Dee Nasty
Dee Nasty est un disc jockey français de hip-hop. En 1984, Dee Nasty publie son premier album Paname City Rappin', aux labels Funkzilla Records et Cabana Music.
Naissance |
Paris, France |
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Activité principale | Disc jockey, animateur de radio |
Genre musical | Hip-hop, rap français |
Instruments | Table de mixage |
Années actives | Depuis 1982 |
Site officiel | www.deenasty.fr |
Il est le « Grand Master » de la Zulu Nation en France. Il est également reconnu par la presse spécialisée et par le public comme l'un des pionniers majeurs du hip-hop dans le pays[1] - [2] - [3] - [4].
Biographie
DĂ©buts
De son vrai nom Daniel Bigeault, il est originaire de la citĂ© de la Pierre-Plate, Ă Bagneux, dans les Hauts-de-Seine, en banlieue ouest de Paris[2]. Lors d'un entretien avec Down With This, il confie avoir quittĂ© ses parents Ă 16 ans, aprĂšs ĂȘtre « parti de Bagneux Ă 14 ans, pile au bon moment. [Avoir vĂ©cu] deux ans en Seine-et-Marne avec mes parents, puis je suis parti vivre ma vie[5]. » Il explique Ă©galement Ë Â« en 1978, jâai eu une platine dâappartement, juste pour lâĂ©coute, avec un ampli, un tuner et magnĂ©to Ă bande. Comme beaucoup de monde Ă lâĂ©poque finalement[5]. » En 1978, durant un sĂ©jour Ă San Francisco, aux Ătats-Unis, Dee Nasty dĂ©couvre les dĂ©buts du hip-hop, avec le graffiti, la breakdance et le funk scandĂ© comme celui de Sugarhill Gang[1]. Il est l'un des premiers Ă avoir importĂ© ce style en France[1] - [2] - [3].
Son nom de scÚne vient d'un quiproquo. Alors qu'il dit à sa compagne d'écouter Grand Mixer D.ST., celle-ci pense qu'il parle de la série télévisée Dynastie[4]. Le DJ apprécie la confusion pour en faire son nom. Il le transforme en D. Nasty (D étant la premiÚre lettre de son prénom Daniel). Un jour qu'il demande à Afrika Bambaataa en personne de lui dédicacer son désormais mythique album Planet Rock, ce dernier orthographie le nom du DJ Dee Nasty. Le français décide alors de garder cette orthographe en hommage à Afrika Bambaataa.
Années 1980 et 1990
Dee Nasty se fait connaßtre en 1982 pour avoir travaillé sur la radio pirate Ark en ciel avec l'émission Funkabilly, sur Radio FG, Radio Carbone 14 et Radio Diffusion Handicapé[4].
En 1984, Dee Nasty publie son premier album Paname City Rappin'[1] - [6], aux labels Funkzilla Records et Cabana Music. Il enregistre le disque Ă la campagne, chez Michel Eskenazi, un ami ingĂ©nieur du son rencontrĂ© quelques annĂ©es plus tĂŽt au Guatemala[7]. PressĂ© Ă 1 000 exemplaires[4], l'album, introuvable hormis sur internet, est le premier du genre hip-hop auto-produit en France[5]. Alors qu'il le vend dans la rue pendant la FĂȘte de la musique, il rencontre ainsi Lionel D[4]. Au dos de la pochette, Dee Nasty laisse son numĂ©ro de tĂ©lĂ©phone personnel montrant le confinement du hip-hop en France. Premier album de rap français et pratiquement unique reprĂ©sentant du hip-hop old-school en France avec, entre autres, le titre Metro Scratch, qui est une bonne description des dĂ©buts de la culture hip-hop française, uniquement reprĂ©sentĂ©e jusque-lĂ par le graffiti et la breakdance.
Dee Nasty abandonne le MCing (partie vocale du hip-hop, scansion de texte) dĂšs 1984 aprĂšs son premier album, il se consacre ensuite exclusivement au DJing (partie musicale du rap, reposant principalement sur le maniement de vinyles). Il est l'un des tout premiers DJ français Ă maĂźtriser l'art du scratch. Dee Nasty, Bad Benny et Webo rĂ©alisent la mĂȘme annĂ©e, en 1984, un lettrage (un graffiti whole car top-to-bottom), Joyeux NoĂ«l et un personnage de PĂšre NoĂ«l sur une voiture d'une rame de la ligne 8 du mĂ©tro de Paris[8].
Fin 1984, le hip-hop est en dĂ©clin en France, l'Ă©mission H.I.P. H.O.P. de Sidney est arrĂȘtĂ©e et le courant devient "ringard" car alors considĂ©rĂ© par les mĂ©dias comme une simple mode. Dee Nasty rencontre alors de nombreuses difficultĂ©s pour animer des soirĂ©es hip-hop ou des Ă©missions de radio[4]. DĂ©sireux de relancer l'engouement du hip-hop, il part aux Ătats-Unis pour en ramener les derniĂšres nouveautĂ©s[9].
En 1986, il se fait connaitre d'un public plus large en organisant des "free jams" au terrain vague de La Chapelle, en insĂ©rant des flyers faits Ă la main dans les pochettes des disques funk et hip-hop amĂ©ricains[1]. C'est lors des sessions de ce terrain vague que les futurs NTM et Assassin dĂ©couvrent des rappeurs français comme Lionel D, Jhony Go ou Destroy Man[4]. Membre de la Universal Zulu Nation, il a fait la premiĂšre partie de la tournĂ©e française d'Afrika Bambaataa, l'un des pĂšres du hip-hop musical avec Grandmaster Flash et DJ Kool Herc. Vainqueur du championnat de France DMC des DJ en 1986, 1987 et 1988, il anime les premiĂšres soirĂ©es hip-hop Ă Paris comme celles de "Chez Roger Boite Funk" au Globo organisĂ©es par le magazine Actuel et Radio Nova[10]. Sur les ondes de Radio Nova de 1988 Ă 1989, il invite ses fans les plus virulents Ă se tester derriĂšre le micro pendant le Deenastyle, animĂ© par le rappeur Lionel D[11] : ce sont alors les dĂ©buts live de NTM, MC Solaar, Assassin, MinistĂšre A.M.E.R et de beaucoup dâautres qui y font tourner sur cassette leurs dĂ©buts. Avant la fin des annĂ©es 1980, alors quâil nâexiste pas encore dâautres albums de rap français, des artistes font appel Ă ses dons de mixeur arrangeur et scratcheur comme Cheb Khaled, les Rita Mitsouko, Beastie Boys, Arthur H, et Rufus Thomas.
Au dĂ©but des annĂ©es 1990, il participe aux Discomobiles aux cĂŽtĂ©s de groupe de funk parisiens tels que Malka Family et Human Spirit. Ă sa discographie personnelle sâajoute un double album en 1991 et Le Deenastyle en 1993, avec en invitĂ©s Cut Killer, DJ Abdel, les Princes du Swing (« Ă nos amis »). En parallĂšle, il assure les premiĂšres parties de concerts parisiens pour, notamment, Public Enemy, The Last Poets, Trouble Funk, Ice-T, Spoonie G., Cash Money, George Clinton et Maceo Parker. Avec ce dernier (transfuge des JB's de James Brown), Dee Nasty inaugure une sĂ©rie de collaborations sur scĂšne, quâil poursuit avec un autre saxophoniste, le japonais Shimizu.
Années 2000 et 2010
Il tourne pendant deux ans dans le monde entier avec Cachaito Lopez, contrebassiste du Buena Vista Social Club, aux cĂŽtĂ©s du percussionniste cubain Anga DĂaz, qui lâavait fait venir Ă Cuba pour enregistrer sur son premier album solo Echu Mingua (World Circuit, 2005). Musicien Ă©clectique, il collabore avec Elephant System et compose avec Manu le Malin, entre autres.
Huit ans aprĂšs la sortie de Nastyness au label Alki en 2001, son sixiĂšme album System Dee est publiĂ© le chez Tradvibe[12], en mĂȘme temps que la compilation En mode funk chez Wagram Music, avec DJ Bronco, Ă laquelle succĂšde En mode soul funk en 2010[3]. Son dernier album "Classique" est sorti en 2015 sur le label Celluloid.
Discographie
Albums studio
- 1984 : Paname City Rappin' (Funkzilla Records)
- 1991 : Dee Nasty (Polydor)
- 1994 : Le Deenastyle (Polydor)
- 1998 : Le diamant est Ă©ternel (Flavor Records)
- 1999 : Battle Breaks (Nothing But Soul Records)
- 2001 : Nastyness (Chronowax)
- 2004 : Underground forever (Human)
- 2009 : System Dee (Trad Vibe)[11]
- 2015 : Classique (Celluloid)
- 2019 : Octopussy (Furious-Records)
Compilations mixées
- 1988 : Megamixes, vol.1 (Solar)
- 1988 : Megamixes, vol.2 (Solar)
- 1988 : Megamixes, vol.3 (Solar)
- 1996 : Funky Mix Party 1 (MCA Records)
- 1996 : Funky Mix Party 2 (MCA Records)
- 1998: Collectif Rap (Versailles)
- 2000 : DnD Groove Factory - A House Music Mix, avec David Chong (Human)
- 2004: Breakbeat Music By (Radikal)
- 2009: En Mode Funk avec DJ Bronco (Wagram Music)
Mixtapes
- 2001 : Nastycuts vol. 1 (autoproduction)
- 2004 : Nastycuts vol. 2 (Disques Pirates)
Maxis
- 1987 : Deenastyle (Nova Scratch)
- 1989 : So Funky (Dance Dept, O.T.T. Records)
- 1989 : Voyage Into The Land Of Funk - Part I & Part II (Solar, Vogues)
- 1989 : Mega Remix "Midnight Star" / Voyage Into The Land of Funk - Part III (Solar, Vogues)
- 1991 : Ton sourire avec Yasuaki Shimisu (Polydor)
- 1991 : Pousse les basses (Polydor)
- 1994 : Never Justify avec Gayle Linne (Polydor)
- 1994 : Soyez responsables avec Brigitte Dao (Polydor)
- 1994 : Ă nos amis avec les Princes du Swing (Polydor)
- 1995 : MĂȘme le diable ne peut plus m'aider avec Brother Hakim (Polydor)
- 1996: Le grand pardon avec l'Abbé Pierre et Maya Sutra (Planet Generation Global Move) (Speed Angel Sound)
- 1999 : Divine Connection / Tournez la page (Guidance Records)
- 1999 : Techno Parade 1999 - Hymne officiel de la Techno Parade - Music Makes Me Dance avec David Chong (Versailles, Versailles)
- 2000 : Nastyness le Maxi (Funkzilla Records)
- 2000 : I've Got The Answer avec Red One (Le Maquis)
- 2001 : Battle Break '82-'84 (Funkzilla Records)
- 2001 : Nastyness le EP (Funkzilla Records)
- 2003 : J'fous l'feu sur les ondes / C'est tendu avec Too Cool , Daddy Lestey et Original Uman
- 2003 : The Link avec Dynamax (Disques Pirates)
- 2003 : Night Out / Don't U Go avec Playin' 4 The City (Battle)
- 2004 : Underground Zero avec AMS (Disques Pirates)
- 2017: The Furious EP avec The Real Fake MC
Titres sur compilations
- 1983 : "Orientic Groove" sur la compilation Voxman (Alternative Funk)
- 1989 : "Funk A Size" sur la compilation Rapattitude (Labelle Noir)
Notes et références
- (en) Vincent Latz, « DJ Dee Nasty Biography », sur AllMusic (consulté le ).
- « Dee Nasty, premier des DJ classiques », sur RFI Musique, (consulté le ).
- « Dee Nasty - Biographie », sur Music Culture (consulté le ).
-
- Vincent Piolet (préf. Dee Nasty, postface Solo), Regarde ta jeunesse dans les yeux. Naissance du hip-hop français 1980-1990, Marseille, Le mot et le reste, (1re éd. 2015), 362 p. (ISBN 978-2-36054-290-1)
- « Dee Nasty, down with the King », sur downwiththis.fr, (consulté le ).
- « Dee Nasty, monument du rap français, revient sur 30 ans de carriÚre », sur Les Inrocks, (consulté le ).
- « Dee Nasty (1/2) : à jamais le premier - Clique Get Busy » (consulté le )
- Les photos et le récit de cette nuit se trouvent dans le livre Descente Interdite de Karim Boukercha (Alternatives, 2011).
- La Story du Rap Français : 30 ans de succÚs, documentaire diffusé sur C-Star.
- Vincent Piolet, Hip-Hop 360, Paris, RMN, , 196 p. (ISBN 978-2711878840)
- « Dee Nasty - « System Dee » », sur drum-bass.net, (consulté le ).
- « SYSTEM DEE », sur cultura (consulté le ).
Bibliographie
- Vincent Piolet (préf. Dee Nasty, postface Solo), Regarde ta jeunesse dans les yeux. Naissance du hip-hop français 1980-1990, Marseille, Le mot et le reste, (1re éd. 2015), 362 p. (ISBN 978-2-36054-290-1)
- Raphaël Richard, DJ made in France, Camion Blanc, , 329 p. (ISBN 978-2-35779-340-8)
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- Ressources relatives Ă la musique :
- Discogs
- Taratata
- (en) MusicBrainz
- (en) Muziekweb
- (en) Songkick
- Ressource relative Ă l'audiovisuel :
- (en) IMDb
- Site officiel
- « Interview Dee Nasty (1995) », sur Down With This, (consulté le ).