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Disque céleste de Nebra

Le disque cĂ©leste de Nebra est un disque de bronze portant des motifs en or, pesant Ă  peu près kg et mesurant environ 32 cm de diamètre. Il a Ă©tĂ© mis au jour illĂ©galement, par des fouilleurs clandestins, en juillet 1999 Ă  Nebra-sur-Unstrut, en Saxe-Anhalt (Allemagne), avec d'autres objets constituant un dĂ©pĂ´t cultuel. Il daterait d'environ (faciès de transition Bronze ancien / Bronze moyen, ou Bronze A / Bronze B). Il est considĂ©rĂ© comme la plus ancienne reprĂ©sentation connue de la voĂ»te cĂ©leste[1].

Disque de Nebra
Disque de Nebra
Disque de Nebra
Zone géographique Nebra-sur-Unstrut, en Saxe-Anhalt (Allemagne)
Période transition âge du bronze ancien / âge du bronze moyen
Faciès culturel Inconnue
Chronologie vers
Matière première Bronze et or
Fonction astronomique ? calendrier agricole ?

Préhistoire - Archéologie - Tableau synoptique

Il est conservé au musée régional de la Préhistoire de Halle-sur-Saale, en Allemagne.

En juin 2013, le disque céleste de Nebra a été inscrit au programme Mémoire du monde de l’UNESCO, en tant que découverte archéologique majeure du XXe siècle, et plus ancienne représentation concrète au monde d’une observation cosmique[2] - [3].

Authenticité et datation

Le disque est un objet si spectaculaire que certains archéologues ont pu supposer qu'il aurait été fabriqué par un faussaire. Or, une étude microscopique de sa patine révèle qu'il est incontestablement extrêmement ancien : la taille des cristaux d'oxydation est en rapport avec la lenteur de leur formation ; ceux du disque sont beaucoup trop grands pour être d'origine artificielle et moderne.

La fabrication du disque dans la région de sa découverte est compatible avec une étude isotopique du plomb radioactif contenu dans le cuivre du disque. En effet, chaque gisement a une signature isotopique particulière. Ce cuivre provient de gisements alpins exploités à l'Âge du bronze en Autriche. Néanmoins, il semblerait que les concepteurs du disque aient aussi utilisé de l'or et de l'étain provenant de Cornouailles[4].

D'autres objets, des bracelets et des épées de bronze, ont été exhumés au même endroit que le disque par les découvreurs ; une étude comparative avec d'autres épées semblables de l'âge du bronze et datées au carbone 14, permettrait de dater approximativement le disque vers Cette datation étant indirecte, elle est contestée, par exemple par Rudiger Krause, professeur d'archéologie à l'université de Francfort-sur-le-Main et spécialiste de l'âge du bronze ; le Pr. Krause date le disque de 600 à [5] - [6].

Description

Schéma représentant le disque.

Le disque de Nebra se présente sous la forme d'une plaque circulaire sur laquelle se détachent des motifs en plaques incrustées d'or, motifs supposés être en partie des corps célestes : un croissant représentant la Lune, le disque central pouvant être le Soleil ou bien la Lune, un groupe de sept points serait la constellation des Pléiades[7], deux autres motifs en arcs.

Il pourrait s'agir d'une reprĂ©sentation du ciel pour une personne qui se serait trouvĂ©e il y a 3 600 ans en Allemagne, observant l'apparition des PlĂ©iades. Cela pourrait ĂŞtre considĂ©rĂ© comme la reprĂ©sentation la plus ancienne de la voĂ»te cĂ©leste. L'archĂ©ologue allemand Harald Meller (de) la qualifie de « ciel Ă©toilĂ© automnal ».

Au solstice d'été à Nebra, le Soleil se couche derrière le Brocken. Ce fait, non négligeable, permet d'imaginer une orientation possible du disque lors de son utilisation.

Un arc de 82 degrĂ©s prĂ©sent sur le cĂ´tĂ© droit, ainsi que la trace d'un autre arc, disparu, placĂ© symĂ©triquement sur le cĂ´tĂ© gauche, pourraient figurer l'Ă©cart entre les points de l'horizon oĂą le Soleil se lève, ou se couche, aux solstices d'Ă©tĂ© et d'hiver. La valeur de cet angle correspond relativement bien Ă  la latitude du lieu de la dĂ©couverte. Ceci permet d'imaginer un emploi possible du disque, en le plaçant Ă  l'horizontale, et orientant alors l'arc latĂ©ral (vers l'est ou vers l'ouest) pour repĂ©rer les levers et couchers de soleil sur l'horizon au moment des Ă©quinoxes. Un autre caractère remarquable du site de Nebra est qu'au solstice d'Ă©tĂ©, le Soleil se couche derrière le sommet du massif du Harz, le mont Brocken, sommet le plus haut de la partie nord de l'Allemagne, situĂ© Ă  environ 80 km au nord-ouest du site.

En bas du disque, un petit arc strié représenterait soit une barque solaire (voir Char solaire de Trundholm), soit la Voie lactée. En revanche, le nombre « d'étoiles » visibles sur le disque, dans son état actuel, pourrait être inférieur au nombre d'origine, le « segment de latitude droit » ayant été superposé à une époque ultérieure, et en masquant deux[8].

Enfin, le disque comporte 39 trous sur son pourtour.

Une explication scientifique

Poignards en bronze découverts sur le même lieu.
Haches et bracelets en bronze découverts sur le même lieu.

L'image visait probablement à perpétuer des connaissances astronomiques. Ce serait une sorte d'aide-mémoire, la tradition orale se devant de maintenir les connaissances sur la nature, le calendrier et les saisons :

  • Cette connaissance Ă©tait essentielle pour les semailles : les PlĂ©iades en effet, peuvent accompagner la nouvelle lune au-dessus de l'horizon vers la mi-mars (semailles ?), et cela se reproduit les soirs de pleine lune vers la mi-octobre (fin des moissons ?)[9].
  • Selon l'interprĂ©tation archĂ©oastronomique de l'astronome Rahlf Hansen, du planĂ©tarium de Hambourg, les phases de la lune permettent d'adapter un calendrier Ă  la longueur de l'annĂ©e : lorsque la nouvelle lune apparaissait près de l'amas des PlĂ©iades seulement au troisième jour du mois de printemps par lequel l'annĂ©e commençait (32 jours après le dĂ©but de l'annĂ©e et plus pour les annĂ©es normales), on devait dĂ©compter cette annĂ©e-lĂ  des mois de 29,5 jours, ce qui permettait de faire correspondre l'annĂ©e solaire de 365 jours avec l'annĂ©e lunaire de 354 jours. Or, le chiffre 32 est reprĂ©sentĂ© sur le disque, par le nombre de points-Ă©toiles. Ce nombre 32 aurait une signification importante, car 32 annĂ©es solaires correspondent Ă  33 annĂ©es lunaires. Avec le disque plein en or, les 32 « Ă©toiles » pourraient reprĂ©senter plutĂ´t des annĂ©es solaires et on compterait 33 annĂ©es lunaires au total si l'on ajoute le disque plein, ce qui correspondrait ainsi Ă  un grand cycle de synchronisation. L'interprĂ©tation prĂ©cĂ©dente du Dr Schlosser, selon laquelle le disque plein en or reprĂ©senterait la pleine lune, n'est donc pas contredite.

Le disque serait en quelque sorte une encyclopédie astronomique, recueillant plusieurs des savoirs de l'Âge du bronze propres à cette région de l'Europe. Les astronomes de cette époque auraient donc eu des connaissances plus avancées que ce qu'on croyait jusqu'ici, la première description de cette règle ayant été trouvée dans un texte babylonien datant de (le Mul Apin).

Littérature

  • Howard Crowhurst, Le Disque de Nebra : Cycles dans le Cosmos, 2012, Ă©dition epistemea, (ISBN 979-10-92168-00-6).

Centre archéologique public Arche Nebra

Un concours d’architecture a été lancé en 2004 pour la construction d’un centre archéologique public qui mette en valeur tant cette pièce inestimable que le lieu où elle fut retrouvée, lui-même riche en objets de l’Âge du bronze. Il s’agissait de créer un centre avec planétarium, des espaces d’expositions permanentes et temporaires, un café et des salles de séminaires. Le centre devait devenir une destination touristique importante et un symbole de toute la région. Le lieu exact de la découverte devait quant à lui être marqué par une tour panoramique.

C'est le bureau d'architecture zurichois Holzer Kobler Architekturen qui a été choisi pour la construction du centre archéologique public Arche Nebra.

alternative de l'image à compléter
Centre archéologique public Arche Nebra, ouvert en juin 2007.

C’est finalement le symbole de la barque solaire qui a Ă©tĂ© choisi pour la construction du centre : il se dresse au-dessus de la vallĂ©e de l’Unstrut, visible au loin ; le corps du bâtiment est recouvert d’aluminium dorĂ© et semble flotter au-dessus de sa base vitrĂ©e qui abrite l’entrĂ©e et le cafĂ©. Cette barque abstraite est longue de 60 mètres ; elle offre deux espaces d’exposition et abrite le planĂ©tarium. La prĂ©sentation permanente thĂ©matise le lieu de la dĂ©couverte et l’environnement historique du disque. L’immense baie vitrĂ©e qui la borde offre au regard du visiteur la vue sur la montagne du Mittelberg et sur la tour panoramique. En revanche, c’est la rivière Unstrut qui s’offre Ă  l’œil du visiteur par la fenĂŞtre panoramique de l’espace de prĂ©sentation temporaire. Le puits de lumière ouvert, qui relie le rez-de-chaussĂ©e et le premier Ă©tage, symbolise le rapport au ciel. La base en crĂ©pis, qui abrite les salles de sĂ©minaire et les bureaux, semble, quant Ă  elle, Ă©merger du flanc de la colline.

Un signe visible de loin marque le lieu exact de la découverte. Une tour conique de trente mètres de haut s’y dresse. S’élargissant par le haut, inclinée de dix degrés vers le nord et fendue sur toute sa longueur pour indiquer le solstice d’hiver, elle reprend les principes de calcul du disque céleste. Une fois par jour, le soleil traverse sa longue fente verticale, ce qui dirige ses rayons vers la montagne du Brocken, à quelque quatre-vingts kilomètres de distance. De même que c’était le Brocken qui potentiellement pouvait servir de point d’orientation pour le disque céleste à l’Âge du bronze.

Notes et références

  1. Jacques Ehrlich, Les Pléiades.
  2. Inscriptions au Registre de la Mémoire du monde, approuvée par la Directrice générale de l’UNESCO, Irina Bokova, lors de la réunion du Comité consultatif international du programme Mémoire du monde à Gwangju (République de Corée) en juin 2013
  3. « Le disque de Nebra | Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture », sur www.unesco.org (consulté le )
  4. (en) Gregor Borg, « In Search of the Golden Sky: Cornwall as the Source of the Gold of the Bronze Age Sky Disc of Nebra », Journal of the Royal Institution of Cornwall,‎ , p. 38-57
  5. On ne connait toujours pas la véritable origine du disque de Nebra
  6. Archäologie: Himmelsscheibe von Nebra wird neu datiert, sur le site de l'université de Francfort-sur-le-Main, .
  7. La représentation des Pléiades sous cette forme et à cette époque se trouve aussi sur des objets découverts à Sumer et cette constellation joue un rôle éminent dans l'établissement des calendriers agricoles.
  8. Voir dessins sur le site internet archéologique mentionné dans les liens.
  9. Hypothèse portée par W. Schlosser, cité dans Le disque de Nebra, religion et société en Gaule, éditions Errance, 2006, p. 42-43.

Annexes

Bibliographie

  • (de) Ute Kaufholz : Sonne, Mond und Sterne. Das Geheimnis der Himmelsscheibe (Le Soleil, la Lune, les Ă©toiles - le secret du disque de Nebra) - Anderbeck, Anderbeck 2004, (ISBN 3-937751-05-X)
  • (de) Office archĂ©ologique de Saxe-Anhalt (Landesamt fĂĽr Archäologie Sachsen-Anhalt - Ă©diteur) : Archäologie in Sachsen-Anhalt. aux Ă©ditions Deutscher Verlag der Wissenschaften, Halle 1.2002, p. 7–31. (ISSN 0072-940X)
  • (de) Frank Hagen von Liegnitz : Die Sonnenfrau Weihnachtsgabe der WeserStrom Genossenschaft, BrĂŞme, 2002.
  • (de) Harald Meller (Ă©diteur) : Der geschmiedete Himmel (Le ciel Ă  l'Ă©tat forgĂ©). Le firmament vu du cĹ“ur de l'Europe il y a 3 600 ans. Catalogue de l'exposition, Éditions Theiss-Verlag, Stuttgart, 2004, (ISBN 3-8062-1907-9)
  • (de) Katja Näther, Sven Näther : Akte Nebra – Keine Sonne auf der Himmelsscheibe? (Dossier NEBRA : pas de Soleil sur le disque ?) Naether, Wilhelmshorst, 2004, (ISBN 3-934858-02-3)
  • (de) National Geographic, Gruner + Jahr, Hambourg 2004, 1, p. 38–61, (ISBN 3-936559-85-6)
  • (de) Uwe Reichert : Der geschmiedete Himmel (Le ciel Ă  l'Ă©tat forgĂ©) in Spektrum der Wissenschaft, Heidelberg, 2004, 11, p. 52–59. (ISSN 0170-2971)
  • (de) Der Sternenkult der Ur-Germanen (Le culte des Ă©toiles des premiers Germains), Der Spiegel, 25 novembre 2002.
  • (fr) Le ciel retrouvĂ© des anciens Germains, ÉlĂ©ments, avril 2003.

Articles connexes

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