Dom Edme-Bernard Bourée

Dom Edme-Bernard Bourée est né le 15 février 1652 à Dijon. Il est le troisième enfant de Jacques Bourée, avocat au Parlement de Bourgogne et échevin de la ville de Dijon, et d’Anne Cazotte. Son frère aîné Jacques (1650-1710) fut chanoine de l’église Saint-Etienne de Dijon puis chapelain de l’église Notre-Dame de Dijon[4]. Il était de santé fragile[5].

Entré dans la Congrégation de l’Oratoire, Dom Edme-Bernard Bourée enseigna la théologie aux séminaires de Langres, Chalon-sur-Saône et Langres, et fut un prédicateur et écrivain infatigable dans les domaines de la théologie parénétique (c’est-à-dire liée à des exhortations morales), de la piété et de l’histoire.

Si Bossuet ou Fénelon appartenaient au premier ordre des écrivains et orateurs ecclésiastiques, La Tour du Pin à un second ordre, le père Bourée relève du troisième ordre dans les publications que l’éditeur Migne fit d’une partie de ses œuvres au milieu du XIX^e siècle[6].

La quantité très abondante des écrits de Dom Edme-Bernard Bourée a pu absorber la qualité. Il aborde une multitude sujets en citant abondamment la Bible, les Pères de l’Église ou encore tel ou tel saint (tel que saint Bernard, lui aussi originaire de la Bourgogne dijonnaise). Il manie tant une approche dithyrambique (« Dieu n’a pour vous que des pensées de paix ») qu'un style menaçant ou imprécateur. Il recourt à un large registre de figures de style et notamment d'images, par exemple en décrivant un « nombre certain pour un incertain » pour évoquer les 144 000 élus de l’Apocalypse.

Certains ouvrages ont été partagés avec son confrère le père François de Clugny (1637-1694).

Il meurt à Dijon le 26 mai 1722 à 70 ans.

• Conférences ecclésiastiques du diocèse de Langres
• Sermons pour l’Avent
• Sermons pour tous les jours de Carême
• Homélies sur les évangiles de tous les dimanches de l’année pour l’instruction des fidèles
• Sermons pour une octave du Saint-Esprit
• Sermons pour une octave du très-saint-sacrement de l’autel
• Sermons pour une octave pour l’Assomption de la très-sainte Vierge
• Sermons pour une octave des morts
• Sermons sur tous les mystères de Notre-Seigneur Jésus-Christ et de la très-sainte Vierge
• Retraites pour ceux qui désirent se convertir et pour ceux qui veulent se renouveler dans la piété
• Méditations pour deux retraites de dix jours, à l’usage des personnes peinées et tentées de défiance de la miséricorde divine,
• Panégyriques des principaux saints dont l’Église célèbre la fête
• Nouveaux panégyriques des saints, diverses autres pièces et quelques conférences ecclésiastiques.
• Vie de la Révérende Mère Jeanne-Françoise de Courcelle Pourlan, dernière abbesse titulaire et réformatrice de l'abbaye de Tart, avec un abrégé de la vie de messire Sébastien Zamet, réformateur des religieuses de l’abbaye Notre-Dame de Tart
• Abrégé de la vie du Père François de Clugny, prêtre de l’Oratoire, par un Père de sa congrégation[7]
• Abrégé de la vie de madame la présidente Boivault
• Manuel des pécheurs
• Discours, ou Conférences de deux retraites pour préparer les jeunes ecclésiastiques aux ordres sacrés, à l'usage des séminaires et des communautés ecclésiastiques

« Un vrai pénitent doit être méconnaissable à ceux qui le pratiquaient auparavant ; il doit penser, parler et agir autrement qu’il ne faisait […] Il y aura toujours une extrême différence entre le premier baptême que nous recevons en l’enfance, où le sang de Jésus-Christ nous est appliqué sans travail de notre part, et le baptême laborieux dans lequel il faut se plonger pour se purifier des souillures contractées après le premier. […] Travaillez donc à entrer dans les sentiments et les dispositions de Jésus-Christ : aimez ce qu’il a aimé, fuyez ce qu’il a fui, recherchez ce qu’il a recherché. […]. »

— Sermon pour le lundi de la 3^e semaine de Carême, Du petit nombre des élus

« Jésus-Christ est un don de Dieu offert à tous les hommes, afin que ceux qui le recevront deviennent ses enfants"; c’est ce don par excellence dont il disait lui-même, ravi d’admiration": c’est ainsi que Dieu a aimé le monde que de lui donner son Fils unique. En effet, tout grand, tout puissant, tout libéral qu’il est, il n’a pu donner davantage, et sa magnificence en est épuisée.

Ainsi, nous ne devrions pas avoir de prière plus familière que celle-ci, Domine, da mihi hanc aquam [en référence à l’évangile de la Samaritaine], Seigneur donnez-moi de cette eau salutaire qui tempère en moi le feu noir et étranger que le démon y a allumé, qui apaise la soif honteuse que je ressens pour les richesses et les plaisirs terrestres. Je ne vous la demande pas avec l’abondance qui enivrera vos élus, et qui sera comme un fleuve impétueux dont ils seront heureusement inondés ; mais seulement pour arroser la sécheresse de mon âme, et afin que je ne meure pas de soif dans ce désert. »

— Sermon pour le vendredi de la 3^e semaine de Carême, De la grâce