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Edgar Sheffield Brightman

Edgar Sheffield Brightman ( – ) est un philosophe et thĂ©ologien amĂ©ricain de confession chrĂ©tienne et d'obĂ©dience mĂ©thodiste. Il est associĂ© Ă  l'UniversitĂ© de Boston et Ă  la « thĂ©ologie libĂ©rale ». Il est l'un des principaux reprĂ©sentants d'un mouvement philosophique idĂ©aliste, spĂ©cifiquement amĂ©ricain, connu sous le nom de « personnalisme de Boston ».

Edgar Sheffield Brightman

Edgar Brightman a été le professeur et le mentor de Martin Luther King, Jr., alors que celui-ci poursuivait son doctorat à l'Université de Boston au début des années 1950. Son influence sur Martin Luther King se révÚle en particulier dans sa philosophie de la non-violence.

Parcours

Edgard Sheffield Brightman est nĂ© le 20 septembre 1884 Ă  Holbrook dans le Massachusetts. Il commence ses Ă©tudes de thĂ©ologie Ă  l'UniversitĂ© Bowne puis les poursuit Ă  Boston oĂč il obtient son doctorat en 1912 sous la direction de Borden Parker Bowne. Brightman est d'abord attirĂ© par la philosophie de Josiah Royce, puis par celle de William James avant de trouver dans le personnalisme de B. P. Bowne la philosophie qu'il cherchait[1]. De 1912 Ă  1919, il enseigne la philosophie dans les universitĂ©s mĂ©thodistes. En 1919, il est nommĂ© « Borden Parker Bowne professeur of Philosophy » Ă  l'UniversitĂ© de Boston. Il exerce ses fonctions de ministre de l’Église mĂ©thodiste et de professeur de philosophie jusqu'Ă  sa mort le 25 fĂ©vrier 1953, Ă  Boston. Brightman a alors acquis de nombreux disciples parmi les dirigeants des Églises Ă©vangĂ©listes, dont Martin Luther King, Jr., qui en a repris la philosophie de la non-violence.

Philosophie

Edgar Brightman est un philosophe idéaliste dont la philosophie est proche de celle de Borden Bowne[1]. Il s'agit d'un idéalisme pluraliste qui place la personne, conçue comme un esprit individuel, au centre de l'existence, approche philosophique qu'on nomme pour cette raison « personnalisme ». Brightman s'éloigne toutefois du personnalisme de Bowne par le rÎle moins important qu'il accorde à la Personne divine.

« Théisme limité »

Brightman reprend Ă  son compte l'objection kantienne contre l' Â« argument ontologique » de l'existence de Dieu[1], argument qui consiste Ă  infĂ©rer la nĂ©cessitĂ© de cette existence Ă  partir de la notion mĂȘme de Dieu (ou de son essence), mais il l'adapte Ă  l'argument personnaliste : « on n'a pas le droit d'affirmer qu'un ĂȘtre parfait est rĂ©el simplement parce que s'il y avait un tel ĂȘtre, il devrait ĂȘtre rĂ©el »[2]. Seule l'expĂ©rience de Dieu, autrement dit la foi, peut nous Ă©clairer sur la rĂ©alitĂ© de son existence.

Dieu est en outre un ĂȘtre fini[3]. Brightman adhĂšre Ă  la vision traditionnelle d'un Dieu infini dans sa bontĂ©, mais il n'accepte pas l'idĂ©e que Dieu soit infini dans sa puissance. Conserver l'idĂ©e d'un pouvoir infini de Dieu compromet en effet sĂ©rieusement sa bontĂ©. Si l'on prend au sĂ©rieux l'existence du Mal, c'est la puissance mĂȘme de Dieu qui doit donc ĂȘtre comprise comme limitĂ©e par certaines conditions tenant Ă  sa nature.

Le Dieu de Brightman est par ailleurs un ĂȘtre temporel, car il est une personne au mĂȘme sens que nous le sommes, et, comme tel, il n'est pas Ă©ternel – en dehors du temps – mais « omni-temporel »[3] (ainsi qu'omniprĂ©sent), agissant en tout temps et en tout lieu.

« Empirisme transcendant »

Bien qu'idĂ©aliste, la philosophie de Brightman se veut Ă©galement empiriste[3]. Il rejette le doute mĂ©thodique de Descartes et commence la recherche de la vĂ©ritĂ© directement dans l'expĂ©rience, en avançant et en testant des hypothĂšses. C'est cette mĂ©thode qui le conduit Ă  Ă©tablir que tout ce qui existe (ou subsiste) n'existe que pour l'esprit ou en lui. Il dĂ©finit ainsi son personnalisme comme l'hypothĂšse selon laquelle tout ĂȘtre est soit une expĂ©rience personnelle (une unitĂ© complexe de la conscience), soit une phase ou un aspect d'une ou plusieurs de ces expĂ©riences. La rĂ©alitĂ© s'identifie alors Ă  la sociĂ©tĂ© de personnes.

L'expĂ©rience personnelle ne se limite pas cependant Ă  celle que peuvent avoir les ĂȘtres humains et il existe une rĂ©alitĂ© empirique qui dĂ©passe de loin celle qui nous est donnĂ©e par nos sens. Cette rĂ©alitĂ© est celle qui existe pour et en Dieu, en tant qu'expĂ©rience divine. Brightman qualifie lui-mĂȘme cette position d'« empirisme transcendant ». Comme pour Bowne, la nature tout entiĂšre est chez lui un ordre gĂ©nĂ©rĂ© par l'esprit de la « Personne Cosmique » qu'est Dieu, de façon Ă  permettre l'intersubjectivitĂ© de l'expĂ©rience entre les hommes[3].

« Lois morales »

L'ouvrage le plus impressionnant de Brightman est Moral Laws (« Lois morales »)[3], publié en 1933, dans lequel il expose et développe une théorie éthique qui s'inscrit dans une perspective hégélienne. Compris de façon dialectique, « la vie morale est un exemple du rapport de l'universel au particulier » qui permet à chaque personne d'atteindre par la raison la plus grande liberté possible[4].

Publications principales

  • The Sources of the Hexateuch, New York, Abingdon, 1918.
  • Introduction to Philosophy, New York, H. Holt, 1925.
  • Immortality in Post-Kantian Idealism, Cambridge (Massachusetts), Harvard University Press, 1925.
  • Religious Values, New York, Abingdon, 1925.
  • Philosophy of Ideals, New York, H. Holt, 1928.
  • Problem of God, New York, Abingdon, 1930.
  • The Finding of God, New York, Abingdon, 1931.
  • Is God A Person?, New York, Association Press, 1932.
  • Moral Laws, New York, Abingdon, 1933.
  • Personality and Religion, New York, Abingdon, 1934.
  • The Future of Christianity, New York, Abingdon, 1937.
  • Philosophy of Religion, New York, Prentice-Hall, 1940.
  • The Spiritual Life, New York, Abingdon-Cokesbury, 1942.
  • Nature and Values, New York, Abingdon-Cokesbury, 1945.
  • Persons and Values, Boston, Boston University Press, 1952.
  • Studies in Personalism: Selected Writings of Edgar Sheffield Brightman (Ă©ditĂ© par Warren Steinkraus), Utica, Meridian, 1987.

Notes et références

  1. G. Deledalle, La philosophie américaine, Lausanne, L'Age d'Homme, 1983, p. 118-119.
  2. E. S. Brightman, « An Empirical Approach to God », The Philosophical Review, novembre 1937, tr. fr. Deledalle 1983.
  3. T. O. Buford, « Personalism », Internet Encyclopedia of Philosophy. En ligne
  4. P. Deats & C. Robb (Ă©ds.) The Boston Personalist Tradition in Philosophy, Social Ethics, and Theology, Macon, Mercer University Press, 1986, p. 111.

Articles connexes

Liens externes

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