Erchempert
Erchempert ou Herempert (Erchempertus en latin ; Erchemperto en italien) est un moine de l'abbaye du Mont-Cassin, Ă©crivain et historien, probablement d'origine lombarde, peut-ĂȘtre d'origine noble, ayant vĂ©cu au IXe siĂšcle[1]. Il serait nĂ© dans la province de Caserte en Italie mĂ©ridionale[2]. Erchempert est considĂ©rĂ© comme un historien parce quâil a Ă©crit lâHistoria Langobardorum Beneventanorum, "Histoire des Lombards de BĂ©nĂ©vent" vers 889. Cette histoire continue celle de Paul Diacre, auteur d'une premiĂšre Histoire des Lombards. Erchempert ajoute des prĂ©cisions sur BĂ©nĂ©vent et remanie l'interprĂ©tation de Paul Diacre qui avait racontĂ© le rĂšgne des Lombards en Italie avec la chute du royaume devant Charlemagne (774) en perspective[3]. Erchempert donne une bonne idĂ©e de lâĂ©ducation monastique de son temps, oĂč lâhistoire est une branche de la grammaire. Il Ă©crit en tant que grammaticus (ou spĂ©cialiste de l'enseignement de la grammaire)[4].
L'ordre de Saint-Benoit
Les fondements des Bénédictins
Erchempert est un moine bénédictin. Cet ordre a été fondé par Benoit du Nursie, auquel on attribue la rédaction de la RÚgle bénédictine. Cette RÚgle est la référence des moines bénédictins, puis de tous les moines quand les Carolingiens l'imposent comme norme dans leur empire avec la Réforme d'Aniane[5].
Monte Cassino, le monastĂšre d'Erchempert
Benoßt a fondé l'Monte Cassino, mais le monastÚre fut abandonné lors de l'invasion lombarde. Rebùti, il est à nouveau pillé en 883[6]. L'abbaye est un haut lieu de culture et d'éducation. « Most impressively, Benedictine monasteries preserved ancient literature that helped to make possible the cultural and religious achievements of the thirteenth century and the Renaissance of the fifteenth. »[7]
Erchempert au sein de cette organisation monastique se trouve ĂȘtre primordial et câest pour cette raison quâil gardera toute sa vie une appartenance au Monte Cassino. Erchempert se retrouve avec plusieurs responsabilitĂ©s au sein de lâabbaye, comme les relations avec le pape Leon III pour Ă©tendre leurs principes monastiques. Il Ă©tait un reprĂ©sentant de lâabbaye Ă Rome et Ă Naples, câest pour cette raison quâil entretenait des relations avec les deux rĂ©gions prĂ©sentĂ©s[8]. Les communications seront entreprises par lui, plusieurs lettres seront envoyĂ©es dâErchempert lui-mĂȘme[9]. Câest dans cet Ă©tablissement quâErchempert aura continuĂ© le travail de Paul Diacre sur lâhistoire des lombards et leur chute en 888[9].
L'Ă©ducation d'Erchempert
PremiĂšrement, il est important de mentionner de quelle façon le livre dâErchempert dĂ©montre que lâĂ©ducation monastique est en montĂ©e et que celle-ci se trouve Ă ĂȘtre trĂšs efficace tant au niveau de lâĂ©criture, quâau niveau politique ou mĂȘme social[10]. Cette façon dâĂ©crire lâhistoire dâErchempert se rapport Ă une nouvelle forme de chronique qui se sĂ©pare de la chronique chrĂ©tienne classique traditionnelle qui perdurait dans ses annĂ©es. Dans Historia Langobardorum Beneventanorum, lâhistoire est une caractĂ©ristique importante qui nâexistait pas encore dans les autres chroniques classiques[11].
MalgrĂ© le retard de la rĂ©gion sur les autres Ă lâOuest, les monastĂšres du Sud de lâItalie enseignaient des disciplines qui Ă©taient tout aussi importantes. Benoit de Nursie, le fondateur de Monte Cassino, donne une grande importance Ă lâenseignement dĂ» au fait quâil croit fermement que cela permet un rapprochement avec Dieu et la foi[12]. On donne ainsi une grande importance Ă la littĂ©rature, la grammaire, la musique, la poĂ©sie, la thĂ©ologie et mĂȘme la mĂ©decine. « ⊠Monte Cassino likely made use of traditional programs of Roman education based upon the trivium (grammar, dialectic, and rhetoric) and quadrivium (arithmetic, music, geometry, and astronomy), which were to some extent followed in monasteries along with instruction in Christian doctrine. »[13]
Pour terminer, il est important de mentionner quâErchempert est un des premiers auteurs de cette Ă©poque mĂ©diĂ©vale qui donne au lecteur un sens de lâĂ©poque dans laquelle il vivait. Cela sâexplique par le fait quâil Ă©tait prĂ©sent lors du plusieurs des Ă©vĂšnements dĂ©crits dans son livre et il sâinclut souvent dans ceux-ci[4].
Historia Langobardorum Beneventanorum
Les Lombards et le contexte général
Avant le 9e siĂšcle, lâItalie se trouvait entre les mains de lâempire byzantin et ce nâest quâĂ la premiĂšre moitiĂ© du 9e siĂšcle que leur emprise sâest peu Ă peu effacĂ©e. Les Lombards prennent donc le pouvoir dans la rĂ©gion. Pour se dĂ©fendre ils engageront des Arabes qui viennent dâAfrique. Ceux-ci envahissent les territoires du Sud de lâItalie pour pouvoir sâenrichir en volant les terres et les monastĂšres de leur richesse[14].
Dans le Sud, un peuple qui se fait nommer les Lombards prennent le pouvoir de la rĂ©gion. Plusieurs chefs se suivent durant leur rĂšgne qui dure en Italie, environ, de lâannĂ©e 787 jusquâĂ lâannĂ©e 889. On peut nommer quelques-uns de ces chefs dĂ»t Ă leur importance sur les territoires au Sud lâItalie, Arichis II, Grimoald III, Grimoald IV, Sico et Sicard.[14] Ceux-ci dirigent la rĂ©gion de BĂ©nĂ©vent, lĂ oĂč rĂ©side Erchempert dans lâabbaye de Monte Cassino. Ces deux derniers dirigeants des Lombards ont Ă©tĂ© dĂ©crits par Erchempert dans son livre sur la chute de leur empire. « ⊠strong and ruthless rulers, draining church treasuries and evincing an especially keen interest in tax collection throughout their extensive territory. »[14] En dâautres termes, ces dirigeants lombards nâempĂȘchent aucunement les attaques arabes qui sont rĂ©guliĂšres sur le territoire.
Le rĂšgne des Lombards se termine aprĂšs plusieurs annĂ©es Ă lâaide de lâempire carolingien au Nord du pays de lâItalie sous Louis II. La conquĂȘte du territoire du Sud de lâItalie prendra plusieurs tentatives Ă chasser toutes les menaces arabes du territoire et les Lombards perdront ainsi tout pouvoir politique. La premiĂšre croisade sera un Ă©chec total et il faudra attendre la deuxiĂšme tentative pour quâil y ait un rĂ©sultat rĂ©el. Ce sera avec les demandes intensives de Monte Cassino, lâabbaye ou Erchempert aura appartenu toute sa vie, quâil y aura une deuxiĂšme tentative de prendre le territoire et chasser les Lombards de ces terres. Cette tentative fonctionnera[14].
Influence externe sur le livre
Comme expliquĂ© ci-haut, Erchempert se base sur un auteur de son Ă©poque pour la continuitĂ© de son histoire. Paul Diacre, ou Paul the Deacon, est le premier dans les annĂ©es 786 Ă Ă©crire un livre sur lâhistoire des lombards, Historia langobardorum. Il sâest retirĂ© Ă Monte Cassino pour Ă©crire son texte[2]. Le livre de Paul Diacre se consacre entiĂšrement au rĂšgne du roi Liutprand. « LâHistoria a pour propos et pour fil conducteur de suivre les Ă©tapes de la conquĂȘte territoriale de la gens et de ses souverains et, parallĂšlement, celles de leur conversion au catholicisme romain jusquâĂ la rĂ©alisation de son unitĂ© politique et religieuse sous Liutprand. »[2] On remarque ici que Paul Diacre Ă©vite complĂštement de parler de la chute de leur rĂšgne. Câest donc en 889 quâErchempert reprend le livre de Diacre, qui se trouvait Ă lâAbbaye oĂč il a Ă©tĂ© associĂ© toute sa vie, pour le façonnĂ© sur lâhistoire du territoire de BĂ©nĂ©vent et terminer lâhistoire des lombards qui nâa pas Ă©tĂ© terminĂ© par Paul Diacre[2].
L'histoire racontée par Erchempert
PremiĂšrement, il faut comprendre que la seule information qui nous donne une indication quâErchempert Ă©tait prĂ©sent Ă cette Ă©poque se trouve Ă ĂȘtre le fait quâil se mentionnait lui-mĂȘme dans les Ă©vĂšnements qui ont pris place dans le Sud de lâItalie. Il est Ă©galement important de mentionner que le livre dâErchempert nâest fondĂ© sur aucune source qui nous est connue aujourdâhui, exceptĂ© le livre de Paul Diacre qui se trouve Ă ĂȘtre la base du livre dâErchempert[15].
Erchempert commence son livre par expliquer comment les dirigeants lombards nâĂ©taient pas compĂ©tents. Comme expliquĂ© ci-haut, ceux-ci ont amenĂ©, en engageant des Arabes comme protecteurs de lâĂ©lite mais de la population. Cependant, en les engageants, ils ont amenĂ© des atrocitĂ©s sur leur peuple ââinnocentââ. Le peuple est devenu trĂšs pauvre en raison des attaques de ces groupes qui Ă©taient censĂ©s les protĂ©ger et les monastĂšres ont Ă©tĂ© dĂ©pourvus de leurs richesses Ă©galement[15]. Erchempert explique Ă©galement Ă travers son livre que les lombards Ă©taient des dirigeants qui nâĂ©taient pas efficaces dans leur maniĂšre de gouverner et que ceux-ci Ă©taient divisĂ©s en plusieurs petites Ă©lites. Cela fait en sorte se rendre presque impossible la tĂąche de gouverner le territoire du Sud de lâItalie et ceux-ci nâavaient aucune vision du futur, ce qui donne aux dĂ©cisions politiques peu de portĂ©e dans leur action[15].
Ensuite, Erchempert dĂ©montre Ă travers son livre que les Lombards nâĂ©taient pas des personnes qui respectaient des traitĂ©s ou des alliances. Ceux-ci ne donnaient aucune importance aux nobles de leur propre influence ou ceux des autres empires. « The Capuans urged Louis II to come to southern Italy to fight the Muslims and promised to come out in force to help him. But when he arrived, the Capuans shut themselves in their city and refused to give Louis the assistance they had promised him. This action, in fact, led to the failure of the campaign against the Saracens. »[16]On peut donc remarquer que les lombards nâavaient aucune intention dâaider une autre civilisation malgrĂ© le fait quâils signent des traitĂ©s et donne des promesses.
Erchempert continue Ă donner plusieurs exemples pour dĂ©montrer Ă quel point les dirigeants lombards sont des gens qui nâaidaient aucunement la population des terres du Sud de lâItalie. Il finit cependant par donner son explication au pourquoi est-ce que leur rĂšgne aurait chutĂ©. Il croit fermement que les attaques et les vols contre les monastĂšres, plus prĂ©cisĂ©ment Monte Cassino, auraient causĂ© la condamnation des dirigeants lombards et de leur armĂ©e arabe, ce qui aurait causĂ© leur perte quelques annĂ©es plus tard[17]. Leur manque dâalliĂ©s et leur difficultĂ© Ă gouverner cause Ă©galement leur perte comme expliquĂ© dans le texte ci-haut.
Liens externes
- (la) Historia Langabardorvm Beneventarnorvm sur le site The Latin Library
- (la) Historia Langabardorvm Beneventarnorvm sur le site du Centro europeo di studi normanni
Références
- Insertion article antérieur.
- Huguette Taviani-Carozzi, Vivre en paix dans la societe lombarde : Paul Diacre et Gregoire le Grand, Aix-en-Provence, Presses universitaires de Provence, , 320 p.
- Joan Rowe Ferry, & Erchemperto. Erchempert's History of the Lombards of Benevento: A translation and study of its place in the chronicle tradition, 1995, p. 7
- Joan Rowe Ferry, & Erchemperto. Erchempert's History of the Lombards of Benevento: A translation and study of its place in the chronicle tradition, 1995, p. 7
- Adalbert de Vogue, La rĂšgle de Saint-Benoit, Paris, Le Cerf,
- Luigi Andrea Berto, « Erchempert, a reluctant fustigator of his people: History and ethnic pride in Southern Italy at the end of the ninth century. », Mediterrenean studies,â vol. 20, no. 2, 2012, p.158
- Dennis L. Okholm, Monk habits for everyday people : Benedictine spirituality for protestant., , p.26
- Luigi Andrea Berto, « Erchempert, a reluctant fustigator of his people: History and ethnic pride in southern italy at the end of the ninth century. », Mediterranean Studies,â vol.20, no. 2, 2012, p.151
- Louis Bulteau, Histoire de l'ordre de st.Benoit.... par +++++ de la congégration de St.Maur.,
- Joan Rowe Ferry, & Erchemperto, Erchempert's history of the lombards of benevento : A translation ans study of its place in the chronicle tradition, , p.84
- Joan Rowe Ferry, & Erchemperto, Erchempert's history of the lombards of benevento : A translation and study of its place in the chronicle tradition., , p.84
- Joan Rowe Ferry, & Erchemperto, Erchempert's history of the lombards of benevento : A translation and study of its place in the chronicle tradition, , p.95
- Joan Rowe Ferry, & Erchemperto, Erchempert's history of the lombards of benevento : A translation and study of its place in the chronicle tradition, , p.96
- Barbara Kreuts, Before the Normans : Southern Italy in the Ninth and Tenth Centuries, Philadelphia: University of Pennsylvania Press,
- Luigi Andrea Berto, « Erchempert, a reluctant fustigator of his people: history and ethnic pride in southern italy at the end of the ninth century », Mediterranean Studies,â vol.20, no.2, 2012, p.152
- Luigi Andrea Berto. âErchempert, a Reluctant Fustigator of His People: History and Ethnic Pride in Southern Italy at the End of the Ninth Century.â Mediterranean Studies, vol. 20, no. 2, 2012, p. 154
- Luigi Andrea Berto. âErchempert, a Reluctant Fustigator of His People: History and Ethnic Pride in Southern Italy at the End of the Ninth Century.â Mediterranean Studies, vol. 20, no. 2, 2012, p. 155
Bibliographie
- Adalbert de VogĂŒĂ©, La rĂšgle de saint BenoĂźt, t. I-VIII, Paris, Le Cerf, 1972.
- Louis Bulteau. Histoire de lâordre de St. Benoit⊠par +++++ de la congrĂ©gation de St. Maur, 1684.
- (en) Joan Rowe Ferry, & Erchemperto. Erchempert's History of the Lombards of Benevento: A translation and study of its place in the chronicle tradition, 1995.
- (en) Barbara M. Kreuts. Before the Normans: Southern Italy in the Ninth and Tenth Centuries. Philadelphia: University of Pennsylvanis Press, 2011.
- (en) Luigi Andrea Berto. âErchempert, a Reluctant Fustigator of His People: History and Ethnic Pride in Southern Italy at the End of the Ninth Century.â Mediterranean Studies, vol. 20, no. 2, 2012, p. 147â175.
- (en) Dennis L. Okholm. Monk habits for everyday people: Benedictine spirituality for Protestants, Brazos Press, 2007.
- Huguette Taviani-Carozzi. Vivre en paix dans la sociĂ©tĂ© lombarde : Paul Diacre et GrĂ©goire le Grand. In Carozzi, C., Le BlĂ©vec, D., & Taviani-Carozzi, H. (Eds.), Vivre en sociĂ©tĂ© au Moyen Ăge : Occident chrĂ©tien VIe-XVe siĂšcle. Presses universitaires de Provence, 2008.