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Emmanuel Didier

Emmanuel Didier est un sociologue français, spécialiste de Sociologie de la quantification ou socio-histoire de la quantification. Il est à l'origine, avec Isabelle Bruno[1] et Julien Prévieux[2], de la théorie du "Statactivisme".

Emmanuel Didier
Biographie
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Directeur de thèse

Il est directeur de recherche au CNRS, membre du Centre Maurice-Halbwachs (ENS et EHESS). Il est directeur de l'Institut Santé Numérique et société au sein de PariSanté Campus. Il est professeur attaché à l'Université PSL et directeur du programme Médecine-Humanités[3] de l’École normale supérieure

Il est membre du Comité consultatif national d'éthique[4].

Il est rédacteur en chef de la revue Statistique et société[5] depuis 2012[6].

Biographie

Emmanuel Didier a étudié la sociologie à l'École normale supérieure (Ulm), la statistique à l'École nationale de la statistique et de l'administration économique (ENSAE) et l'histoire des sciences à l'université Harvard.

Il s'est ensuite engagé dans un doctorat de sociologie à l'École des Mines de Paris sous la direction de Bruno Latour, Luc Boltanski et Alain Desrosières au cours duquel il a étudié réflexivement la quantification comme instrument de gouvernement[7]. Son premier livre en est tiré. Intitulé En quoi consiste l'Amérique[8], il porte sur l'invention des sondages aléatoires aux États-Unis et démontre que cette nouvelle techniques a été co-construite en même temps que les politiques interventionnistes du New Deal. La technique statistique est intimement liée à une forme d'intervention du gouvernement dans l'économie. Ce livre est paru sous une version remaniée et adaptée en 2020 chez MIT Press sous le titre America by the Numbers[9].

Recruté au CNRS en 2005, il est d'abord membre du CESDIP, puis du Groupe de sociologie politique et morale[10] dont il devient directeur adjoint en 2012. Il s'intéresse à la "Politique du chiffre", c'est-à-dire à l'usage massif d'indicateurs et d'objectifs quantifiés pour gouverner la police de sécurité publique utilisés pendant les années 1990 - 2000. Cette enquête a donné lieu à un second livre, rédigé avec Isabelle Bruno[11], intitulé Benchmarking[12], dans lequel ils explorent les techniques quantitatives de gouvernement de plusieurs administrations publiques - police, hôpital et enseignement supérieur et recherche - et analysent leurs effets souvent néfastes.

Désireux cependant de démontrer aussi la puissance positive des chiffres, il a édité avec la politiste Isabelle Bruno et l'artiste Julien Prévieux le livre intitulé Statactivisme[13], regroupant des travaux d'universitaires, de militants et d'artistes qui utilisent les nombres pour s'opposer au pouvoir ou pour faire exister des causes négligées par les autorités.

Entre juillet 2014 et septembre 2016, il s'installe aux États-Unis pour fonder Epidapo[14], une unité mixte du CNRS implantée à UCLA, dont il est directeur adjoint. Il y a ouvert un nouveau chantier sur la politique des données de santé. Depuis, il travaille sur la santé numérique, c'est-à-dire sur les transformations opérées par le développement des technologies du numérique sur le système de soin. Il explore en particulier le phénomène des fake news concernant la santé, les effets sociaux des projets de centralisation des données de santé dans des plateformes numériques[15], ou encore les transformations du diagnostic médical opéré par le recours à l'intelligence artificielle.

En 2018 il soutient son Habilitation à diriger des recherches sous la direction de Florence Weber à l'École normale supérieure rue d’Ulm. Il y propose une théorie générale et ramassée du lien entre politique et quantification qui a été publiée en Anglais sous le titre de Quantitative Marbling, New Conceptual Tools for the Socio-history of Quantification[16], Anton Wilhelm Amo Lectures n°7, Martin-Luther-Universitat Halle-Wittenberg press. Il est nommé directeur de recherche au CNRS l'année suivante.

En 2019 il est nommé membre du Comité consultatif national d'éthique et du Conseil français de l'Intégrité scientifique[17]. Il est signataire de la motion de réserve à l'avis 139 du CCNE (portant sur les "questions éthiques relatives aux situations de fin de vie : autonomie et solidarité"), qui s'oppose à une évolution législative sur l’aide active à mourir[18].

Ses travaux se développent ensuite au sein de l'Institut Santé numérique et Société dont il est directeur, qui est membre de PariSanté Campus[19]. Il travaille sur le rôle de l'éthique, qui se développe avec une puissance surprenante, dans les évolutions de la santé numérique.

Collaborations internationales

Emmanuel Didier a établi de nombreuses et riches collaborations internationales aux États-Unis : Harvard où il était visiting scholar pendant 16 mois en 1996-1997, l'Université de Chicago où il a été invited lecturer en 2008, UCLA où il était visiting professor[20] entre 2014 et 2016 ; en Allemagne où il a été fellow au MPIWG en 2001 et 2006 et auWiko (en) en 2013, ainsi que dans bien d'autres pays : l’Égypte où il a travaillé au CEDEJ, l'Argentine où il a enseigné à l'Université de Buenos Aires, le Brésil où il a donné une série de conférences dans plusieurs universités.

Il est le fondateur de la Society for the Social Studies of Quantification[21] (SSSQ) qui est un réseau international associant UCLA, l'Université Northwestern, la LSE et Wits University[22] en Afrique du Sud et qui est ouvert à tous.

Publications

Livres

  • Anton Wilhelm Amo (Lectures n°7), Quantitative Marbling, New Conceptual Tools for the Socio-history of Quantification, Martin-Luther-Universitat, Halle-Wittenberg press, (lire en ligne).
  • Emmanuel Didier, America By the Numbers : Quantification, Democracy, and the Birth of National Statistics, MIT Press, (lire en ligne).
  • Emmanuel Didier, Julien Prévieux et Isabelle Bruno, Statactivisme, Comment lutter avec des nombres, Paris, La Découverte, coll. « Zones », (lire en ligne).
  • Emmanuel Didier, Prouver et gouverner. Une analyse politique des statistiques publiques, Paris, La Découverte, (lire en ligne).
  • Emmanuel Didier et Isabelle Bruno, Benchmarking. L’État sous pression statistique, Paris, La Découverte, coll. « Zones », (lire en ligne).
  • Emmanuel Didier, En quoi consiste l’Amérique ? Les statistiques, le New Deal et la Démocratie, Paris, La Découverte, (ISBN 978-2-7071-5708-9, DOI 10.3917/dec.didie.2009.01, lire en ligne).

Notes et références

  1. « Isabelle Bruno »
  2. « Julien Prévieux »
  3. « Médecine-Humanités - Programme de l'École normale supérieure », sur ens.fr (consulté le ).
  4. « Journal officiel »
  5. « Statistique et société »
  6. « SFdS »
  7. « Thèses.fr »
  8. « Le Monde des livres »
  9. « MIT Press »
  10. « GSPM »
  11. « Isabelle Bruno - Université de Lille », sur univ-lille.fr (consulté le ).
  12. Isabelle Bruno et Emmanuel Didier, « L’évaluation, arme de destruction », Le Monde diplomatique,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  13. Olivier Pilmis, « Des chiffres en lutte », sur laviedesidees.fr, La Vie des idées (consulté le ).
  14. https://archives.cnrs.fr/presse/article/3795
  15. « Données de santé  : un débat entre deux conceptions de la souveraineté », sur AOC media - Analyse Opinion Critique, (consulté le ).
  16. https://wcms.itz.uni-halle.de/download.php?down=60024&elem=3346065
  17. https://www.hceres.fr/sites/default/files/media/downloads/hceres_cv_cofis_emmanuel_didier_2021.pdf
  18. « Avis 139 Questions éthiques relatives aux situations de fin de vie : autonomie et solidarité | Comité Consultatif National d’Ethique », sur www.ccne-ethique.fr (consulté le )
  19. « PariSanté Campus »
  20. « Visiting Professors UCLA »
  21. « Accueil - CMH », sur CMH (consulté le ).
  22. https://www.wits.ac.za/

Liens externes

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