Dialogue sur les deux grands systèmes du monde
Le Dialogue sur les deux grands systèmes du monde (en italien : Dialogo sopra i due massimi sistemi del mondo) est un ouvrage demandé à Galilée par le pape Urbain VIII vers 1624[n 1] et publié en 1632. Il est rédigé comme un dialogue entre trois personnes, la première favorable au système héliocentrique de Copernic, la deuxième au système géocentrique de Ptolémée, et la troisième sans opinion préalable sur la question. Galilée laisse clairement entendre sa préférence pour les thèses héliocentriques, alors suspectes à l'Église catholique romaine, et contredisant par ailleurs l'enseignement d'Aristote, donc la totalité du monde universitaire de son époque. L’année suivante, lors d’un procès qui eut un grand retentissement, il se voit contraint de rétracter ses propos.
Contexte
Le 22 février 1632, Galilée présente son ouvrage achevé d'imprimer au grand-duc de Toscane Ferdinand II de Médicis[2].
La publication de cet ouvrage eut un retentissement particulier en Europe, du fait du procès de l'Église catholique qui fut intenté à Galilée en 1632 et 1633, pour cet ouvrage qui, bien que commandé par le pape Urbain, contrevenait aux interdictions des écrits favorables à l'héliocentrisme de 1616.
Galilée fut condamné à l'âge de 69 ans à renier ses théories hérétiques devant le tribunal Inquisiteur catholique sur demande du Pape Urbain VIII en juin 1633 ce à quoi il se résigna afin selon la légende de ne pas brûler vif sur un bûcher. Dans la pratique, ce risque était quasi nul, Galilée et Urbain VIII étant amis de longue date. Celui-ci le fit assigner à résidence où il put continuer ses recherches dans la discrétion durant 9 ans jusqu'à sa disparition.
L'ouvrage
Le Dialogue se déroule à Venise sur quatre journées entre trois personnages : Salviati, porte-parole de Galilée ; Sagredo, éclairé mais sans a priori ; et Simplicio, un défenseur de la physique aristotélicienne, un personnage dans lequel Urbain VIII se serait reconnu[n 2].
Deux de ces personnages sont aussi des personnes réelles : Gianfrancesco Sagredo (-), un Vénitien, et Filippo Salviati (-), un Florentin, tous deux amis de Galilée et dont celui-ci a voulu perpétuer la mémoiren. 1_6-0">[4]. Quant au troisième personnage, lorsqu'on lui reprocha le caractère ostensiblement péjoratif de Simplicio, Galilée répondit qu'il s'agissait de Simplicius de Cilicie.
RĂ©ception par Descartes
Descartes apprit l'issue du procès de Galilée en novembre 1633. Il reçut l'ouvrage Dialogo sopra i due massimi sistemi del mondo par son ami, Isaac Beeckman, en 1634 qu'il ne put toutefois conserver qu'un peu plus d'une journée avant que Beeckman le reprenne avec lui en poursuivant sa route pour se rendre à Dort (voir le commentaire de Descartes ci-contre).
Descartes avait lui-même écrit un Traité du monde et de la lumière. Ne souhaitant pas être condamné par l'Église, il renonça à publier cet ouvrage et en présenta une version abrégée dans la partie V du Discours de la méthode (1637) en évitant soigneusement la question de l'héliocentrisme.
Notes et références
Notes
- « Il fut seulement précisé à l'auteur qu'il devait être objectif, c'est-à -dire n'avantager aucune des théories en présence[1]. »
- « Urbain VIII pouvait s’y reconnaître sous les traits de Simplicio, l’aristotélicien trop soucieux de défendre la tradition, et Galilée perdit les puissants appuis dont il avait bénéficié jusque-là [3]. »
Références
- Pierre Costabel, « Galilée : 4. Le drame final et le couronnement de l'œuvre », sur l'Encyclopædia Universalis (consulté le ).
- Bernard Michal, Galilée et l'Inquisition: Les Grandes Enigmes du temps jadis, Place des Éditeurs, , p. 74
- Pierre Costabel, « Galilée », sur l’Encyclopædia Universalis (consulté le ).
- n. 1-6" class="mw-reference-text">Koyré 1960, p. 199, n. 1.
- Lettre à Mersenne, août 1634, cité dans « Descartes, Galilée et l'Inquisition », Éric Sartori, La Recherche, février 2013, p. 92
Annexes
Bibliographie
- L'affaire Galilée, cardinal Poupard, édition de Paris, octobre 2005 ;
- Dialogue sur les deux grands systèmes du monde, Galilée, publié en 1632, traduction par René Fréreux et François de Gandt. Paris, Seuil, Points Sciences, 2000. (ISBN 2-02-041635-2) ;
- Descartes, Samuel S. de Sacy, Seuil, réédité en 1996 ;
- Galileo Galilei, 350 ans d'histoire (1633-1983), ouvrage collectif sous la direction de Mgr Poupard, Desclée International, Tournai 1983.
- [Koyré 1960] Alexandre Koyré, « Le De Motu Gravium de Galilée : de l'expérience imaginaire et de son abus », Revue d'histoire des sciences et de leurs applications, t. XIII, no 3,‎ , p. 197-245 (DOI 10.3406/rhs.1960.3854, lire en ligne).
- [Spranzi 2004] Marta Spranzi, Galilée : le « Dialogue sur les deux grands systèmes du monde » : rhétorique, dialectique et démonstration, Paris, Presses universitaires de France, coll. « Philosophies » (no 174), , 1re éd., 1 vol., 126, 11,5 × 17,6 cm (ISBN 2-13-052448-6, EAN 9782130524489, OCLC 419229060, BNF 39207380, DOI 10.3917/puf.spran.2004.01, SUDOC 080857868, présentation en ligne).
Filmographie
- 2005 : Galilée ou l'Amour de Dieu de Jean-Daniel Verhaeghe avec Claude Rich dans le rôle de Galilée, Jean-Pierre Marielle dans celui du pape Urbain VIII et Daniel Prévost dans le rôle du grand inquisiteur.