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Dolmens des Adrets

Les dolmens des Adrets est un ensemble mégalithique de quatre dolmens situés à Brignoles, dans le département du Var en France. Les dolmens ont été découverts par Georges Bérard en 1962, fouillés la même année (no 1 à no 3) et en 1986 (no 4). L'absence d'ossements brûlés et le mobilier funéraire daté du Campaniforme incitent à penser que le dolmen no 4 fut le dernier dolmen édifié[1]. Au total, ce serait une population de 150 à 200 personnes qui fut inhumée dans ces quatre monuments[1].

Dolmens des Adrets
Image illustrative de l’article Dolmens des Adrets
Dolmen des Adrets no 1
Présentation
Protection Logo monument historique Inscrit MH (1988)
Logo monument historique ClassĂ© MH (1988)
Caractéristiques
Inhumations oui
Mobilier oui
GĂ©ographie
CoordonnĂ©es 43° 25′ 38″ nord, 6° 03′ 35″ est
Pays Drapeau de la France France
RĂ©gion Provence-Alpes-CĂ´te d'Azur
DĂ©partement Var
Commune Brignoles
GĂ©olocalisation sur la carte : Var
(Voir situation sur carte : Var)
Dolmens des Adrets
GĂ©olocalisation sur la carte : Provence-Alpes-CĂ´te d'Azur
(Voir situation sur carte : Provence-Alpes-CĂ´te d'Azur)
Dolmens des Adrets
GĂ©olocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Dolmens des Adrets

Protection

Les quatre édifices sont protégés au titre des monuments historiques depuis 1988 (inscription pour les dolmens no 1 à no 3[2] - [3] et classement pour le dolmen no 4[4]).

Dolmen no 1

Il est situĂ© Ă  341 m d'altitude sur une colline dominant la plaine du Val au nord[5].

Architecture

Le dolmen a conservĂ© son tumulus de forme ovale (axe nord-sud 10 m de long, axe est-ouest m de large) pour une hauteur moyenne de 0,60 m[5]. Son architecture est simple. La chambre sĂ©pulcrale est de forme rectangulaire (1,95 m de long sur 1,70 m de large en moyenne) dĂ©limitĂ©e au nord et au sud par des murets en pierres sèches. La dalle de chevet (2,60 m de long) est beaucoup moins haute cĂ´tĂ© nord (0,85 m) que cĂ´tĂ© sud (1,90 m), de fait la table de couverture est inclinĂ©e vers le nord et repose en partie sur le tumulus. Elle est constituĂ©e d'une dalle brute en dolomie extraite directement du substratum local (longueur 3,05 m, largeur 1,95 m, Ă©paisseur 0,43 m, poids estimĂ© 10 T)[5].

La porte, prĂ©cĂ©dĂ©e d'un couloir, ouvre Ă  l'ouest. Elle est dĂ©limitĂ©e par deux piliers d'inĂ©gales hauteurs (pilier sud 1,68 m, pilier gauche brisĂ© au sommet)[5]. Le pilier droit a Ă©tĂ© rĂ©gularisĂ© sur les cĂ´tĂ©s[5]. Une pierre de seuil matĂ©rialise le passage de la chambre au couloir d'accès (1,62 m de long sur 0,80 m de large)[6] dĂ©limitĂ© cĂ´tĂ©s nord et sud par un muret, en grosses pierres posĂ©es Ă  plat, de forme incurvĂ©e[5].

Le sol était dallé de petites pierres plates[5].

Fouille archéologique

De par sa forme, le monument a constitué un abri artificiel bien pratique qui a été utilisé très anciennement, au moins dès l'époque romaine ; de fait, les couches archéologiques ont subi de nombreuses déprédations, à différentes époques[5]. Les fouilles archéologiques menées par G. Bérard ont toutefois permis d'y identifier trois couches (dénommées A, B, C), la couche A ayant été très perturbée par les pillages et occupations humaines[7] ou animales plus récentes[5].

Couche Ossements animaux Ossements humains Matériel funéraire
A
  • dents (sanglier, mouton, âne)
  • ossements divers (lĂ©zard, lapin, campagnol, merle et perdrix)
  • kg de dĂ©bris fragmentĂ©s avec traces d'incinĂ©ration dont 751 dents (120 dents enfantines, 631 d'adultes et 50 de vieillards)
  • perles (44 en bauxite, 15 en stĂ©atite, 1 en os, 1 en calcaire)
  • pendeloques (25 en coquillage, 2 en os, 1 en cristal de roche, 1 canine, 1 dentale)
  • 7 fragments d'un bracelet en bronze
  • 3 pointes de flèches et un fragment de lame en silex
  • 7 tessons de cĂ©ramique rouge et brune
B
  • 2 dents (fouine et surmulot)
  • os crânien de lĂ©zard ocellĂ©
  • 29 vertèbres de serpent
  • 2,5 kg d’ossements brisĂ©s sans incinĂ©ration dont 51 dents (enfants, adultes et vieillards)
  • perles (3 en bauxite, 1 en os)
  • pendeloques (2 en os, 1 en dentale)
  • 3 cĂ´nes percĂ©s
  • 1 fragment de bracelet en bronze
  • 1 pointe de flèche en silex
  • 3 tessons de cĂ©ramique noire
C
  • ossements et dents (lapin, lĂ©zard, serpent, mouton)
  • kg Ă  kg d’ossements brisĂ©s avec traces d'incinĂ©ration dont 399 dents (enfants, adultes et vieillards)
  • 5 flèches en silex
  • perles (65 en bauxite et stĂ©atite, 6 en bauxite rouge, 2 en os, 1 en calcaire)
  • 7 cĂ´nes percĂ©s
  • 2 dentales
  • fragment d'anneau en bronze
  • fragment d'un fossile de carapace de tortue
  • objet indĂ©terminĂ© en dĂ©fense de sanglier
  • tessons de cĂ©ramique grisâtre
Source : Les sépultures mégalithiques du Var[5]

L'ensemble de ces découvertes permet de considérer que le dolmen a fait l'objet d'une utilisation du Chalcolithique jusqu'à l'âge du bronze[6].

Dolmen no 2

Architecture

Dolmen des Adrets no 2

Ce dolmen a fait l'objet d'une restauration en 1992 par Hélène Barge.

C'est un petit monument situĂ© au sud-ouest du dolmen no 1, au sommet d'une colline (352 m d'altitude) qui domine la plaine de Brignolles[8]. Le tumulus, d'un diamètre de m, est constituĂ© de pierrailles qui semblent avoir Ă©tĂ© contenues initialement par un mur circulaire Ă  double parement. Il est probable que le tumulus ait protĂ©gĂ© le dolmen de toute violation depuis son origine[8].

La chambre sĂ©pulcrale est de forme carrĂ©e (1,30 m de long 1,30 m de large) et s'ouvre Ă  l'ouest. Elle est dĂ©limitĂ©e par des parois en pierres sèches sur ses cĂ´tĂ©s nord et sud. La dalle de chevet, dĂ©sormais brisĂ©e en deux parties, mesure 1,58 m de large pour 1,30 m de haut[8]. L'entrĂ©e est dĂ©limitĂ©e par deux piliers de taille inĂ©gale : pilier nord (hauteur 1,3 m, largeur 0,62 m), pilier sud (hauteur 1,75 m, largeur 0,97 m) retrouvĂ© brisĂ© et renversĂ© en travers de la chambre[8]. Ce pilier a Ă©tĂ© bouchardĂ© pour en arrondir les angles[8]. Sa hauteur, très supĂ©rieure aux autres dalles du monument, indique peut-qu'il s'agissait d'une stèle aniconique[6].

Le dolmen ne comporte pas de couloir[8].

Fouille archéologique

Les fouilles ont mis au jour des dépôts funéraires incinérés qui étaient protégés par des dalles et un amas de cailloux (couche A). La couche B a fait l'objet de quatre dépôts successifs depuis l'angle nord-est vers la paroi ouest[8].

Couche Ossements animaux Ossements humains Matériel funéraire
B
  • dents (caprinĂ©, suidĂ©) et os (serpent, oiseaux)
  • 1 crâne, 5 mandibules et quelques os longs
  • 629 dents (dont 99 enfants et 15 adultes)
  • fragments d'un vase Ă  fond plat et d'un autre hĂ©misphĂ©rique
  • pointe de flèche
  • pendeloques (5 en coquillage, 1 dĂ©fense de sanglier, 2 canines de cerf)
  • 2 perles en schiste gris bleutĂ©
  • 2 anneaux en cuivre ou bronze
C
  • ossements et dents (lĂ©zard, serpent, veau)
  • 96 dents
  • perles (4 en calcaire, 3 en stĂ©atite verte, 1 en serpentine, 1 en os)
  • 1 pendeloque en os
  • 13 tessons de cĂ©ramique (vase globulaire et vase cylindro-conique)
Source : Les sépultures mégalithiques du Var[8]

Dolmen no 3

Architecture

Dolmen des Adrets no 3

Le dolmen a lui aussi fait l'objet d'une restauration en 1992 menĂ©e par HĂ©lène Barge. Il a Ă©tĂ© Ă©rigĂ© sur un sommet, Ă  352 m d'altitude[9]. Il se compose d'une chambre sĂ©pulcrale rectangulaire (m de long pour m de large), ouvrant Ă  l'ouest (azimut 240°), enserrĂ©e dans un tumulus en pierrailles d'un diamètre de m de large pour une hauteur maximale de 0,60 m[9]. Les parois nord et sud de la chambre, ainsi que le couloir (0,90 m de long pour 0,78 m de large) sont constituĂ©s de murets en pierres sèches. La dalle de chevet mesure 2,75 m de long, dĂ©passe de la chambre et s'enfonce dans le tumulus. La porte (largeur 0,45 m) est dĂ©limitĂ©e par deux piliers de largeur inĂ©gale. Le sol n'Ă©tait pas dallĂ©[9].

Fouille archéologique

La tombe a été violée au VIe siècle comme l'attestent des tessons de céramique sigillée. A cette occasion, un grand trou a été creusé depuis l'angle sud-ouest jusqu'au centre de la chambre et les déblais ont été rejetés contre le côté nord[9].

Ossements animaux Ossements humains Matériel funéraire
  • ossements de mammifères (lapin, Ă©cureuil, fouine, renard, hĂ©risson, mouton), serpents et oiseaux
  • ossements fragmentĂ©s avec traces de crĂ©mation, dont 572 dents, soit une trentaine d'individus
  • silex : 2 fragments de lames, 2 Ă©clats, 1 lame complète et 1 flèche
  • perles : 88 en vertèbres de poisson, 70 en bauxite, 11 de forme olivaire ou en tonnelet en serpentine, 6 en os, 2 en test de coquillage, 2 en callaĂŻs, 2 en calcaire
  • 2 dentales
  • pendeloques : 1 en test de coquillage, 1 en quartz, 1 en coquillage
  • 3 tessons d'une cĂ©ramique datĂ©e du Bronze final
Source : Les sépultures mégalithiques du Var[9]

L'ensemble a permis de dater ces inhumations du Chalcolithique[9].

Dolmen no 4

Dolmen des Adrets no 4

Architecture

Le diamètre du tumulus est dĂ©sormais d'environ 12 m mais Ă  l'origine, il ne devait mesurer que m Ă  10 m, la pierraille qui le constitue s'Ă©tant affaissĂ©e depuis sur ce terrain en pente. La chambre sĂ©pulcrale est de forme lĂ©gèrement trapĂ©zoĂŻdale (1,60 m sur 1,50 m), dĂ©limitĂ©e par deux murets en pierres sèches, cĂ´tĂ© nord et sud, sur 0,40 m de hauteur. Manifestement, la chambre ne comportait aucune dalle de chevet[1]. Toutes les dalles et les murs ont Ă©tĂ© Ă©levĂ©s directement sur le substrat rocheux mis Ă  nu[1]. Le pilier sud de l'entrĂ©e a disparu. La chambre ouvre sur un couloir parfaitement orientĂ© plein ouest. Il est dĂ©limitĂ© cĂ´tĂ© nord par un muret de pierres plates d'une hauteur de 0,50 m, le cĂ´tĂ© sud n'a conservĂ© que quelques alignĂ©es. Ce couloir s'achève sur une bordure de pierres disposĂ©es en arc de cercle[1].

Table de couverture du dolmen no 4

Le dolmen a conservĂ© sa table de couverture, situation rare parmi les dolmens du Var, mais elle a dĂ©sormais glissĂ© hors de la chambre au sud-est. De par ses dimensions (3,15 m de long, 2,20 m de large, 0,28 m d'Ă©paisseur, poids estimĂ© 3,50 tonnes) elle permettait de recouvrir intĂ©gralement la chambre et le couloir[1].

Fouille archéologique

Des fouilles clandestines ont bouleversé et détruit les éventuelles couches archéologiques, aucune observation en place n'est plus possible. Pour autant, le dolmen no 4 est celui qui comprenait le plus d'inhumations et où le matériel funéraire retrouvé fut le plus abondant[1].

À partir des dents humaines découvertes (1 677)[1], le nombre de corps successivement déposés a été estimé à 89 personnes (23 enfants de moins de 15 ans, 3 individus entre 15 et 20 ans et 63 adultes), population dans laquelle les enfants de moins de 5 ans sont quasiment absents alors que ceux de 5 à 10 ans y sont surreprésentés[10]. L'état et la disposition des ossements humains retrouvés laissent penser que les corps étaient déposés dans la chambre sans être inhumé. Lorsque leur décomposition était bien avancée, les squelettes faisaient l'objet d'une désarticulation visant à séparer et à sérier les ossements par type afin de les ranger soigneusement dans des zones distinctes de la chambre (le long des parois), éloignées du centre, conservé comme zone de manœuvre et afin d'éviter tout piétinement lors de dépôts ultérieurs[10].

Un vase globuleux (20 cm de diamètre au plus large pour 14 cm de hauteur) a Ă©tĂ© dĂ©couvert dans la chambre. Son dĂ©cor au peigne se dĂ©compose en deux registres, le premier avec un motif de grille et le second avec une sĂ©rie de chevrons, l'ensemble Ă©tant caractĂ©ristique du Campaniforme. La soixantaine de tessons de cĂ©ramique retrouvĂ©s sur le tumulus ont permis de reconstituer une urne ornĂ©e d'un dĂ©cor Ă  doubles chevrons datĂ©e de l'âge du fer[1].

Le mobilier lithique retrouvĂ© se compose d'armatures de flèche, d'un beau poignard en silex de 17 cm de long et d'un gros Ă©clat de silex blanc. Les Ă©lĂ©ments de parure sont constituĂ©s très majoritairement de perles (tubulaires ou en tonnelet), de 391 colombelles, 9 pendeloques Ă  ailettes (en calcaire),14 pendeloques en forme de virgule (en os) et deux anneaux (en calcaire et test de coquillage). L'ensemble constituait probablement Ă  l'origine un ou deux colliers[1].

Notes et références

  1. Hameau, Pahin-Peytavy et Vigarie 1989
  2. « Dolmens n° 1 et 2 des Adrets », notice no PA00081552, base Mérimée, ministère français de la Culture
  3. « Dolmen n° 3 des Adrets », notice no PA00081553, base Mérimée, ministère français de la Culture
  4. « Dolmen n° 4 des Adrets », notice no PA00081554, base Mérimée, ministère français de la Culture
  5. Roudil et BĂ©rard 1981, p. 60-65 op. cit.
  6. Barge et Mahieu 2005
  7. Ont ainsi été retrouvés des fragments de céramique gallo-romaine, des fragments de céramique des XIIe siècle et XVIe siècle, des pierres à fusil, culot de cartouche, plombs de chasse et monnaie de la Troisième République.
  8. Roudil et BĂ©rard 1981, p. 66-72 op. cit.
  9. Roudil et BĂ©rard 1981, p. 73-86 op. cit.
  10. Reynaud 1995

Voir aussi

Bibliographie

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Odile Roudil et Georges BĂ©rard, Les SĂ©pultures mĂ©galithiques du Var, Éditions du C.N.R.S, , 222 p. (ISBN 978-2-222-02921-2), p. 60-87. Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • HĂ©lène Barge et Eric Mahieu, Les MĂ©galithes du Var - 27 itinĂ©raires de dĂ©couverte, Theix, Actilia MultimĂ©dia, , 15 p. (ISBN 2-915097-02-X). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • Philippe Hameau, Anne-Claude Pahin-Peytavy et Henri Vigarie, « Le dolmen IV des Adrets (Brignoles) », Cahier de l'ASER, no 6,‎ (lire en ligne). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • Christophe Reynaud, « La population du dolmen dolmen IV des Adrets (Brignoles) », Cahier de l'ASER, no 9,‎ (lire en ligne)

Articles connexes

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