DĂ©lok
DĂ©lok (tibĂ©tain : àœ àœàœŠàŒàœŁàœŒàœàŒ, Wylie : âdas log, «âŻqui est revenue de la mortâŻÂ») est, au Tibet, le nom donnĂ© Ă une personne qui semble mourir et se retrouve dans le bardo du devenir. AprĂšs une semaine, la personne est renvoyĂ©e Ă la vie par le Seigneur de la Mort, chargĂ©e dâun message inspirant pour les vivants, de se dĂ©vouer Ă une pratique spirituelle et un mode de vie bĂ©nĂ©fique.
Lors de ce voyage, le dĂ©lok assiste au jugement des morts dans les mondes infernaux, parfois accompagnĂ©e dâune divinitĂ©, pour la protĂ©ger et lui expliquer cette expĂ©rienceâŻ; les descriptions qui sont faites par des dĂ©loks de ces mondes sont parfois crues et repoussantes. Certaines personnes dĂ©cĂ©dĂ©es peuvent rencontrer un dĂ©lok pour la charger de messages destinĂ©s Ă des membres de leur famille encore en vie. Le retour Ă la vie dâun dĂ©lok a lieu Ă la suite du jugement par le Seigneur de la Mort et est la consĂ©quence de karma positif accumulĂ©. Des dĂ©loks avec une foi et un mĂ©rite particuliers peuvent visiter les royaumes purs des Bouddhas et sont alors guidĂ©s par Tara.
Le phĂ©nomĂšne sâest perpĂ©tuĂ© au Tibet jusquâĂ une Ă©poque trĂšs rĂ©cente dans les rĂ©gions himalayennes, mĂȘme si de plus en plus de TibĂ©tains considĂšrent que le phĂ©nomĂšne se rarĂ©fie car peu de personnes accumulent suffisamment de mĂ©rite pour devenir dĂ©lok. De mĂȘme, il est devenu frĂ©quent au Tibet de procĂ©der Ă la crĂ©mation des corps trois jours aprĂšs la mort, ce qui empĂȘche le retour dâune dĂ©lok aprĂšs sept jours.
Au Tibet, de cĂ©lĂšbres dĂ©loks ont relatĂ© leurs expĂ©riences dans leurs namtars (tibĂ©tain : àœąàŸŁàœàŒàœàœąàŒ, Wylie : rNam-thar, «âŻlibĂ©ration complĂšteâŻÂ»), sortes de biographies. Il sâagit souvent de femmesâŻ; câest le cas notamment de Lingza Chökyi (XVIe siĂšcle), Dawa Drolma (1910â1941) et Shukseb Jetsun Chönyi Zangmo (en) (1852â1953). En supplĂ©ment, les lama manis, sortes de mĂ©nestrels ambulants, relataient des rĂ©cits de dĂ©loks tout en se servant de thangkas pour illustrer leurs propos. Lâun de ces derniers lama manis, Puchen Gyurme, considĂšre que le phĂ©nomĂšne des dĂ©loks ne se produit pas que dans la communautĂ© mais Ă travers le monde entier, mĂȘme si câest un concept difficile Ă apprĂ©hender pour les Occidentaux.
Les dĂ©loks «âŻmeurentâŻÂ» Ă certaines dates spĂ©ciales[1] du calendrier bouddhiste pendant un certain nombre dâheures et sont ensuite porteuses de messages. Pour vĂ©rifier une dĂ©lok, les tibĂ©tains bouchent les orifices du corps avec du beurre et recouvrent son visage dâune pĂąte Ă base de farine dâorge[2]. Le beurre ne doit pas fondre et le masque ne pas se fissurer pour assurer lâauthenticitĂ©.
Références
- (en) « Délog », sur Chinese Buddhist Encyclopedia (consulté le ).
- Françoise Pommaret, Les Revenants de lâau-delĂ dans le monde tibĂ©tain : Sources littĂ©raires et tradition vivante, Paris, CNRS Ăditions, , 212 p. (ISBN 978-2-271-06811-8).
Bibliographie
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
- (en) Delog Dawa Drolma (trad. Richard Barron), Delog : Journey to Realms Beyond Death, Padma Publishing,
- (en) Bryan J. Cuevas, Travels in the Netherworld : Buddhist Popular Narratives of Death and the Afterlife in Tibet, Oxford University Press,
- (en) Joseph K. Langerfeld, « The Dead Arise: Cases of Death and Return In Tibet », SelfDefinition.Org,â , p. 40â54 (lire en ligne, consultĂ© le ).
- Sogyal RinpochĂ©, Le Livre tibĂ©tain de la vie et de la mort, Paris, Le Livre de Poche, coll. « La Table Ronde », , 766 p. (ISBN 978-2-253-06771-9), p. 588â591.
- (en) Tulku Thondup, Peaceful Death, Joyful Rebirth, Boston et Londres, Shambhala, (ISBN 1-59030-182-X)