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Edwin Sutherland

Edwin H. Sutherland (1883–1950) est un sociologue, criminologue et théoricien du comportement criminel américain.

Edwin Sutherland
Nom de naissance Edwin H. Sutherland
Naissance
Gibbon, Nebraska
Décès
Bloomington, Indiana
Nationalité Américaine
Pays de résidence États-Unis
Profession

Biographie et axes de recherche

Il appartenait au courant de l'interactionnisme symbolique (École de Chicago). Il a initiĂ© aux États-Unis l'Ă©tude de la criminalitĂ© en col blanc (white collar crime)[1] et introduit le concept d'« association diffĂ©rentielle Â». En 1939, il est nommĂ© prĂ©sident de l'American Sociological Association (ASA).

Théories

Edwin Sutherland a formulé une théorie générale du comportement criminel en termes de transmission culturelle. Il publie sa thèse dans un livre, paru en 1947, sous le titre de Principes de criminologie. Dans cet ouvrage, il postule que le comportement criminel s'apprend au contact d'autres individus par un processus de communication, principalement dans des petits groupes. Cet apprentissage comporte 2 phases :

  1. un apprentissage des techniques nécessaires pour commettre l'infraction.
  2. un apprentissage de l'orientation des mobiles, des pulsion, des rationalisation et des attitudes nĂ©cessaires pour permettre l'infraction. Ce sont ce qu'on appelle classiquement les « bonnes raisons Â» de commettre l'infraction.

Le second apprentissage est surtout issu du principe de l'« association diffĂ©rentielle Â». Il s'agit d'un processus d'interprĂ©tation (favorable ou non) que l'individu fait des dispositions lĂ©gales. Si les interprĂ©tations sont favorables Ă  la transgression de la loi, l'individu est susceptible de devenir un dĂ©linquant.

Sutherland insiste toutefois sur le point qu'il ne parle pas d'associations entre criminels et d'associations entre non criminels. Il s'agit d'associations entre interprétations favorables à la transgression et d'associations défavorables. Il en résulte que diverses formes de comportements criminels peuvent être défavorables pour un délinquant, comme lorsqu'un voleur est contre le meurtre. L'inverse est aussi possible chez des personnes conformistes et respectables favorables à une attitudes pro-délictueuses, comme une fraude fiscale.

Le principe d'« association diffĂ©rentielle Â» est influencĂ© par divers facteurs :

  • la frĂ©quence : plus un individu est exposĂ© au modèle criminel, plus le risque s’accroĂ®t de devenir un criminel.
  • la durĂ©e : plus les contacts avec les modèles criminels sont longs et plus le risque s’accroĂ®t de les adopter pour son propre comportement.
  • l'antĂ©rioritĂ© : elle exerce une influence dĂ©cisive en ce sens qu’en règle gĂ©nĂ©rale, le comportement conformiste ou criminel dĂ©veloppĂ© dans l'enfance peut persister toute la vie. L’enfant peut donc ĂŞtre Ă©duquĂ© comme dĂ©linquant au sein mĂŞme de sa famille d’origine.
  • l'intensitĂ© : c’est ce qui se rapporte au prestige du modèle criminel ou non criminel.

Donc:

  1. S'il rapporte une gratification au comportement, qu'il soit légitime ou criminel, il sera répété.
  2. Le comportement criminel est appris tout comme le comportement approprié.
  3. L'apprentissage de la conformité ou de la criminalité s'effectue selon le groupe de référence.
  4. Le criminel doit apprendre Ă  ĂŞtre un bon criminel comme un citoyen apprend Ă  ĂŞtre un bon citoyen.
  5. Un individu devient criminel parce qu'il est en présence de criminels, qu'il n'a pas de modèles autres ou que ceux-ci ne semblent pas aussi attrayants.

Sutherland insiste enfin sur le fait que les valeurs et besoins sont les mêmes pour le délinquant et le conformiste. C’est la culture globale qui est hétérogène et qui comporte des définitions contradictoires du même comportement, dont l’un est avalisé par le législateur. Les taux et la fréquence de chaque type de comportement criminel dépendent donc de la manière dont l’organisation sociale stimule ou inhibe l’association aux modèles criminels ou aux modèles non criminels.

Deux critiques ont été émises à l'encontre de la théorie de Sutherland : il escamote les problèmes de personnalité (il manque donc une analyse psychologique du délinquant) et il oublie les problèmes liés à la structure sociale (pourquoi il existe une culture délinquante à transmettre ?).

Notes et références

  1. Pierre Lascoumes, « L'illĂ©galisme, outil d'analyse Â», dans Remi Lenoir (dir.), Michel Foucault. Surveiller et punir : la prison vingt ans après. CREDHESS, Paris, 1996, p. 83.

Voir aussi

Liens externes


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