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Distillerie SĂ©crestat

La distillerie Sécrestat, située aux n° 40-50 cours du Médoc à Bordeaux, a été construite en 1898 pour abriter la Maison Sécrestat, spécialisée en liqueur et spiritueux, qui a fonctionné de 1902 à 1973. Elle a ensuite été réhabilitée pour accueillir le Musée Goupil, musée de l'image industrielle, en 1991. Désormais, les collections du musée sont conservées au Musée d'Aquitaine.

Distillerie SĂ©crestat
Présentation
Destination initiale
Distillerie
Destination actuelle
Établissement industriel désaffecté
Style
Avant-corps néo-classique
Matériau
brique, pierre
Construction
4e quart 19e siècle
Inauguration
1898
Commanditaire
Pierre SĂ©crestat
Propriétaire
Privée
Patrimonialité
Localisation
Pays
Commune
Bordeaux
Adresse
40 Ă  50 cours du MĂ©doc
Coordonnées
44° 51′ 27″ N, 0° 33′ 59″ O
Carte

Historique

La famille SĂ©crestat

Pierre-Jules-Honoré Sécrestat, fondateur de la Maison Sécrestat, est né à Montignac le . À la suite d'un revers financier il entre en apprentissage chez un liquoriste à l'âge de 14 ans.

En 1852, il s'installe à Bordeaux, 30 rue de Notre-Dame. Dans cette maison, il crée une de ses grandes spécialités : le « Bitter Sécrestat », une boisson à base de racines de gentiane. Vers 1878, il décide de s'installer dans une usine plus grande qui prendra le nom de Distillerie Sécrestat, un bâtiment édifié par Ernest Minvielle.

De 1869 à 1877 il est membre du conseil municipal de Bordeaux. Il écrit notamment un rapport sur la taxe unique ainsi que des propositions qui aboutiront à la construction du Marché des Chartrons, de l'église Saint-Louis et de l'école de la rue du Jardin-Public.

Vers 1878, il est élu maire de Saint-Pierre-de-Chignac. Il achète diverses diverses propriétés dans le Périgord dont le château de Lardimalie où il implante un vignoble. Par ailleurs, il décide de faire construire deux chais, pour la production et la conservation du vin, par le même architecte que la distillerie. Peu après la construction, il meurt en 1905.

Inscription Ă  l'inventaire des Monuments historiques

La construction de la distillerie est liée à l'essor du commerce de vin et des alcools dans le quartier Nord de Bordeaux au XIXe siècle. Dans les années 1990, les édifices construits dans ce quartier sont menacés de destruction dû aux nouveaux plans d'urbanisme de la ville. Ainsi, plusieurs personnes se mobilisent pour sauver ce bâtiment qui, selon eux, représente un intérêt historique local et architectural. Un dossier pour son inscription à l'Inventaire des Monuments historiques est monté. Il s'ensuit la mobilisation des autorités compétentes qui vont tour à tour donné leur avis.

L'inspecteur des Monuments historiques donna un avis dĂ©favorable Ă  l'inscription sur l'inventaire des Monuments historiques considĂ©rant que mĂŞme si la façade Ă©tait intĂ©ressante le reste de l'Ă©difice Ă©tait dĂ©cevant. En effet, tous les avis font mention de cet Ă©lĂ©ment montrant la façade comme digne d'intĂ©rĂŞt Ă  la conservation, Ă  l'exemple de l'architecte en chef des monuments historiques dĂ©crivant la façade comme « [...] un grand et beau morceau d'architecture nĂ©o-XVIIe siècle de la fin du XIXe siècle qui ne manque pas de saveur, tout autant que de belle composition[N 1] Â». Aussi, il rapporte dans son discours qu'il aurait Ă©tĂ© prĂ©fĂ©rable de conserver les installations de la distillerie dans le cadre de la protection du patrimoine industriel et qu'il fallait absolument protĂ©ger la cheminĂ©e en brique « [...] pour le souvenir de la distillerie et son aspect de signal urbain[N 1] Â». En effet, ses cheminĂ©es reprĂ©sentatives d'un paysage urbain industrialisĂ© ont souvent Ă©tĂ© dĂ©truites sans y attacher un intĂ©rĂŞt patrimonial. Celle de la distillerie SĂ©cresat de Bordeaux en est une des rares subsistantes.

Enfin, le chef des services départemental de l'architecture de la Gironde considéra que la distillerie Sécrestat n'avait aucun intérêt sur le plan de l'histoire locale et elle ne paraissait donc pas mériter de protection particulière.

La distillerie est finalement inscrite Ă  l'inventaire des Monuments historiques en 1993[1].

RĂ©habilitation

La ville de Bordeaux possĂ©dait une collection sur l'art du XIXe siècle, composĂ©e d'un fonds de photographies, d'estampes, de cuivres gravĂ©s, de presses Ă  taille-douce et d'archives de la Maison Goupil et Cie (Ă©diteur d'estampes Ă  Paris de 1829 Ă  1920). Ce fonds de collections a Ă©tĂ© rassemblĂ© par Monsieur Vincent Imberti, nĂ©gociant en estampes et tableaux, demeurant Ă  Bordeaux, lors de la liquidation de la Maison Goupil et Cie en 1920. De ce fonds de collection est venue l'idĂ©e de la crĂ©ation du MusĂ©e Goupil comme Conservatoire de l'image industrielle. Après avis du Conseil artistique des musĂ©es de France, le MusĂ©e Goupil voit le jour en fĂ©vrier 1991 dans l'ancienne distillerie de la Maison SĂ©crestat. Ce musĂ©e est consacrĂ© au phĂ©nomène de la multiplication de l'image. Du point de vue de l'histoire, des techniques, de l'iconographie, de l'ethnologie, des problĂ©matiques sociologico-Ă©conomique, relève d'un musĂ©e des techniques mais aussi d'un caractère sociologique et des beaux-arts si l'on considère l'image comme une technique, un document et une Ĺ“uvre. Le choix du lieu n'est pas anodin puisqu'il a Ă©tĂ© choisi pour son « caractère Ă©clectique oĂą se mĂŞlent la brique, la pierre et l'architecture mĂ©tallique[n 1] Â».

Lors de sa réhabilitation, le musée devait proposer un centre de recherche et une bibliothèque spécialisée dans les techniques de multiplication de l'image. Il avait pour ambition d'être un point important dans la recherche et l'étude du XIXe siècle. Il devait aussi proposer une médiation culturelle ayant pour but la présentation permanente des différents éléments de la collection, leur histoire et leurs thèmes ainsi que diverses animations à partir de la collection dont un atelier de gravure pour expérimenter les procédés anciens.

La distillerie ayant été laissée à l’abandon pendant plusieurs années, elle a nécessité d’importants travaux de rénovation et un réaménagement de l’espace. Aussi, une partie des collections a été présentée intra-muros avant que les travaux soient entamés. L’exposition s’est tenue du au sur les 700m² du rez-de-chaussée. La première salle présentait les différentes techniques de gravures en s’articulant autour des presses de la Maison Goupil et d’épreuves en fonction des matrices correspondantes. La même image était utilisée pour différencier les techniques d’impression et la variation de leurs aspects. Ainsi les images étaient chacune accompagnées de panneaux explicatifs et pédagogiques pour développer le propos. La seconde salle exposait un ensemble d’œuvres représentatives des collections de la Maison Goupil. Elle comprenait des photographies, des estampes et des documents d’archive montrant à la fois l’importance historique mais aussi préfigurant les manifestations futures qui auront été organisées par le musée. L’exposition se terminait sur des panneaux résumant l’histoire de la maison d’édition Goupil[2].

Architecture

L'Ă©difice prĂ©sente un style dit « Henri IV Â». Il a souvent Ă©tĂ© utilisĂ© au cours du Second Empire par la bourgeoisie commerçante et se caractĂ©rise par l'usage de la brique et de la pierre dans la maçonnerie[3].

Extérieur

Sa façade se déploie, au second niveau, sur de grandes baies ordonnées en neuf travées. La partie centrale est composée de trois travées en pierre. Au rez-de-chaussée, elle est percée d'une porte à deux battants sous un arc en plein cintre couronné par une guirlande agrafée. Le premier étage s'ouvre sur un balcon à porte-fenêtre surmonté par un édicule couronné d'un attique, coiffé d'un fronton, et alterné de volutes. Les parties gauche et droite de la façade sont de trois travées chacune composées de briques et de pierres et s'inspirent de l'architecture française du début du XVIIIe siècle[N 2].

Intérieur

La porte centrale s'ouvre sur un large couloir aux murs et plafonds décorés de stucs. Il donne accès, à droite et à gauche, aux pièces principales ponctuées de piliers de fonte soutenues par des poutres et des solives pour venir renforcer un plafond aux hourdis en berceau segmentaire. La disposition du premier étage est quasiment identique. Des anciennes installations de la distillerie subsistent uniquement la grande cheminée accolée à l'arrière de l'édifice[N 2].

  • rez-de-chaussĂ©e
    rez-de-chaussée
  • plan du 1er Ă©tage
    plan du 1er Ă©tage
  • Ă©lĂ©vation de la façade
    élévation de la façade
  • façade principale
    façade principale
  • plan du rez-de-chaussĂ©e
    plan du rez-de-chaussée

Notes et références

Notes

  1. Avis d'Hélène Couturier dans un dossier de la DRAC sur le choix de l'immeuble pour le Musée Goupil.
  1. Avis de l'architecte des Monuments historiques, Pierre Colas, le 14 décembre 1992, quant à la demande d'inscription de l'édifice.
  2. Note de synthèse par Gill Guerin, le 8 décembre 1992, pour le dossier de classement de la distillerie.

Références

  1. Dossier de protection DRAC sur la distillerie SĂ©crestat.
  2. Dossier DRAC sur le Musée Goupil.
  3. Qualification du style donné par l'Inspecteur des Monuments Historiques, François-Charles James, dans son avis pour le classement de la distillerie, le 15 décembre 1992.

Voir aussi

Bibliographie

  • Édouard Feret, Statistique gĂ©nĂ©rale du dĂ©partement de la Gironde - Biographie, Bordeaux, Feret et fils, 1889.
  • MusĂ©e Goupil/Bordeaux, dossier FNAC de Bordeaux, PĂ©rigueux, 1991.

Articles connexes

Liens externes

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