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D'un château l'autre

D'un château l'autre est un roman de Louis-Ferdinand Céline publié en 1957 aux éditions Gallimard. Il dresse un parallèle entre la vie de Céline contemporaine à l'œuvre — en tant que médecin et écrivain, pauvre, maudit et boudé par sa clientèle — et sa vie à Sigmaringen où se sont réfugiés le gouvernement vichyste en exil et de nombreux collaborateurs devant l'avancée de l'armée du général Leclerc.

D'un château l'autre
Image illustrative de l’article D'un château l'autre
Le château de Sigmaringen en 2015.

Auteur Louis-Ferdinand CĂ©line
Pays France
Genre Roman
Éditeur Gallimard
Collection Collection Blanche
Date de parution 1957
Nombre de pages 316
ISBN 2070213102
Chronologie

Résumé

Comme toujours depuis Mort à crédit, ce roman s'ouvre sur les descriptions d'un Céline aigri qui se plaint de sa condition : les traîtrises des divers éditeurs qu'il voudrait voir s'étriper, ses haines à l'égard de ceux qui représentent l'intelligentsia de l'époque — « Tartre » (Jean-Paul Sartre), « Larengon » (Louis Aragon) ou encore André Malraux, André Maurois ou Paul Morand —, sa vie de médecin boudé par sa clientèle. Pourtant, au-delà des aigreurs, Céline se réjouit de la fidélité de quelques-uns de ses clients, notamment Mme Niçois, dont l'appartement fait face à une voie fluviale au bord de laquelle il croise le chemin de son ancien ami Robert Le Vigan (« La Vigue » dans le roman), reconverti en locataire d'une péniche, La publique. L'entrevue des deux anciens compères donne lieu à un échange verbal cru et agressif qui, combiné au froid de l'hiver, rend le Docteur Céline souffreteux.

AlitĂ©, malade, CĂ©line commence Ă  dĂ©crire la vie Ă  Sigmaringen (Ă©crit Siegmaringen dans le roman – Sieg signifiant victoire en allemand), passant d'un château Ă  l'autre sans transition (d'oĂą la syntaxe Ă©trange du titre) : du château symbolique de sa demeure en banlieue parisienne au château de Sigmaringen, abritant le gouvernement de Vichy en exil. Cette deuxième partie du roman laisse place au rĂŞve, Ă  la fantaisie et Ă  la description du grotesque de la vie des rĂ©fugiĂ©s vichystes français. RĂ©sidant au Löwen, nourri de Stammgericht (« plat standard Â», Ă©cĹ“urant, Ă  base de choux rouges et de raves, prodigieusement laxatif[1]), affectĂ© Ă  Sigmaringen en tant que mĂ©decin, CĂ©line dĂ©crit les pĂ©ripĂ©ties de la France collaboratrice. Tout y est description du ridicule ambiant : la promenade journalière du marĂ©chal PĂ©tain, soumise Ă  un protocole très strict, la rigiditĂ© des Allemands, les rĂŞves fous des idĂ©alistes ou encore d'artistes espĂ©rant encore la victoire de l'Allemagne, les orgies entre militaires, jeunes filles en fleur et rĂ©fugiĂ©es, la misère humaine due Ă  l'absence de service sanitaire et Ă  la restriction des mĂ©dicaments, les institutions rĂ©duites Ă  des scènes de théâtre ou encore les entreprises vouĂ©es Ă  l'Ă©chec pour prĂ©server un semblant de dignitĂ© (voyage officiel aux obsèques de Bichelonne Ă  Hohenlychen, rĂ©ceptions officielles, etc.). Cette partie, oĂą l'on croise plusieurs figures historiques (PĂ©tain, Pierre Laval, Otto Abetz, Fernand de Brinon, Alphonse de Châteaubriant, Jean Bichelonne…), sans ligne narrative prĂ©cise, est un ensemble hĂ©tĂ©roclite de saynètes et de descriptions loufoques renforçant l'idĂ©e de chaos inhĂ©rent Ă  la dĂ©bâcle des derniers pontes du collaborationnisme et des fidèles de Vichy, tout en Ă©tant un parallèle Ă  la situation maladive de CĂ©line, Ă  laquelle il est fait rĂ©fĂ©rence par quelque endroit. Le rĂ©cit se clĂ´t sur le rĂ©tablissement de CĂ©line et l'actualitĂ© de sa malade Mme Niçois, laissant supposer que le rĂ©cit qui a Ă©tĂ© fait des aventures Ă  Sigmaringen une digression, comme une parenthèse dans l'Histoire.

Bibliographie

  • Christine Sautermeister, Louis-Ferdinand CĂ©line Ă  Sigmaringen, Écriture, Paris, 2013
  • Suzanne Lafont, « CĂ©line ou la dĂ©narrativisation de l’Histoire dans D’un château l’autre et Rigodon », Études françaises, vol. 53, no 3,‎ , p. 89-103 (lire en ligne)

Enregistrement Ă  la radio

À l'occasion de la sortie du livre, un entretien avec Louis-Albert Zbinden est enregistré pour la Radio suisse romande le jeudi . À la question « Pourquoi est-ce que vous avez fait paraître ce nouvel ouvrage ? », Céline répond : « Dame ! évidemment, c'est surtout pour des raisons… il faut bien le confesser une fois de plus… pour des raisons économiques, pour parler gentiment[2]. »

Notes et références

Liens externes

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