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Edward Stafford (3e duc de Buckingham)

Edward Stafford, né le au château de Brecon – décapité à Tower Hill le , 3e duc de Buckingham, est un courtisan des cours d'Henri VII et d'Henri VIII. Soldat et diplomate sous le règne d’Henri VIII, il perdit toute influence politique après son échec dans la pacification du Pays de Galles (1518). Accusé plus tard de comploter contre le roi, il fut arrêté et exécuté.

Edward Stafford
Image illustrative de l’article Edward Stafford (3e duc de Buckingham)
Portrait d’Edward Stafford, 3e duc de Buckingham (1520, anonyme, magdalene College (Cambridge))

Titre duc de Buckingham
(1485-1521)
Autres titres Lord Grand Connétable
Prédécesseur Henry Stafford
Allégeance Royaume d'Angleterre
Années de service 1513 - 1518
Conflits Quatrième guerre d’Italie
Faits d'armes Siège de Thérouanne
Biographie
Dynastie Maison de Stafford
Naissance
château de Brecon (Pays de Galles)
DĂ©cès (Ă  43 ans)
Tower Hill (Londres)
Père Henry Stafford
Mère Catherine Woodville
Conjoint Éléonore Percy
Enfants Henry Stafford
Elizabeth Stafford
Katherine Stafford
Mary Stafford
George Stafford
Henry Stafford
Margaret Stafford

Blason de Edward Stafford

Famille

Edward Stafford est le fils aîné de Henry Stafford (2e duc de Buckingham) et de Catherine Woodville. Il était ainsi, par sa mère, neveu du roi Édouard IV[1].

Par l'union de son père avec Catherine Woodville, Stafford eut un cadet – Henry Stafford (1er comte de Wiltshire)[2] – et deux sœurs – Élisabeth, qui épousa Robert Radcliffe (1er comte de Sussex) ; et Anne, qui épousa en premières noces Walter Herbert († 16 septembre 1507), bâtard de William Herbert[3], et en secondes noces George Hastings (1er comte de Huntingdon)[4].

Après l’exécution du deuxième duc de Buckingham, sa veuve, Catherine Woodville, épousa Jasper Tudor, fils cadet d’Owen Tudor et de la veuve du roi Henri V, Catherine de Valois. À la mort de Jasper, le 21 décembre 1495, Catherine Woodville épousa Richard Wingfield († 22 juillet 1525), mais elle mourut deux ans plus tard, le 18 mai 1497[5].

En 1488, le roi Henri VII avait envisagĂ© le mariage du troisième duc de Buckingham avec Anne de Bretagne, mais, en dĂ©cembre 1489, les exĂ©cuteurs testamentaires de Henry Percy (4e comte de Northumberland) payèrent 4 000 ÂŁ au roi pour que Buckingham Ă©pouse la fille aĂ®nĂ©e du dĂ©funt, ÉlĂ©onore Percy († 1530). Ils eurent un fils et trois filles[6] :

Buckingham aurait également eu trois bâtards[11] - [9] :

  • George Stafford.
  • Henry Stafford.
  • Margaret Stafford (nĂ©e vers 1511 – 25 mai 1537), que son père maria Ă  son pupille, Thomas Fitzgerald de Leixlip, demi-frère du comte de Kildare[12].

Biographie

Au mois d'octobre 1483, le père de Stafford avait rallié la révolte contre le roi Richard III. Il fut décapité sans jugement le 2 novembre 1483, déchu de tous ses titres. On dit qu’Edward Stafford se réfugia dans diverses maisons du Herefordshire pendant la révolte et pour le reste du règne de Richard III. Après la mort de Richard III à Bosworth le 22 août 1485, et l'avènement du roi Henri VII, Edward Stafford fut admis dans l’Ordre du Bain le 29 octobre 1485 en tant que duc de Buckingham, et assista au couronnement d'Henry VII le lendemain, quoiqu'il fallût attendre le mois de novembre pour que les titres de son père soient formellement rétablis par le Parlement. Le 3 août 1486, les titres et les terres du jeune duc lui étaient restitués, ainsi que les titres de son frère cadet, Henry Stafford, de la reine-mère, Marguerite Beaufort, et selon Davies il est vraisemblable que Buckingham fut éduqué dans différentes maisons nobles du royaume[13].

Buckingham était présent à la cour le 9 novembre 1494, à la création en tant que Duc d'York du fils cadet d’Henri VII, le futur roi Henri VIII, et il fut fait chevalier de l’Ordre de la Jarretière en 1495. En septembre 1497, il était nommé capitaine des troupes envoyées pour mater une révolte en Cornouailles.

Selon l'historien britannique C. Davies, Buckingham, encore jeune homme, aurait jouĂ© un rĂ´le Ă©minent dans les mariages royaux et les rĂ©ceptions officielles, « Ă©blouissant les observateurs par la splendeur de ses costumes. » En 1501, lors du mariage d’Arthur Tudor, fils aĂ®nĂ© et hĂ©ritier d'Henri VII, et de Catherine d'Aragon, il portait un manteau dont la valeur Ă©tait Ă  l'Ă©poque estimĂ©e Ă  1 500 ÂŁ. Il fut le principal compĂ©titeur du tournoi tenu le jour suivant[14].

À l'avènement du roi Henri VIII, Buckingham fut nommé Lord Grand Connétable, charge qu'il revendiquait comme héréditaire, pour le couronnement, le 23 juin 1509. Il fit également office de Lord High Steward pour la cérémonie du couronnement, et porteur de la couronne. En 1509, il fut admis au Conseil Privé du Roi. Le 9 juillet 1510, il obtenait le droit de fortifier son manoir de Thornbury, dans le Gloucestershire, et selon Davies, il fit de cet édifice « un château aux tours impressionnantes », avec de grands oriels percés dans « les corps de logis de la cour intérieure [15] ».

En 1510, Buckingham fut impliqué dans un scandale : sur la foi de rumeurs touchant sa sœur, Anne Stafford, il alla la trouver et la surprit dans sa chambre avec le roi[16]. George Hastings, mari de la comtesse, fit enfermer Anne dans un couvent, loin de la cour.

Buckingham ne rentra dans les bonnes grâces d'Henri VIII qu'en 1513 : de juin à octobre 1513, il servit comme officier dans la campagne de France, commandant 500 hommes de la garde[17]. Il assista aux noces de la sœur d'Henri VIII et siégea au Parlement. En 1517, il fut choisi parmi les douze chevaliers censé briser des lances avec le roi et ses compagnons, mais il se récusa, prétextant qu'il ne voulait pas risquer d'affronter le roi en personne. Avec sa femme Éléonore Percy, il assista au Camp du Drap d'Or en 1520[18].

Chargé en 1514 par le roi, avec d'autres lords des marches, du maintien de l'ordre et des pourparlers de paix dans le sud du Pays de Galles, il fut réprimandé en 1518 pour son échec patent. Selon Davies, Buckingham cessa d'exercer toute influence politique, et ne fut en tout cas jamais du premier cercle des intimes de Henri VIII[19].

Trahison et condamnation

Buckingham était l'un des rares pairs du Royaume à posséder du sang Plantagenêt ; il entretenait par ailleurs des relations via sa parenté lointaine avec le reste de la haute aristocratie, ce qui attisa la suspicion du roi Henri. Au cours des années 1520, Buckingham devint suspect de complot et Henri VIII autorisa une enquête. Le roi interrogea les témoins à charge en personne, et bientôt il y eut suffisamment de preuves pour qu'un procès ait lieu. Le duc, convoqué à la cour en avril 1521, fut arrêté et incarcéré à la Tour de Londres. Il comparut devant un tribunal composé de 17 pairs, sous l'accusation de prêter l'oreille à des prophéties annonçant la mort du Roi, et de complot contre la personne du monarque. Il fut décapité sur Tower Hill le 17 mai. Buckingham fut déchu à titre posthume par arrêt du Parlement le 31 juillet 1523, ce qui signifiait que ses enfants étaient privés de l'essentiel de son héritage[20].

L'historien Guy (1988) estime qu'il s'agit là d'une des rares exécutions d'un grand de la cour d'Henri VIII où l’accusé était « presque certainement coupable. » Toutefois, le ministre Thomas More a regretté que les principales charges n'ait été constituées que de propos rapportés par des domestiques[21].

Mécène, le duc de Buckingham subventionna l'édition imprimée des traductions de deux contes : Helyas, Knyghte of the Swanne (« Helias ou Le Chevalier au Cygne », 1512), et A Lytell Cronicle, (1520, en prévision d'un pèlerinage à Jérusalem[19]).

Arbre généalogique

Notes

  1. Richardson IV 2011, p. 82.
  2. Selon l'historien britannique C. Davies, il aurait eu un troisième frère, Humphrey Stafford, décédé prématurément.
  3. Harris 2002, p. 145.
  4. Richardson II 2011, p. 374; Richardson IV 2011, p. 82; Davies 2008; Dockray 2004.
  5. Richardson IV 2011, p. 82–3; Davies 2008.
  6. Davies 2008; Richardson IV 2011, p. 85–7.
  7. Richardson IV 2011, p. 86.
  8. Richardson II 2011, p. 415–16.
  9. Richardson IV 2011, p. 85.
  10. Richardson I 2011, p. 170.
  11. Davies n'en mentionne toutefois que deux : Henry et Margaret.
  12. Davies 2008; Harris 2002, p. 161.
  13. Cokayne 1912, p. 390; Cokayne 1959, p. 738;Richardson IV 2011, p. 85; Pollard 1898, p. 446; Davies 2004; Davies 2008.
  14. Pollard 1898, p. 446; Davies 2004; Davies 2008.
  15. Cokayne 1912, p. 390; Pollard 1898, p. 446; Davies 2008; Richardson IV 2011, p. 85.
  16. Cf. Kelly Hart, The Mistresses of Henry VIII, The History Press, , 224 p. (ISBN 978-0-7524-4835-0 et 0-7524-4835-8, lire en ligne)
  17. Pollard 1898, p. 446; selon l'historien Cokayne, p. 390, Buckingham commandait l'aile droite de l'armée anglaise au siège de Thérouanne
  18. Davies 2008; Richardson IV 2011, p. 85.
  19. Davies 2008.
  20. Pollard 1898, p. 447.
  21. John Guy, Tudor England (1988) p. 97

Bibliographie

  • John Burke, A general and heraldic dictionary of the peerages of England, Ireland, and Scotland, extinct, dormant, and in abeyance, Henry Colburn and Richard Bentley, , p. 490
  • George Edward Cokayne, The Complete Peerage edited by Vicary Gibbs, vol. II, Londres, St Catherine Press,
  • George Edward Cokayne, The Complete Peerage edited by Geoffrey H. White, vol. XII, Londres, St Catherine Press, , partie II
  • C.S.L. Davies, Stafford, Edward, third duke of Buckingham (1478–1521), Oxford Dictionary of National Biography, (lire en ligne)
  • C.S.L. Davies, Stafford, Henry, second duke of Buckingham (1455–1483), Oxford Dictionary of National Biography, (lire en ligne)
  • Keith Dockray, Stafford, Henry, earl of Wiltshire (c.1479–1523), Oxford Dictionary of National Biography,
  • Barbara J. Harris, English Aristocratic Women, 1450-1550, Oxford, Oxford University Press,
  • Albert Frederick Pollard, Edward Stafford (1478-1521), vol. 53, Dictionary of National Biography, , 446–7 p. (lire en ligne)
  • Douglas Richardson, Magna Carta Ancestry : A Study in Colonial and Medieval Families, ed. Kimball G. Everingham, vol. I, Salt Lake City, (rĂ©impr. 2e) (ISBN 978-1-4499-6637-9 et 1-4499-6637-3)
  • Douglas Richardson, Magna Carta Ancestry : A Study in Colonial and Medieval Families, ed. Kimball G. Everingham, vol. II, IV, Salt Lake City, (rĂ©impr. 2e) (ISBN 978-1-4499-6638-6 et 1-4499-6638-1)

Voir Ă©galement

Dans les Ĺ“uvres de fiction

  • Buckingham Ă©tait interprĂ©tĂ© par Charles Dance dans le tĂ©lĂ©film en deux parties de 2003 Henry VIII, aux cĂ´tĂ©s de Ray Winstone et d’Helena Bonham Carter. Le duc n'est ici qu'un second rĂ´le : il meurt dans le premier quart d'heure.
  • Buckingham apparaĂ®t dans le premier des deux Ă©pisodes de la première saison de la sĂ©rie Les Tudors. InterprĂ©tĂ© par Steven Waddington, les intrigues de Buckingham sont quelque peu romancĂ©es, et certains faits essentiels sont passĂ©s sous silence.
  • L’accusation et la condamnation du duc de Buckingham est narrĂ©e dans la pièce Henry VIII de Shakespeare.

Liens externes

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