Discours d'Élisabeth Ire à ses troupes à Tilbury
Le discours aux troupes de Tilbury est un discours délivré le par la reine Élisabeth Ire d'Angleterre aux forces terriennes rassemblées à Tilbury dans l'Essex, en préparation d'une réponse à l'attaque invasive prévue de l'Armada espagnole.
Avant ce discours, l'Armada avait progressé depuis le pas de Calais (dans la bataille de Gravelines, onze jours plus tôt) et avait désormais contourné l'Écosse dans le but de rentrer au pays. Mais les troupes restaient prêtes au cas où Alexandre Farnèse, duc de Parme, ne veuille lancer l'invasion depuis Dunkerque. Elles furent renvoyées deux jours plus tard.
Le jour de ce fameux discours, la reine Élisabeth laissa sa protection rapprochée devant la porte du Fort de Tilbury et vint parmi ses sujets escortée par six hommes. Lord Ormond précédait le cortège, portant l'Épée d'Apparat ; il était suivi d'un page qui menait le destrier de la Reine et d'un autre qui présentait son casque en argent sur un coussin ; ensuite arrivait la Reine en personne, vêtue de blanc et d'une cuirasse en argent et chevauchant un Hongre gris. À sa droite chevauchait le Comte de Leicester, Lieutenant Général, et à sa gauche, le Comte d'Essex, Maître de Cavalerie. Sir John Norreys fermait le cortège.
Contenu du discours
Ce texte fut trouvé dans une lettre de Leonel Sharp au Duc de Buckingham, peu après 1624.
« Mon peuple bien-aimé,
Des conseillers soucieux de ma sécurité m'ont mise en garde de paraître devant mes armées, par crainte d'une trahison. Mais, je vous l'assure, je ne veux pas vivre en me méfiant de mon peuple fidèle et bien-aimé. Que les tyrans aient peur ; quant à moi, j'ai toujours placé en Dieu ma plus grande force, et ma sûreté dans les cœurs loyaux et la bienveillance de mes sujets. Ainsi je ne suis pas venue parmi vous pour ma récréation et mon plaisir, mais parce que je suis résolue à vivre et à mourir au milieu de vous tous, au cœur et dans la chaleur de la bataille, et, pour mon Dieu, pour mon royaume et pour mon peuple, à coucher mon honneur et mon sang même dans la poussière. Je sais que mon corps est celui d'une faible femme, mais j'ai le cœur et l'estomac d'un roi, et d'un roi d'Angleterre – et je me moque que le Duc de Parme ou n'importe quel prince d'Europe ose envahir les rivages de mon royaume. Dans cette occasion, je préfère risquer mon sang royal que d'encourir le déshonneur. C'est moi qui vais être votre général et votre juge au moment de récompenser votre valeur sur le champ de bataille. Je sais que déjà, votre courage mérite des récompenses et des couronnes, et je vous donne ma parole de prince que vous les recevrez. En attendant, mon Lieutenant Général restera avec vous à ma place [...] Je ne doute pas que, par votre entente dans le campement, votre courage au combat et votre obéissance envers moi-même et envers mon général, nous ne remportions dans peu de temps une glorieuse victoire sur les ennemis de Dieu et de mon royaume. »