ligne.
- Dominique Lobstein, Les Salons au XIXe siècle : Paris, capitale des arts, Paris, La Martinière, 2006, pp. 9-18.
- « Grandeur et décadence du mécène de Monet » par Florence Méréo, in: Le Parisien, 30 janvier 2015 — archives en ligne.
- Pierre Daix, Pour une histoire culturelle de l'art moderne: de David Ă CĂ©zanne, tome I, Paris, Odile Jacob, 1998, p. 231.
- (BNF 32702472).
- L'Art et la mode, notice bibliographique du Catalogue général de la BNF.
- Salons de 1880 et 1881. Les Femmes artistes. Exposition de l'Union des femmes (peintres et sculpteurs), Catalogue général de la BNF.
- Impressions de mon voyage au salon de 1882, Catalogue général de la BNF.
- Consulter en ligne le texte de Brelan de salons, Catalogue général de la BNF.
- Archives de Paris 9e, acte de décès no 472, année 1891 (vue 30/31)
Annexes
Bibliographie
- Dominique Lobstein, Défense et illustration de l'Impressionnisme : Ernest Hoschedé (1837-1891) et son "brelan de salons" (1890), L'Échelle de Jacob, , 260 p. (ISBN 9782913224766, présentation en ligne)