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Delenda Carthago

Delenda Carthago est une locution latine traditionnellement attribuée à Caton l'Ancien, mort en 149 av. J.-C., qui signifie « Il faut détruire Carthage ! » (littéralement « Carthage est à détruire »).

La Catapulte, peinture d'Edward Poynter, 1868. Sur la machine de guerre au siège de Carthage à la fin de la troisième guerre punique, les mots de Caton l'Ancien sont gravés :
« delend
a est Ca
rthago
»

Parfois on la trouve aussi sous les formes Delenda est Carthago ou Carthago Delenda Est.

Origine

Bien que les Romains eussent remporté les deux premières guerres puniques, ils connurent quelques revers et humiliations dans leur lutte d'influence contre l'empire de Carthage, dont la métropole était la Tunisie actuelle. Cela les poussa à rechercher par vindicte la victoire totale qui s'exprime par cette formule lapidaire. La troisième guerre punique s'acheva par la destruction complète de la ville. La cité fut brûlée (des traces d'incendie sont visibles sur les quelques ruines qui restent de la Carthage phénicienne), rasée et les survivants vendus en esclavage. Les historiens se demandent si, oui ou non, les champs furent recouverts de sel.

Selon la tradition, Caton l'Ancien prononçait cette formule à chaque fois qu'il commençait ou terminait un discours devant le Sénat romain, quel qu'en fût le sujet. Une autre version, plus souvent citée en Allemagne, ne semble pas présenter un plus grand caractère d'authenticité : « Ceterum censeo Carthaginem delendam esse » (« En outre, je pense que Carthage est à détruire »).

La formule de Caton n'est jamais rapportée au discours direct par les sources qui mentionnent cet épisode (Cicéron, Pline l'Ancien, Plutarque). Il est ainsi probable que la phrase restée dans les mémoires soit en réalité une simplification séduisante de la conclusion systématique des discours de Caton en 150 av. J.-C. L'expression s'emploie aujourd'hui pour parler d'une idée fixe, que l'on poursuit avec acharnement jusqu'à sa réalisation ; elle peut signifier aussi la nécessité de détruire une institution ou une structure devenue néfaste mais qui persiste.

En rhétorique, on désigne cette locution comme étant une épanalepse[1].

Utilisation

De nombreux auteurs reprennent l'expression pour indiquer leur acharnement Ă  atteindre un but.

  • Dans la prĂ©face de sa deuxième considĂ©ration inactuelle, Nietzsche fait rĂ©fĂ©rence au mot de Caton pour exprimer la rĂ©sistance et son opposition face Ă  la vielle transmission traditionnelle de l'histoire.
  • La citation est utilisĂ©e dans l'album des aventures d'AstĂ©rix le Gaulois Les Lauriers de CĂ©sar (1972) : l'avocat romain d'AstĂ©rix et ObĂ©lix qui a reçu l'ordre de les dĂ©fendre s'adresse Ă  eux en disant : « j'ai un très bon discours ; ça commence comme ça : delenda Carthago, disait le grand Caton… » Nonobstant l'ironie d'ouvrir avec cette citation de clĂ´ture, il est pris ensuite de court par le procureur qui utilisera le premier la citation dans ses rĂ©quisitions. L'avocat demande alors une suspension d'audience.
  • Isaac Asimov y fait rĂ©fĂ©rence dans son livre Les Robots et l'Empire (1985) : sur fond de rivalitĂ© entre Terriens et Spatiens, l'un des personnages, Levular Mandamus, voulant obtenir une entrevue de la part de Kelden Amadiro, un Spatien grand ennemi de la Terre, lui fait remettre un billet oĂą est inscrite la phrase « Ceterum censeo, delenda est Carthago » (traduite ensuite par « Selon moi, Carthage doit ĂŞtre dĂ©truite »). Implicitement, Carthage dĂ©signe la Terre et Amadiro, intriguĂ©, accepte de recevoir Mandamus.
  • Elle survit Ă©galement grâce Ă  son inclusion dans les « pages roses » du Petit Larousse, et en tant qu'exemple-type de l'emploi de l'adjectif verbal dans les grammaires latines, de mĂŞme que d'autres exemples comme « Mihi colenda est virtus ».
  • C'est par rĂ©fĂ©rence Ă  cette locution que, dans l'armĂ©e française, la liste des officiers catholiques dont la carrière devait ĂŞtre bloquĂ©e avait Ă©tĂ© dĂ©nommĂ©e « Carthage » par le ministre de la Guerre, le gĂ©nĂ©ral AndrĂ©, lors de l'affaire des fiches, entre 1900 et 1904.
  • Durant l'Occupation, entre 1940 et 1944, Jean HĂ©rold-Paquis, journaliste Ă  Radio-Paris, la radio collaborationniste de l'État français dirigĂ© par le marĂ©chal PĂ©tain, terminait ses Ă©ditoriaux quotidiens par la formule : « et l'Angleterre, comme Carthage, sera dĂ©truite ! »
  • L'auteur-compositeur-interprète italien Franco Battiato a enregistrĂ© une chanson en italien et en latin dont le titre est Delenda Carthago (album Caffè De La Paix, 1993).
  • Le groupe Varsovie a Ă©crit une chanson dont le titre DĂ©truire Carthage (album L'heure et la trajectoire de 2014) utilise l'expression sous la forme Carthago Delenda Est lors des refrains.

Notes et références

  1. Caton l’ancien finissait tous ses discours, quel qu’en fût le sujet. Cette figure s’applique à une idée fixe, une idée à laquelle on revient toujours.

Voir aussi

Sources antiques

Bibliographie

Article connexe

Lien externe

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