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Cycloaddition 1,3-dipolaire

La cycloaddition 1,3-dipolaire, aussi connue sous le nom de cycloaddition de Huisgen ou réaction de Huisgen[1] - [2] est une réaction en chimie organique appartenant à la grande famille des cycloadditions péricycliques concertées. C'est une réaction entre un 1,3-dipôle et un dipolairophile, la plupart du temps un alcène substitué, pour former un cycle à cinq atomes. Rolf Huisgen fut le premier à effectuer des recherches sur cette réaction en variant les 1,3-dipôles et à considérer son importance dans la synthèse d'hétérocycles à cinq atomes.

Cycloaddition de Huisgen d'azoture-alcyne, un exemple de cycloaddition 1,3-dipolaire.

Preuve du mécanisme

Firestone avait dans un premier temps tablé sur l'existence d'un intermédiaire diradical, mais ses travaux furent contredits par ceux de Huisgen, qui prévoyait un processus concerté, bien que cette hypothèse fut longtemps sujette à caution. C'est néanmoins aujourd'hui l'hypothèse de Huisgen qui est communément acceptée[3], soutenue en cela par plusieurs preuves d'un mécanisme concerté :

  • accroitre le groupe carbonyle du 1,3-dipole dĂ©croit sa rĂ©activitĂ© par stabilisation de son Ă©tat fondamental ;
  • les effets du solvant sur la rĂ©action sont mineurs, or si la rĂ©action se produisait via un intermĂ©diaire chargĂ©, on devrait avoir une augmentation de la vitesse de rĂ©action avec la polaritĂ© du solvant ;
  • la rĂ©action se fait par cis-addition car deux liaisons sont formĂ©es simultanĂ©ment, il n'y a donc pas d'intermĂ©diaire qui pourrait effectuer une rotation et brouiller la stĂ©rĂ©ochimie du produit.

De nombreux autres calculs et expérimentations ont également été menés pour vérifier la nature concertée du mécanisme.

Réactivité

Un processus concerté tel qu'une cycloaddition 1,3 nécessite un état de transition hautement ordonné, mais seulement des besoins enthalpiques modérés. En utilisant des réactifs en compétition, des taux relatifs d'additions pour différentes cycloadditions ont été trouvés, ce qui permet de définir plusieurs facteurs de réactivité :

  • la conjugaison, en particulier avec des groupes aromatiques, accroit la vitesse de rĂ©action par stabilisation de l'Ă©tat de transition. Durant cette transition, les deux liaisons sigma sont formĂ©es Ă  des vitesses diffĂ©rentes, ce qui peut gĂ©nĂ©rer des charges partielles dans l'Ă©tat de transition qui peut ĂŞtre stabilisĂ© par la distribution de la charge distribution dans les substituants conjuguĂ©es ;
  • les dipolairophiles les plus polarisables sont les plus rĂ©actifs car les nuages Ă©lectroniques diffus sont mieux adaptĂ©s pour initier le flux d'Ă©lectrons ;
  • les dipolairophiles avec une grande contrainte d'angle sont plus rĂ©actifs car cela accroit l'Ă©nergie de leur Ă©tat fondamental ;
  • l'augmentation de l'encombrement stĂ©rique de l'Ă©tat de transition entrave la rĂ©activitĂ© des rĂ©actifs et rĂ©duit drastiquement la vitesse de rĂ©action ;
  • les hĂ©tĂ©ro-dipolairophiles s’additionnent plus lentement, voire pas du tout, comparĂ©s aux diapolairophiles C=C Ă  cause d'un gain d'Ă©nergie plus bas dans la transition entre une liaison pi et des liaisons sigma ;
  • l'isomĂ©rie du dipolairophile affecte la vitesse de rĂ©action Ă  cause de problèmes stĂ©riques. Les isomères trans sont plus rĂ©actifs (le trans-stilbène s'additionnera 27 fois plus rapidement sur le diphĂ©nylimine de nitrile) que le cis-stilbène) car durant la rĂ©action, l'angle liaison de 120° se rĂ©duit Ă  109°, Ă©clipsant les substituants du composĂ© cis et accroissant l'encombrement stĂ©rique.

Orientation du produit

Si plusieurs règles générales ont été établies sur l'orientation du produit, la sélectivité réelle dans ces cycloadditions varie. Par exemple, dans une réaction de couplage azoture-alcyne sans catalyse par Cu(I), les produits 1,4 et 1,5 sont en ratio 1:1[4].

Dans les réactions avec des hétéro-dipolairophiles, l'orientation de l'addition est basée sur la maximisation des gains en énergie par la formation de liaison sigma durant la réaction. Cependant il existe plusieurs exceptions qui incluent des mécanismes réactionnels à étapes multiples.

Quand les dipolairophiles sont des alcènes ou des alcynes, la force principale dictant l'orientation de l'addition est les effets liés aux substituants, principalement stériques[1]. Cycloaddition 1,3-c entre le benzonitrile-N-oxyde est un éthylène monosubstituté

Classes de 1,3-dipĂ´les

Huisgen et d'autres ont travaillé sur de nombreux 1,3-dipôles et dipolairophiles, incluant :

Notes et références

  1. (en) Rolf Huisgen, « Kinetics and Mechanism of 1,3-Dipolar Cycloadditions », Angewandte Chemie International Edition, vol. 2, no 11,‎ , p. 633–645 (DOI 10.1002/anie.196306331, lire en ligne [abstract]).
  2. (en) Rolf Huisgen, « 1,3-Dipolar Cycloadditions. Past and Future », Angewandte Chemie International Edition, vol. 2, no 10,‎ , p. 565–598 (DOI 10.1002/anie.196305651, lire en ligne [abstract]).
  3. (en) Huisgen, R., « The Concerted Nature of 1,3-Dipolar Cycoadditions and the Question of Diradical Intermediates », The Journal of Organic Chemistry, vol. 41, no 3,‎ , p. 403–419 (DOI 10.1021/jo00865a001).
  4. (en) Vsevolod V. Rostovtsev, Luke G. Green, Valery V. Fokin et K. Barry Sharpless, « A Stepwise Huisgen Cycloaddition Process: Copper(I)-Catalyzed Regioselective Ligation of Azides and Terminal Alkynes », Angewandte Chemie International Edition, vol. 41, no 14,‎ , p. 2596–22599 (DOI 10.1002/1521-3773(20020715)41:14<2596::AID-ANIE2596>3.0.CO;2-4).
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