Ellen Bird
Ellen Bird, née le au Royaume-Uni à Old Buckenham (en) dans le comté de Norfolk et morte le 11 septembre 1949 aux États-Unis à Newport dans l’État de Rhode Island, est une femme de chambre britannique, rescapée et principale témoin des derniers instants vécus par ses employeurs Ida & Isidor Straus emportés conjointement par le naufrage du Titanic.
Biographie
Ellen Bird naît au Royaume-Uni, dans un petit village nommé Old Buckenham (en), situé dans le comté de Norfolk[1].
Elle est la fille de Samuel Bird et de son Ă©pouse Maryann[2]. La famille compte 11 enfants[2].
Alors qu’Ellen Bird vit et travaille à Londres comme femme de ménage, elle est recrutée par Madame Ida Straus qui cherche une personne de confiance pour l’accompagner — elle et son mari Isidor Straus — durant le voyage de retour à New York. En effet, ils sont arrivés en Europe au mois de janvier 1912 pour y accompagner leur petite-fille Béatrice Hess, à dessein de la confier à de la parenté en Allemagne ; ils profitent ainsi de leur séjour pour tenter d’y recruter une employée de langue française. Leurs démarches n’ayant pu aboutir, ils n’ont donc finalement d’autre alternative que de reporter leur choix sur une première candidate britannique, mais cette dernière leur fait faux-bond in extremis. C’est donc Ellen Bird qui est finalement engagée[3]. Ida Straus écrit à ses enfants en y exprimant le vœu qu’Ellen Bird puisse leur convenir et répondre du mieux que possible à leurs attentes et espérances[4].
Titanic
Isa & Isidore Straus, accompagnés de leur femme de chambre Ellen Bird et de leur majordome John Farthing, embarquent le 10 avril 1912 à bord du Titanic, sur le quai de Southampton. Ils y occupent la suite C-97 avec, pour numéro de ticket commun, le 17 483 PC[5] - [6].
Le Titanic connaîtra le destin que l'on sait.
Après la collision du navire avec l’iceberg et le naufrage qui s’ensuit, Ida Straus tergiverse sur l’opportunité de bénéficier ou non de l’un des canots de sauvetage, car son mari refuse catégoriquement de prendre la place de qui que ce soit d’autre « aussi longtemps qu’il y aura encore des femmes et des enfants à bord[trad 1] ». Isidor Straus insiste néanmoins pour que sa femme soit épargnée, mais celle-ci lui oppose alors catégoriquement une fin de non-recevoir, lui rétorquant tout de go : « Nous avons vécu ensemble pendant de nombreuses années. Où que tu ailles, je te suivrai[trad 2] - [7] ! ». Ses paroles sont clairement perçues et enregistrées par l’ensemble des passagers qui se trouvent déjà sur la chaloupe, ainsi que par ceux alentour qui restent encore dans l’expectative de pouvoir profiter d’une embarcation. Dans un premier temps, Ida Straus remet d’abord à Ellen Bird ses bijoux, avant de se raviser et, finalement, de lui confier son manteau de fourrure[8], en lui disant : « Vous en aurez bien plus besoin que moi[trad 3] - [9] ». C’est donc fermement encouragée par ses employeurs résolus à rester sur le bateau qu’Ellen Bird monte en fin de compte à bord du canot no 8 et sera ainsi sauvée du naufrage[10]. Le couple Straus, quant à lui, est encore aperçu sur des transats, avant d’être emporté par une vague qui les précipite conjointement dans l’océan[11] - [12].
États-Unis
Arrivée à New York à bord du Carpathia, Ellen Bird et un autre rescapé, Mauritz Hakån Björnström-Steffansson, témoignent ensemble, sous serment, des derniers instants vécus par le couple Straus[13].
Quelque temps plus tard, Ellen Bird tient à restituer le manteau de fourrure à la fille aînée du couple Straus, Sara Hess Straus, mais celle-ci lui répond que si sa mère lui a offert ce manteau, c’est qu’elle doit le considérer comme un cadeau et qu’elle doit donc le garder[14].
Ellen Bird travaille ensuite comme femme de chambre à Tuxedo Park pour le compte de la famille de Frederic Oakley Spedden, dont tous les membres ont également survécu au naufrage[15]. Par une curieuse coïncidence, le hasard veut que ses nouveaux employeurs aient emprunté le même paquebot que le couple Straus lors du voyage aller vers l’Europe[16].
Ellen Bird travaille pour la famille Spedden jusqu’à son mariage avec J. Edward Beattie[note 1], puis elle finit ses jours à Newport, dans l'État du Rhode Island, où elle meurt le 11 septembre 1949[1], sans laisser de descendance. Elle est enterrée au cimetière d’Acushnet[1], dans le Massachusetts. Son mari, J. Edward Beattie (1881–1963), repose à ses côtés[1].
Publications
- (en) Joan Adler, Many waters cannot quench love – neither can the floods drown it, Smithtown, NY, Straus Historical Society, Inc., , [doc] (lire en ligne).
- (en) [NWCTB 85 T715] National Archives, List or Manifest of Alien Passengers for the United States Immigration Officer At Port Of Arrival, vol. 4183 : Contract Ticket List, White Star Line 1912, New York, National Archives, coll. « Ship: Carpathia », , « NRAN-21-SDNYCIVCAS-55[279] »
- (en) Colonel Archibald Gracie IV, The Truth about the « Titanic », Mitchell Kennerly, (présentation en ligne)
- (en) Eve M. Kahn, « Titanic Centennial: Salvage and Memories », New York Times, New York « Antiques »,‎ (ISSN 0362-4331, lire en ligne [html])
- (en) Mark Baber, « Ida Strauss estate $260,000 », New York Times, New York « Antiques »,‎ (ISSN 0362-4331, lire en ligne)
Notes et références
Traductions
- (en) « [...] as long as there are women and children still remaining on the ship »
- (en) « We have lived together for many years. Where you go, I go »
- (en) « I won’t be needing this »
Notes
- Une anecdote voudrait que l’un des enfants de la famille Straus, Jesse I. Straus, ait un jour rencontré un employé d’hôtel qui leur aurait déclaré être le mari d’Ellen Bird : J. Edward Beattie[17]. Il semblerait que celui-ci ait travaillé alternativement dans le domaine de l’hôtellerie ainsi que comme conducteur de yacht pour le compte de riches propriétaires.
Références
- (en) [8165752] (en) Sally C. Palmer, Ellen Bird Beattie, Find A Grave, (présentation en ligne). Memorial # 8165752 : Ellen Bird Beattie. Birth: April 8, 1881 in Norfolk, England. Death: September 11, 1949, Newport, Newport County, Rhode Island, USA. Burial: Acushnet Cemetery, Acushnet, Bristol County, Massachusetts, USA. Record added: December 08, 2003.
- (en) John Balls, Miss Ellen Bird – « Titanic » Survivor, 1st Class Passengers, Personal Maid, Dereham, Nostalgia Publications, (présentation en ligne), « Titanic: The Norfolk Survivors »
- (en) Kahn 2011 : « Ellen Bird, who worked for Ida and Isidor Straus, the Macy’s magnates ».
- (en) Adler 2001, p. 1 et 2. La lettre dit ceci : « I have engaged a nice English girl now but as with the other do not know whether I can count on her. »
- (en) [NWCTB 85 T715] National Archives, List or Manifest of Alien Passengers for the United States Immigration Officer At Port Of Arrival, vol. 4183 : Contract Ticket List, White Star Line 1912, New York, National Archives, coll. « Ship: Carpathia », , « NRAN-21-SDNYCIVCAS-55[279] »
- (en) Adler 2001, p. 2. « Isidor and Ida Straus were booked on the maiden voyage of the Titanic along with Ida’s new English maid, Ellen Bird, and Isidor’s valet, John Farthing. They boarded in Southampton England on April 10th, 1912 after having been issued ticket number 17483. »
- Dans son numéro paru le 20 avril 1912, le quotidien français Excelsior publie toute une série de dessins illustrant les témoignages de survivants. Paul Thiriat, auteur de l’image représentant Isidor et Ida Straus, enlacés sur le Titanic en perdition, en commente le contenu en ces termes : « Madame Ida Straus n’aurait jamais pu ne serait-ce même qu’envisager un seul instant de partir sans son mari ou de le laisser seul sur le bateau ». Cf. témoignage oral de M. Thornton relatant les derniers instants du couple Isidore et Ida Straus sur le Titanic : (en) Paul Thiriat, « Mrs Straus would not leave her husband », Excelsior, encyclopedia titanica « Coll. Olivier Mendez »,‎ (lire en ligne).
- (en) Kahn 2011 : « Mrs. Straus gave Bird a fur coat for the lifeboat ride [...] »
- (en) Adler 2001, p. 2. « Ida Straus gave Ellen Bird her fur coat saying: « I won’t be needing this. » »
- (en) Adler 2001, p. 2. « Ellen Bird did accept a seat in one of the lifeboats. »
- (en) Kahn 2011 : « Mrs. Straus [...] headed back to die with her husband. »
- (en) Adler 2001, p. 2. « Ida Straus refused to leave her husband’s side, refused a seat in a lifeboat, and perished with him. »
- (en) Baber 1912. « Two affidavits were filed with the petition. They were made by Miss Ellen Bird and Mr Mauritz Hakån Björnström-Steffansson, who were passengers on the Titanic, and who were rescued by the Carpathia. Miss Ellen Bird testified that Mrs. Straus remained with her husband when other women were being taken from the sinking ship. Mr Mauritz Håkan Björnström-Steffansson testified merely that the Strauses were aboard the Titanic and not aboard the Carpathia. »
- (en) Adler 2001, p. 2. « After surviving the disaster, testifying before an investigative Senate Committee, and after some of the furor about the accident had died down, Ellen Bird went to the apartment of Sara Straus, the Strauses oldest daughter, and offered to return the coat. Sara told Ellen to keep it as Mrs. Straus had given it to her; wanted her to have it. »
- (en) Dave Aldworth, Leighton H. Coleman III (dir.) et Gowan, Mr Frederic Oakley Spedden, « Titanic » Survivors: 1st Class Passengers, New York, encyclopedia titanica, (présentation en ligne) Mr Frederic Oakley Spedden (January 9, 1867 – February 3, 1947), son of Frederic Spedden and Susan Douglas. Travelling Companions on same ticket no 16966, £134 10s, Cabin No.: E34 Miss Elizabeth Margaret Burns, Mrs Margaretta Corning Spedden, Master Robert Douglas Spedden, Miss Helen Alice Wilson. Destination: Tuxedo Park New York United States. Rescued on boat 3. Sources: Colonel Archibald Gracie (1913) The Truth about the « Titanic ». New York, Mitchell Kennerley. Daisy Spedden Polar, The « Titanic » Bear . Edited by Leighton H. Coleman III. New York Times, 4 February 1947: Obituary State of Florida Certificate of Death.
- (en) Adler 2001, p. 1. « Another couple, the Speddens, were booked on the Caronia and also on the Titanic when she sank. Frederic and Daisy Spedden and their son Douglas were saved along with Frederick’s favorite toy, a stuffed polar bear. Daisy Spedden mentions the Strauses in her diary, which also survived. The story of this family’s experience has been turned into a children’s book, Polar, The « Titanic » Bear, written by a descendant of the Speddens, Leighton Hammond Coleman III. »
- (en) Adler 2001, p. 2. « In the 1920’s, Jesse I. Straus dined in a Boston hotel restaurant where he was approached by a waiter who introduced himself as Ellen Bird’s husband. At the time, Jesse didn’t think to record the man’s name and, as far at this writer knows, that was the last that was heard of Ellen Bird. »
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